- lun, 18/09/2017 - 03:18
Des Députés très durs après le communiqué du Vice-ministre Tshibala, Aggée Aje Matembo Toto, entendent se faire entendre …
Existe-t-il une suite dans la tête de nos dirigeants? Le sacro-saint principe de continuité de l’Etat est-il de mise ou chaque ministre en fait sans tenir compte des engagements pris, au nom du même Etat, par ses prédécesseurs? Mille questions fusent de partout depuis l’annonce «brusque», «brutale» vendredi 15 septembre par communiqué signé par le Vice-ministre des Affaires étrangères du gouvernement Tshibala, Aggée Aje Matembo Toto (Opp.) portant fin de validité du passeport congolais semi-biométrique actuellement en valeur.
Selon ce communiqué, l’ancien passeport semi-biométrique encore en circulation cesse d’être valable le 16 octobre - dans un mois; que les détenteurs de ce passeport ne pourront plus être autorisés à franchir la frontière du pays à l’entrée comme à la sortie, ce passeport ayant cessé, à compter de cette date, d’avoir «cours légal sur toute l’étendue de la RDC». Les Congolais de l’étranger qui ne détiennent pas le passeport biométrique et qui arrivent au pays, verront ce passeport semi-biométrique invalidé et retiré au poste frontalier d’entrée, le passeport congolais étant et demeurant, «la propriété de l’Etat congolais». Il leur sera remis photocopie de ce passeport invalidé et retiré en vue de leur permettre, en présentant ce document auprès des services requis, de solliciter le nouveau passeport biométrique.
Le vice-ministre Aggée Aje Matembo - qui signe ce communiqué au nom de son titulaire, le Vice-Premier ministre en charge des Affaires étrangères Léonard She Okitundu «en mission» actuellement à New York où il prend part aux travaux de l’Assemblée générale des Nations Unies - après mille autres affaires de passeports - ne manque pas d’arguments pour soutenir son communique.
LA COLERE DU PEUPLE.
Il invoque des raisons d’«uniformisation de l’identification des citoyens liés à des considérations sécuritaires».
Sans aucun doute...
Or, le 10 novembre 2015, lors du lancement par le Président de la République lui-même du passeport biométrique à carte puce, Raymond Tshibanda Ntunga Mulongo, alors ministre des Affaires étrangères et de la Coopération Régionale, avait assuré les Congolais que l’ancien passeport allait continué à avoir cours légal jusqu’à expiration et que c’est seulement à ce moment que son détenteur pouvait se procurer le nouveau passeport biométrique.
Dans une «mise au point du Gouvernement en rapport avec le retrait de la circulation des passeports congolais semi-biométriques» en cinq points dont Le Soft International a reçu copie, il est précisé que la circulation «simultanée» des passeports semi-biométriques et biométriques «pose un réel problème au regard des autorités étrangères» (ambassades, consulats, diverses chancelleries) quant à la fiabilité même du passeport congolais».
Le texte non signé invoque «les défis sécuritaires et migratoires du moment», que «c’est pour (le) bien-être (de la population congolaise) que cette décision a été prise».
Le texte fait état de «controverses» qui ont lieu, dans les milieux des chancelleries, au moment d’apposer un visa ou lors de contrôles aux frontières.
«Certaines puissances étrangères ont déjà annoncé, qu’au mois de novembre 2017, les détenteurs des passeports semi-biométriques ne pourront plus accéder sur leurs territoires».
De même, détaille la mise au point, l’OACI (Organisation de l’Aviation Civile Internationale) a enjoint les Etats membres à opter pour le passeport biométrique, assorti d’une puce contenant les renseignements nécessaires sur le détenteur, alors que le passeport semi-biométrique est simplement lisible à la machine et n’offre pas toutes les garanties sécuritaires».
Ainsi, le passeport semi-biométrique peut s’obtenir avec une simple photo parfois scannée, ce qui ne le met pas à l’abri de contrefaçon ou de diverses falsifications à l’heure où tous les pays sont engagés dans une lutte acharnée contre le terrorisme. De bons arguments certainement mais qui n’enlève rien à l’exaspération des Congolais que traduisent nombre d’élus au moment où ils regagnent l’hémicycle.
Ainsi, le député de de Walikale Juvénal Munubo Mubi (UNC, parti membre de la coallition gouvernementale), a annoncé une «question orale avec débat» au bureau de l’Assemblée nationale, dénonçant une mesure prise «à la surprise générale» qui «porte déjà préjudice à de nombreux compatriotes désireux de voyager et dont les conditions sociales actuelles ne permettent pas de se procurer les nouveaux passeports». L’élu demande au chef de la diplomatie congolaise «la motivation profonde» de ce qu’il qualifie d’«interruption brusque» de la validité des passeports semi-biométriques d’autant que ces derniers «ont été délivrés d’avril 2009 à décembre 2015» et que «ceux obtenus à la fin décembre 2015 devraient juridiquement expirés en 2020».
Son collègue Zacharie Bababaswe Wishiya (majorité) est plus incisif encore. «Un Vice-ministre qui profite de l’intérim pour prendre une décision aussi grave de conséquences et ce, sans passer par le Conseil des Ministres, expose tout le gouvernement à la colère du Peuple que je représente. Cette décision ne passera pas. Le Vice-ministre doit retirer son communiqué car c’est une provocation de mauvais goût sinon mon rôle de parlementaire se jouera. Ki Opposant yango nde boye? Akotuna te?», écrit-il - mortel - sur sa page Facebook.
D. DADEI.