- jeu, 14/09/2017 - 22:25
Si Kinshasa passe pour son bastion, cela n’a jamais été vérifié dans les urnes. La vague déferlante de 2006 s’est à jamais fondue en 2001. Seule sa cour sangsue sait quand et comment elle le débranchera.
La vague déferlante de 2006 s’est-elle à jamais fondue comme neige au soleil en 2017? Au fond, a-t-elle jamais existé ou s’est-il agi d’une erreur d’optique, un problème de polarisation, un malentendu avec des communautés villageoises bandundoises spécialement kwiloises guère informées, très vite réglé dès le prochain tour de scrutin en 2011? Avec le cuisant échec essuyé par le PALU samedi 26 août dans la ville de Bandundu lors de la confrontation démocratique pour l’élection de gouverneur de province à l’Assemblée provinciale, comment ne pas l’affirmer. Disposant de neuf Députés sur les trente-cinq que compte depuis 2006 l’organe délibérant, un total de dix-huit avec ceux issus du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, principal parti de la Majorité Présidentielle outre des élus de certaines autres formations politiques alliées de la Majorité, le parti d’Antoine Gizenga Fundji qui a dirigé le Gouvernement de la République, une législature durant, s’est mêlé à la gestion de la chose publique, a donné la preuve de ce qu’il sait ou ne sait pas faire, occupe des pans entiers du pouvoir d’Etat national et local, entreprises publiques majeures, diplomatie, etc., n’a guère séduit son électorat local et n’a su faire élire son candidat, un Suku du secteur de Bindungi, territoire de Masimanimba, le Dép. Floribert Luboto Ngwangu qui a réalisé un score d’exclusion de 47,06% face à un Yansi du secteur de Dwe, dans le territoire de Bulungu, dissident PALU du secteur de l’enseignement supérieur, Michel Balabala Kasongo qui, en se présentant en candidat indépendant, a sonné le cor en raflant la mise avec 52,94%.
AUX ABOIS L’ANIMAL.
L’animal poursuivi est aux abois! Depuis, le Parti Lumumbiste Unifié cherche des bisbilles à ses alliés de la Majorité en tête le PPRD qui aurait craché sur des accords toujours invoqués, jamais exhibés, allant jusqu’à adresser le 1er septembre 2017 un ultimatum à la Majorité Présidentielle et, à s’en féliciter bruyamment, en clair, à l’Autorité Morale de la Majorité Joseph Kabila Kabange, Président de la République, Chef de l’Etat, le sommant de régler l’affaire sous trois jours sous peine de... «remise en cause de l’Alliance qui ne répondrait plus à l’objectif que nous nous sommes fixés depuis 2006 qui était de sauvegarder les acquis de la démocratie par la consolidation de la gauche congolaise pour la conquête du pouvoir par les socialistes et les lumumbistes»! Si le mot chantage n’avait pas existé, il aurait fallu l’inventer ici...
Au fond, cet ultimatum provient-il d’un homme tombé en décrépitude, pris en charge totalement par une cour sangsue qui, sous d’autres cieux, séjournerait depuis belle lurette en maison de repos, celui qui, un jeudi 25 septembre 2008, avoua dans un courrier pathétique lu à la télévision publique que si son cerveau fonctionnait encore, le corps ne répondait plus, après qu’une gouvernance folklorique eût été chahutée et fut contraint de remettre de gré ou de force sa démission au Président de la République, ses ministres menaçant de s’en aller si Gizenga ne s’en allait pas? Est-ce Gizenga ou sa cour qui se délecte ce même 1er septembre que le Président de la République ait «accepté l’évaluation de l’Alliance avec le PALU en vue de sa révision»? «D’espérer à la construction de la Gauche Congolaise dans un avenir proche»! Projet ubuesque cette Gauche congolaise qui taraude le cerveau du vieil homme... Depuis 1960! Depuis Sun City où le seul discours entendu fut celui de restaurer un Gouvernement marxiste-léniniste-lumumbiste pourtant réglé le 22 juillet 1961 par le Parlement au Conclave de Lovanium! Soupçonnant, last but not least, un fils du Kwilu d’être à la manœuvre anti-PALU!
«Certains recherchent encore des boucs émissaires quand les urnes ont parlé», se lamente à Jeune Afrique Aubin Minaku Ndajandjoku.
Souvent cité comme dauphin à la succession du Président Joseph Kabila Kabange au titre de Président de l’Assemblée nationale, n°2 du régime mais surtout comme Secrétaire général de la Majorité Présidentielle où il aurait la haute main sur la gouvernance de l’Etat, l’avocat a beau s’en défendre, son sort est jeté chez les Pende de Gungu, territoire voisin du sien, Idiofa, peuplé des Ambuun, l’ethnie dont est issu son père. Nos pires ennemis ne viennent jamais de très loin: ils sont nos propres frères! Résident dans l’arrière-cour. Un ami ça se choisit. Un frère...
MYSTICO-RELIGIEUX.
Bien que ne provenant pas d’une même lignée angolaise,
Pende et Ambuun sont si liés peuplant des territoires si voisins qu’ils ont ensemble subi la pire rébellion qui se soit abattue sur le Kwilu, la première de l’histoire du pays. Une histoire qui aide à débrouiller l’écheveau des rapports enchevêtrés qui marquent cette province de l’ex-Bandundu, certainement l’un des derniers bastions du kabilisme.
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Les icônes ne meurent jamais. Vénéré comme nul autre dans le Kwilu, par sa tribu Pende qui majoritairement peuple Gungu, territoire de l’est du district depuis province, Gizenga qui fête ses 93 ans de vie lundi 25 septembre, dans une énième propriété du cossu quartier de Ma Campagne offerte par l’Etat en signe de reconnaissance du patriarchat, reste et restera un mythe jamais percé.
Son nom fait surface avec un certain Cléophas Kamitatu, originaire comme lui du Kwilu, issu de l’ethnie minoritaire Ngongo, dans le territoire de Masimanimba à l’ouest avec qui, à l’aube de l’Indépendance, il fonde le PSA, Parti Solidaire Africain.
C’est Pierre Mulele, Ambuun (ou Mbunda ou Mumbunda), ethnie minoritaire de Gungu, du secteur Lukamba qui en conçoit le projet «nationaliste radical révolutionnaire panafricain», en offre la présidence à Antoine Gizenga, un homme sans histoire œuvrant dans le privé et dans l’enseignement, issu de l’ethnie Pende majoritaire de Gungu quand il se réserve le poste de Secrétaire Général et confie la méga-province de Léopolville à Cléophas Kamitatu.
Aux premières élections du pays en 1959, le PSA est à la table des vainqueurs avec une dizaine d’élus tous issus du Kwilu où Cléophas Kamitatu, représentant de l’aile modérée du PSA, a battu campagne et qui se revendiquent tous de lui.
Au partage du gâteau dans l’Exécutif, le leader de l’ABAKO, Alliance des Bakongo, le Président Joseph Kasavubu avec qui Gizenga et le PSA sont en alliance et Patrice-Emery Lumumba et son MNC, accordent au PSA le poste de Président de Léopoldville, l’équivalent aujourd’hui de Gouverneur de province...
La province de Léopoldville est très vaste. Elle couvre tout le pays Kongo, s’étend sur l’actuelle ville de Kinshasa, le Kongo Central et l’ex-Bandundu. Régner sur un tel territoire, une puissance économique et politique de premier ordre, fait de l’ancien président provincial du PSA-Kwilu, un personnage central de la scène politique nationale. Connu pour son indolence, Gizenga, Président du PSA, ne s’est pas déplacé dans le Kwilu pour appuyer ses candidats en campagne.
GIZENGA GROGGY.
Il est resté à Léopoldville, a continué ses enseignements à l’Athénée de Kalina, l’actuel Athénée de la Gombe. S’il a donné de la voix lors des rares meetings, il n’a réalisé aucun résultat. A bon droit, le sémillant homme de Masimanimba, Kamitatu qui s’est octroyé une stature internationale à la Conférence de la table-ronde de Bruxelles, réclame le poste clé dédié au PSA et l’obtient sans coup férir.
Quand sonne la fin de la mise en place des Institutions, Gizenga est groggy. Président d’un PSA dont les statuts rédigés par Mulele prévoient qu’il sera dissout et intégré dans un nouveau parti issu de la fusion des différentes formations nationalistes - toujours ce rêve folklorique de rassemblement des forces combattantes marxistes-léninistes anti-impérialistes -, le président du PSA n’a pas été affecté. Très en furie, il déboule chez Lumumba. Soucieux d’asseoir la cohésion de ses équipes, Lumumba qui n’a plus légalement de postes à distribuer, propose de passer en force et de créer un poste de Vice-Premier ministre sans portefeuille. En clair, Gizenga peut le suivre dans un Gouvernement national mais c’est pour inaugurer les chrysanthèmes...
Sauvé de l’opprobre, le Président du PSA n’a pas le choix.
C’est le début du lien qui unit Gizenga et son mentor et, par ricochet, celui des relations tumultueuses dans le Kwilu.
Gizenga et Kamitatu se lâchent une bordée de jurons. Jamais ils ne se reverront jamais! Jamais, ils ne se serreront jamais la main! Jusqu’à ce que Dieu les rappelle à lui. Ce juron sera tenu.
Quand le 12 octobre 2008, Kamitatu s’éteint en Afrique du Sud, que le pays le pleure dans le hall du Palais du Peuple, rend hommage à «l’héros de l’Indépendance», il n’a droit à la gerbe de fleurs ni du PALU, ni de quiconque membre de l’ethnie Pende. Quand fin novembre 1963, Mobutu fait cueillir à Brazzaville «l’horreur du Kwilu», il met à la tâche Jean-Marie Bomboko Lokumba. Le ministre des Affaires étrangères est lié d’une amitié presqu’infantile avec un homme, Kamitatu, le patriarche de Masimanimba. Mobutu n’ignore rien...
Après la sortie de route de Lumumba le 30 juin 1960 - le clash du jour de l’Indépendance devant le Roi des Belges Baudouin 1er dans la grande salle de l’actuel Palais de la Nation, où siège la Présidence de la République, le Premier ministre marxiste-léniniste devient l’ennemi public n°1 des Occidentaux. Ses liens avec les mouvements progressistes africains ne le sauveront pas. Lumumba est révoqué par Kasavubu, pourchassé par Mobutu, meurt sauvagement le 14 septembre 1960 au Katanga, son corps jeté dans de l’acide afin qu’il disparaisse à jamais, que jamais nul n’aille le rechercher pour un quelconque pèlerinage...
Un certain Bernardin Mungul Diaka alias Koda Kombu (le cou de chèvre... qu’on offre à couper, comme il aimait à se brocarder dans un contexte de régime mobutiste sanguinaire), un Mbala du territoire de Bulungu, à l’ouest du Kwilu, fait partie du convoi quand l’armée loyaliste arrête la cavale.
Où est le Vice-premier ministre? Il a quitté Léopoldville, a pris la direction de Stanleyville (l’actuel Kisangani). Pourquoi ne s’est-il pas rendu dans son Kwilu natal proche? A-t-il craint «la colère des Belges» qui ont maté dans le sang une révolte Pende anti-colonialiste? Cette révolte éclatée dès les années 30 à Gungu alors Kandale, fait passer le Mupende aux yeux du pouvoir colonial pour un personnage réfractaire à l’ordre colonial qui travaille à l’œuvre civilisatrice occidentale... Il lui est interdit d’aspirer à un autre rôle que celui de porteur de bagages ou de transporteur de tipoy (chaise juchée sur des épaules d’indigènes pour déplacer sur de longues distances l’administrateur colonial européen).
DESAVEU ET FIN.
Installé à Stanleyville, Gizenga tente en septembre 1960 de relancer un gouvernement marxiste lumumbiste et s’autoproclame Premier ministre mais ses ministres qui l’ont rejoint l’en dissuadent avant qu’il ne soit désavoué le 22 juillet 1961 par un Parlement réuni au Conclave de Lovanium (67 voix pour, une contre et 4 abstentions) qui lui préfère Cyrille Adoula proclamé par les élus «successeur légal du Gouvernement Lumumba sorti des élections en 1960». Puis d’être démis de ses fonctions de Vice-Premier Ministre quand l’un de ses partisans, Christophe Gbenye, ministre de l’Intérieur, l’assigne à résidence.
Pour Gizenga c’est la fin... Le Pende de Gungu, originaire du village de Kiehu-Mushigo, secteur de Kandale est arrêté, transféré à la prison de Bula Mbemba d’où il s’évade et rejoint l’Union Soviétique en pleine guerre froide. On le retrouve plus tard à Pékin, au Caire, à Brazzaville sous le Commandant Marien Ngouabi en plein sous l’empire du marxisme-léninisme - le socialisme scientifique.
Entre-temps, celui qui s’est autoproclamé «le successeur idéologique et le légataire testamentaire de Lumumba», a lancé le PALU, le Parti Lumumbiste Unifié avec sur papier quelques mouvements lumumbistes de moindre importance mais c’est une camarade, la Dame de fer Thérèse Pakasa restée au pays, qui en prend une direction ferme. C’est elle, au nom d’un compagnon de lutte comme au nom d’un projet politique d’essence fondamentalement Pende, qui, dans la clandestinité, fait battre le cœur de l’ethnie de Mashita-A-Gijungu, du nom d’un site dans l’actuel Angola, lieu vers où convergèrent tous les Pende avant leur dispersion dans la sous-région d’Afrique.
Mais les Pende n’ont pas fini de faire parler d’eux. Le 3 juillet 1963, retour du Caire et de Pékin où il s’est formé à l’art de la guérilla, aux révolutions populaires victorieuses du marxisme-léninisme, l’anti-colonialiste Pierre Mulele, ministre de l’Education nationale du Gouvernement Lumumba, déclenche la première rébellion Maï-Maï-Simba d’après-indépendance. Dès 1959, il a appelé du centre de négoce de Kikwit «la masse exploitée à se mobiliser et la population à être prête à se battre les armes à la main», annonçant des «événements sanglants». Sous couvert d’activités éducatives et sportives, Mulele arrache ses futurs partisans parmi la jeunesse des villages, «entraînés dans des camps dans la forêt. Pour les initiés, la finalité révolutionnaire de la préparation ne fait dès le début aucun doute; la conquête violente du pouvoir et le renversement radical du régime sont les objectifs avoués. L’entraînement est orienté vers la formation pratique au combat et à l’action révolutionnaire. La préparation idéologique n’est pas négligée» (C.R.I.S.P., Bruxelles, 1966).
Gungu et Idiofa tombent sous la férule des jeunesses mulelistes qui déferlent, déciment colons européens, clergé catholique, etc., saccagent écoles et œuvres missionnaires, violent, tuent et décapitent les sœurs religieuses. Les orphelinats ne sont pas épargnés. Visée? L’élite Pende de Gungu paie le plus lourd tribut d’une rébellion conçue et menée par un Ambuun Mulele, conduite sur le terrain par un Ambuun du nom de Kifungu... Auraient-ils planifié l’extermination Pende et épargné leur tribu?
Un Pende - un certain Fimbo - tente un coup de force: pousser au soulèvement de sa tribu contre cette rébellion Ambuun...!
Quand les jeunesses sont matées dans le sang par les loyalistes mobutistes, Gungu est par terre, dévasté économiquement, Idiofa est debout. La route de Masimanimba est interdite aux jeunesses. Une digue imprenable a été érigée. Masimanimba et Kinshasa sont saufs... Les communications coupées, les approvisionnements manquent, le révolutionnaire marxiste bat en retraite vers Brazzaville qu’il joint en pirogue par la rivière Kwilu, d’où le 29 septembre 1968, il se rend à Kinshasa, se livre pieds et mains liés à son pire ennemi, poussé par le Commandant Ngouabi qui l’a contraint de répondre à l’appel d’amnistie. Torturé quatre jours plus tard, le 2 octobre, certains de ses membres amputés dont des parties génitales, nez et oreilles coupés, yeux retirés de leurs orbites alors qu’il était encore vivant, les restes de son corps sont enfouis dans un sac poubelle jeté dans le fleuve. Un Comité de défense et de sécurité siégeant comme cour martiale avec de hauts gradés de l’armée (les généraux Bobozo, Bumba, les colonels Nkulufa, Singa, Malila, etc.) a peu avant prononcé la sentence mortelle.
VINGT-SIX ANS PLUS TARD.
Où se trouve Antoine Gizenga pendant que Gungu et Idiofa sont en feu? C’est vingt-six ans plus tard que l’ex-séminariste de Kinzambi et de Mayidi, qui voulut devenir prêtre en vue d’acquérir «l’intelligence des Blancs» afin qu’un jour il «puisse leur enlever la vie et les chasser» de sa «terre natale en vue de recouvrer liberté et paix», regagne le pays par Brazzaville à la faveur de l’annonce de l’ouverture politique.
Ayant repris le flambeau du PALU que détenait Thérèse Pakasa, il choisit de marquer d’un grand coup son retour. Il décrète un mot d’ordre OTT (Opération Tremblement de terre) précurseur des villes mortes tshisekedistes en vue de chasser Mobutu et de rétablir son Gouvernement marxiste. L’appel ne reçoit aucun écho ni à Kinshasa, ni à Gungu. Mobutu se frotte les mains. En réalité, il ne s’était jamais inquiété. Il a réduit à néant le dernier survivant du Lumumbisme. Il oubliera à jamais l’homme qui, déjà, se conjugue au passé face à d’autres membres de sa tribu en premier l’homme d’affaires Placide Lengelo Muyangandu promu Vice-Premier ministre après avoir été ministre des Postes et Télécommunications, puis des Affaires sociales. Cet homme qui n’apparaît jamais en public sans soigner son image, met un prix à son look vestimentaire (costume trois pièces haute couture, gilet de rigueur même sous 36 sous l’ombre) et dont la survie politique tient à son apathie, s’est éteint pour toujours. Il a pris congé de la politique. Comment expliquer sa résurrection en 2006?
Au sortir des scrutins, le PALU surprend. Non seulement son candidat nonantenaire est arrivé troisième au 1er tour de la Présidentielle et va jouer les faiseurs des rois au deuxième, lui qui ne disposait pas d’un dollar pour payer la caution à la Commission électorale indépendante, le PALU s’est arrogé un tel score à la députation nationale avec une trentaine d’élus qu’il est assuré de constituer un groupe parlementaire autonome avec lequel il va falloir désormais compter. Quand on rappelle le discours ultra-nationaliste glaçant de campagne, toutes les hypothèses sont ouvertes...
Malgré ses moyens financiers colossaux, le PPRD qui s’est approprié la candidature du Président Joseph Kabila Kabange a raté son pari d’une élection dès le 1er tour. Outre cela, le parti présidentiel ne dispose pas d’assez de Députés pour s’assurer une législature sans histoire.
Avenue Lukusa où siège jour et nuit l’équipe de campagne, c’est le branle-bas de combat qui renvoie les hommes à la chasse d’alliance à commencer, face à la tentation, par celle de grosses têtes.
Le fils de l’ancien patron des patrons, ex-chef rebelle du nord - le Mwana Mboka Bemba - qui a présidé le secteur économico-financier national pendant une transition aux tensions et crises à fleurets mouchetés, a fait une razzia sur la Capitale et son Équateur, constitue une vraie menace pour Kabila dont le thème de campagne a été «mumemi maki abundaka te» (le porteur d’œufs ne cherche pas bagarre).
Au Kwilu, l’effet PALU est tel que le PPRD n’a su faire élire qu’un des siens, Aubin Minaku Ndjalandjoku. Sur la centaine de candidats. Sa circonscription: son territoire d’origine, Idiofa. En clair, en 2016, autant le PALU est adulé, autant le PPRD est détesté et banni...
LES DEGATS DU TYPHON.
Les candidats indépendants dont d’aucuns disaient n’avoir aucune chance n’entraînant aucune voix autre que celle qui leur était destinée sur une liste qui ne porte qu’un nom, ont littéralement retourné la table! Ils ont pour noms Matenda Kyelu, Bahati Lukwebo, Kin-kiey Mulumba, Banza Mukalayi, Thambwe Mwamba.
Ils sont à l’initiative d’un groupe parlementaire si puissant qu’il va se révéler être une pépinière de l’élite. Ils ont mobilisé une machine électorale semblable à celles des partis politiques voire les dépassent. Il s’agit surtout de personnalités localement ancrées au sein de leurs communautés qu’elles sont incontournables. Si la mortalité parlementaire atteint ou dépasse les 80% à chaque renouvellement démocratique, toutes seront réélues au tour suivant...
Ayant adhéré à l’Alliance pour la Majorité Présidentielle, ces personnalités ont vocation de battre campagne pour le Président Candidat au second tour.
Dans le Kwilu, alors que le typhon a tout dévasté, il faut réinventer le discours pour renverser la vapeur...
Au fond, comment expliquer que l’AMP, devancière de l’actuelle MP ait signé un accord de Gouvernement avec le PALU qui lui reconnaît tout, lui cède tout, lui laisse tant de liberté s’agissant par exemple de la discipline de groupe et qui explique des écarts intolérables de langage? Rien qu’à voir les critiques au vitriol de Muzitu dans sa chronique médiatique, il est évident que le PALU ne fait pas partie de la Majorité Présidentielle; il appartient à l’opposition radicale...
A-t-il jamais été une machine politique? Il a proliféré sur un terreau d’incurie et d’analphabétisme qu’explique l’échec de politiques de communication publique comme l’absence d’une élite locale assise.
Ainsi, dans la Capitale, ses deux ténors Godefroid Mayobo Ngantiem et Adolphe Muzitu Fumundji sont battus à plate couture. Si Kinshasa est l’arrière-boutique de son bastion sociologique kwilois, comment expliquer la cinglante défaite de la garde rapprochée du patriarche?
Les deux hommes et d’autres l’ont compris! Aucun n’osera plus défier la Capitale en 2011. Bien que l’un et l’autre aient occupé de hautes fonctions dans l’Exécutif national - ministre délégué auprès du Premier ministre pour Mayobo, ministre du Budget puis Premier ministre, chef du Gouvernement pour Muzitu - et doivent disposer d’un bilan et de moyens pour repartir à la charge, ils optent au scrutin suivant pour l’arrière-pays. Le premier choisit la circonscription de Kenge dans le Kwango bien que Yansi de Bagata dans le Kwilu; le second ira troubler la quiétude de Kikwit, ville peuplée de Mbala bien que Pende de Gungu! Il ne faut pas un dessin pour imaginer ce qui a pesé dans le redéploiement de ce corps de garde, ni comment cela s’est géré!
Sans médias, intellectuellement et politiquement désavantagé, l’arrière-pays est un vaste champ de ruines ouvert à toutes les démagogies. Mais si à Gungu, le PALU parvient à s’octroyer des sièges, c’est en l’absence du Comité territorial local de la CENI qui a préféré plier bagage face aux pressions et menaces du Premier ministre Muzitu pour qui les cinq sièges de la circonscription sont d’office dévolus à son parti au nom du patriarche Gizenga. Il ne peut en l’espèce y avoir de compromis. Son homme de main, Matthieu Mpita, rapporteur CENI après avoir été ministre des Transports et Voies de communication, est à la manœuvre... C’est lui et d’autres qui opèrent désormais à la CENI sous la direction bien contrôlée d’un pasteur protestant d’Eglise méthodiste Daniel Ngoy Mulunda Nyanga...
Des pressions que dénonce avec sa véhémence habituelle le Conseiller spécial du Président de la République en matière de sécurité, un certain Pierre Lumbi Okongo menaçant de porter l’affaire en public. Mais celle-ci se conclut très vite dans une cour interne entre hommes de... bonne compagnie. Face au contre-feu des Services, Muzitu a reculé sans lâcher sa proie. Il veut cependant négocier en concédant un siège qui ira à une candidate MSR, le parti de... Pierre Lumbi Okongo! A Bulungu, l’un des cinq territoires du Kwilu, les Yansi qui dominent économiquement, veillent au partage comme à la prunelle de leurs yeux.
LE PALU C’EST HAS BEEN.
Car le Kwilu a deux candidats Premier Ministre déclarés. Si Muzitu a mis l’est en coupe réglée, Olivier Kamitatu Etsu, ministre du Plan, n’entend pas lâcher prise. Il dispose d’atouts: les siens de la CENI... En 2011, à Bulungu, le PALU ne passera pas. En 2006, les Gizengistes avaient raflé cinq sièges. À eux seuls!
Tout comme à Masimanimba, l’autre territoire très disputé qui a la particularité d’avoir vu naître un certain... Kamitatu, l’homme qui, en 1960, priva Gizenga du prestigieux poste de Président de Léopoldville, l’humilia de ce fait en le contraignant à aller dans un Gouvernement Lumumba sans portefeuille au point qu’il lui est resté redevable à vie, puis à un exil de vingt-six ans! La vengeance est un plat qui se déguste surgelé...
D’avoir précipité sans parachute le jeune Luboto depuis son strapontin de député explique-t-il cela?
En 2006, le PALU a aligné maîtres d’école et menuisiers, incapable d’investir des candidats valables dans un territoire Quartier Latin pour la qualité de l’enseignement des Pères jésuites et des Frères Joséphites.
Les Gizengistes ont envoyé cinq Députés au Parlement, des membres issus de cette classe ouvrière marxiste-léniniste, adeptes de l’église des Noirs en Afrique qui prient à même le sol dans des baraquements de branches d’arbres et de feuilles qu’aucun Congolais n’a vus devant le pupitre et dont nul n’a entendu la voix.
En 2011, le combat se déroule au corps à corps alors que des médias (radio, télé, Internet, réseaux sociaux, etc.) semblables à ceux de grandes villes du monde affluent le Kwilu, arrosent en temps réel quand, en 2006, Kamitatu n’avait su installer qu’un tableau noir le long de la Nationale n°1, délivrant lui-même à la craie blanche au petit matin l’info du jour. En réalité l’info plongée dans sa sauce haineuse! Résultat: les urnes font mordre la poussière au PALU même si le parti a relevé le niveau de son offre électorale mais le centre de compilation de Kikwit à deux heures de route à l’est, où Muzitu ferraille, soucieux de rempiler à l’Hôtel du Conseil, changera la donne... Au moins, on entendra plus jamais parler du PALU et de ses Députés charpentiers...
Ailleurs, ce n’est pas une paire de claques donnée sur les joues, c’est un coup de massue qui s’abat sur sa tête. Quand arrive l’heure de constituer des groupes parlementaires, le Parti Lumumbiste Unifié est en déliquescence. Malgré les millions de dollars de son nouveau roi Muzitu «Mfumu Mpa» amassés lors du long passage au Budget et à la Primature, il n’a récolté qu’un tiers du score de 2006. Echec et mât! Le recadrage politique a marché! Muzitu doit se payer des alliés s’il veut disposer d’une voix, rêver à nouveau Primature! Il a les millions. Grâce à l’accord passé avec la Majorité, les Gizengistes ont la main mise sur l’Exécutif national, les entreprises publiques, la territoriale, la diplomatie, etc. Ils siègent au Bureau Politique de la MP où ils veillent à leurs intérêts sans prendre la parole, ni se risquer de se mouiller. Ils ne sont en première ligne sur aucun dossier.
Sur le thème de frustrations, la colère enfle et la Majorité dit s’être fait gruger. La défense de Kabila et de la Kabilie ce n’est pas l’affaire des Gizengistes, encore moins des néo-Gizengistes qui mouillent en rade, attendant le coup de gong...
S’il se voulait propriétaire d’une villa à Limete que lui conteste un directeur de banque commerciale qui dit l’avoir acheté comptant auprès de son premier propriétaire Pende Placide Lengelo Muyangandu, Gizenga a changé de statut. Il vit dans un château impérial que l’ethnie Pende nostalgique des années angolaises a baptisé Mashita-A-Gijungu.
MOBUTU PROTESTE.
Voici un homme qui, à 93 ans, au crépuscule de sa vie, a vu sa fin se transformer en success story. Gardé par une cour qui ne lève pas le pied, assurée d’être légataire universelle et tient le sceau au grand secret, combien ne se rêveraient pas d’un tel destin?
A Rabat, Mobutu-le Léopard qui s’apprête à accueillir enfants et légataires à l’occasion des vingt ans de sa disparition, le 7 septembre, proteste dans sa tombe du carré catholique...
Réduit physiquement et intellectuellement, Gizenga qui approche le centenaire vit en dépendance totale. Ceux qui le voient comme ce dernier carré de privilégiés qui font partie de suites présidentielles quand Joseph Kabila à la veille du scrutin de l’ex-Banningville, rend visite ce vendredi 25 août à son allié dans sa nouvelle résidence de Ma Campagne payée comptant par l’Etat et assurent le vieil homme sans qu’il ne l’entende que «le Kwilu n’a pas à tomber, le Kwilu est dans la poche» - ce que les urnes ne confirmeront pas - témoignent d’une décrépitude mentale avancée, de déficience totale, d’absence parfaite de lucidité, d’un état de déchéance extrême. Concluent à la maltraitance...
Kabila et Gizenga étendu éternellement sur son lit en quasi état de morbidité ont eu un tête-à-tête sans s’entendre...
En Europe, cet homme depuis belle lurette serait en maison de repos, aurait intégré la section de grands âges.
À Kinshasa, il présiderait des conclaves, gérerait le PALU au jour le jour, adresserait des ultimatums à ses alliés comme s’il en avait la capacité et en savait la pertinence! C’est son entourage tenu par Muzitu «Mfumu Mpa» (le nouveau Roi) qui décide de tout, décidera du jour, de l’heure, de la minute, de la seconde pour débrancher le câble, arrêter des frais certes pris en charge par l’Etat généreux au nom des accords de la MP. Ce sera aux conditions de la cour qui a éloigné femme et membres de famille trop encombrants!
Hier inconnus, les enfants refluent, réclament des droits longtemps ignorés. Ceux qui sont au parti et à sa banque, La COM-A-SOL, Communauté africaine de solidarité agricole qui brasse des millions de $ et de €. Outre la troupe de Minganza (les masques Pende de Gungu) du Festival du même nom que Maman Anne Marthe Mbuba, l’ex-épouse Pende, a réussi in extremis à garder. La MP en a-t-elle conscience?
Gizenga est comme son congénère Tshisekedi qui l’a précédé dans l’au-delà. Même si les deux hommes se haïssaient mutuellement, chacun prenant le contre-pied de l’autre en politique, le premier accusant le second d’être un espion impérialiste mobutiste, un assassin de Lumumba, le second le traitant de «rêveur éternel». Aussi longtemps que son corps restera visible, mort ou vivant, immobile dans un funérarium dans le quartier bruxellois de Matonge ou dans une chambre dans le cossu quartier du Mont Fleuri ou de Ma Campagne, il servira de chantage et continuera à hanter ceux qui s’exposeraient.
T. MATOTU.