Vent nouveau au pied de l'avion
  • lun, 10/03/2025 - 09:41

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1631|LUNDI 10 MARS 2025.

Nul doute, un vent nouveau souffle sur les plate-formes aéroportuaires du Congo. Certes, que de problèmes sur nos aéroports au point que la mission d'audit annoncée par l'OACI, l'Organisation de l'Aviation Civile Internationale, est à chaque fois remise à plus tard. Sur les 46 questions habituelles que pose l'OACI, N'Djili à Kinshasa et Luano à Lubumbashi n'ont su à ce jour répondre respectivement qu'à trois et seize questions. Ce qui éloigne la certification de nos aéroports et repousse nombre de dessertes annoncées des compagnies aériennes.

Reste que rien n'est impossible dans la vie. Il suffit de décider et d'être focus sur des projets. En dépit de la situation que vit le pays aujourd'hui avec l'incroyable guerre dans les Kivu, qui accentue divers problèmes, à la Régie des Voies Aériennes-Société Anonyme, RVA-SA, avec l'occupation par l'armée rwandaise de deux aéroports du pays - l'Aéroport International de Goma et l'Aéroport de Kavumu à Bukavu - les idées ne font pas défaut au management de la RVA-SA, Conseil d'Administration de la société d'État et Direction Générale. Faut-il les rappeler ?

JAMAIS CELA NE S'ÉTAIT VU.
Le 7 février 2025, versement du décompte final à 750 agents et cadres partis à la retraite et qui attendaient sans y croire depuis des lustres. C'est la première fois qu'un tel événement se déroulait depuis que RVA est RVA. Soit depuis plus de cinquante ans. Pour y arriver, la Direction Générale, sur décision du Conseil d'Administration, a négocié et obtenu un prêt de 60 millions de $US auprès d'une banque commerciale locale.

Ce qui n'était jamais arrivé dans le passé. Le personnel parti à la retraite se contentait d'un système - «le salaire d’attente» - instauré des années auparavant mais qu'aucune gestion rigoureuse ne pouvait admettre car cela faisait perdre annuellement à la RVA-SA plus de 8 millions de $US/an. La banque commerciale à Kinshasa aurait-elle accédé à cette demande de prêt sans avoir plongé dans les comptes de la société ?

«J’avoue qu’il nous était insupportable que depuis la création de la RVA-SA, des agents qui avaient rendu des bons et loyaux services à l’État puissent quitter la société sans leur décompte final. Entre-temps, d'autres ont quitté cette terre sans avoir rien perçu ! Nul doute, la cérémonie de ce jour marque un tournant et restera gravée dans les annales de la RVA-SA comme un point de bascule», avait déclaré, ce jour-là, le 7 janvier, dans son discours de circonstance, le Président du Conseil d'Administration de la RVA-SA, le Professeur Tryphon Kin-kiey Mulumba.

Le 17 septembre 2024, pose de la première pierre d'un centre médical à un espace proche du bâtiment administratif de l'Aéroport de Ndolo, à Kinshasa, là où se posa le 3 avril 1925 le premier vol de la Compagnie Royale Belge. La RVA-SA avance vers la maîtrise des problèmes de santé de son personnel. Ne dit-on pas que « le travail c'est la santé ; ne rien faire, c'est la conserver »?

Mais voilà que désormais, les passagers débarquant ou embarquant à l'Aéroport International de N'Djili, à Kinshasa, se voient dignement pris en charge.

PRESTIGIEUX ALLEMANDS.
Lundi 3 mars 2025, cinq navettes d'aéroport pimpant neufs, acquis sur fonds propres par la RVA-SA auprès de la prestigieuse marque allemande Cobus, du groupe Salvador Caetano et de Daimler Truck AG, livrés depuis la ville de Wiesbaden, non loin de l'Aéroport de Frankfurt, ont été remis au Commandant de l'Aéroport de N'Djili, Vicky Lutshaka Lundula, lors d'une cérémonie officielle, par le Directeur Général de la RVA-SA, Léonard Ngoma Mbaki après que celui-ci eût reçu les clés des mains du Vice-Premier ministre en charge des Transports, Voies de Communication et Désenclavement Jean-Pierre Bemba Gombo en présence du ministre de l'Urbanisme Crispin Mbadu Panzu faisant fonction de ministre du Portefeuille Jean-Lucien Bussa Tongba empêché, du Président du Conseil d'Administration, le Professeur Tryphon Kin-kiey Mulumba et des Administrateurs de la société d'État.

Les passagers trouveront désormais à leur départ comme à leur atterrissage des conditions d'accueil semblables à celles des aéroports d'Europe, d'Asie ou des États-Unis.

«Je vous fais remettre ces clés en espérant que vous garderez ces biens en bon père de famille», a déclaré le Vice-Premier ministre Jean-Pierre Bemba Gombo en direction du commandant Vicky Lutshaka Lundula après avoir effectué un tour d'essai avec l'un de ces Cobus.

Le constructeur allemand COBUS Industries qui produit ces navettes utilisées principalement dans les aéroports et qu'il livre chaque année aux aéroports du monde entier, est «le leader mondial du marché dans ce domaine de la mobilité aéroportuaire». La firme se vante de disposer d'« une technologie sûre et fiable éprouvée par Daimler Truck, une conception de produits moderne, des technologies avancées et une compréhension fondamentale des exigences des passagers et des exploitants d'aéroports».

Elle commercialise «des produits et services de première classe», dispose d'«une équipe internationale de spécialistes des produits, des ventes et des services (qui) aident nos clients à relever les défis posés par les grandes tendances mondiales dans l'environnement aéroportuaire».

SÉCURISER DAVANTAGE LES VOLS.
D'une durée de vie de plus de 25 ans, ces autobus dotés d'un moteur et d'un groupe motopropulseur spécialement conçus pour l'utilisation dans les aéroports. Avec trois portes passagers extra-larges des deux côtés et une porte supplémentaire à l'avant, sur le côté droit, ils évitent les encombrements à l'entrée même lorsque les passagers transportent des bagages à main, et donnent plus de mobilité et de flexibilité sur l'aire de trafic.

Un rayon de braquage plus petit et une longueur encore adaptée, ils offrent une meilleure manœuvrabilité sur les rampes d'accès très fréquentées des aéroports dont l'aire de trafic est restreinte et plus étroite. Leurs dimensions de 12 ou 14 m de long et de 2,7 ou 3,0 m de large, donnent à ces bus des caractéristiques originales éprouvées. Mais le plus grand confort des passagers est l'espace allongé qui permet de se tenir debout dans les bus d'aéroport à plancher bas. Il semble que le constructeur ait «fait descendre sur terre une étoile dans le ciel».

Le même lundi 3 mars 2025, et lors de la même cérémonie, dix véhicules Flyco acquis parla RVA-SA ont été formellement remis par le Vice-Premier ministre Jean-Pierre Bemba à la Direction Générale de la société d'État.
« C’est pour la première fois que la RVA-SA acquiert ces véhicules. Nous avons connu beaucoup de problèmes. Beaucoup d’avions étaient immobilisés parce que les moteurs avaient aspiré des oiseaux. Aujourd’hui, c’est une fierté de vous dire que nous avons acquis dix véhicules Flyco. Trois de ces véhicules resteront à Kinshasa pour sécuriser le trafic aérien. Les sept autres seront envoyés dans les aéroports en province », déclare Léonard Ngoma Mbaki dans son mot de circonstance.

Ces véhicules équipés d'un effaroucheur acoustique qui ont pour mission de faire éloigner les oiseaux sauvages du ciel et des pistes d'atterrissage, les empêchant d'être aspirés par les réacteurs des aéronefs, de les endommager allant parfois jusqu'à causer des crashs, n'avaient jamais existé à ce jour sur un aéroport du pays. Des véhicules qui vont sécuriser davantage les aéronefs à l'atterrissage et au décollage.

Des statistiques indiquent que dans 8 cas sur 10, ces collisions avec les oiseaux surviennent lors de l’atterrissage ou du décollage. C'est à cet instant que les avions volent à une altitude similaire à celle des oiseaux. Il est difficile que des collisions aient lieu au-delà de 10.000 pieds.

Le 29 décembre 2024, un appareil de l'une des plus grosses compagnies low-cost sud-coréennes, Jeju Air, avait percuté des oiseaux à l'atterrissage à Muan, une ville du sud-ouest de Corée du Sud causant la mort de 179 passagers sur 181 qui se trouvaient à bord.
Selon le ministère des Territoires sud-coréen, peu avant le crash, la tour de contrôle avait averti l’équipage d’une collision avec des oiseaux.

Certes, régulièrement, les pilotes sont informés des routes principales et des altitudes des oiseaux qu’ils pourraient rencontrer sur leur trajet, notamment lors de périodes de migrations, et des réflexes à adopter pour les éviter. Les tours de contrôle préviennent en effet les pilotes du danger.

Lors d’une collision d’un avion avec un oiseau, les dommages matériels peuvent aller d’une simple déformation du bord de l’aile à la destruction totale d’un réacteur. Le plus dangereux, c’est le cas d’un oiseau qui serait aspiré par le moteur et l’endommagerait et, particulièrement, lorsque l’avion rencontre une nuée d’oiseaux avec risque d’avoir plusieurs collisions simultanées au niveau des différents réacteurs. « C’est un sujet pris très au sérieux dans le milieu de l’aviation», explique un pilote expert en aviation civile.

En 2019, d’après le Bureau de la sécurité des transports du Canada, environ 2000 événements reliés à des impacts avec les oiseaux se sont produits. Des statistiques montrent que ce type d’impact endommage l’appareil environ une fois sur dix. Mais sur l’ensemble des vols commerciaux qui décollent chaque jour dans le monde, « cela reste un événement plutôt rare. Et chaque collision n’endommage pas nécessairement l’avion », explique le pilote expert qui, en 42 ans de carrière, dit n'avoir connu qu’une dizaine de collisions avec des oiseaux, et aucune n’a endommagé l’appareil de façon significative.

Reste que depuis plusieurs années, les aéroports ont mis en place des stratégies pour chasser les oiseaux qui pourraient percuter les avions lors de leur décollage ou de leur atterrissage. Tel le gazon à ne pas tondre plus court que 15 cm pour éviter que les insectes soient visibles pour les oiseaux. De l’insecticide est aussi utilisé à certaines périodes de l’année.

Certains aéroports vont jusqu'à faire appel à des fauconniers qui patrouillent sept jours sur sept, du lever au coucher du soleil en vue d'effaroucher les oiseaux sauvages. Mais à 200 ou 300 km/h, les oiseaux ne sont vu qu’à la dernière seconde.

Que la RVA-SA dote aujourd'hui ses aéroports de véhicules effaroucheurs, voilà qui rassure les aéronefs, renforce la crédibilité de la Société de l'État.
D. DADEI.


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