- ven, 02/10/2020 - 21:52
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1501|VENDREDI 2 OCTOBRE 2020.
Sans aucun doute c’est un immense homme connu pour sa totale indépendance d’esprit, septième gouverneur de l’histoire de la Banque Centrale du Congo au lendemain de l’indépendance - appelée Banque du Zaïre dans une vie passée - après le mythique Albert Ndele Mbamu (1961–1970) et d’autres tout aussi inscrits dans la mémoire collective des Congolais, Jules-Fontaine Sambwa Pida N’Bagui (1970–1977), Charles Bofossa Wambea Nkosso (1977–1979), Jules Croy Emony Mondanga (1979–1981), Jules-Fontaine Sambwa Pida N’Bagui (second mandat, 1981-1985), Pierre Pay-Pay wa Syakasighe (1985- 1991) appelé familièrement «Triple P», puis son tour à lui, Jean-Gualbert Nyembo Shabani (30 mars 1991-2 avril 1993) avant de céder la place à Joseph Buhendwa bwa Mushasa (1993–1994) qui passera la main, en pleine crise politique à Godefroid Ndiang Kabul (1994) puis arrive Djamboleka Lona Okitongono (1994-1997) auquel succède, à l’arrivée des Kabila en 1997, Jean-Claude Masangu Mulongo (1997-2013, 16 ans, la plus longue présence à la tête de la Banque Centrale) et, en 2013, l’actuel Deogratias Mutombo Mwana Nyembo. Cet homme est d’abord un scientifique, un professeur d’Université.
Il parle peu, ne s’adresse pas aux médias. Depuis son départ de la Banque Centrale en avril 1993, il se tient «à l’écart» de la politique préférant s’occuper de ses affaires. Si ce patriarche fut consulté par l’ancien président Joseph Kabila Kabange et, particulièrement, par celui qui, jadis, on appelait «Vice-Président de la République», l’ambassadeur Augustin Katumba Mwanke disparu le 12 février 2012, dans le crash d’un jet privé à l’aéroport de Kavumu, à Bukavu, venu de Kinshasa via Goma à destination de Lubumbashi, au Katanga, il ne s’est jamais publiquement affiché aux côtés des caciques du PPRD, encore moins enfilé la longue étole de l’ex-parti présidentiel, revendiquant publiquement toute sa liberté.
Celui qui a formé en Sciences Eco plusieurs générations d’étudiants qui ont dirigé et dirigent ce pays, a impressionné Mobutu après sa thèse sur le copperbelt africain (la ceinture africaine du cuivre), publié en 1975, éd. La Renaissance du Livre, Place du Petit Sablon, 264, Bruxelles.
Né le 5 août 1937 à Kayanza, territoire de Kongolo au Nord Katanga, il fait ses études primaires et secondaires à l’Institut Saint Boniface de Lubumbashi. Il entame ses études universitaires de propédeutique et de candidature en sciences économiques à l’Université Lovanium à Kinshasa (1959-1962), les poursuit en Belgique à l’Université Catholique de Louvain où il décroche en 1964 une licence en sciences économiques.
De 1964 à 1965, il exerce les fonctions de Directeur Adjoint au Bureau de Coordination économique et de Conseiller économique auprès du Premier ministre Moïse Tshombe. Puis s’exile en Belgique en 1966 où il défend en 1975 une thèse de doctorat en sciences économiques.
EN DIX ANS, DE 1977 A 1987, IL EST TOUT A KINSHASA.
A son retour au pays, il est nommé Professeur à la Faculté des Sciences économiques et fait son entrée, l’année d’après, au Gouvernement. En dix ans, de 1977 à 1987, il est tout, occupe tous les portefeuilles ministériels à caractère économique et financier certains à plusieurs reprises (Economie nationale, Portefeuille, Agriculture et Développement rural, Industrie et Commerce Extérieur, Finances et Budget), puis, après être passé en avril 1985 à la tête de l’entreprise d’Etat Gécamines Holding comme Président Délégué-Général, revient au Gouvernement cette fois comme Vice-Premier ministre en charge des secteurs économique et financier.
A la Banque Centrale où il entre à 53 ans, entouré de deux Vice-Gouverneurs, chargés de la gestion courante et des questions de politique monétaire, Jean-Gualbert Nyembo Shabani introduit en avril 1992 de nouvelles structures organiques, redynamise l’Audit du Gouverneur qui, outre sa vocation initiale, conduit des réflexions et fait des propositions face aux problèmes économiques, financiers et monétaires du pays.
Il vient de marquer de son empreinte un forum sur la Performance dans la gouvernance de la Nation, organisé dans la Capitale, du 21 au 24 septembre 2020 à l’hôtel Fleuve Congo, par l’ACAJ, l’Association congolaise pour l’accès à la justice, l’APLC, l’Agence de prévention et de la lutte contre la corruption et la CCM, la Coordination pour le changement de mentalité, ces deux structures relevant de la Présidence de la République. Ouvert par le Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba devant des membres du gouvernement, des gouverneurs de provinces, des ambassadeurs et diverses autres personnalités, le sujet développé par le professeur Jean-Gualbert Nyembo Shabani : « Mobilisation des ressources financières et humaines : Etats des lieux et perspectives d’avenir ».
Devant l’élite politique congolaise réunie, il a les mots forts qui séduisent le Président Félix-Antoins Tshisekedi Tshilombo. «Les mesures de privatisation du secteur minier, mises en œuvre par les Autorités de la IIIème République. Elles n’ont pas eu, sur l’économie nationale, l’impact financier positif escompté. En effet, elles n’ont pas impulsé l’industrie locale, ni contribué à l’amélioration de l’agriculture, de l’habitat, de l’enseignement, et encore moins à la construction de nouveaux réseaux ferroviaires.
Malgré l’augmentation impressionnante de la production du cuivre par les entreprises privatisées, les recettes fiscales versées au Trésor public et les revenus destinés au pool des devises fortes n’ont pas pris de l’ascenseur, bien au contraire. La réalité et l’observation des faits mettent en évidence que la privatisation du secteur minier a laissé sur les bords de la route du bien-être social les couches de la population qui vivaient encore de la prospérité de l’Etat. Ainsi, assistons-nous à un phénomène paradoxal d’asservissement des populations soixante ans après l’indépendance. Plus clairement, la population des régions minières vit aujourd’hui moins bien qu’elle ne vivait du temps de la colonie ou du temps du monopole de l’Etat.
En témoigne la ruée massive des enfants vers l’exploitation minière artisanale avec tout ce que cela comporte de conséquences en termes de déscolarisation et de déperdition scolaire, donc de délinquance juvénile ». Il a résumé «l’impact des sociétés minières privatisées sur le social et le vécu quotidien des congolais» par un adage populaire : « il y a loin de la coupe aux lèvres».
Extraits.
«Cet adage décrit exactement les réalités des mesures de privatisation de l’industrie cuprifère sur l’économie nationale. En effet, en moins de deux décennies, les sociétés bénéficiaires de ces mesures de privatisation jouissent d’une abondance insolente de dollars. Elles croulent sous les richesses. Leurs biens disponibles et ceux de leurs partenaires nationaux dépassent de plusieurs centaines de fois les besoins incompressibles des Congolais». De citer le cas des éboulements des mines (d’or de Kamituga, «l’illustration la plus horrible de ces décisions de privatisation des mines» mais aussi les incidents mortels dans les mines du Katanga (...) qu’on ne compte pas) ou les nombreux cas de radiation ne sont même pas recensés».
«Les victimes de ces effets nocifs sur la santé souffrent et disparaissent dans le silence de leur misère, quand elles ne viennent pas grossir les rangs des mendiants de la pitance de survie qui écument les villes katangaises. On aurait espéré plus de prospérité partagée et donc plus de chance pour nos enfants de profiter de nos ressources minières pour se donner les moyens de rêver d’un meilleur avenir. Mais hélas, les nouveaux riches des mines privatisées nous font regretter le paradis perdu que fut le Congo de la colonie ! On peut donc se rendre compte par ces résultats mitigés que la grande faiblesse du processus de privatisation du secteur minier reste le manque de transparence donc l’opacité qui l’accompagne. Cette absence de transparence a permis le bradage des ressources communes au profit de nouveaux acquéreurs privés et de leurs pistons congolais».
Sur la contreperformance financière des industries minières privatisées : «La réalité des faits montre que le problème que posent les mesures de privatisation des exploitations minières est la très faible contribution des sociétés privatisées aux recettes fiscales de l’Etat, au pool des devises fortes et à l’économie dans son ensemble. C’est dire que, les initiateurs des mesures de privatisation du secteur minier doivent être conscients de la contreperformance des entreprises privatisées, et particulièrement leur contribution au Trésor public et au budget des devises fortes sont nulles.
Preuve à l’appui, les statistiques congolaises révèlent que l’augmentation substantielle de la production du Cuivre, depuis sa privatisation, n’est pas du tout perceptible dans le budget de l’Etat.
Autrement dit, le surplus gagné cuivre à la suite de la performance réalisée par la privatisation des sociétés minières ne se traduit pas au sein de l’économie nationale ni en termes de contribution aux recettes fiscales et ni celle des rentrées en devises fortes. A titre de comparaison, en 2013, la production cuprifère de la Zambie voisine s’élevait à 820.000 tonnes. Cette production a assuré la même année à la Zambie quelques 65% des recettes budgétaires et 80% des revenus d’exportation. Or, la même année, les entreprises privatisées congolaises ont réalisé une production de près de 1.000.000 de tonnes de cuivre, plus exactement 920.000 tonnes.
Cette production deux fois plus élevée que celle de la Gécamines n’a rapporté qu’à peine 7% aux recettes fiscales de l’Etat. Quel gâchis ! Un tel coulage des recettes doit interpeller la conscience des initiateurs de la privatisation des exploitations minières. A titre illustratif, lisons ensemble les chiffres de 2014 pour nous faire une idée de l’étendue du gâchis. Le secteur privé a produit 1.065.000 tonnes de cuivre contre 76.000 tonnes de cobalt. Au prix de 7.000 dollars américains la tonne, le cuivre a rapporté 7.455 milliards de dollars. Le cobalt a 3.000 dollars américains, a rapporté
2.280 milliards de dollars américains.
Les deux minerais cumulés ont rapporté 9.765 milliards. La contribution de ces mêmes privés au fisc à l’exportation n’est que de 11,7%, soit un peu plus de 1 milliard de dollars américains, selon l’ITIE (Initiative pour la Transparence des Industries Extractives). Même la Banque Mondiale s’est indignée lors de la révision du Code minier en dénonçant l’Etat congolais de ne pas assez maximiser la valeur de sons sous-sol. Il tombe sous les sens que la volonté délibérée des Autorités de laisser la quasi-totalité des devises fortes entre les mains des bénéficiaires des mesures de privatisation sous prétexte d’attirer davantage de nouveaux investisseurs a largement contribué à la contre-performance financière. Autre raison de la contre-performance financière des sociétés minières privatisées : le manque de transparence dû à l’absence d’un cadre légal contraignant pour tous.
En outre, les exonérations de complaisance ont d’avantage ruiné les maigres recettes de l’Etat qui ne sait plus se donner les moyens de sa politique visant à accéder au club des nations à économie émergente. Pourtant il n’en était pas ainsi à l’époque coloniale. En effet les faits montrent que si le surplus économique distribué aux actionnaires privés blancs de l’Union Minière du Haut-Katanga était régulièrement important, la part de l’Etat colonial était de loin la plus élevée. Ainsi, l’exercice 1956 - année la plus prospère de l’industrie du Cuivre à l’époque coloniale - avait permis de distribuer aux actionnaires privés un revenu net de 1.900.000 francs belges.
Le Trésor public congolais par contre avait dû encaisser une somme de 4.500.000 francs belges soit plus du double des revenus gagnés par les actionnaires privés. La hausse de la production du Cuivre de cette année 1956 a représenté un bonus de recettes pour le Congo-Belge de 25 millions de livres sterling. Or, les dividendes de l’Union Minière du Haut-Katanga pour 1956 n’ont dépassé que de 900.000 livres sterling ceux de 1955 et 7 millions de livres sterling ceux de 1957. On peut donc retenir le fait selon lequel l’augmentation de la production cuprifère revenait pour une part assez importante à l’Etat colonial par le canal du Trésor public».
Sur l’élaboration d’un Plan décennal sur l’inéluctable principe de la théorie des avantages comparatifs. «Tout ce qui précède montre que le pays navigue à vue et ne sait pas où il va. Pour mobiliser des ressources financières à la croissance du pays nous proposons l’élaboration d’un Plan Décennal de développement destiné à engager la nation congolaise dans le processus de la croisade de développement et de la croissance au bénéfice de la nation et à celui de l’Afrique toute entière. Notre fil d’Ariane est le principe de la théorie des avantages comparatifs. On sait que ce principe enseigne que chaque pays pour se développer, a intérêt à se spécialiser dans les activités pour lesquelles il possède l’avantage le plus marqué.
C’est pour avoir scrupuleusement fait foi à ce principe que le Nigéria s’est hissé au rang de la première puissance économique africaine. L’exploitation et l’exportation de son or-noir est la principale source de cette performance économique de l’ancienne colonie anglaise. Ils ont eu des effets bénéfiques sur tous les autres secteurs économiques, ont stimulé la croissance, favorisé l’afflux massif des investissements directs étrangers et amorcé, progressivement s’entend, le processus de la diversification de l’économie nationale. Sur le continent noir, la croissance alimentée par l’envol des activités extractives ne se limite pas seulement au Nigéria.
Il faut aussi citer la Guinée Equatoriale, qui grâce au pétrole vient de faire un bond économique en sortant du moyen-âge au XXIème siècle. Le succès de ce pays est dû à la mise en place d’un excellent cadremacroéconomique et à une politique sociale adaptée notamment via la construction d’un grand nombre de logements sociaux de qualité. Un grand accent est mis également sur l’éducation et l’enseignement particulièrement chez les jeunes censés devenir rapidement des nouvelles élites de leur pays et de leur continent.
Les revenus issus du pétrole sont donc utilisés pour le financement des projets importants, que ce soit dans l’agriculture, l’industrie, l’éducation ou la nouvelle technologie. En d’autres termes, grâce à la bonne gestion de la manne pétrolière, la Guinée Equatoriale représente effectivement, aujourd’hui, un nouveau modèle pour l’Afrique.
Il en résulte que bien gérée, l’industrie extractive peut-être l’élément moteur de la croissance économique. Elle peut constituer le principal appui de la monétarisation de l’économie nationale.
Elle peut même être appelée à entraîner des modifications profondes dans les structures économiques, mentales et sociales. Plus que le Nigéria et la Guinée Equatoriale, la RDC a l’ambition dans le cadre de son Plan Décennal non plus d’exploiter et d’exporter ses ressources minières sous forme de produit brut. Tout le monde sait que notre pays est un coffre-fort des réserves du monde en ressources minérales. Nous vous donnerons ici quelques minerais que le Plan Décennal traitera pour les transformer en produits industriels.
Nous citons en autres le coltan, le cobalt, le cuivre, le pétrole et le gaz méthane».
Sur l’exploitation industrielle du coltan. «Une des principales préoccupations du Plan décennal est la création d’une industrie du coltan à l’intérieur de nos frontières nationales. La RDC détient à elle seule plus de 80% des réserves mondiales de ce métal. De toutes les façons, sans le xoltan les nouvelles technologies qui sont en train de changer le monde sont impensables. L’intérêt que revêt la présence d’un tel métal en RDC, est que l’on peut lui faire subir sur place la transformation industrielle et de le vendre sous forme d’un produit semi-fini à la valeur ajoutée pratiquement élevée.
A partir de ce moment, notre pays aura le monopole de la vente d’un produit industriel indispensable à la croissance des industries modernes. Il va donc de soi pour la RDC de disposer d’une ou plusieurs unités de raffinage appelées à donner au coltan exporté une valeur ajoutée très importante. Tout compte fait, la RDC est à même de contrôler la plus grande partie du commerce du coltan, produit industriel indispensable à l’industrialisation et à la marche industrielle du monde. De là à penser à la volonté de jouir d’un monopole en la matière, il n’y a qu’un seul pas qui sera vite franchi.
Aujourd’hui, la Russie dicte la loi aux pays de l’Union Européenne pour ce qui concerne le commerce de son gaz. Pourquoi la RDC ne peut-elle pas jouer le même rôle en ce qui concerne son coltan. Mais il est important à ce niveau de négocier avec les organes spécialisés des Nations Unies pour que tout minerai du coltan vendu dans le monde ait une attestation certifiée propre, Comme il en est du Diamant pour lequel il faut le certificat de Kimberley. De la sorte, des pays dont le sous-sol ne renferme aucun gramme de coltan, ne pourront plus se hasarder sur les marchés mondiaux pour vendre les produits acquis frauduleusement».
Sur l’exploitation et la valorisation du cobalt. «A quelque chose malheur est bon. C’est pratiquement le cas pour notre pays. En effet, pour lutter contre les effets néfastes du réchauffement climatique, les décideurs politiques et les puissants groupes industriels d’Europe, d’Amérique et du Japon, se sont engagés à abandonner la fabrication des véhicules à essence à l’horizon 2030 – 2040 et de les remplacer par des véhicules électriques.
La construction des véhicules électriques est impensable sans le cobalt. Or, celui-ci est un métal pour lequel la RDC répond environ 60% de la demande mondiale. Il revient donc que les voitures de demain dépendront largement de l’approvisionnement en Cobalt venant de la RDC.
Le cobalt, c’est donc le futur de l’automobile.
A l’heure actuelle, la Chine est la plus grande production des batteries électriques. Elle s’arroge 80% du cobalt congolais. Grâce à ce monopole sur le cobalt, la Chine se prépare à devenir la capitale mondiale de l’automobile. Le Premier ministre chinois se vante même que l’arrivée des véhicules électriques est un moyen de renforcer la croissance de son pays. Déjà aujourd’hui, la Chine a la capacité de produire 4 batteries électriques sur 5 commercialisées dans le monde.
Fidèle à sa logique de remontée de la chaîne des valeurs, ce pays ne se contentera pas de vendre des batteries au monde entier mais de produire des batteries en Chine et de vendre des voitures électriques au monde. Cet avènement appelle le gouvernement congolais à changer le paradigme économique actuellement en vigueur. Il s’agira de faire du cobalt un élément moteur de l’industrialisation du pays. C’est dans cet ordre d’idées que le Plan Décennal devrait prévoir de mettre en place une politique sur trois piliers.
Le premier pilier consiste à ouvrir les négociations avec les entreprises chinoises engagées dans l’exploitation de notre Cobalt. Il leur sera exigé de céder une partie importante de leur capital aux entreprises congolaises, particulièrement la Gécamines. Cette politique est réaliste puisque depuis 1994, les groupes étrangers qui s’installent en Chine doivent constituer des co-entreprises dans lesquelles ils ne peuvent détenir plus de 50% des parts. Pourquoi peut-on refuser à la RDC ce que la Chine fait ?
Le deuxième pilier visera à exiger que ce cobalt soit valorisé à l’intérieur de nos frontières nationales afin d’augmenter très sensiblement la valeur ajoutée du produit exporté. Ce qui fait appel à la construction des usines de raffinage dans les provinces du Haut- Katanga et du Lualaba. Le troisième pilier consistera à négocier avec les producteurs chinois des batteries électriques afin qu’ils ouvrent une part de leur capital aux entreprises congolaises, plus particulièrement la Gécamines. Cette revendication est justifiée dans la mesure où grâce à notre cobalt avec près de 20% de la population mondiale, la Chine totalisera plus de 60% des véhicules à l’horizon 2030. En cette matière, la République Démocratique du Congo ne fera que suivre le modèle chinois qui exige aux entreprises étrangères de céder aux co-entreprises chinoises plus 50% de leurs participations.
En 2015, «le plan Made in China 2025» a fait des batteries des voitures électriques une priorité industrielle. Pour amener ce plan à bon port, la Chine s’appuie sur l’avantage du monopole qu’elle a sur le cobalt congolais. La RDC ne peut plus se contenter de donner presque gratuitement le combustible de demain, le cobalt. Elle doit, au contraire, participer la construction de tout produit qui en dépend, des batteries entre autres. Il est révolu le temps où la bombe atomique fabriquée à partir de l’uranium du Congo n’a eu aucun impact sur l’économie congolaise et sur le vécu quotidien des congolais.
Et pourtant, elle a permis aux alliés de gagner la seconde guerre mondiale et aux américains de régenter une grande partie du monde tant politiquement, économiquement financièrement et diplomatiquement.
Ce que nous venons de dire du cobalt vaut autant pour le cuivre, les ressources pétrolières qui gisent abondamment dans le sous-sol de la RDC. En parlant du pétrole, nous pensons aussi au gaz Méthane qui gît dans les profondeurs du Lac Kivu.
T. MATOTU.