- dim, 29/03/2015 - 06:13
De mémoire d’observateur, jamais on n’avait vu ça au Congo. Un Gouvernement en tête son Premier ministre suivi de ses vice-premiers ministres, des ministres d’Etat, etc., qui déménage dans l’auditorium d’un palace transformé le temps d’une émission en super plateau de télévision en direct, le public, le carton strict, trié sur le volet!
TRIPLE EVENEMENT CELEBRE.
Plus important encore dans l’amphithéâtre du 5 étoiles de l’allemand Kempisnki Fleuve Congo Hotel ce mercredi 25 mars, on note la présence des élus, députés et sénateurs, présidents des groupes et des commissions parlementaires de la majorité comme de l’opposition dont c’est la rentrée et qui ne pensent pas que du bien de l’Exécutif et ont juré de lui mener la vie dure - ont-ils jamais été mis face à la réalité des chiffres, des faits, etc.? - mais aussi des membres de l’élite scientifique, des universitaires, des représentants de la société civile et, last but not least, des chefs de mission diplomatique, des représentants de partenaires internationaux au développement dont les plus en pointe - ambassadeurs de l’UE, le Français Jean Michel Dumond, l’ambassadeur de France Luc Hallade, le représentant du SG des Nations Unies Martin Kobler, des représentants du FMI, de la Banque Mondiale, du PNUD, de la BAD, de l’UNICEF, du FNUD, etc., - appelés à témoigner en direct devant l’écran - mieux à appuyer les propos des ministres des secteurs directement liés au développement humain (Infrastructures, Transports, Fonction publique, Education, Santé, Plan) de la bonne direction prise par le Gouvernement et le Congo désormais «proches des rives de l’émergence».
C’est la crème des crèmes, le haut du haut du système financier international - du système de développement qu’a fait venir le chef du Gouvernement Augustin Matata Ponyo. Dire si pour l’occasion, le PM a mis les petits plats dans les grands, cela saute à l’œil.
Matata Ponyo célébrait un triple événement. Il marquait les 100 jours de son nouvel exécutif remanié aux trois quarts le 7 décembre par le Président de la République et qui a vu rentrer des chefs de partis politiques mais qui peine à décoller - des ministres squattent dans des hôtels en attente de bureaux, des cabinets qui manquent jusqu’à un ordinateur, des lettres de mission qui doivent être validées avant d’être appliquées, signe de quelques difficultés à délivrer le go head (signe que la confiance pleine et entière doit encore être prouvée), un pays qui cache mal des tensions pré-électorales avec pour conséquence un besoin de survie manifeste pour chacun des acteurs si ce n’est pas le sauve-qui-peut que traduisent des postures annonciatrices d’implosion de la majorité au pouvoir. Mais aussi le terme des OMD (Objectifs du Millénaire du Développement) que marque l’année 2015, occasion pour l’humanité de dresser le bilan et de rendre compte.
LE FER AU FEU DE MATUNGULU.
Puis l’urgence de tailler en pièces des critiques faisant état état d’une croissance certes robuste - plus de 9%, ce qui en fait l’une des trois économies au monde ayant enregistré la croissance la plus forte, a déclaré à Kinshasa le premier directeur général-adjoint du FMI, David Lipton - mais une croissance guère inclusive, c’est-à-dire bénéficiant à la seule élite dirigeante et non à la population. Dans le viseur un économiste de haut vol, une référence: Freddy Matungulu Mbuyamu Ilankir. Par deux articles tout récmement, l’ancien ministre de l’Economie, Finances et Budget du premier gouvernement de Joseph Kabila (av. 2001-fév. 2003), qui a initié à l’économie des membres de l’élite nationale, qui passe pour le premier ministre à avoir démissionné de son poste pour reprendre sa place au FMi à Washington et qui vient de le quitter anticipativement «pourse consacrer à l’avenir de son pays» - en clair, pour prendre la course pour la présidence de la République - porte le fer au feu en donnant le tournis aux politiques. «J’accuse et je crie ma révolte, au nom de tous les congolais de la majorité silencieuse; de ces compatriotes méritants, indignés et déçus, qui ne comprennent plus ce qui se passe chez nous en République démocratique du Congo et sont à la recherche légitime de nouvelles façons d’être, d’agir, et d’exister. Tous ces nombreux congolais du nord au sud, de l’est à l’ouest, ceux de l’intérieur et ceux de l’extérieur, qui pensent que la dignité, l’excellence et la démocratie peuvent aussi être congolais».
Puis: «Ma révolte entend honorer la mémoire de toutes les victimes de la tragédie congolaise, de même que la bravoure de ces compatriotes de grande référence, d’hier et d’aujourd’hui, qui ont excellé dans leurs domaines professionnels ou ont dit non à la compromission pour que vive la nation congolaise de Kasumbalesa à Gbadolite, et de Boma à Aru, en passant par Kinshasa et Goma».
Puis: «La société congolaise est malade; malade de ses politiciens, malade de son élite, malade de ses antivaleurs. Le Congo plus beau qu’avant dont nous rêvons devient chaque jour plus lointain qu’avant. Je dénonce notre société si avariée qui ne crée finalement plus que de la corruption, de la méfiance, de l’hostilité mutuelle et de la misère. Je dénonce la destruction de notre nation par ceux qui transforment l’homme congolais en être passif, malléable et corvéable à souhait, privé du sentiment d’avoir de la valeur». Puis: «Je dénonce cette «élite» intellectuelle et politique qui affectionne les titres d’Honorable et d’Excellence, mais qui chaque jour se déshonore en excellant dans toutes les vilénies, absolument toutes, pour parvenir au sommet d’une hiérarchie sociale devenue nauséabonde ou s’y maintenir à tout prix, en entretenant la détresse et la déshumanisation de notre société désemparée. Je dénonce ces dirigeants politiques qui, après avoir exclu le peuple du processus de désignation de ses représentants, mettent toute leur énergie à vanter une croissance économique sans pain pour l’homme de la rue, dont ils sont en réalité les seuls vrais bénéficiaires visibles» (Freddy Matungulu Mbuyamu Ilankir, RDC: une société malade de ses politiciens et de son élite, Jeune Afrique, Tribune, 2 déc. 2014).
Bien en verve - comme il sait l’être en pareille circonstance, le PM - il ne fait l’ombre d’aucun doute, apparaît désormais comme une vraie machine à communiquer - Matata Ponyo qui connaît Matungulu, s’avachit sur l’économiste de Washington, mettant en avant nombre de projets réalisés ou en cours de réalisation dans le domaine de l’éducation - le maillage de 1.000 écoles attesté par l’Unesco, le nombre d’enfants scolarisés situés à 17 millions contre 7 millions en 2001, le maillage de 1.000 hôpitaux et centres de santé, leur équipement en matériel et médicament, le redressement annoncé du secteur électrique avec la réhabilitation des barrages d’Inga, Zongo ainsi que la mise en œuvre de Kakobola et Katende, la politique de bancarisation qui consiste à payer les fonctionnaires et agents de l’Etat via le système bancaire, l’arrivée des bus Transco, de l’ITB Kokolo, le lancement de la nouvelle compagnie Congo Airways dont le premier vol intervient à l’occasion de la fête de l’indépendance, le 30 juin 2015.
Bref, le Congo a pris la bonne voie et son émergence ne fait aucun doute.
Le nouvel IDH (indice de développement humain, pages 14 à 16) a fait gagner treize places au Congo. La réduction de la pauvreté est constante et le revenu par tête de 600 USD en 1960, qui a dégringolé à 149 USD en 2001, est remonté à 600 USD en 2014, la baisse du taux de chômage est passée de 60% à 40%.
Bref, pour le Congo, rien que des bonnes nouvelles. Pour le Congo, tous les clignotants sont au vert. Pour le Congo, la respectabilité est au rendez-vous... Les diplomates témoignent.
T. MATOTU.