- mar, 12/11/2013 - 03:22
En fin stratège, le Président de la République a mise sur nos amis d’Afrique australe pour vaincre une hostilité ambiante.
Souvent chez les grands du monde, le hasard n’existe pas. Dans son discours à Kinshasa devant les deux Chambres parlementaires réunies en Congrès, le président Jacob Zuma a insisté sur la date du 29 octobre.
Le 29 octobre 2006 - ce fut un dimanche - eut lieu le deuxième tour de la Présidentielle qui vit Joseph Kabila Kabange triompher de Jean-Pierre Bemba Gombo. L’Afrique du Sud était déjà à nos côtés et avait fourni de la logistique après que le pays arc-en-ciel eut financé et abrité le Dialogue inter-congolais à Sun City et à Pretoria.
C’est ce même jour qu’eurent lieu les provinciales.
C’est le 29 octobre 2013 - un mardi - qu’un président sud-africain effectuait sa première visite d’Etat dans notre pays et s’adressait au Peuple congolais via ses représentants.
Dans son discours, Jacob Zuma eut un moment d’émotion - observant un temps d’arrêt - quand il expliqua devant Députés et Sénateurs qu’avant de se rendre à l’hémicycle, il s’était trouvé à un endroit - au Palais de la Nation, désormais siège de la Présidence de la République en compagnie de son homologue congolais - là où le Premier ministre Patrice-Emery Lumumba avait prononcé son discours historique le 30 juin 1960 devant Baudouin 1er et qui avait scellé sa mort...
UNE VISITE PORTE BONHEUR.
Le Palais de la Nation, siège de la Présidence de la République était alors le siège du Parlement où furent organisées les cérémonies de l’Indépendance du pays.
Du discours de Jacob Zuma devant les parlementaires congolais, on retiendra ces mots, un vrai ultimatum adressé aussi bien aux rebelles qu’à leurs soutiens étrangers, le Rwanda et l’Ouganda: «Enough is enough. Time for peace is now» (Trop c’est trop. Le temps de la paix a sonné).
Puis, Zuma de poursuivre: «La souffrance du peuple congolais est aussi notre souffrance. De même sa prospérité. La misère ne peut plus continuer et ne sera plus tolérée».
Dès le jour suivant, mercredi 30 octobre, le lendemain de cette visite, alors que l’avion du Chef de l’Etat avait à peine décollé de l’aéroport de N’Djili pour Pretoria, les événements s’accéléraient dans le conflit qui opposait depuis un an et demi l’armée FARDC aux rebelles du M23.
Les FARDC venaient de faire sauter le dernier verrou du M23 - la cité de Bunagana, à la frontière ougandaise - et, le jour même à 20 heures, au Jt de la télévision nationale Rtnc, le Chef de l’Etat, en Commandant en Chef des armées, s’adressait à la Nation et adressait un ultimatum aux rebelles, aux bandes armées et aux pays voisins.
A ceux-ci, le Président déclarait: «Je tiens à redire que la voie royale pour la paix et la stabilité dans la région réside dans la mise en œuvre, effective et de bonne foi, de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, ainsi que de la Résolution 2098 du Conseil de Sécurité des Nations-Unies».
Puis, de «les exhorter à remplir leurs engagements aux termes de cet Accord» et de «réaffirmer la détermination, à ce jour non démentie, de la République Démocratique du Congo à remplir les siens».
Les 29 et 30 octobre 2013, un événement important venait de se produire.
Pour la toute première fois depuis que ce pays est indépendant, l’armée venait d’enregistrer une victoire militaire indiscutable. Rien décidemment ne serait plus jamais comme avant, avait prédit le président de la République dans son discours sur l’état de la Nation au lendemain des Concertations nationales. Le passage de Zuma à Kinshasa aura été un passage porte-bonheur.
Coup sur coup, nos soldats vont pousser les rebelles vers les collines, puis des collines vers les pays voisins - l’Ouganda et le Rwanda d’où ils recevaient les appuis. Le résultat, on le connaît.
Depuis Kampala où son énième chef politique a trouvé refuge, le M23 va clamer toute sa bonne foi à signer tout accord négocié avec le Gouvernement.
Le 4 novembre 2013, son chef de la Communication et Médias, Amani Kabasha écrit: «La Direction du Mouvement du 23 Mars regrette la poursuite des attaques à l’arme lourde conduites en ce moment par les Forces Armées de la République Démocratique du Congo, FARDC en sigle, contre nos positions sur les hauteurs du territoire de Rutshuru après le strict respect par nos forces de l’ordre de cessation des hostilités donné par le Président de notre Mouvement ce dimanche 03 novembre 2013».
Puis: «Notre Mouvement appelle le Facilitateur du dialogue ainsi que le team des
envoyés spéciaux de la communauté internationale qui accompagne le dialogue à constater, par ces attaques, le refus du Gouvernement à faire la paix par des voies pacifiques en dépit de la finalisation, ce même dimanche, de tous les points inscrits à l’agenda du Dialogue de Kampala».
Puis: «Notre Mouvement rappelle qu’il reste disposé à apposer sa signature sur l’Accord de paix parachevé ce dimanche 03 novembre 2013 à Kampala sans condition et à tout moment que le facilitateur du dialogue en programmera la cérémonie étant donné que cet accord reste l’expression de la volonté de toutes les parties au Dialogue».
Le communiqué est daté de la cité de Chanzu.
Trop tard, face à la forte pression exercée par les FARDC, le M23 va trouver son salut dans l’annonce de la capitulation.
Le 5 novembre 2013, depuis Kampala, le énième chef politique de la rébellion, Bertrand Bisimwa, rend public un communiqué dont l’intitulé - «Annonce de fin de rébellion» - ne donne lieu à aucune équivoque.
On y lit: «La Direction du Mouvement du 23 Mars annonce à l’opinion nationale et internationale qu’elle a décidé à dater de ce jour de mettre un terme à sa rébellion et de poursuivre, par des moyens purement politiques, la recherche des solutions aux causes profondes qui ont présidé à sa création».
Puis: «A cet effet, le Chef d’Etat-major Général ainsi que tous les commandants des grandes unités de l’Armée Révolutionnaire Congolaise sont priés de préparer les hommes des troupes au processus de désarmement, démobilisation et réinsertion sociale dont les modalités sont à convenir avec le Gouvernement de la République Démocratique du Congo». Pour le M23, échec et mât. La rébellion a bel et bien été vaincue sur le terrain militaire qu’elle-même avait choisi. Elle a reçu une belle raclée dont elle se souviendra longtemps après.
Sultani Makenga et Bertrand Bisimwa tout comme Roger Lumbala ont trouvé un asile temporaire en Ouganda...
Une victoire au prix du sang versé par nos soldats mais aussi versé par des contingents étrangers.
Comment ne pas signaler qu’au cours des combats de ces derniers jours, la brigade d’intervention de la Monusco a perdu trois hommes. Trois hommes du seul contingent tanzanien!
Etait-il particulièrement visé par le M23 afin de décourager la Tanzanie dans son engagement?
La question peut se poser quand on sait l’état des relations entre la Tanzanie et le Rwanda. On sait comment le président Paul Kagame a pris les déclarations du président tanzanien Jakata Mrisho Kikwete appelant chacun des pays de la région à dialoguer avec ses rebelles (la RDC avec le M23, le Rwanda avec les FDRL, l’Ouganda avec les ADF-NALU).
Il reste qu’à l’heure du bilan, il faut noter que plus qu’aucune autre région d’Afrique, l’Afrique australe aura été aux côtés de notre pays.
Dans sa stratégie de reconquête, le Président a misé en fin stratège sur ses amis d’Afrique australe d’où il rencontre une meilleure écoute.
Le Chef de l’Etat ne s’est autant déplacé qu’en Afrique australe et jamais il n’a manqué un seul sommet de la SADC. Cet engagement aux côtés de nos frères d’Afrique australe a fini par payer.
La Brigade d’intervention de la Monusco qui appuie les FARDC est composée des seuls contingents des pays de la SADC (Afrique du Sud, Tanzanie, Malawi). Au Congo de s’en féliciter.
D. DADEI.