- lun, 29/09/2014 - 03:20
Voilà que l’homme qui donna l’alerte auprès du Ministre des PT&NTIC - l’abbé Jean-Bosco Bahala - est passé à son tour à la caisse de l’impétrant pour toucher sa part.
Il avait été l’homme qui avait vendu la mèche en rencontrant à sa demande insistante le ministre en charge des Télécommunications, lui expliquant qu’il soupçonnait un gros scandale politico-financier. Après s’être fait une intime conviction, le prof. Tryphon Kin-kiey Mulumba fit attirer à son tour l’attention des plus hautes autorités de l’Etat. Malgré des semaines de pages d’insultes dans des tabloïds kinois et sur des écrans croyant jouer à l’intimidation, rien ne changea. Le 10 septembre 2014, au plus fort de ce Startimesgate, éclaté dans n ombre de pays jusqu’au Gabon proche, le ministère des Postes, Télécommunications et Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication rendu public un communiqué.
«Le ministère des Postes, Télécommunications et Nouvelles Technologies
de l’Information et de la Communication (PT&NTIC) soupçonne la firme STARTIMES d’être engluée dans un scandale financier en République Démocratique du Congo. Cette firme s’est vue refuser l’avis conforme de l’autorité de régulation des médias (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication, CSAC), de même que le titre émanant du régulateur des télécommunications (Autorité de Régulation des Postes et des Télécommunications, ARPTC). Elle disposerait d’un document que l’ARPTC ne reconnaît pas et qui, d’office, est un faux. Un titre en l’espèce de l’ARPTC doit être muni d’un cahier des charges, approuvé par le Ministre ayant dans ses attributions les Télécommunications et publié au Journal Officiel (loi cadre 013/2002 du 16 octobre 2002, art. 25). La société STARTIMES s’est fait céder les fréquences attribuées à deux opérateurs, l’un public, la RTNC2 et l’autre privé, la chaîne TELE 7 appartenant au journal kinois «Le Potentiel» et ce, au mépris de la loi en vigueur».
MEDIAS STIPENDIES.
Puis: «L’article 42 de la loi-cadre sur les télécommunications sus-rappelée stipule: «Les licences de concession de service public de télécommunications et les autorisations délivrées en application de la présente loi, ont un caractère personnel et ne sont pas cessibles».
Les contrevenants STARTIMES, TELE7 et RTNC2 se sont volontairement exposés à la rigueur de la loi. Pour échapper au contrôle de l’Etat, STARTIMES a délocalisé les signaux des chaînes audiovisuelles précitées du site officiel de la République géré par la société Télé Consult vers un site privé lui appartenant. Cette firme prétend faire de la Télévision Numérique Terrestre (TNT) sans la faire car le Congo n’a pas encore migré, à ce jour, vers la TNT. La Coordination des Experts de la TNT instituée par décret de Son Excellence Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, délibéré en Conseil des Ministres n’est pas installée. STARTIMES prétend faire de la télédistribution sans déclarer le nombre de son parc d’abonnés pour se soustraire aux redevances dues à l’Etat, représentant 25 $ US par abonné par an».
Puis: «Les dispositions pertinentes de la loi-cadre précitée, notamment l’article 6 point e), ont érigé le Ministre ayant les télécommunications dans ses attributions en gendarme devant assurer la surveillance et la police du secteur».
L’affaire étant claire comme l’eau de roche, le verdict du Premier ministre ne se fit pas attendre: «A l’issue de plusieurs réunions présidées à l’Hôtel du Gouvernement par Son Excellence Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, il a été décidé la suspension de toutes les activités de STARTIMES en attendant une décision de la Cour Suprême de Justice, saisie».
Le communiqué de conclure: «Le Ministère des Postes, Télécommunications, Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication rappelle que la forme corrompt le fond».
«De même, le climat des affaires appelle le respect des lois de la République et l’autorité de l’Etat. Il déplore qu’une partie de la population congolaise ait été abusée par cet opérateur. En l’espèce, le Ministère des PT&NTIC veillera à ce que la loi soit appliquée dans toute sa rigueur».
Mais voilà que l’homme qui donna l’alerte - l’abbé Jean-Bosco Bahala - est passé à son tour à la caisse de l’impétrant! Alors qu’il se trouve en mission à l’étranger, ses pairs du CSAC restés au pays apprennent avec stupéfaction que l’abbé-président a brusquement changé d’avis. Désormais, il plaide «l’extrême prudence» dans un dossier où il trouve des «lions blessés», «devenus dangereux»! Or, la veille, le même homme avait réaffirmé, avec sa fougue habituelle, dans des mêmes identiques ses «hauts soupçons» devant le Premier ministre. Impossible au Congo de faire appliquer les lois de la République? Il n’y a pas photo: l’abbé s’est fait vendre...
Au même moment, des «quittances» font florès dans des médias stipendiés. Des correspondances officielles sont fuitées vers des médias. La RTNC en prime time enregistre une carte blanche engagée! Au Congo, les Chinois connaissent la danse. Ils peuvent travailler avec qui ils veulent. Un confrère écrit: «L’argent des Chinois rend ivre».
Combien l’abbé a-t-il perçu des Chinois pour se trahir? Selon le journal Africanews très proche du dossier, STARTIMES a versé 65.000 pour acheter l’âme et le silence du curé afin qu’il se détourne du ministre des PT&NTIC qu’il avait actionné et veut le ridiculiser. La trahison a un coût! Des sommes beaucoup plus importantes ont été versées pour calmer «l’ardeur» d’autres fonctionnaires. L’enquête lancée à la demande de la Primature apportera plus de lumière dans un dossier qui n’a pas grandi l’image des pouvoirs publics.
L’abbé ne serait pas à son premier forfait. Après dix jours d’enquête interne conduite par trois membres du CSAC désignés par leurs pairs (le prof. Jean Chrétien Ekambo, Mme Maguy Mayela Kinkela et Jean-Pierre Eale), les résultats font gésir des cadavres dans les tiroirs du CSAC: l’abbé aurait «distribué» nombre d’avis de conformité sans aucun respect d’aucune procédure en la matière. SatCom aurait payé USD 15.000, France 24 a déboursé USD 1.500. Radio Record ne brandit aucune quittance. TV Com fait de même. Tant le scandale immense ôte leurs soutanes à ses… hommes de Dieu! Combien d’argent est passé au compte du Trésor public?
Si le passage à un taux de croissance à deux chiffres passe par le secteur des Télécoms confirmé dans le projet de budget de l’Etat (pages 8 à 14) dans son deuxième poste après les mines, dans une récente correspondance, le ministre Tryphon Kin-kiey Mulumba sollicite la solidarité gouvernementale pleine et entière pour assainir le secteur en vue d’atteindre les assignations prévues.
ALUNGA MBUWA.