- mar, 11/10/2016 - 19:01
Quand le parjure constitutionnel est interdit.
Cela fait dix ans que la Majorité Présidentielle (AMP, Alliance pour (de) la Majorité Présidentielle puis MP, Majorité Présidentielle) existe. Une coalition de partis politiques et de personnalités née en 2006 avec objectif d’assurer la victoire au second tour de Joseph Kabila Kabange à la présidentielle face à l’opposant Jean-Pierre Bemba Gombo du MLC. Qui totalise dix ans en 2016. Dix ans de combats ensemble - des victoires électorales. Dix ans de frustrations, de frondes, de mazarinade, de guerres féroces. «Des plaies et des cicatrices», l’expression est de Joseph Kabila Kabange lui-même. Devenue depuis famille, l’heure pour la MP d’engager une réflexion profonde, de lancer un chantier de restructuration en vue de préserver ce qui doit l’être, de donner l’assaut au retranchement. C’est la grande décision du Bureau Politique élargi aux présidents des partis politiques et des groupes parlementaires ainsi qu’à des personnalités, présidé dimanche 9 octobre dans le faubourg Est de la Capitale, à Kingakati, par le Chef de l’Etat au titre d’Autorité Morale de la Majorité Présidentielle. La MP indubitablement peut; la MP doit. Elle en a les moyens. En a-t-elle le choix? Toutes affaires cessantes, elle doit se préparer aux élections que la CENI pourrait convoquer à tout moment en tenant compte de l’accord (ou du désaccord) qui pourrait sortir du Dialogue. Un réarmement moral des troupes que Kabila entend - a-t-il le choix? - continuer à faire gagner démocratiquement sans minimiser l’adversaire identifié: celui qui, tôt, a assassiné le Premier ministre Lumumba en torpillant la démocratie! Alors que le Dialogue avait comme objectif accepté de baliser le chemin d’un processus électoral apaisé, comment expliquer qu’il soit soudain devenu le lieu de partage du pouvoir hors scrutins? La MP irait à ce parjure constitutionnel qu’elle serait durement jugée! Dix ans, face aux coups endurés, quelle résilience! A qui lui promet le crépuscule, la décadence, au regroupement kabiliste d’annoncer l’aube: sa renaissance. Si, dimanche 9 octobre, contrairement à son habitude, Kabila n’a pas ouvert le débat, c’est signe que le discours n’en appelait pas un. A la Majorité de se parer pour gagner. Le Bureau Politique de la Majorité se donne cela pour seul objectif. A elle, après avoir ouvert ses chantiers économiques et sociaux porteurs, de se lancer dans la présentation, l’explication, la communication. Vers ceux qui souhaitent voir et comprendre. A elle d’effacer les mensonges trop répandus.