- dim, 30/11/2014 - 22:52
««L’an dernier, le Katanga a envoyé à Kinshasa trois milliards de dollars et il en a reçu trente en retour…»», assure un responsable qui tient à rester discret.
A en croire la journaliste belge Colette Braeckman, la phrase la plus communément partagée désormais au Katanga est: «Ta kwangu ni ngapi?», «ma part est de combien?».
«Voilà une phrase que tous connaissent par cœur et qui a fini par être collée comme un surnom aux plus hautes autorités de l’Etat…», écrit la journaliste dans un article paru dans Le Soir daté de 26 novembre 2014. De poursuivre, depuis Lubumbashi, capitale du Katanga: «Le gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi Chapwe, ne cesse de réclamer que Kinshasa, au minimum, applique la loi qui prévoit de rétrocéder aux autorités provinciales 40% des taxes perçues dans la capitale». ««L’an dernier, le Katanga a envoyé à Kinshasa trois milliards de dollars et il en a reçu trente en retour…»», assure un responsable qui tient à rester discret. «C’est notre province qui finance la reconstruction du pays… Voyez les péages routiers: chaque camion qui franchit la frontière à Kasumbalesa doit payer une taxe de 300 dollars, et chaque jour, ce sont 1500 camions qui se dirigent vers la Zambie et les ports de l’Océan Indien…Faites le compte…».
EMPOISONNE?
De Moïse Katumbi, la journaliste se lâche: «Le gouverneur du Katanga est un personnage paradoxal: chacun sait que sa flotte de camions, heureusement appelée «Hakuna Matata» (pas de problème) franchit, elle, les péages sans rien débourser, que l’homme politique est aussi un homme d’affaires avisé, qui possède des journaux à sa dévotion, une station de télévision et une fortune personnelle se chiffrant en dizaines de millions de dollars. Mais nul ne lui en tient rigueur, bien au contraire: «puisqu’il est déjà riche, il ne volera plus», disent les uns, tandis que d’autres soulignent combien «Moïse» est un homme charismatique, qui adore les bains de foule et sait se montrer généreux. Et tous les Lushois (habitants de Lubumbashi) de nous montrer avec fierté la route de l’aéroport, élargie et asphaltée de neuf, le robot «made in RDC» qui, comme à Kinshasa règle la circulation du centre ville, les lotissements de luxe qui, du côté du Golf ou de l’hôtel Karavia, abritent des nouveaux riches… En outre, le gouverneur est le «patron» de l’équipe de football locale, le Tout Puissant Mazembe, l’une des plus redoutables du continent. Aujourd’hui, en plus d’une aura qui dépasse largement les frontières de sa province, Moïse Katumbi apparaît comme une victime: alors qu’il séjourne à l’étranger depuis deux mois, entre autres à Londres, toutes les sources «bien informées» assurent qu’il aurait été empoisonné et que ses relations sont exécrables avec le président Kabila depuis qu’il aurait exprimé son opposition à tout changement de constitution…».