Les patrons font grise mine
  • jeu, 05/03/2020 - 23:25

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1483|VENDREDI 6 MARS 2020.

Après une réalisation de 5,8% en 2018, le taux de croissance devrait fléchir en 2019, suivant les estimations faites sur base de réalisation de la production à fin décembre, à 4,4%. Bien que moins dynamique par rapport à l’année dernière, la croissance de l’économie nationale demeure toutefois vigoureuse, dépassant la moyenne des pays de l’Afrique subsaharienne, estimée à 3,3%, suivant les perspectives de l’économie mondiale de janvier 2020, publiées par le FMI. L’activité économique serait globalement impulsée par le secteur tertiaire, en termes de contribution à la croissance, suivi des secteurs secondaire et primaire. S’agissant du secteur tertiaire, sa contribution à la croissance se situerait à 2,1 points, induite principalement par la branche «Autres Services hors Administration Publique» avec une contribution de 0,8 point. Les activités du secteur secondaire viendraient en deuxième position, avec une contribution à la croissance de 1,5 point, suite au dynamisme des branches «Bâtiments et Travaux Publics» et «Industries Manufacturières» avec des contributions respectives de 0,9 et 0,7 point. Enfin, le secteur primaire, porteur traditionnel de la croissance au Congo enregistrerait une baisse à 0,8 point de sa contribution à la croissance venant de 4,7 points en 2018. Cette situation serait principalement consécutive à la baisse de la contribution à la croissance de la branche «Extraction» avec 0,3 point contre 4,4 points en 2018, inhérente à la chute de la production du cobalt.
Selon l’enquête du baromètre de conjoncture de janvier 2020, les chefs d’entreprises sont demeurés globalement pessimistes sur l’état de l’économique du pays. Les opinions se sont détériorées à -7,7% sous la période revue contre -5,7% un mois auparavant. Ce pessimisme qui date du mois de décembre 2019 dénote des évolutions observées principalement dans les secteurs des services et de la construction ainsi que, dans une moindre mesure, dans celui de la manufacture. Principe facteur : la menace que fait planer l’épidémie à virus corona qui sévit en Chine sur les perspectives de croissance à court terme de l’économie mondiale. Les perspectives telles que vues par les chefs d’entreprises au mois de janvier se présentent comme suit: Concernant «l’industrie manufacturière», les opérateurs économiques y évoluant ont également fait preuve de pessimisme, tel que l’indique le solde brut négatif de leurs opinions, bien qu’en nette amélioration par rapport au mois précédent. Ce solde s’est chiffré à -1,4%, en janvier 2020, venant de -11,3% un mois plus tôt. Cette situation tient de la morosité qui a continué à caractériser l’activité, attestée par un faible taux d’utilisation de la capacité industrielle installée associée à une prévision à la baisse de la demande dans les industries alimentaire, textile, de la viande et du poisson ainsi que celle du bois. S’agissant de la branche «Electricité et Eau», elle s’est caractérisée par le maintien à +52,7% du solde d’opinions des opérateurs au mois de janvier 2020 par rapport à décembre 2019. Ce maintien d’une opinion favorable est l’expression de l’appréciation des efforts conjugués par le Gouvernement de la République dans la mobilisation de financements auprès des bailleurs des fonds en faveur des projets visant l’amélioration du taux d’électrification du pays et de la desserte en eau potable. Dans les «Industries extractives», il faut noter que la confiance affichée par les chefs d’entreprises, quoique toujours positive, était en recul continu depuis novembre dernier. Le solde brut d’opinions de ce secteur est passé de +9,7 et +8,73% respectivement en novembre et décembre 2019 à +6,3% en janvier 2020.

REALISATION DES
ASSIGNATIONS EN BAISSE.

Cette situation est due aux incertitudes sur l’amélioration durable des conditions d’approvisionnement en énergie électrique dans les principales zones industrielles. Le secteur de «Construction» a affiché un solde d’opinions négatif pour le deuxième mois consécutif se repliant à -65,2% au cours du mois sous analyse venant de -35,3% en décembre suite à la lenteur des travaux du programme des 100 jours associé à la contraction attendue de demande de matériaux de construction à bon marché en provenance de la Chine expliquent, pour l’essentiel, cet état des choses. S’agissant de la branche «Services», les appréhensions que nourrissent depuis de nombreux mois les chefs d’entreprises y évoluant se sont, une nouvelle fois, accentuées en décembre dernier. Le solde d’opinions exprimées par ces derniers a ainsi atteint le seuil-plancher de -56,4%, le plus bas depuis juillet 2018. Ce pessimisme persistant reflète bien le comportement défavorable des opinions enregistrées dans l’hôtellerie, les services rendus aux entreprises et le transport.
Au 14 février 2020, la comptabilisation des opérations financières, incluant l’amortissement de la dette, affiche un déficit de 20,1 milliards de CDF. Les recettes ont atteint 126,9 milliards de CDF contre des dépenses de 147,0 milliards. Il est prévu, du coup, un déficit de 47,4 milliard à la clôture du mois sous analyse. Par ailleurs, la situation financière de l’Etat, en cumul annuel, renseigne un déficit de 156,7 milliards de CDF contre un déficit programmé de 89,1 milliards. Aux quatorze premiers jours du mois de février 2020, les services mobilisateurs ont collecté 126,9 milliards de CDF, soit un taux de réalisation de 22,9% rapporté à leur prévision mensuelle. Concernant l’effort de mobilisation, la DGDA et la DGI ont contribué respectivement à 45,2% et 44,1% du total des recettes. Quant à la DGRAD, sa part a été de 10,7% dans l’ensemble des ressources mobilisées. Les rubriques «Pétroliers producteurs» ainsi que «Dons et autres recettes» n’ont encore engrangé aucune recette au profit du Trésor public.En cumul annuel, les recettes mobilisées ont atteint 626,6 milliards de CDF représentant un taux de réalisation de 57,1% rapporté à leur programmation aux deux premiers mois de l’année en cours.
Pour ce qui est des dépenses publiques, intégrant l’amortissement de la dette et le remboursement de Bon du Trésor, elles se sont chiffrées à 147,0 milliards de CDF, représentant un taux d’exécution de 24,5% rapporté à leur prévision mensuelle. En outre, l’analyse par poste renseigne que la part des dépenses courantes a été de 82,0% alors que celle des dépenses en capital a été de 5,7%.
En considérant les dépenses courantes, l’on remarque que la rémunération des agents et fonctionnaires de l’Etat a représenté plus de la moitié de l’ensemble de dépenses publiques, soit 58,1% avec un taux d’exécution de 18,0%. Quant aux frais de fonctionnement des ministères et des institutions politiques, ils ont représenté 34,6% du total des dépenses du Trésor avec un taux d’exécution de 82,8% rapporté à leur programmation mensuelle. Par ailleurs, les dépenses publiques, en cumul annuel au 14 février 2020, se sont établies à 783,3 milliards de CDF, soit un taux d’exécution de 66,0%.
Aux deux premières semaines du mois sous revue, les recettes et les dépenses ont connu des progressions remarquables. En effet, venant d’un niveau bas de 22,2 milliards de CDF à la première semaine, les recettes ont cru à la deuxième semaine pour atteindre 104,7 milliards. Cette augmentation des recettes est tributaire de l’apport des ressources collectées par la DGI et la DGDA qui ont augmenté respectivement de 49,3 milliards et 27,2 milliards de CDF, atteignant 50,3% et 40,3% des recettes publiques hebdomadaires. S’agissant des dépenses du Trésor, elles se sont chiffrées à 114,8 milliards de CDF à la deuxième semaine après avoir été 32,3 milliards à la première semaine. Ce sont les dépenses allouées à la rémunération des agents et fonctionnaires de l’Etat qui ont dominé les dépenses du Trésor public à la deuxième semaine représentant 60,7% de l’ensemble de dépenses hebdomadaires.
S’agissant du solde des opérations financières de l’Etat, il est demeuré quasiment inchangé d’une semaine à l’autre enregistrant un déficit de 10,1 milliards à la première semaine et de 10,0 milliards la semaine sous analyse. Au cours du mois de janvier 2020, le plan de trésorerie de la BCC indique un déficit de 3,998 milliards de CDF, découlant des encaissements de 27,999 milliards et des décaissements de 31,997 milliards. Toutefois, il convient de noter que le versement en faveur de la Banque Centrale par le Trésor au titre des intérêts sur la créance titrisée, d’un montant de 4,0 milliards de CDF n’a pas été réalisé. Comparativement au mois de janvier 2019, les encaissements ont diminué 7,7% alors que les décaissements ont augmenté de 5,5%.
Les réserves internationales se sont situées à US$ 717,36 millions au 10 février soit deux semaines d’importations. Au 13 février 2020, la situation monétaire connaît une hausse hebdomadaire de la masse monétaire de 439,0 milliards, la situant à 13.072,6 milliards de CDF. Cette croissance de la masse monétaire est expliquée par l’augmentation à la fois des avoirs extérieurs nets et des avoirs intérieurs nets respectivement de 333,4 milliards de CDF et 105,6 milliards. La hausse des avoirs intérieurs nets est impulsée par la hausse des créances sur le secteur privé et du crédit net à l’Etat respectivement de 225,7 milliards et 26,9 milliards de CDF, contrebalancé par la baisse des autres postes nets de 147,0 milliards. Au niveau des composantes, cette progression est localisée au niveau des dépôts à vue et des dépôts en devises respectivement de 242,9 milliards et 221,2 milliards de CDF. La base monétaire affiche également une augmentation de 19,8 milliards, se situant à 3.168,9 milliards de CDF. Cet accroissement est localisé au niveau des avoirs intérieurs nets qui se sont accrus de 36,6 milliards, résultant du crédit net à l’Etat et des autres postes nets qui se sont élevés à 22,0 milliards et 20,9 milliards de CDF. Au niveau des composantes, cette augmentation de la base monétaire est expliquée par la progression des comptes courants des banques à hauteur de 33,2 milliards.
Au 12 février 2020, l’encours global du Bon BCC est demeuré à 32,0 milliards de CDF. Cet encours est constitué de 12,0 milliards pour le Bon à, 7 jours et 20,0 milliards pour le Bon à 84 jours. Comparativement à fin décembre 2019, il se dégage une injection annuelle de 23,0 milliards. L’opération d’adjudication du Bon BCC a occasionné un coût hebdomadaire de 2,82 millions de CDF, amenant le cumul annuel à 18,1 millions de CDF. Au 13 février 2020, le compte courant des banques a enregistré une hausse hebdomadaire de 33,2 milliards de CDF, se situant à 1.319,8 milliards. Par rapport à la moyenne de la réserve obligatoire de 1.102,1 milliards, il se dégage un niveau des avoirs libres des banques de 217,7 milliards de CDF. Au 13 février 2020, les émissions monétaires nettes cumulées se sont établies à 61,3 milliards de CDF, tenant compte des émissions de 79,2 milliards et des destructions de 17,8 milliard. Les billets recyclés se sont établis à 380,7 milliards, dont 71,0% en provinces. A fin décembre 2019, les dépôts de la clientèle des banques se sont accrus de 31,6% par rapport à fin décembre 2018, s’établissant à US$ 6.132,6 millions. D’un mois à l’autre, les dépôts ont augmenté de 4,9%. S’agissant des dépôts en monnaie nationale, ces derniers sont passés à US$ 638,4 millions à fin décembre 2019, soit un accroissement de 0,3% par rapport à leur niveau enregistré le mois précédent et une progression de 31,4% par rapport à fin décembre 2018. Quant aux dépôts en monnaies étrangères, ils se sont élevés respectivement à 5,4% et 31,6% par rapport au mois écoulé et à fin décembre 2018, s’établissant à US$ 5.494,2 millions au 31 décembre 2019. Pour ce qui est des dépôts de la clientèle par provenance, seules les entreprises privées affichent une baisse par rapport à fin décembre 2018. A fin décembre 2019, les crédits bruts à la clientèle ont connu une progression de 34,9% par rapport à fin décembre 2018 et 0,8% par rapport au mois écoulé.
Quant aux crédits en CDF, ils ont augmenté de 10,4% en rythme annuel. Les crédits en monnaies étrangères ont connu des accroissements de 37,0% et 0,4%. Reflet de la préférence des banques de l’octroi des crédits en monnaies étrangères plutôt qu’en monnaie nationale, avec l’effet de la dépréciation de la monnaie nationale à long terme.
Au 13 février 2020, les cours de nos principaux produits de base ont évolué de manière distincte d’une semaine à l’autre. Le baril s’est établi à 56,54 US$, une hausse hebdomadaire de 2,50%, résultant de la conviction des investisseurs d’une nouvelle réduction de la production des membres de l’OPEP et d’un ralentissement de la propagation du virus de Chine. La tonne du cuivre, fixée à 5.745,00 US$, a enregistré un léger rebond 0,56 % d’une semaine à l’autre. La tonne du cobalt (cathode 99,80%) s’est située à 36.026,49 US$, enregistrant une variation nulle. L’once d’or a enregistré une baisse hebdomadaire de 0,82%, se fixant à 1.576,29 US$. La semaine précédente, le cours avait atteint son plus haut niveau depuis 2013 suite à la tendance amorcée depuis 2019 de changement de la politique monétaire de la FED ayant notamment décidé de stopper la progression des taux voire même de les baisser outre le besoin des banques centrales, soucieuses d’accroître leurs réserves en or. Au 13 février 2020, les boisseaux du riz et du blé ainsi que la tonne dé maïs, cotés sur le marché de Chicago, se sont établis respectivement à 13,31 Cts, 544,25 Cts et 139,52 USD la tonne, soit des baisses respectives de 1,63% et 2,16% pour le riz et le blé. Par contre, le cours du maïs enregistre une hausse de 0,07% d’une semaine à l’autre. L’évolution des cours céréaliers restent marquée par les craintes des opérateurs du secteur agricole quant à un ralentissement de la demande chinoise à court et moyen terme.

Change et inflation.
Au 13 février 2020, US$1 s’est échangé à CDF 1.684,01 et CDF 1.751,67 respectivement aux marchés officiel et noir. Par rapport à la semaine précédente, une appréciation de 0,04% à l’officiel et une dépréciation de 0,42% au noir. Par rapport au 31 décembre 2019, le CDF s’est déprécié respectivement de 0,66% à l’officiel et de 1,48% au parallèle. Quant à l’inflation, il s’est établi à la même période au taux de 0,102% contre 0,050% une semaine plutôt et au taux de 0,243% à la même période de l’année 2019, portant le cumul annuel à 0,659% contre 0,576%. En glissement et en annualisé, l’inflation s’est située à 4,674% et 4,999% respectivement contre 5,721% et 4,357% à la période correspondante de l’année précédente, face à un objectif à moyen terme de 7,0%.


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