L’impossible n’est pas congolais
  • dim, 17/02/2019 - 02:30

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
L’ex-puissance coloniale était à ce jour connue pour sa capacité de déminage politique. Désormais, elle va devoir compter à ses côtés son ex-colonie... Voici un plat pays d’environ 30.000 km2 peuplé de pas plus de 11 millions de personnes (Wallons, Flamands, Germaniques) qui compte à lui seul trois gouvernements avec une cinquantaine de ministres (fédéraux, régionaux, communautaires), autant de parlements et, last but not least, trois capitales, Bruxelles, Namur, Eupen. Les 70 millions d’ex-colonisés n’ont pas à en rire eux qui comptent vingt-sept gouvernements, autant de parlements dans un pays certes continent s’étendant néanmoins sur 2.345.000 kms2. Au risque réel de disparaître de la surface terre, les démineurs belges ont trouvé une parade qui permet à l’État d’exister mieux, de survivre... A raison, ils ont été suivis par les Congolais. Einstein ne dit-il pas qu’il n’existe aucun «problème sans solution»? A la suite de problèmes de gouvernance et de cohésion nationale, l’extérieur a fait pression sur Kabila pour qu’il ne se représente pas pour un troisième mandat à la tête du richissime pays au cœur et au centre du Continent poussant le Chef de l’Etat à se chercher un dauphin. Sauf que l’homme ne fut annoncé que le 8 août, deux mois avant le début de la campagne électorale. Trop juste pour le Candidat surprise Emmanuel Ramazani Shadari d’être connu et reconnu dans un vaste pays de 400 tribus. L’échec patent... Impréparées ou chaotiquement préparées (c’est selon), les lendemains de ces scrutins scrutés par le monde entier faisaient craindre le pire pour le pays, pour le Continent, pour le monde dont les yeux restent rivés sur le fabuleux sol et sous-sol disputés. Des élections qui poussaient à la sortie un jeune président qui avait la haute main sur les structures de l’Etat, qui venait de les financer par le Budget du pays rejetant toute offre extérieure, et de réussir un incroyable tour de bras en mettant hors course ses plus farouches adversaires: Jean-Pierre Bemba, ancien chef de guerre, deux richissimes personnages, l’un, ancien Premier ministre du pays Adolphe Muzitu, l’autre, ancien gouverneur du Katanga minier Moïse Katumbi Chapwe. Comment ces hommes allaient réagir au lendemain d’une défaite annoncée d’un poulain imprudemment poussé au feu? Voici bientôt un mois que Kabila a cédé le Palais à son successeur, s’en éloignant seul au volant de son pickup de marque Toyota, que Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a pris les rênes du pouvoir, que le soleil continue interminablement à se lever sur le Grand Congo, en faisant à nouveau rêver ses habitants... A en croire des observateurs, les premiers pas de cette saison congolaise sont excellents. Voici un pays qui a connu des changements brutaux (coups d’état, assassinat de premier ministre, du président de la République, guerre civile à la base de millions de morts) mais qui semble incroyablement en passe d’administrer au monde une belle leçon de «sametová revoluce», la passation des flambeaux de velours, le changement pacifique...
Qui l’eût cru? Sans aucun doute, l’impossible n’est pas congolais.
T. MATOTU.


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