La mal-aimée Chairwoman Mme Jeannine Mabunda Lioko
  • ven, 01/11/2019 - 01:06

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1469|VENDREDI 1ER NOVEMBRE 2019.

Elle aurait atteint ou dépassé les 200 signatures sur un nombre de 500 députés que compte au total l’Assemblée nationale. Il n’en faudrait que 50 pour que le projet de motion de défiance que récolte la pétition soit validée et programmé au débat en plénière publique.
Jeannine Mabunda Lioko sera-t-elle défenestrée? Le texte continue de circuler et de recueillir chaque jour des nouvelles signatures des députés décidés d’en découdre avec la Chairwoman...

EN RUPTURE.
Membre du principal du pays PPRD majoritaire à la Chambre, Mme Mabunda peut-elle être défaite par ses propres camarades?
Cas difficile à imaginer - quand il s‘agit de dévorer son propre enfant - mais qui s’est produit dans plusieurs pays.
Il suffit que la personne visée par la destitution soit en rupture de banc avec son parti. En mars 2009, le PPRD, dans le même Palais du Peuple, avait retiré sa confiance au président de l’Assemblée nationale Vital Kamerhe pourtant membre prééminent du parti qu’il avait dirigé lui ouvrant la voie de sortie.
A l’époque, ce sont les députés de l’AMP (Alliance de la majorité présidentielle, devancière du FCC) majoritaires à l’Assemblée nationale qui avaient exigé le départ de leur président tombé en disgrâce au Palais de la Nation après qu’il eût critiqué sur un média, l’entrée, trois mois auparavant, de troupes rwandaises dans le pays.
«Je vous prie d’accepter ma démission sans débat ni vote», avait-il choisi de déclarer devant l’hémicycle, évitant une humiliante procédure de déchéance. Mais VK avait donné du fil à retordre au chef de la majorité, le président Joseph Kabila, en résistant trois mois avant de jeter l’éponge...
Femme connue pour son courage, Mabunda aura-t-elle assez de nerfs lui permettant de résister face à une fatwa de ses camarades? Surtout si celle-ci est «l’œuvre de quelques grandes figures du FCC et particulièrement de son parti politique» qui proposeraient pour chaque signature, entre US$ 5.000,00 et US$ 15.000,00, accuse la presse kinoise inspirée.

TROIS GRIEFS.
Trois griefs sont retenus par ses camarades contre leur présidente: son «arrogance maladive», une «incompétence avérée» (les bureaux des commissions parlementaires n’ont, par exemple, été installés que mercredi 30 octobre, des années lumière après l’entrée en fonction de la nouvelle législature), «absence de leadership», «légèreté dans la gestion des fonds» distribués par primes, d’assiduité, de communication sans que nul ne sache combien exactement le bureau reçoit du Gouvernement. D’où suspicions... Outre qu’au total, les députés percevraient «moins que rien comme émoluments» - US$ 2.000,00 ou US$ 3.000,00 - quand les sénateurs empocheraient chacun trois fois plus voire davantage. La Chairwoman serait-elle peu «coopérative» et donc pas «prête» à assumer des projets de lois présentés par son parti?
Soumise à la surveillance vigilante des chancelleries et des tribunaux médiatiques et populaires, craignant des sanctions comme celles qui pèsent sur certains dirigeants kabilistes dont son prédécesseur au perchoir Aubin Minaku N’Djalanjoku, Mabunda pourrait hésiter à prendre des risques face aussi à un tribunal public désormais exigeant.
«Les attaques contre Jeannine Mabunda s’adressent à toutes les femmes de la RDC et de l’Afrique. Une femme engagée, indépendante d’esprit, compétente et charismatique est toujours combattue. Nous n’allons pas laisser libre cours au machisme», a écrit Francine Muyumba sur son compte Twitter.
Le 30 octobre, des organisations des femmes ont déclaré suivre «avec consternation» cette «messe noire dans les médias sociaux et dans la presse» cherchant à «évincer» Mabunda de son poste. Elles s’en remettent à l’ancien Président Joseph Kabila «qui avait influencé ce choix judicieux afin qu’il ne cède pas aux manœuvres dilatoires. «Ne touchez pas à la Présidente Jeannine Mabunda qui incarne l’espoir de plus de 52% de la population congolaise que représentent les femmes». Longtemps ministre du Portefeuille après avoir dirigé le Fonds de Promotion de l’Industrie, Jeannine Mabunda avait déjà fait face à une véritable bronca de la part des députés devant lesquels elle avait souvent été convoquée. Elle fut surtout la cible de l’opposition du MLC de JP Bemba qui multiplia des dossiers contre elle.
ALUNGA MBUWA.


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