- mer, 12/02/2014 - 04:00
Lors de sa réunion extraordinaire de lundi 10 février, le Gouvernement a annoncé la création d’une nouvelle compagnie aérienne natonale. Détails.
Dans le cadre de son programme d’action quinquennal, le Gouvernement, sous l’impulsion du Chef de l’Etat, a inscrit la création d’une compagnie aérienne nationale fiable et opérationnelle, parmi les priorités absolues.
Trois raisons majeures justifient la nécessité de créer une nouvelle compagnie aérienne nationale. Parmi lesquelles la situation préoccupante de l’aéronautique civile du pays caractérisée par la récurrence des accidents de trafic aérien, l’insuffisance des capacités techniques et des compétences humaines de l’agence de supervision - l’AAC en l’espèce - au regard de sa mission publique, le mauvais état des aéroports du pays, nationaux et internationaux, qui affichent des conditions qui ne répondent pas encore aux standards en la matière et enfin l’inscription de toutes les compagnies aériennes congolaises sur la blacklist de l’Union européenne et de l’OACI, avec interdiction de survol du territoire européen et américain.
Il y a ensuite la faillite de facto de la compagnie nationale, «Lignes Aériennes Congolaises» incapable, à ce jour, d’assurer des vols même au niveau domestique, tout comme l’insuffisance d’infrastructures alternatives afférentes aux autres modes de transport (routier, ferroviaire, lacustre et fluvial), faisant du transport aérien le mode principal de mobilité des personnes et de leurs biens, à travers le territoire national et vers l’extérieur.
Face à cette situation, et conformément aux instructions du Chef de l’Etat, à l’issue du Conseil des ministres du 21 décembre 2012, le Gouvernement a pris la décision d’une part, de dissoudre purement et simplement des Lignes Aériennes Congolaises (LAC en sigle) et de l’autre, de porter sur les fonts baptismaux une nouvelle compagnie aérienne du nom de Congo Airways et son logo serait constitué d’un léopard bondissant sur un fond constitué des couleurs nationales.
LA VISION STRATEGIQUE.
Les ministères du Portefeuille et des Transports et Communications se sont accordés sur la vision stratégique qui sous-tend la création de la nouvelle compagnie aérienne nationale. Celle-ci est fondée sur les orientations données au Gouvernement par Son Excellence Monsieur le Président de la République, lors de l’approbation du programme du Gouvernement, présenté au Conseil des ministres du 2 juin 2012.
Elle consiste en la mise en place d’une compagnie aérienne nationale, distincte des LAC, ayant pour mission le transport, par voie aérienne, des personnes et des biens, dans les meilleures conditions de sécurité, de sûreté, de fiabilité et d’économie mais aussi l’intégration économique et physique du territoire national, compte tenu de sa taille et des contraintes imposées par l’état actuel des modes alternatifs de transport (routes, voies fluviales, lacustres et voies ferrées). Enfin, la nouvelle compagnie devrait contribuer à la restauration de l’image de marque et du prestige du pays au plan national et international, ainsi que de la fierté retrouvée du pays à travers le port de la bannière nationale.
Le caractère national de la nouvelle compagnie implique, dans son actionnariat, la présence de l’Etat congolais, promoteur du projet, ainsi que des personnes physiques et morales de nationalité congolaises. Sur décision du Gouvernement, outre l’Etat congolais, des sociétés du Portefeuille et des établissements publics ont été invités à souscrire au capital de la compagnie. Il s’agit de la RVA, de la GECAMINES, de la SCTP, de SEPCONGO, dde l’OGEFREM, du FPI, de l’INSS. La GECAMINES et le FPI vont souscrire au capital de la compagnie à hauteur chacun de USD 2 millions.
La question reste sous examen au niveau des organes statutaires des autres sociétés et établissements publics.
Le caractère national de la compagnie implique aussi que le savoir-faire nécessaire à sa mise en place et à son exploitation soit, à terme, entre les mains des nationaux. Ce qui, d’une part, nécessite la mise en place d’une équipe de cadres nationaux étroitement associés à l’ensemble du processus de création et de développement de la compagnie et, d’autre part, la primauté d’objectifs et de choix nationaux dans la détermination de ses stratégies de gestion.
Conformément à la vision stratégique du projet, le Ministère du Portefeuille et celui des Transports et Communications se sont accordés sur la structure du capital social de la nouvelle compagnie aérienne nationale qui comprendra trois catégories de partenaires, à savoir, les actionnaires nationaux, à participation majoritaire: Etat congolais, personnes physiques et morales de nationalité congolaise. Un actionnaire privé, à participation minoritaire, spécialisé dans le domaine de l’aviation civile. Enfin, une quote-part du capital réservée aux salariés, en vue de les responsabiliser et les motiver à contribuer à la vie et au développement de la compagnie.
Le projet se propose de passer par trois phases: qui se présentent comme suit: exploitation des vols domestiques (phase 1), exploitation des vols régionaux (phase 2), exploitation des vols internationaux (phase 3).
Le réseau domestique constitue le premier segment de marché à exploiter avec comme principales destinations cibles: Kinshasa, Lubumbashi, Kisangani, Goma, Bukavu, Kindu, Mbuji-Mayi, Kananga, Mbandaka, Gemena, Isiro. Bunia, Kolwezi et Kalemie. Ces villes sont proposées sur la base du business plan préliminaire élaboré avec le concours des experts de Boeing Company.
La durée de chaque phase sera déterminée sur la base du business plan final, sachant aussi qu’il est possible d’envisager la mise en route des phases 1 et 2 de manière concomitante.
Etant donné la volonté du Gouvernement d’associer un partenaire stratégique dans l’exploitation de cette compagnie, trois types de coopération sont envisagées:
*Le Consultant (une compagnie aérienne ou non) qui devra travailler uniquement pour affiner le Business plan et aider au démarrage de la nouvelle compagnie. Ce Consultant devra disposer d’une expérience avérée dans le démarrage de nouvelles compagnies aériennes, avoir la connaissance de la région et devrait laisser la liberté et le choix des options au client (ne pas l’enfermer dans un choix ou lui en imposer un, parfois guidé par un agenda caché).
*Le Partenaire Technique qui vendra son expertise (entraînement des pilotes, des mécaniciens, du personnel de cabine, etc.) et accompagnera la nouvelle société sur plusieurs années. Le partenaire technique devrait forcément être une compagnie aérienne, avec un savoir-faire sérieux, sans interférer dans les autres domaines de gestion de la société.
*Le Partenaire Stratégique, lequel serait lié à la nouvelle compagnie par une relation à long terme (une compagnie aérienne dans ce cas), avec laquelle on passera des accords commerciaux et qui se retrouverait éventuellement dans le capital social de la compagnie. Le partenaire stratégique devrait avoir une bonne image, offrir la complémentarité des réseaux, garantir les intérêts mutuels et jouer une relation d’égal à égal.
Si le consultant est une compagnie aérienne, il est préférable que la même compagnie soit retenue au titre de partenaire technique. Mais, à notre entendement, le consultant devrait être totalement indépendant des compagnies aériennes.
A noter que plusieurs compagnies aériennes ont été contactées: Turkish Airlines, Air France-KLM, Brussels Airlines, Emirates, Ethiopian Airlines. Si certaines ont fait part d’un intérêt évident (Turkish Airlines, Air France-KLM), d’autres n’y auraient trouvé aucun intérêt (Emirates), tout comme relativement Brussels Airlines plutôt attiré présentement par sa coopération avec korongo Airlines.
Selon la recommandation des experts consultés et de certaines compagnies aériennes intéressées, notamment Turkish Airlines, Congo Airways volerait avec des aéronefs de location en lieu et place d’en acquérir. Mais il s’agit cependant d’une location sans équipages, la formation du personnel navigant étant une option concomitantes à la création de la nouvelle compagnie.