Congo digne
  • mar, 03/06/2014 - 04:48

Face à un monde inquiet de son devenir, Kabila réclame le respect pour son pays.

Les envoyés spéciaux internationaux pour la région des grands lacs (Mary Robinson pour l’ONU, Boubacar Diarra pour l’Union Africaine, Koen Vervaeke pour l’Union Européenne, Russ Feingold pour les états-Unis, Martin Kobler pour le secrétaire général des Nations Unies) séjournent depuis le 2 juin à Kinshasa où ils entreprennent une visite de deux jours consacrée au rétablissement de la paix dans l’Est du pays, selon ce qu’en a indiqué un communiqué de la Monusco, la Mission des Nations unies au Congo. Cette visite prépare la prochaine réunion des Chefs d’État qui se tiendra en septembre 2014, dans le cadre du mécanisme régional de suivi. Toujours selon ce communiqué, ces envoyés viennent évaluer l’application de l’accord-cadre régional signé en février 2013 à Addis-Abeba, en Ethiopie et chercher à savoir ce qu’il y a lieu de faire en vue de réaliser de nouveaux progrès.
Ils vont rencontrer des membres du gouvernement, de la société civile (associations, ONG, syndicats, etc.) et des diplomates accrédités dans la Capitale congolaise, selon le communiqué de la Monusco.
En signant cet accord, notre pays s’est engagé à mener des réformes politiques, sociales et sécuritaires. Les autres pays de la région ont promis de n’apporter aucun soutien aux rebelles dans les Kivu et en province Orientale.
Avant de s’envoler pour Kinshasa, ces cinq envoyés spéciaux étaient à Bujumbura et avaient demandé la «reddition complète de tous les combattants et hauts gradés des rebelles hutu rwandais des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) dans les prochains jours au risque de subir des attaques de l’armée congolaise et de la brigade d’intervention de la Monusco».

MISES AU POINT ET MISES EN GARDE.
Ces deux forces ont fait leurs preuves en infligeant en novembre dernier une cuisante défaite à la rébellion du M23. La rébellion vaincue, le gouvernement congolais soutenu par la Monusco, avait fait de l’éradication des FDLR une priorité pour 2014.
à la veille de l’arrivée de ces diplomates, le président de la République a réuni au Palais de la Nation, samedi 31 mai, les ambassadeurs accrédités dans notre pays pour des mises au point entendues comme des mises en garde. Au terme d’un mois diplomatique particulièrement chargé (rencontre à Kinshasa avec le secrétaire d’état américain John Kerry, tête-à-tête à l’élysée avec François Hollande, rencontre à Pretoria avec le président réélu Jacob Zuma, et, peu avant, visite dans la Capitale du président tanzanien Jakaya Kikwete) et, à la veille d’un voyage en août aux états-Unis où il rencontrera son homologue américain Barack Obama lors du sommet états-Unis-Afrique, et alors que le monde paraît inquiet sur son devenir, avec la montée en puissance, lors d’élections démocratiques en Europe, des partis nationalistes extrémistes et l’affaiblissement des régimes en place, Joseph Kabila Kabange est apparu particulièrement
résolu, face aux diplomates accrédités dans notre pays, décidé de préserver toute sa chance à son pays post-conflit dans un Continent particulièrement trouble. La Centrafrique est loin d’être le seul cas qui donne le tournis au monde... Le président a rappelé que le CIAT (le fameux Comité International d’Accompagnement de la Transition du 1+4) mis en place en 2003 n’était qu’une structure «sui generis» qui a pris fin en 2006, que depuis, le Congo, pays souverain, n’est pas en crise institutionnelle, et dès lors ne saurait accepter la réédition, même sous une autre forme, du défunt CIAT qui a été tout sauf une «expérience très heureuse». Il a stigmatisé des réunions qui auraient lieu entre certains hommes politiques congolais dans des chancelleries étrangères surtout occidentales créant une psychose à la veille d’une visite annoncée des envoyés spéciaux étrangers.
Il faisait allusion aux initiatives prises notamment par le représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies, Martin Kobler, de réunir des membres de l’opposition, ceux de la majorité et de la Société civile en sa résidence de Kinshasa, initiative qui est loin de faire l’unanimité même dans le camp de l’opposition. Ainsi, l’opposant Jean-Claude Vuemba (proche d’étienne Tshisekedi wa Mulumba) et président du MPCR, adresse une une lettre ouverte datée du 31 mai 2014 à Martin Koblern évoquant «les perspectives de l’échec consécutif à l’arbitraire dans le choix des interlocuteurs de l’Opposition politique congolaise comme interlocuteur de la Représentation spéciale du Secrétaire général des Nations-Unies en République Démocratique du Congo».

ENTRE CES GROUPES CRIMINELS ET LE CONGO.
«Si vous vous laissez enfermer dans ce piège, vous-même et votre pays, l’Allemagne, allez assumer devant l’histoire la responsabilité de la mise en échec du processus mis en œuvre par le Secrétaire d’état américain, Mr John Kerry, lors de sa visite de travail à Kinshasa», croit écrire l’opposant. Poursuivant: «En continuant à agir de manière arbitraire, M. Martin Kobler, vous ferez prévaloir l’impression selon laquelle vous privilégiez vos seuls et uniques considérations personnelles et ceux de vos «amis» en sacrifiant le destin du Peuple congolais, 75 millions d’hommes, femmes et enfants. Il convient de privilégier l’équité et la représentativité nationale et populaire congolaise dans le choix de vos interlocuteurs», recommande l’opposant qui est aussi vice-président du groupe parlementaire UDPS et Alliés. Le Chef de l’état s’est indigné de ce qu’on assiste à des initiatives parallèles autour de certaines ambassades et des partenaires du pays par quelques structures ou actions politiques qui, après avoir refusé librement de participer aux Concertations nationales, voudraient créer des «concertations parallèles» ou transformer ces ambassades ou ces partenaires en «institutions parallèles». «La politique du Congo ne peut se faire qu’au travers des institutions politiques du pays», a rapporté le ministre des Médias, Lambert Mende Omalangac, qui assistait à cette rencontre, citant le Chef de l’état. «Le Congo est un pays souverain; le Congo n’est pas un pays sous-tutelle et il est inadmissible pour le Congo que des partenaires affectés auprès du gouvernement congolais se permettent, sans que le gouvernement congolais ou l’état congolais n’ait fait la demande, de s’immiscer dans des questions politiques, des questions de souveraineté relavant exclusivement des institutions politiques de la République». Le président de la République a également évoqué des pressions inacceptabes sur la formation du Gouvernement de cohésion s’agissant non d’une promesse faite mais d’une décision annoncée par le Président de la République lui-même et qui doit être appliquée. Le Chef de l’état a insisté sur le fait que son pays n’est pas sous surveillance de la Communauté internationale et ne saurait l’être.
Le ministre Mende a déclaré que le Chef de l’état a dénoncé le phénomène «Combattant» qui n’est rien d’autre qu’un mouvement «criminel» qui a lieu dans certains pays (France, Belgique, Grande-Bretagne, états-Unis d’Amérique, Canada) où des jeunes gens qui ont acquis la nationalité de ces pays, développent une idéologie xénophobe, une idéologie dangereuse pour les Congolais et pour les animateurs des institutions congolaises, qui tend à exclure du tissu certains groupes communautaires et ethniques. «Le Congo s’étonne que dans ces pays partenaires, on puisse se montrer tolérants vis-à-vis d’idéologies qui ne respectent pas les valeurs sur lesquelles la communauté internationale tout entière s’est accordé», a expliqué le ministre Lambert Mende, citant le Chef de l’état qui a demandé que les partenaires du Congo fassent le choix désormais entre ces groupes criminels et coopérer avec le Congo.


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