- mar, 13/11/2012 - 08:31
Et d’un coup de marteau porté sur le pupitre, le président de l’Assemblée nationale Aubin Minaku Ndjalandjoku a clos les débats et, peu de temps après, expédiait la plénière - le projet de loi des Finances présenté une semaine plus tôt lundi 5 novembre a été jugé recevable et sera envoyé en Commission des finances et de contrôle budgétaire pour examen approfondi!
LE SOFT INTERNATIONAL N° 1200 DATE MARDI 13 NOVEMBRE 2012
Qui a dit que la Majorité n’était pas la Majorité? Si la réplique lundi 12 novembre du Premier ministre a été écoutée de bout en bout par les Députés dans le plus total silence - signe, selon l’interprétation qu’en a donné le président de Chambre, du plus grand intérêt qu’ont suscité les réponses du Premier ministre aux questions des Députés posées deux jours durant mardi et mercredi derniers -, la fin du discours d’Augustin Matata Ponyo Mapon a été non seulement vivement ovationnée, l’ovation a été à ce point longue et prolongée sur tous les bancs unanimes de la Majorité - certains Députés ayant choisi de tambouriner sur les pupitres - que l’on pouvait parler de triomphe personnel pour Matata. Il y a donc eu véritablement changement de cap - le moins que l’on puisse dire - si on rappelle les deux jours mardi et mercredi de débats déchaînés quand les coups pleuvaient de toutes parts jusqu’aux frontières de l’irrespect sans néanmoins perturber le moins du monde ce Matata stoïque de longues heures durant vissé sur son fauteuil.
C’est Corneille qui dit: «A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire».
Lundi 12 novembre, le Premier ministre a choisi d’afficher une belle posture: celle du respect total dû à la Représentation nationale quand on rappelle comment dans le passé, lors de la législature précédente, des débats de ce type avaient tourné sinon à l’affrontement, du moins à la polémique.
Dans sa réponse lundi, d’entrée de jeu, Matata a mis en exergue et vanté un «débat sans tabou ni complaisance», portant «sur toutes les questions touchant à la vie de notre pays».
Un débat «révélateur de l’importance de la question pour l’avenir de notre pays et de toute sa population». D’où, estime-t-il, «la véhémence de certains propos qui traduit ainsi l’amour que nous avons tous pour la Nation».
A ce rythme, Matata ne pouvait espérer que respect...
CES MONSTRES QUI NOUS HABITENT.
De «rassurer» les Députés que «toutes les recommandations faites à l’endroit du Gouvernement ont été notées et feront l’objet d’un suivi particulier, notamment celle relative à la reddition des comptes».
C’est Francis Lalanne qui dit: «C’est en leur tournant le dos que l’on triomphe des monstres qui nous habitent».Avant de se rendre au Palais du Peuple, le Premier ministre - s’il a parcouru la presse de son pays parue le matin - n’a pu ignorer ce que des tabloïds kinois lui avaient réservé.
Le week-end - pour ceux qui zappent les chaînes de télé - n’avait semble-t-il pas été heureux non plus. Qui donc était à la base de toute cette... «agitation» qui paraissait comme un début de mise à mort? Et pourquoi? Alors que le Premier ministre revient d’une visite officielle réussie en Belgique et en Allemagne et repart en France et, peut-être, en Grande Bretagne! Pourquoi la Majorité doit-elle passer son temps à se tirer dessus? On apprend que tout cela ne serait que tempête dans un verre d’eau et qu’il est impossible qu’une même personne se tire une balle dans l’une de ses jambes.
T. MATOTU
MATATA-BEYA SIKU: MALENTENDUS DISSIPES
Correspondance particulière
Après une envolée d’interprétation de la missive adressée au BCECO, le Premier Ministre et le DirCab du Chef de l’Etat se sont rencontrés dimanche et ont levé les équivoques suscitées manifestement par des spéculateurs impénitents.
Juste une tempête dans un verre d’eau, un malentendu qui n’a même pas de quoi fouetter un chat. La nervosité qui a semblé s’élever autour de l’affaire des initiatives de recrutement et de passation des marchés par le BCECO et qui a connu un coup d’arrêt à la suite d’une lettre du Directeur de cabinet du Chef de l’Etat, a connu un happy end dimanche 11 novembre.
Les deux protagonistes - alors qu’ils ne l’étaient pas en réalité - avancés dans l’affaire, Gustave Beya Siku, Dircab du Chef de l’Etat et Augustin Matata Ponyo, Premier Ministre, ont levé les équivoques - c’est le terme utilisé - dimanche au cours d’une rencontre emprunte de cordialité, contrairement à l’opinion qui s’est hâtivement répandue.
«Vous savez, la machine des réformes est parfois poussive au lancement, mais elle finit toujours par atteindre le régime de croisière pour le bonheur des peuples bénéficiaires», a encore indiqué, tout sourire et manifestement ému, un témoin qui a vécu la rencontre.
Après un rapide tour de la question, qui n’a pas duré 30 minutes, les deux personnalités se sont vite rendues compte qu’à la limite, cette situation a rappelé à tous le besoin d’une attention plus soutenue dans le processus des réformes en cours dans le pays. Il est, en effet, apparu, selon des sources, que tout est manifestement parti de cette impression de chevauchement des compétences dû à la réforme de l’environnement institutionnel et structurel en cours.
Cette réforme a vu naître un certain nombre de structures dans le secteur de la passation des marchés dont la Direction Générale des Marchés Publiques (DGMP) qui est censée centraliser toute activité et toute opération en la matière. Il se fait donc que ce nouveau contexte structurel nécessite la révision d’autres organisations qui pratiquaient les activités dévolues désormais à la DGMP pour les mettre au diapason de la nouvelle réalité.
En attendant, d’autres structures du secteur public ont continué à intervenir directement dans le domaine sans nécessairement passser par la DGMP chapeautée par l’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP).
C’est le cas du BCECO, une structure paritaire, d’abord entre la RDC et la Banque Mondiale, ensuite triangulaire avec l’arrivée de la Banque africaine de développement (BAD).
A l’origine, en effet, la BCECO était «une agence d’exécution née de la volonté commune du Gouvernement congolais et de la Banque Mondiale (...) qui «sert de courroie de transmission entre l’appui financier international et les programmes du Gouvernement exécutés en faveur des populations, des entreprises publiques et de l’administration publiques».
A l’arrivée de la BAD, le BCECO est demeuré une «institution publique créée par décret présidentiel et dont la mission est d’exécuter des projets financés par les deux organisations internationaux», comme lit-on sur le site Internet du Bureau.
A ce titre, explique un expert du ministère du Budget qui a longtemps été proche des questions de marchés publiques, le BCECO pouvait procéder, dans le cadre de l’exécution desdits projets, à l’acquisition de certains biens, services ou matériaux par voie de soumission.
«La seule différence aujourd’hui est que ce procédé est désormais dévolu à des structures bien précises, et il est bon que tout le monde le sache», conclut notre interlocuteur du Budget. La démarche du Dircab du Chef de l’Etat n’est donc que normale en ce sens.
Et contrairement à ce qu’une certaine opinion a voulu le faire croire en arguant que le Chef de l’Etat, par voie de son DirCab, aurait empiété sur les compétences de l’exécutifs, ce dernier a agi dans le cadre des responsabilités du Président de la République - le garant de la Constitution et du bon fonctionnement des Institutions. Comptable également devant le peuple, c’est à ce titre qu’il préside, notamment, le Conseil des ministres.
D’où vient, alors, cette croisade contre des autorités que l’on présente comme des maffiosi qui s’étaient accrochés au BCECO pour des opérations tout aussi maffieuses? Sourire aux lèvres, un expert du Bureau relève qu’«avec le mode de gestion imposé par la Banque Mondiale puis par la BAD, il faut bien être un vrai sorcier pour tripatouiller dans les finances».
Il relève que le BCECO travail sous un mode prévisionnel et provisionnel ponctué par des contrôles et des audits systématiques. «Si tout ce que l’on attribue à certaines personnes s’étaient effectivement produits, le système de gestion de la Banque Mondiale et de la BAD l’aurait détecté en son temps pour y mettre fin». Tel n’a, cependant, pas été le cas, conclut notre interlocuteur.
Alors qu’une légende a été brodée très vite autour de cette «affaire», apportons quelque lumière.
Les observateurs avertis ne s’y attardent pas et trouvent là la patte de tous les candidats malheureux qui n’ont souvent pas pu répondre aux critères requis pour accéder aux marchés proposés par l’Etat et qui attribuent ainsi leurs infortunes à une prétendue mauvaise foi de celui-ci ou celui-là.
Tout compte fait, il y a eu plus de chaleur que de flammes.
Dans cette affaire, indique un observateur qui a assisté à l’échange entre Matata et Beya Siku, il est apparu que les deux personnes sont une même personne. A ce titre, il est impossible qu’une même personne se tire une balle dans l’une de ses jambes.
JONAS KOTA
Legende :
Les ministres avaient soutenu les débats à la Chambre basse soudés derrière le PM Matata. DR.