- lun, 17/04/2023 - 21:47
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1580|LUNDI 17 AVRIL 2023.
Ils étaient quatre au Katanga. Quatre opposants, tous candidats déclarés à la présidentielle de décembre prochain mais aussi rejoints par d'autres personnalités de l'opposition. Jeudi 13 et vendredi 14 avril, ils ont organisé à Lubumbashi, Haut-Katanga, la répétition générale d'une scène qui va conduire, sans nul doute, à une candidature commune de l'opposition à la présidentielle mais en attendant, seule l'annonce d'actions communes contre le pouvoir du président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a été faite.
« Nous décidons d'unir nos idées et forces pour mener des actions communes en vue d'obtenir l'organisation dans les délais constitutionnels d'élections transparentes, impartiales, inclusives et apaisées », affirment les quatre hommes dans une déclaration commune. Les signataires de cette déclaration ? Martin Fayulu Madidi (ECiDé, Engagement pour la Citoyenneté et le Développement), déjà candidat à la présidentielle de 2018 qu'il affirme avoir remportée, l'ancien gouverneur du Katanga multi-millionnaire en $US Moïse Katumbi Chapwe (Ensemble pour la République qui a quitté récemment la coalition Union sacrée de la Nation), l'ex-Premier ministre Augustin Matata Ponyo Mapon (LGD, Leadership et Gouvernance pour le Développement) qui traîne nombre de casseroles, le député et ancien ministre du Plan Delly Sesanga Hipungu Dja Kaseng Kapitu (Envol de la RDC) autrefois proche de Jean-Pierre Bemba Gombo, puis de Moïse Katumbi Chapwe qu'il avait quittés avant de se rapprocher du président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo dont il est devenu très critique. L'annonce de ce conclave au Katanga a été interprétée comme les prémices d'une possible nouvelle plate-forme voire, à terme, d'une candidature commune face au candidat de l’Union sacrée de la Nation, le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, candidat à sa réélection. À ce jour, plus d'une dizaine de personnes ont annoncé leur intention de se présenter à la présidentielle, qui est un scrutin à un seul tour.
« PAS DE VIE. IL NOUS FAUT RENAITRE ».
Les quatre hommes ont, pour l'heure, évité d'aller jusque-là. Mais, dans leur déclaration commune très dure à l'égard du pouvoir, ils ont annoncé leur intention de mener ensemble « une série d'actions », «au nom de la population congolaise meurtrie, qui se sent abandonnée dans des conditions de plus en plus intenables face à des autorités congolaises qui s'enrichissent de manière scandaleuse». « La première activité sera une grande marche le 13 mai prochain à Kinshasa », ont-ils indiqué, destinée à « dénoncer l'insécurité grandissante, la vie chère et la misère du peuple, le processus électoral chaotique ».
Que ces quatre candidats se déplacent pour Lubumbashi, au Haut-Katanga, résidence principale de l'ancien gouverneur du Katanga n'est pas fortuit : c'est signe d'allégeance à sa candidature, selon tous les observateurs.
« Les congolais souffrent. Dans l’Est et même ici, il n’y a pas de vie. Nous devons nous oublier. Nous devons tuer le moi qui est en nous et renaître. Si nous renaissons, nous allons bâtir un Congo réellement libre, fort et prospère », a déclaré Martin Fayulu Madidi à l'issue de ces deux jours passés au Katanga. Mêmes propos sortis de la bouche de Moise Katumbi Chapwe. « Nous devons oublier le passé. Nous devons voir l’avenir, la souffrance de la population. Sinon, j’aurais pris ma retraite. Le grand problème, c’est la population. Si nous sommes ici, ce n’est pas pour nous. C’est pour défendre notre population », a déclaré l'ancien gouverneur multi-millionnaire en $US du Katanga.
Ces deux hommes qui étaient ensemble dans la coalition Lamuka née à Genève en novembre 2018 avant que l’ancien gouverneur ne rejoigne l’Union sacrée ont donc décidé de passer l'éponge à nouveau à quelques mois des élections dans une énième dynamique.
L'ancien Premier ministre Matata Ponyo a sorti ces mots : «Les mots de l’archevêque ont été clairs. C’est un souhait ardent de l’ensemble de la population congolaise. Que la signature de ce document par les quatre personnalités ne puisse pas conduire à une mésaventure, mais plutôt à la sauvegarde des intérêts de l’ensemble de la population (...) Pour moi, c’est une interpellation qui s’adresse à l’ensemble des signataires pour que cet engagement que nous avons pris solennellement devant le peuple à travers cette représentation dans cette salle. Que cette signature soit porteuse d’espoir et qu’elle soit aussi la matérialisation d’une conviction d’une noble et patriotique».
Les quatre hommes étaient «de cœur» avec deux autres, Franck Diongo Shamba
et le Dr Denis Mukwege qui n'avaient pu effectuer le déplacement de Lubumbashi pour assister à cette rencontre.
DADEI.