- ven, 15/03/2019 - 07:46
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Candidat Fatshi avait annoncé. Le Président Fatshi applique. Les 200 prisons congolaises vont être vidées de tout opposant politique, objecteur de conscience et lanceur d’alerte pour être remplies de fonctionnaires et autres personnalités publiques corrompues.
FATSHI TIENT PAROLE.
Ainsi, comme il l’avait promis le 2 mars dernier dans son discours du lancement du programme des 100 jours - «dans les dix jours, je vais prendre une mesure de grâce présidentielle au bénéfice des prisonniers politiques ayant été condamnés par des décisions coulées en force de chose jugée. En même temps, je vais instruire le ministre de la Justice de prendre, dans les mêmes délais, toutes les mesures nécessaires, dans les conditions prévues par la loi, pour une libération conditionnelle de toutes les personnes détenues pour les délits d’opinion, notamment dans le cadre des manifestations politiques avant le élections» -, dans une annonce de la présidence faite mercredi 13 mars au jt de 20 heures par le Directeur du Cabinet du Président de la République, Vital Kamerhe Lwa-Kanyiginyi Nkingi, des «cas emblématiques» - des opposants Franck Diongo et Firmin Yangambi - ont été graciés par le président de la République - l’effectivité de cette mesure était en principe attendue dès le lendemain jeudi 14 mars. S’agissant d’Eugène Diomi Ndongala, le président de Démocratie chrétienne, proche d’étienne Tshisekedi, pas de grâce présidentielle, accusé de viol de mineures quoique le CNSA, Conseil national de suivi de l’accord politique de la Saint-Sylvestre, chargé de faire le suivi des mesures de décrispation, recommandait la grâce présidentielle. Mais ce n’est que partie remise, selon Kamerhe. Une autre procédure doit être ouverte auprès du ministre de la Justice sortant, Alexis Thambwe Mwamba, qui devrait signer jeudi 14 mars un arrêté de remise en liberté conditionnelle, l’opposant ayant purgé les trois quarts de sa peine. Près de 700 autres objecteurs de conscience ont quitté ou vont quitter la prison. Deux jours auparavant, lundi 11 mars, Fatshi avait reçu, sur ce dossier, le président du CNSA, Joseph Olenghankoy.
La grâce présidentielle n’est cependant pas accordée aux condamnés fugitifs, aux personnes condamnées pour violences sexuelles, corruption, assassinat, vol à main armée, trahison, association des malfaiteurs, atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l’état, détention illégale d’armes, et toute autre infraction contre l’autorité de l’État.
Vital Kamerhe a également fait état de la révocation du ministre des Affaires foncières Lumaya Dhu-Maleghi et de deux gestionnaires de l’état, le DG Daniel Mukoko Samba et son adjoint (SCTP, ex-Onatra) ainsi que du président d’ARPTC, l’organisme de régulation des postes et télécoms, le tout puissant Oscar Manikunda.
Lumeya Dhu-Maleghi a signé une série d’arrêtés en violation de la loi et procédé à des lotissements à des endroits interdits et l’expropriation des citoyens.
L’ex-élu de Kikwit, Kwilu, va être déféré devant le Procureur général de la République.
Dans une lettre «sanction de mise en garde» datée du 7 mai 2018 (nr CAB/PM/MDPM/OMD/2018/1509 adressée à son ministre récidiviste à en mourir, le Premier ministre Bruno Tshibala Nzenzhe lui faisait part de son exaspération.
«Depuis plusieurs semaines, j’ai reçu un grand nombre de plaintes déposées par des particuliers, personnes physiques et morales, sur des arrêtés et décisions illégaux pris par vous qui portent gravement atteinte à leurs droits légitimes garantis par la Constitution et les lois de la République. Les appels à l’ordre verbaux adressés à ce sujet pour corriger votre comportement sont restés sans effet. La situation se dégrade davantage. Il est établi que vos agissements violent le Code de bonne conduite de l’agent public, déshonorent le Gouvernement et sont donc condamnables».
Puis, tout aussi indolent ce Premier ministre: «En cas de récidive, je me verrais dans l’obligation d’envisager des sanctions plus sévères contre vous».
Et, malheureusement, contre toute attente, et, comme de coutume, Tshibala ne pouvait s’arrêter qu’en si... bon chemin! Incapable d’aller plus loin.
TSHIBALA A LA PORTE DE SORTIE.
Quant à l’ancien Vice-premier ministre en charge du Budget (Gouvernement Matata-1), le professeur Mukoko Samba est poursuivi pour «mégestion et mauvaise gouvernance» à la SCTP.
«C’est le début de la lutte contre l’impunité (...) tous les commis de l’État doivent savoir que c’est effectivement la fin de la récréation», a poursuivi le directeur de cabinet. Insubordination à sa hiérarchie et mégestion de l’APTC sont les deux causes de la suspension du président de l’Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications, présenté par certains comme l’homme qui aurait défait plusieurs de ses ministres des télécoms, se voyant lui-même continuellement en phase d’accession à ce maroquin. L’ARPTC est sous tutelle de la présidence de la République et a toujours été critiqué pour ce statut injustifié. «Son Excellence Monsieur le Président de la République me charge de vous instruire de procéder toutes affaires cessantes à la suspension de l’intéressé de toutes ces fonctions de ministre des Affaires foncières et de requérir le Procureur général près la Cour de cassation pour l’ouverture d’un dossier judiciaire contre ce ministre», écrit Kamerhe dans sa lettre au Premier ministre Tshibala Nzenzhe.
Sur cette procédure qui fait éclater au grand jour une crise politique, Vital Kamerhe explique que face à l’inaction du Premier ministre, le Président doit s’assumer.
«Le Président de la République est le Chef de l’Exécutif. Il veuille au bon fonctionnement des institutions, surtout à l’éthique, aux mœurs, à la déontologie recommandée aux mandataires publics. Le Président de la République a décidé, pas de façon brutale mais après que nous ayons échangé à plusieurs reprises avec le Premier ministre», a t-il poursuivi.
Puis: «C’est une première action contre l’impunité. Nous ne pouvons pas comprendre que nous ayons tenu plusieurs réunions pour demander au ministre de rapporter ces arrêtés sur ce lotissement à des endroits interdits, sur l’expropriation des citoyens congolais et le ministre ne fait rien. C’est l’insubordination. Et quand le ministre à son tour ne prend pas des décisions, le Président de la République s’assume», conclut-il.
ALUNGA MBUWA.