Dokolo, une ambition présidentielle
  • ven, 02/06/2017 - 05:34

Inconnu au Kongo Central et au Congo, le fils Dokolo doit se constituer une association «les Amis de Dokolo, ensemble pour un Congo meilleur».

On ne le savait que trop: la guerre est désormais sur les réseaux sociaux. Qui veut exprimer une ambition choisit dorénavant ce canal où il peut atteindre des millions d’individus dans le monde en un simple click et où qu’ils se trouvent, sans qu’ils ne soient en voiture (pour la radio, par exemple, c’est plus commode), au salon (pour la télé). Il suffit d’avoir son smartphone allumé... On comprend pourquoi les présidents des Etats-Unis - Barack Obama jusqu’à Donald Trump - voire même le Saint Père, tweetent... pour communiquer et d’autres vont sur leur «mur» Facebook pour passer des messages...
C’est l’Internet que le fils héritier de Dokolo, Dokolo Sindika, a choisi de passer ses messages, de «diffuser sa capacité d’indignation, celle de l’indigné - mot sexy par excellence!», pour atteindre ses compatriotes restés au pays quand lui arpente le monde, assiste à tous les galas à New York, Chicago, Tokyo, brandit avec un beau-frère les montres les plus chères de la joaillerie, Frank Miller et Rolex à plus de €500.000.
Multi-milliardaire en $US comme sa femme Isabel, la fille du président José Eduardo Dos Santos et la femme la plus riche du Continent selon le classement du prestigieux Forbes, celui qui officiellement se présente comme un collectionneur d’art, est né d’une mère norvégienne et d’un père zaïrois du Kongo Central avec une cuillère d’argent dans la bouche, fils du patron doré des années Mobutu, Augustin Dokolo Sanu, arrivé par accident à la banque qu’il sut construire et dilapider en épuisant le crédit de la clientèle dans une ribambelle de sociétés n’ayant que ses enfants mineurs comme actionnaires...
Mobutu qui porta son ami au firmament s’empressa de l’en descendre, lui faisant risquer même la case prison après lui avoir arraché nombre de biens...

POUSSIVE ET BOUTEFEU.
On ignore quand et pourquoi le fils Dokolo, choisit l’expatriation qui lui permit l’entrée au Palais de la Cidade Alta qui domine la superbe rade de la Capitale angolaise et la grande rencontre avec Isabel, la fille du président, née d’une liaison, lors d’un stage en Union soviétique, avec une championne d’échecs, Tatiana Kukanova.
Mais on sait que le président angolais 74 ans, au pouvoir depuis 37 ans et le deuxième plus ancien président en exercice après l’Equato-Guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, son aîné d’un mois au pouvoir, a annoncé, le 21 mars 2016, son départ du pouvoir en 2018.
Est-ce la perspective de se retrouver hors de la Cidade Alta et, du coup, sans réelle protection politique, qui le pousse à multiplier des messages sur Facebook et sur Tweeter à ses frères et sœurs restés «souffrir et mourir» au Congo afin se s’attirer des sympathies et, pourquoi pas, de postuler à la présidentielle en retrouvant un autre palais présidentiel?
Dans une longue interview poussive et boutefeu au journal belge La Libre Belgique menée par le charmant journaliste Hubert Leclercq, il s’alarme sur les conséquences des tueries de Kamwina Nsapu - et il a raison, de ce point de vue - dans son pays d’adoption (qui partage 2.000 kms de frontières avec le Congo), se déchaîne sur des dirigeants «totalement crétins» de son pays, n’a de référence qu’en Angola dont il vante la vision des dirigeants, distribuant photos de ses ranchs et images bling-bling dans des châteaux, posant à la frontière angolaise quelque actes de générosité (200 tonnes de vivres) médiatisés - qui offre n’a nul besoin d’en faire la propagande sauf idée cachée. Sindika ne cache plus son ambition présidentielle même s’il prétend que «le Congo n’a vraiment pas besoin d’un candidat en plus. «Des hommes politiques, il y en a bien assez», explique-t-il. Sauf s’il laboure pour l’ami Moïse pour qui il étale une infinie considération, qui vient de nommer porte-parole un autre ami «mais de tous les temps», Olivier Kamitatu Etsu. Qui dit avoir apporté le Bandundu-Kwilu sur un plateau d’argent! Tout en accablant les dirigeants congolais dont il voit la «volonté délibérée de créer les conditions d’une crise sous-régionale», expliquant «qu’il n’y a plus - là-bas! - le moindre échelon de pouvoir légitime»; que «tout indique qu’il s’agit bel et bien d’une stratégie de la terre brûlée». Et «si tel était le cas, et face au bilan humain, cela pourrait relever de la justice internationale ou de la Cour Constitutionnelle qui seule peut établir les éléménts constitutifs du crime de haute trahison». Puis: «Il est dramatique de pouvoir penser que des hommes politiques pourraient instrumentaliser la mort de Congolais et de civils étrangers à des fins politiques». De comparer «la RDC d’aujourd’hui à l’Irak des années 90».
Problème: Sindika est inconnu au Kongo Central et au Congo; doit se constituer une association «les Amis de Dokolo, ensemble pour un Congo meilleur».
Pour se trouver un trône, il pourrait cependant miser sur des réseaux étrangers réactivés certes ces derniers mois. Car, ici, nul ne le voit accéder au pouvoir par la voie démocratique...
T. MATOTU.


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