- ven, 06/10/2017 - 12:39
Sans nul doute, cette affaire ne pourra pas ne pas laisser des dégâts. Déjà que les médias sociaux et ceux structurés - Rfi en tête - s’en sont emparés comme un trophée et la brocardent comme jamais! Mamane avec son «Gonduana City» et «Président Fondateur», n’a jamais eu autant de succès qu’avec l’affaire... du passeport biométrique congolais!
Pourquoi cette implacable loi des séries paraît s’abattre inexorablement? Quand ailleurs cela marche, il faut que cela ne marche jamais chez nous!
Quel pays ne comprendrait pas que pour mille raisons d’état, son Gouvernement soit amené à prendre telle ou telle décision?
Là n’est certainement pas le problème! Le problème réside dans la capacité à présenter, à communiquer et à amener la population à croire en son Gouvernement, à aider la majorité au pouvoir à être crédible. Qui ne sait que communiquer est tout sauf ouvrir la bouche?
DOSSIER CONSENSUEL.
Communiquer c’est dire des choses avec crédibilité afin que la population croît en votre parole. Mais quand la parole publique cesse d’être crédible, ce n’est plus communiquer. C’est la fin de la communication.
C’est pousser la population à se détourner de la parole publique. Et quand la population se détourne de la parole publique, c’est signe que le pouvoir n’est plus; qu’il a cessé d’être. Quand on relit le communiqué daté de vendredi 15 septembre du Vice-ministre des Affaires étrangères de Tshibala, Aggée Aje Matembo Toto (Opp.), qu’on écoute ce que le porte-parole du Gouvernement a dit sur les ondes de la Rtnc - la chaîne publique -, qu’on lit le recadrage du Directeur de cabinet du Ministre, Bienvenu Mutombo qui s’est fendu d’un communiqué, on se perd en conjectures. Quelque chose a dû se passer! Quoi? Et voilà que le Gouvernement donne du grain à moudre à l’opposition!
Il s’agit pourtant d’un dossier consensuel qui a révolté la classe politique dans son ensemble.
Les premiers à réagir furent des membres de la Majorité.
Ainsi, Zacharie Bababaswe Wishiya se faisait incisif. «Un Vice-ministre qui profite de l’intérim pour prendre une décision aussi grave de conséquences et, ce, sans passer par le Conseil des Ministres, expose tout le gouvernement à la colère du Peuple que je représente. Cette décision ne passera pas.
Le Vice-ministre doit retirer son communiqué car c’est une provocation de mauvais goût sinon mon rôle de parlementaire se jouera. Ki Opposant yango nde boye? Akotuna te?», écrivait - mortel - celui que des proches appellent Zacle, sur sa page Facebook.
Si c’est le Vice-Ministre Aggée Aje Matembo Toto qui a signé le communiqué «scandaleux», le titulaire du ministère est venu à sa rescousse. En s’enfonçant encore...
Face aux élus, Léonard She Okitundu a cru bien faire de venir avec des propositions. Répondant le 2 octobre à une «question orale avec débat», il fait quelques annonces dans le sens d’assouplir la décision controversée: celle de retrait, avant terme, des passeports «semi-biométriques» - appelés électroniques en Occident.
Parmi ces annonces - «des mesures de facilitation» - il y a «la prolongation de la date de mise en application de la mesure gouvernementale». Ce n’est plus le 16 octobre comme initialement annoncé, la durée de vie des passeports semi-biométriques ira «jusqu’au 14 janvier 2018». Trois mois supplémentaires accordés à ceux des Congolais qui détiennent ce titre de voyage. Recul également sur le prix.
«Pour le détenteur de l’ancien passeport dont la date d’expiration arrive à échéance dans les années 2019 et 2020, l’acquisition du nouveau passeport se fera moyennant paiement d’un forfait de USD 100, au lieu du prix coûtant de USD 185», frais connexes et bancaires non inclus, annonce Léonard She Okitundu qui fait une autre annonce - nouvelle reculade: faire bénéficier au détenteur d’un passeport semi-biométrique avec visas valables d’un «scellé consulaire qui lui permettra de circuler librement jusqu’à l’expiration de son visa».
Sauf que le concerné a l’obligation de se doter du nouveau passeport biométrique s’il veut profiter de cette «facilitation».
D’autant que «pour sortir du pays, le détenteur de l’ancien passeport avec visa devra obligatoirement avoir un passeport biométrique couplé avec le scellé consulaire» apposé sur le document de voyage électronique.
ARNAQUE DU PEUPLE?
Mais ces «mesures de facilitation» sont encore loin de plaire à l’opposition comme à la majorité. Des jeunes se réclamant de mouvements citoyens ont ainsi été brièvement interpellés alors qu’ils manifestaient devant le cabinet du ministre des Affaires étrangères avec des banderoles: «Mon passeport est valide. Arrêtez d’arnaquer le peuple». Car il y a eu réél problème de com’. Dès le départ, la communication officielle est allée de justification en justification.
Si Aggée Aje Matembo Toto invoque des raisons d’«uniformisation de l’identification des citoyens liés à des considérations sécuritaires», la question des visas valables sur des passeports invalidés avait été traitée de manière loufoque. Si un membre du Gouvernement croit devoir impliquer les états de Schengen, la délégation congolaise de l’UE oppose un cinglant démenti. Si un Conseil des ministres dit avoir acté des explications du ministre du secteur José Makila Sumanda des TransComs liés aux exigences de l’OACI, l’Organisation de l’aviation civile internationale, She Okitundu préfère se référer aux «services spécialisés», invoquant «la fiabilité des anciens passeports dits semi-biométriques, remise en question». Ils seraient détenus par «un nombre impressionnant des ressortissants des pays voisins», des «trafiquants de drogues» arrêtés en Colombie et au Brésil, des «chefs de groupes terroristes et leurs affidés qui opèrent sur le territoire national»… Pourtant, pas un Congolais ne croit plus. Tout ça pour ça?
Alunga Mbuwa.