- jeu, 09/01/2020 - 04:50
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1478|JEUDI 9 JANVIER 2020
Ce fut à l’Angola qu’il réserva son tout premier déplacement à l’étranger au lendemain de son investiture le 24 janvier 2019. Moins de dix jours après, le 5 février 2019, le tout nouveau président congolais Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo se rendit en effet à Luanda à la rencontre de son homologue angolais João Manuel Gonçalves Lourenço dont le pays est celui avec qui le Congo partage, parmi ses neuf voisins, la plus longue frontière terrestre et maritime. Au total 2.511 kms y compris l’Enclave de Cabinda après la République Centrafricaine avec lequel notre pays partage 1.577 kms de frontière fluviale. Outre cette frontière terrestre et maritime commune, l’Angola est le puissant voisin de l’ouest et la grande puissance militaire sous-régionale. Ce pays compte de loin le plus grand nombre de postes frontières avec le Congo, 75 postes d’entrée répertoriés par la Direction Générale de Migration, DGM. Se rendre à Luanda pour un président congolais revient à reconnaître une position stratégique de l’Angola... Depuis cette visite, le Président Tshisekedi y est retourné plus d’une fois, dont celle à l’occasion de la cérémonie de réconciliation entre Kigali et Kampala, processus auquel il avait été associé. Outre le président angolais et les deux frères ennemis, le Rwandais Paul Kagame et l’Ougandais Yoweri Kaguta Museveni, y prirent part le président Tshisekedi et le président brazza-congolais Denis Sassou Nguesso. Selon le bulletin confidentiel La Lettre du Continent daté du 25 septembre 2019, c’est suite à l’entregent du chef des services secrets, SINSE (Serviçio de Intelligencia e Gegurancia do Estado), le puissant général angolais Fernando Gracia Miala, que le réchauffement entre Kinshasa et Luanda a lieu. La barbouze angolaise avait été l’émissaire de José Edouardo dos Santos auprès de l’ancien président Joseph Kabila Kabange dans les années 2000 avant d’être brusquement démise de ses fonctions en 2006, puis de revenir sur les devants de la scène après l’arrivée au pouvoir du troisième président du pays João Manuel Gonçalves Lourenço élu le 26 septembre 2017.
CONFLIT PETROLIER
LATENT.
Le flic reçut alors mission de renouer avec Kinshasa dont les chaudes relations avec Luanda du père Kabila s’étaient refroidies à l’arrivée du fils Joseph surtout dans le conflit de la zone pétrolière frontalière entre les deux pays sur lequel le quatrième président congolais s’était montré intraitable. Il paraît qu’avec Tshisekedi, Luanda peut compter sur une solution apaisée sur ce dossier. Le général Fernando Gracia a réussi l’organisation du tout premier voyage officiel du Chef d’état congolais et l’a associé à la médiation dans le dossier réconciliation entre Kigali et Kampala.
On sait cependant très peu sur l’évolution du litige maritime qui a grippé les relations entre les deux pays. Les blocs 14 exploités par le pétrolier américain Chevron et 15 exploité par Exxon Mobil, débordent sur les eaux territoriales congolaises sans que Kinshasa et Luanda n’aient jamais réussi à régler la question dont la solution amputerait la production pétrolière angolaise. «Joao esquive la question», a déclaré le Président Tshisekedi dans son interview à Internationales, l’émission de France 24 et Rfi diffusée le 22 septembre 2019. Sujet cependant abordé lors d’un tête-à-tête dimanche 5 juin à Luanda entre les deux présidents.
Ceux-ci qui auraient décidé de la mise en place d’un «plan commun d’exploitation pétrolière entre les deux pays», ont fait savoir que les équipes allaient se mettre sans délai au travail.
Mais Luanda aurait reçu l’autorisation de poursuivre sur le territoire congolais les indépendantistes cabindais du FLEC, le Front de libération de l’Enclave du Cabinda. Depuis juillet 2019, le camp des réfugiés de Lundo Matondo près de la localité de Lukula au Kongo Central fait l’objet de raids nocturnes des forces armées angolaises visant à anéantir des activistes du FLEC en guerre avec le gouvernement angolais. Près de 50.000 Angolais originaires de Cabinda se seraient réfugiés dans des camps situés dans les deux Congo. Et la très grande majorité de ces réfugiés nourrit des sympathies pour la cause indépendantiste.
D. DADEI.