- lun, 28/04/2014 - 16:25
Au total, au moins, à en croire des sources diplomatiques et aux nos frontières jointes par Le Soft International, 15.000 de nos compatriotes qui avaient choisi de vivre au Congo Brazzaville ont été refoulés à ce jour depuis environ deux semaines que l’opération «Mbata ya Mikolo» en lingala (littéralement la gifle des aînés) est lancée par les autorités brazza-congolaises. L’opération qui avait commencé dans la capitale du pays s’étend désormais dans d’autres villes, dont Pointe-Noire au point que nos compatriotes préfèrent ne plus avoir à attendre que les forces armées brazza-congolaises viennent les extraire de chez eux, pour les pousser brutalement au départ, les obligeant à abandonner tout sur place, après les avoir soumis à des conditions atroces. Près de 1.000 de nos compatriotes qui s’étaient massés au beach, de l’autre côté du fleuve, dans l’attente de prendre place à bord d’une embarcation en partance pour Kinshasa, ont pu regagner le pays samedi 26 avril, accueillis à leur arrivée par le Premier ministre Augustin Matata Ponyo Mapon, entouré de membres du Gouvernement et du gouverneur de la ville de Kinshasa, André Kimbuta Yango.
CRAINT ET RESPECTé.
«Nous aurions voulu continuer à habiter au Congo-Brazzaville mais ce qui nous a fait peur, ce sont des chefs des blocs qui sont venus dire que tous les Zaïrois quittent d’eux-mêmes avant l’arrivée de l’opération «Mbata ya Mikolo». «Alors, nous avons préféré fuir en quittant le pays», explique un des Congolais revenus au pays.
Le gouvernement a mis des bus de la société des transports Transco en vue d’assurer le transport de ces compatriotes. Jamais une telle situation n’avait été observée à ce jour même lors des pires relations que les deux Capitales - qui se vantent comme «les plus rapproches du monde» unies par le fleuve Congo cité comme le boulevard commun - avaient connues dans le passé.
On rappelle qu’au plus fort de la crise - entre une capitale Brazzaville jadis «socialiste et populaire» et Kinshasa proche du camp occidental, Mobutu très craint et respecté, avait averti les autorités brazza-congolaises qu’il prendrait «Brazzaville en une heure». Certes, il n’y a de bonnes lois que là où il y a de bonnes armes...! Pour se faire entendre et respecter, il faut de la force... Le Congo en manque-t-il? Certainement pas mais pas au point d’ouvrir un énième front... Les Brazza-congolais le savent-ils?
DIRIGéE CONTRE LES NôTRES.
Dans l’intervalle, la colère monte à Kinshasa et dans le pays pour réclamer des mesures de représailles, exercer la réciprocité, rappeler l’ambassadeur à Brazzaville, fermer l’ambassade. C’est clair que Kinshasa et Brazzaville se trouvaient au bord de la rupture diplomatique même si aucun officiel ne le souhaitait… Annoncée comme visant à arrêter et à expulser des étrangers présumés criminels et «assainir» la ville de Brazzaville, l’opération «Mbata ya Mikolo» est en réalité dirigée contre les ressortissants congolais de Kinshasa, pourchassés comme du bétail, arrêtés dans des conditions de déshonneur total, dépouillés de leurs biens, conduits à la frontière sans le moindre respect de la personne humaine. Des vidéos circulent sur Internet montrent des femmes congolaises de Kinshasa, d’âge adulte, conduites en groupe et en pleine journée en dehors des zones d’habitation où, sous la menace d’armes des éléments de l’armée d’élite brazza-congolaise, l’ordre leur est intimé de se déshabiller suscitant hilarité et injures des hommes en armes quand certaines sont violées ou humiliées. Si, à l’époque du Grand Congo, les Brazza-congolais venaient en masse chercher fortune à Kinshasa qui nourrissait et nourrit toujours Brazzaville par ses produits vivriers, depuis la grande crise des guerres à répétition, Kinshasa assiste à un mouvement inverse, notent des observateurs.
A la recherche dU «PETIT VIVRE».
«Nombre de prostituées qui affluent les maisons de passe des villes brazza-congolaises viennent de Kinshasa et sont à la recherche du «petit vivre». En même temps, notent les observateurs, Brazzaville renforce ses liens politiques et diplomatiques avec Kigali et, depuis peu, la compagnie aérienne Rwandair assure une desserte quasi-quotidienne avec Brazzaville pratiquant des prix fort attrayants au point que des sources sur les deux rives pensent que ceci pourrait expliquer cela. «Aux Congolaises de Kinshasa souvent de conditions diverses, les fortunés de Brazzaville auraient fait le choix. Rwandair déverserait régulièrement des «personnes plutôt attrayantes», explique un Brazzavillois qui a requis l’anonymat.
Des brazzavillois partent.
Sentant la colère monter à Kinshasa et craignant des attaques ciblées, environ 500 Congolais de Brazzaville - des étudiants généralement étudiaient dans des établissements universitaires de Kinshasa - ont passé le fleuve samedi 26 avril dans l’avant midi. S’ils ne se sont pas adressés aux journalistes, certains ont indiqué qu’ils craignaient des représailles - surtout sur les campus universitaires - et ont choisi de regagner leur mère patrie.
Depuis quelques jours, différentes sources dans la Capitale signalaient une présence inhabituelle de ressortissants brazza-congolais qui avaient trouvé refuge dans leur ambassade, quartier Ma Campagne à Binza.
«Ce n’est pas de gaieté de cœur que ces étudiants quittent Kinshasa en interrompant en cours d’année leurs études pour retourner chez eux», ont expliqué diverses sources. Avant de prendre place à bord du bateau pour Brazzaville, ils ont prié les autorités des deux rives de «régler leurs différends politiques» afin de ne pas laisser des populations sœurs souffrir. «Réglez vos problèmes politiques, nous, on revient pour les études, même demain ou après demain», ont-ils déclaré. En attendant, ces jeunes craignent la colère des Congolais de Kinshasa, qui pourraient être solidaires avec leurs compatriotes refoulés dans des conditions infrahumaines.
En vue d’éviter tout risque d’affrontement avec des Kinois, la police a encadré ce retour et le vice-ministre des Affaires étrangères, Célestin Ntunda wa Kasende a eu ces mots: «Je crois qu’ils ont été sécurisés. Ils ont été accompagnés jusqu’ici au bateau. Et ils repartent dans de bonnes conditions. Il appartient aux autorités politiques des deux pays qui sont en train de dialoguer de régler la question», a déclaré Ntunda wa Kasende.
Ils montent au créneau.
La classe politique a repris le dossier. Des membres de la Nouvelle société civile congolaise (NSCC) ont dénoncé «la passivité du gouvernement de Kinshasa». Son coordonnateur, Jonas Tshombela, estime que Kinshasa semble être insensible face aux traitements inhumains dont sont victimes des compatriotes. «Lorsqu’un Congolais se trouve en séjour irrégulier dans un autre pays, cela ne doit pas l’exposer à des traitement inhumains».
«Nous n’acceptons pas que cette situation continue. Ils reprochent à nos compatriotes d’être des irréguliers», ajoute l’activiste, pressant Kinshasa de prendre des mesures qui s’imposent pour sécuriser ses concitoyens résidant en dehors du pays.
avec JA.