- mar, 07/02/2017 - 02:54
S’il semble peu évident qu’une question relative au secret médical d’un personnage public puisse être évoquée à une rencontre gouvernementale, on ne peut exclure des confidences entre collègues du même bord politique.
Willy Mishiki (qui aime à se faire appeler Prince) était certainement très emballé lors de son émission de télévision samedi 28 janvier. Ceci dit, nul n’imaginait que la prédiction du vice-ministre à l’Energie allait se réaliser si miraculeusement, si malheureusement!
Interrogé par un parterre de journalistes, il fut tranchant: «Maman, Tshisekedi akozonga lisusu awa te...» («Tshisekedi ne reviendra plus ici»). Sous entendu: «il ne reviendra plus vivant». Depuis, ce bout de phrase a été partagé des milliers de fois sur les réseaux sociaux congolais. Le 3 février, un collectif d’avocats associés MKM conduit par Me José Kadima Ntumba saisit le Procureur général de la République dans une «requête en vue de l’ouverture d’une enquête sur le décès de Monsieur Etienne Tshisekedi wa Mulumba».
La correspondance soutient que si Tshisekedi a quitté Kinshasa le 24 janvier 2017 pour un check up médical, le 28 janvier, Willy Mishiki, un ancien allié de Tshisekedi affirmait «avec précision», «d’un air rassuré et convcaincu» dans une émission télévisée «Equipe nationale» que l’homme «ne rentrerait pas vivant sur la terre de ses ancêtres».
AU COURANT D’UN SECRET MEDICAL?
Le collectif note que deux médecins personnels de Tshisekedi (Oly Ilunga et Tharcisse Loseke) sont désormais, le premier, ministre de la Santé publique, le second, Vice-ministre des Finances. Puis: que le 1er février, quatre jours après ces affirmations, Etienne Tshisekedi disparaissait à Bruxelles à l’hôpital où il avait été admis peu après son arrivée.
Il est clair qu’aussi bien ce membre de l’équipe gouvernementale Badibanga que le groupe d’avocats posent des questions suscitant débat.Ancien de Genval, membre du Rassemblement des forces acquises au changement issu de cette rencontre de la banlieue bruxelloise réunie autour de Tshisekedi, Willy Mishiki était-il au courant d’un secret médical quelconque? Celui-ci aurait-il été dévoilé lors d’un Conseil des ministres, ce qui aurait fondé «la certitude des propos publics» de ce membre du Gouvernement?
S’il semble peu évident qu’une question relative au secret médical d’un personnage public puisse être évoquée à une rencontre gouvernementale, on ne peut exclure des confidences entre collègues du même bord politique. Reste à savoir pourquoi une question aussi privée, aussi politiquement sensible a pu être portée de manière aussi «précise», aussi malheureuse par un personnage détenteur du pouvoir d’Etat à une émission de télévision allant à soulever une légitime suspicion dans le public.
D. DADEI.