- lun, 06/08/2012 - 09:49
Ils vont bientôt appartenir à l’histoire. Les 100 premiers jours du Gouvernement Matata arrivent à pas de géant. «Les 100 jours pour réussir: l’Europe»; «les 100 premiers jours de Obama»; «les 100 premiers jours de Hollande»; «Hollande sévère sur les 100 premiers jours de Sarkozy», etc.
Dans le monde des médias et de l’opinion publique, le début de mandat est toujours apparu comme une période d’espoir, un moment clé avec son importante valeur psychologique. Les premiers pas aident à montrer la capacité ou non d’un homme ou d’une équipe à conduire de façon positive une action publique.
Si dès les premiers jours de votre prise de fonction, vous n’êtes pas apte à prendre vos marques et à marquer votre territoire, l’avenir est compromis.
LE SOFT INTERNATIONAL DATE LUNDI 06 AOUT 2012
C’est comme qui dirait: si vous n’êtes pas en mesure d’exprimer dès les premiers mots clairement votre pensée, le reste n’ira pas loin...
Ainsi, l’alors Premier secrétaire du Parti Socialiste, aujourd’hui à la tête du pays, François Hollande dressait au terme de 100 jours le bilan «déjà lourd» du début du quinquennat de Nicolas Sarkozy.
RESULTATS PRE-ANNONCES.
D’asséner: «Le défaut de transparence est ce qui caractérise le plus les 100 jours de Nicolas Sarkozy. On ne nous dit pas exactement ce qu’ont été les contreparties de la libération des infirmières bulgares; on ne nous dit pas ce qu’a été le choix économique du gouvernement; on ne nous dit pas ce qu’est la situation de l’endettement du pays».
Puis: «Ce défaut de transparence annonce, avec la politique qui a été mise en place sur le plan économique et fiscal, une facture qui va être présentée aux Français, peut-être dès la rentrée».
Facture qui présentée sous la forme des franchises médicales, de la «TVA dite sociale, en fait anti-sociale», et de la «contribution qui va être imposée à tous les Français, compte tenu du déficit de la sécurité sociale, la CRDS».
De juger que les «100 premiers jours de Nicolas Sarkozy à la tête de l’État marquent une présidence de rupture dans le langage. Une présidence de rupture concernant le style et la pratique institutionnelle, mais pas sur les contenus, avec avant tout un défaut de transparence».
Et La Lettre de Jaurès - un organe du PS - enchaînait:
«Pourtant, l’hyper-président profite d’une aura médiatique sans précédent, parle beaucoup et sur tous les sujets, promet énormément, mais ne nous dit rien de ce qui est vraiment…
François Hollande commente ainsi la propension à la logorrhée du Président de la République: «Présider pour lui c’est parler, et dans la pratique institutionnelle: il n’y a plus de Premier ministre, plus de gouvernement, c’est lui qui décide».
La Lettre de Jaurès:
«C’est que Nicolas Sarkozy est cohérent pour le coup puisqu’on reste dans la rupture, … mais avec la Démocratie ce coup-ci! Plus que jamais, nous pouvons compter sur Nicolas Sarkozy, son gouvernement fantomatique et sa majorité-godillot pour nous préparer des lendemains qui déchantent. Et plus que jamais, les Français en général et les classes modestes en particulier auront besoin d’une Gauche qui dénonce, d’une Gauche qui s’oppose, d’une Gauche qui propose et incarne l’alternative.
Il appartient maintenant aux socialistes d’assumer ces responsabilités...».
Les résultats pré-annoncés par les 100 jours de Nicolas Sarkozy, on les connaît.
Le Président sera battu au total de la plus humiliante façon, sorti - fait rarissime sous la Vème République française - en fin de premier mandat, interdit de deuxième mandat!
Hollande et les Socialistes - ou les 100 premiers jours de Sarkozy - avaient vu juste. Les premiers pas ne trompent pas sur la suite des événements.
VERS LE STATUT DE PAYS EMERGENT.
Qu’en est-il de Matata et de son Gouvernement?
Face à la Nation, lundi 7 mai, le Premier ministre avait pris un engagement: préparer la R-dC au statut de pays émergent. Pour ce faire, sous le leadership du Président de la République Joseph Kabila Kabange, Augustin Matata Ponyon Mapon s’est fixé six objectifs susceptibles de conduire le Trésor public en quatre ans à réaliser 48 milliards de dollars en ressources ordinaires.
Deux jours plus tard, le 9 mai, la Chambre basse lui donnait quitus en investissant son Gouvernement.
Premier signe du sérieux: aussitôt après le prononcé de l’investiture, avant même de se mettre debout et de quitter l’hémicycle, le Premier ministre réalisait un engagement.
Lui-même et chacun de ses ministres ont reçu une enveloppe blanche dans laquelle il avait fait glisser deux feuilles. Une lettre à «Monsieur le Président de la Cour Suprême de Justice» et une «Déclaration du patrimoine familial». En son art. 99, al. 1 et 2, la Constitution en fait obligation: «Avant leur entrée en fonction et à l’expiration de celle-ci (...), les membres du Gouvernement sont tenus de déposer devant la Cour constitutionnelle la déclaration de leur patrimoine familial énumérant leurs biens meubles, y compris actions, parts sociales, obligations, autres valeurs, comptes en banque, leurs biens immeubles, y compris terrains non bâtis, forêts, plantations et terres agricoles, mines et tous autres immeubles, avec indication des titres pertinents».
«Le patrimoine familial inclut les biens du conjoint selon le régime matrimonial, des enfants mineurs et des enfants, même majeurs, à charge du couple. La Cour constitutionnelle communique cette déclaration à l’administration fiscale. Faute de cette déclaration, endéans les trente jours, la personne concernée est réputée démissionnaire. Dans les trente jours suivant la fin des fonctions, faute de cette déclaration, en cas de déclaration frauduleuse ou de soupçon d’enrichissement sans cause, la Cour constitutionnelle ou la Cour de cassation est saisie selon le cas».
Lundi 7 mai dans leurs questions, les Députés ont rappelé cette exigence. Avec raison...
Avant le Gouvernement Matata, quel Gouvernement avait appliqué cette exigence constitutionnelle?
Matata est l’homme qui avait fait signer un code d’éthique à chacun de membres de son cabinet du temps du ministère des Finances.
Arrivé à l’Hôtel du Conseil, il s’en rappelait fort bien. Au point où au lendemain d’un séminaire gouvernemental de mise à niveau - une première - dans le Bas-Congo, sur le site des Chutes de Zongo, il faisait signer un acte d’engagement éthique anti-corruption à chacun de ses ministres - une autre première.
Entre annonce des mesures et contacts de personnels, le Gouvernement aura connu des semaines cruciales au cours desquelles il lui aura fallu convaincre de la pertinence d’une approche innovante.
SUR LA LIGNE DE FRONT AU NORD-KIVU.
A la tête d’un groupe de ses ministres originaires de la province ou ayant en charge des dossiers en rapport avec la crise, Matata s’est rendu sur la ligne de front au Nord-Kivu d’où le gouvernement fit pour la toute première fois la retentissante annonce qui allait modifier le rapport des forces entre Kinshasa et Kigali au point où c’est l’image du héros rwandais qui en sort désormais profondément écornée. Connu comme l’homme des plus avisé, le président Kagame n’ignore rien du temps qu’il fait...
Les médias internationaux n’en cachent désormais plus rien du ressentiment qu’ils éprouvent envers le régime après la lecture des annexes du rapport exfiltré des experts des Nations Unies. «Pour Washington, Kagame n’est déjà plus qu’une option stratégique», estimait-on au très mondialement connu bimestriel new-yorkais, Foreign Affairs publié par le Conseil des relations étrangères. L’Occident qui aime et dorlote a toujours été le même qui repousse et fait montre d’abjection et frappe au nom des valeurs humaines.
Ces accusations accablantes officialisées par le Gouvernement pourraient amener le Conseil de sécurité des Nations Unies à converger vers un train de résolutions qui, à terme, vont ouvrir des portes vers des accusations de crimes contre l’humanité et se diriger vers la Cour pénale internationale. Ce qui finira par donner corps à un règlement définitif de la crise dans les Grands lacs.
Coachs de Kigali l’ancien premier ministre britannique Tony Blair et l’ancien président américain Bill Clinton pourraient annoncer qu’ils se désolidarisaient des pratiques rwandaises. Ceci est très attendu après le gel des programmes d’aide annoncé par Washington (500.000 dollars américains d’appui à une académie militaire rwandaise) et Londres (16 millions de pounds d’aide budgétaire) mais aussi par l’Allemagne (21 millions d’euros d’aide budgétaire) et les Pays-Bas (5 millions d’euros d’aide au développement) outre le groupe de pays scandinaves (report de 39 millions de dollars d’aide au développement).
Le communiqué officiel de l’ami traditionnel allemand ne laisse planer aucun doute sur sa grande déception: «Les accusations doivent être mises au clair complètement et il doit être prouvé que le Rwanda ne prend pas en charge toutes les milices illégales dans l’Est du Congo», lit-on dans communiqué officiel de Berlin.
Il n’existe de développement que dans un contexte de paix. A raison, Matata déclarait ce qui suit aux participants du Caucus africain réuni le 1er août à Kinshasa: «Ces assises se tiennent à un moment crucial pour le développement de la République Démocratique du Congo qui, après avoir réussi à créer les conditions favorables pour la stabilité de son cadre macroéconomique, s’est résolument tournée vers les politiques visant la croissance à deux chiffres, en vue de rejoindre, d’ici à 2016, le cercle des pays à revenu intermédiaire. Au moment où se déroulent ces travaux, je ne peux passer sous silence la grave situation de conflit qui affecte, de manière dramatique, nos concitoyens vivant à l’Est de la République; situation susceptible de saper les efforts durement consentis aux plans politique et économique ces dernières années, sous le leadership du Président de la République».
LE PATRONAT SALUE LE GOUVERNEMENT.
Reste que d’ici une dizaine de jours, le Premier ministre aura bien raison de déclarer devant la Nation que son équipe a débuté de façon très positive l’œuvre de transformation du pays qui doit le conduire au statut d’un Congo à économie intermédiaire avant l’étape de pays à économie émergente.
Le train de réformes institutionnelles visant l’efficacité de l’Etat va bon train. La procédure de la loi d’habilitation du Gouvernement devrait permettre sous peu au Président de la République de prendre des ordonances-loi attendues.
La ministre de la Justice Wivine Mumba Matipa a déposé auprès du gouvernement sénégalais les instruments de ratification du Traité OHADA, ce qui aura pour effet une meilleure image de marque du pays et celle du climat des affaires.
La tenue à Kinshasa mi-octobre du Sommet de la Francophonie auquel prendront part une quarantaine de Chefs d’Etats et de Gouvernement ne fait désormais l’ombre d’aucun doute, tout comme l’hypothèse de la participation du président Hollande qui est plus forte que son absence si on en croit le rapport fait à Paris par la ministre délégué à la Francophonie Yamine Benguigui. Tout est à mettre au crédit du Gouvernement de la République. A cette occasion, il ne faisait l’ombre d’aucun doute que le pays, qui a raté le 11 mai dernier à Cape Town le train de la fibre optique, aura réalisé la connexion au câble du consortium international WACS, ce qui permettra la connectivité à haut débit. Ceci sera d’autant plus aisé que le pays aura basculé dans la technologie de la 3ème Génération de la téléphonie cellulaire.
Quant à l’économie, alors qu’on craignait des dérapages à la suite de la mise en circulation des coupures de monnaie à valeur faciale élevée, l’opération s’est déroulée à la satisfaction générale, la monnaie nationale s’étant affermie comme jamais auparavant à pareille période.
Il faut ajouter l’opération saluée de la paie des enseignants par voie bancaire, suivie bientôt par celle des forces armées et de la police...
Une vraie success story se dessine à l’horizon.
Signe: alors que la rencontre entre le monde des affaires et le Gouvernement a toujours été l’occasion d’accusations mutuelles et de débandade, celle qui a eu lieu le 3 août dernier au siège du patronat, au lendemain de la rencontre dans la Capitale du gotha financier africain, et a mis le Premier ministre accompagné d’un groupe de ministres du secteur productif face aux patrons d’entreprises, a baigné dans l’huile.
Au point qu’après l’échange de discours entre le Premier ministre et le président national de la Fédération des Entreprises du Congo, Albert Yuma Mulimbi, celui-ci a levé la séance, estimant que le patronat considérait qu’il n’y avait plus matière à débattre - ayant reçu pleine et entière satisfaction à son «Livre Blanc» transmis au Gouvernement de la République - et que la prochaine rencontre se déroulerait entre gens de bonne compagnie autour d’un repas. Rendez-vous a été pris.
D. DADEI
LEGENDE :
Le président du patronat A. Yuma salue le PM Matata à son départ vendredi dernier du siège du patronat. DR.