- ven, 11/04/2014 - 03:15
S’ils parviennent à la diviser, c’est le compteur remis à zéro.
Lors d’une récente interview sur Rfi, Vital Kamerhe Lwa-Kanyiginyi déclarait en substance: «La campagne «Malu-Malu dégage» ne vise pas à obtenir le départ de la CéNI de l’abbé-président; il s’agit plutôt d’une stratégie pour l’amener à organiser de bonnes élections».
Traduction: pour le chef d’une frange centriste de l’opposition congolaise, il s’agit de monter la pression afin de minimiser la contestation prévisible lors de la proclamation des résultats des élections à venir… Faisant cette déclaration au retour d’une «caravane de la paix» qui l’avait conduit dans les Kivu et dans le «Grand Nord» - le pays Nande dont l’abbé Apollinaire Malu-Malu Muholongu est originaire - on pouvait penser que le président de l’UNC (Union pour la Nation congolaise) croyait à ce qu’il disait sauf qu’en l’espèce, il n’est pas à la manœuvre mais le Dép. de Kinshasa, Martin Fayulu Madidi, chef du parti éCIDE qui fait feu de tout bois contre une majorité à laquelle il avait appartenu au début de son mandat électif. Mais voilà précisément ce Député - jadis très dur face à Kamerhe longtemps interpellé sur son appartenance à l’opposition - prendre ses distances et affirmer sa singularité.
Pétition réactivée!
Il vient en effet de réactiver sa pétition anti-Malu-Malu et veut réunir un maximum d’adhésion sur son texte afin de marquer les esprits en voulant de ce fait invoquer son exploit à l’Assemblée nationale et tenter de trouver quelque carrière si brève soit-elle. Qu’importe!
L’essentiel n’est-il pas d’essayer et de faire date? Et comme à l’opposition, le jeu consiste désormais et plus que jamais à chercher à frapper le premier et plus fort que quiconque afin d’en tirer profit, voilà qu’un autre Député (de Budjala, celui-là, en équateur), Jean-Lucien Busa Togba, un ancien compagnon de Jean-Pierre Bemba Gombo, annonce sa candidature à la présidence de la République, nullement contrarié que par deux fois, il eût échoué dans sa tentative de prendre le gouvernorat de l’équateur. à nouveau, qu’importe! Qui n’ose rien n’a rien! Qui dit que la troisième tentative ne sera pas la bonne!
Busa envoie en tout cas un message sans frais à Kamerhe qui s’appliquait pourtant ces derniers temps à rassembler autour de spn nom.
Jean-Lucien Busa Président.
Non, c’est très clair: cette fois encore, Kamerhe ne sera pas seul - dans l’opposition - au départ de la course pour la présidence de la République. Busa lui a coupé l’herbe sous le pied...
Le Député a fait cette annonce - appréciez la méthode! - au retour d’une visite à Washington où il aurait eu de fructueux contacts «dans les hautes sphères du pouvoir américain».Le message subliminal est là: «Oui, je le fais avec la bénédiction d’amis du pays de l’Oncle Sam, qui ont investi en moi...»
On a compris. Reste la réalité!
Et pour tester la sincérité de ses camarades - ou pour les piéger, c’est tout comme - eux qui ne cessent d’envoyer des boules puantes sur Apollinaire Malu-Malu Muholongu, Jean-Lucien Busa pousse plus loin dans la surenchère: il les engage à être plus «physic» et les appelle à aller encore plus loin dans leur démarche.
Il les invite à rappeler leurs délégués siégeant à la Commission électorale Nationale Indépendante décriée par l’opposition! De qui s’agit-il? De trois membres sur treize que compte la CéNI. Le plus gradé est Jean Pierre Kalamba (UDPS, rapporteur), suivi de Micheline Biye Bongenge (MLC, questeur), puis de Gustave Omba (UNC, membre). Les autres de la Céni étant ou de la majorité ou de la Société civile. Qui accusera Busa de ne pas savoir la langue et donc de ne pas être fin stratège?
En effet, le Dép. de Budjala force ses amis de l’opposition à jouer clarté, ce qui semble une valeur peu proportionnellement partagée. Il les met au défi de l’épreuve de vérité. Il veut les pousser à la faute en leur lançant cette patate chaude. Vont-ils la saisir? Difficile de répondre par la négative. Car là est le dilemne. Gentleman, l’UNC Baudouin Mayo Manteke s’est, en tout cas, déclaré. En sortant son fer, trouvant la proposition parfaitement pertinente, estimant que l’opposition - du moins sa branche - devrait sérieusement mettre cette hypothèse sur la table au cas où aucune action présentement engagée n’aboutissait.
Choisir son camp.
Mais - de mémoire d’observateur - rappeler ses délégués siégeant dans une Institution de la République n’a jamais, à ce jour, été chose aisée pour l’opposition. On connaît le cas d’un Jacques Djoli Eseng’Ekeli (MLC), fidèle de premier ordre de Jean-Pierre Bemba Gombo qui, aussitôt les fonctions de Vice-président de la CéNI prises, s’est vite empressé de vider les rangs de son parti politique et de son Chairman, devenant le plus loyal des lieutenants du pasteur Daniel Ngoy Mulunda Nyassa, alors président de la CéNI-formule 2011 au point de se faire désavouer le plus officiellement par Bemba, l’accusant d’avoir choisi son camp...
Il ne fut pas le seul... Même le dur des durs de la mouvance plurielle Udps - Laurent Ndaye, rapporteur adjoint de cette CéNI, sur papier membre du RCD-N de Roger Lumbala Tshitenga - observa la même posture. Et ce n’est pas son mentor Lumbala qui, malgré sa fibre pro-rébellion (il a encore rejoint le M-23 après avoir été de toutes les rébellions des Kivu, du RCD au MLC en passant par le RCD-KML) aurait pris le courage de l’en dissuader. Quand on a goûté au miel!
Il reste que plus les jours et les semaines passent, plus la Commission électorale Nationale Indépendante se rassérène et prend du volume, consolidant sa légitimité.
Le pire scénario.
Au dernier comptage, 350 partis politiques se seraient déjà déclarés auprès d’elle sur 400 partis politiques officiellement enregistrés au Ministère de l’Intérieur. Signe que sur le papier et mathématiquement, le compte est déjà très bon, que la CéNI peut aller de l’avant, qu’elle peut poursuivre son travail. Combien de pays n’ont pas organisé d’élections en faisant le constat d’un boycott par une frange de partis?
Les va-et-vient qu’effectue à l’étranger Apollinaire Malu-Malu ne trompent pas: l’abbé a bien tracé son sillon qu’il suit à la perfection, la reconnaissance internationale l’accompagnant.
Ceci dit, si l’opposition réussissait le coup de retirer ses trois délégués, elle mettrait KO la centrale électorale nationale et arrêterait du coup la suite des événements. Privée de membres de l’opposition, bien que mathématiquement minoritaires, la CéNI serait dans l’impossibilité de poursuivre sa mission. Il ne lui resterait que le dépôt de bilan.
C’est le pire scenario que l’on puisse envisager pour notre pays. Car ce serait tout remettre à plat en replongeant le Congo dans une crise dont personne ne saurait prévoir la suite. Voilà qui ferait revenir le pays loin en arrière.
Mais si cette hypothèse est probable, convenons qu’elle a très peu de chance de se produire. Les opposants congolais ont beau être de grandes gueules, ils ne sont pas des ayatollahs, des jusqu’ouboutistes, pouvant éprouver l’adversaire au point de l’éreinter.
Et il existe toujours des membres de cette communauté internationale bien que jouant la plupart du temps avec le feu, qui ne sont pas prêts à laisser ce pays (nos pays) aller au suicide. La démocratie qu’ils veulent comporte une ligne rouge qu’ils ne peuvent laisser franchir. Il arrive un moment où ils brandissent la carte rouge. Jean-Pierre Bemba Gombo en sait quelque chose...
En attendant, quel conseil prodiguer à cette Commission électorale Nationale Indépendante et à l’abbé L’abbé Apollinaire Malu-Malu Muholongu? Qu’elle serre ses rangs et qu’une cohésion parfaite règne en son sein.
T. Matotu.