- lun, 05/12/2022 - 21:31
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1567|LUNDI 5 DÉCEMBRE 2022.
Il a porté tous les noms : «roi des mines du Congo», «milliardaire controversé du secteur minier congolais», «symbole du pillage des ressources congolaises».
Lundi 16 novembre 2020, l'homme d'affaires israélien Dan Getler, mis sous sanctions américaines en décembre 2017 – avec lui, ses sociétés, nombre de ses associés -, accusé par la justice américaine d’avoir payé des pots de vin à des officiels congolais, cité dans diverses opérations de malversations financières, de corruption, de blanchiment d’argent, tente, dans un message vidéo, répercuté dans une campagne publicitaire hors normes, de séduire les Congolais, les appelant à prendre des parts dans les royalties de la mine de Metalkol, son projet minier de Kolwezi.
En clair, les Congolais appauvris du fait de l'accaparement de leurs richesses par cet Israélien, allaient pouvoir enfin profiter directement des richesses minières de leur pays !
QUE N'A-T-IL PAS TENTÉ DE FAIRE ?
Sur cette campagne publicitaire insolite refusée pour des raisons évidentes par Le Soft International sollicité, Jean-Claude Mputu, porte-parole d'une contre-campagne « Le Congo n'est pas à vendre », a ces mots : « On ne peut même pas parler de partenariat ! Ce n’en est pas un ! Ce n’est même pas une réponse à quoi que ce soit ! Son discours, c’est de la propagande pure et simple...
Ces royalties appartenaient aux Congolais. Il les a acquises en complicité avec ses amis. Aujourd’hui, il continue de toucher plus de 100.000 $US par jour avec les royalties de KCC. Il faut un peu de sérieux de la part de Monsieur Gertler». Qu'est ce que Dan Getler, présent au Congo depuis plus de vingt ans, ami de Kabila père, puis de Kabila fils, à la tête de mille entreprises changeantes (Ventora, KCC, Metalkor, Mutanda Mining, Iron Mountain, Moku Gold, FoxWhelp, Caprikat, etc.) qui ont littéralement pillé la société nationale Gécamines, n'avait pas tenté de faire ? À quels moyens n'a-t-il pas eu recours pour contourner les sanctions américaines ?
Sauf que Washington veillait au grain, multipliaient pressions et menaces. Le 1er décembre 2022, Kinshasa, par le ministre des Finances, Nicolas Serge Kazadi Kadima-Nzuji, a dévoilé l’accord gardé jusque-là secret. Ce «Protocole d'accord relatif au règlement global des litiges et intérêts réciproques entre la République Démocratique du Congo et Ventura», signé, le 24 février 2022, côté congolais par la ministre de la Justice Rose Mutombo Kiese et côté Dan Getler par le gérant et le mandataire spécial de la société de Dan Getler Ventura Development SASU, décrétait le transfert des actifs (permis pétroliers et droits miniers) de l'homme d'affaires israélien à l'État congolais.
Dans cet accord, la partie congolaise « renonçait à toutes réclamations, actuelles ou futures qu'elle pourrait avoir directement ou indirectement contre Ventura et ses dirigeants ou gestionnaires notamment celles portées devant la Cour d'arbitrage du Centre International de Paris ». Un accord que le département du Trésor américain n'avait jamais acté. Avec sa publication - et, du coup, sa dénonciation - Dan Getler met fin à ses activités au Congo.
Ce que la société civile congolaise a salué. Selon le président de l’Observatoire de la Dépense Publique, ODEP, le professeur Florimond Muteba, « il faut que les États-Unis lèvent les sanctions qui pèsent actuellement sur ces actifs miniers pour permettre au Congo de jouir de ses propres ressources et qu’on puisse les vendre, que quelqu’un vienne investir et puis créer des richesses. Tant que les sanctions restent et continuent à peser sur ces actifs, c’est compliqué, on aura signé un accord pour rien».
ALUNGA MBUWA.