Cette révolution à laquelle les peuples meurtris d'Afrique aspirent
  • mar, 15/04/2025 - 11:15

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1634|MARDI 15 AVRIL 2025.

par Musene Santini Be-Lasayon.

Dénoncer, diaboliser et insulter à longueur de journées l’impérialisme pluriel occidental pour aller s’abriter sous les aisselles d’un impérialisme oriental unique, russe ou chinois, sans conditions, sans transition, sans assurance de véritable relèvement et sans stratégies adéquates de résistance patriotique en cas de contradiction fondamentale devant l’inconnu, ce n’est pas faire le type de révolution à laquelle aspirent foncièrement les peuples opprimés, méprisés et meurtris d’Afrique. C’est leur imposer une nouvelle tutelle impérialiste alors qu’ils cherchent à s’émanciper de tout impérialisme en vue de se réaliser selon leurs aspirations les plus profondes.

Désemparés devant la situation tragique que traversent les peuples opprimés d’Afrique depuis 140 ans, une frange de nouveaux «révolutionnaires» africains, happés par une idéologie non encore cernée et définie qui émerge du Kremlin depuis l’an 2000, désignent bruyamment le bourreau du continent: l’Occident pluriel (UE, Royaume-Uni, États-Unis et Canada) conduit par les États-Unis de Donald Trump !

Ils dénoncent inlassablement, diabolisent à outrance et insultent à longueur de journées cet Occident sans foi, ni loi. Ils poussent ces peuples à les suivre dans leur haine viscérale et dans leur croisade suicidaire contre ce diable d’Occident. Et ce, dans le seul et unique objectif de se rapprocher spectaculairement et de s’allier orgueilleusement, sans transition, sans conditions, sans assurances claires de véritable relèvement sur tous les plans et sans stratégies appropriées de résistance patriotique en cas de contradiction fondamentale devant l’inconnu, à deux puissances mondiales orientales, principalement à la Russie de Vladimir Poutine et secondairement à la Chine de Xi Jinping.

Ils qualifient ces deux puissances mondiales d’Orient, respectivement européenne et asiatique, sans en donner des preuves irréfutables et indiscutables, de meilleures partenaires de ces peuples africains longtemps ravalés au bas de l’échelle sociale mondiale. Pire, ils clament qu’elles ont pour vocation fondamentale de libérer ces peuples de l’impérialisme occidental.

Ils soutiennent leurs élucubrations en citant les cas du Mozambique, de l’Angola, de la Guinée-Bissau, de l’Île du Cap Vert, du Zimbabwe, de la République Sud-Africaine, RSA, de la Namibie, les sept derniers pays africains à s’affranchir du joug colonial occidental, comme les preuves palpables de la magnanimité de l’URSS, aujourd’hui représentée par la Russie, et de la Chine envers l’Afrique.

Effectivement, ces deux puissances mondiales d’Orient avaient beaucoup contribué, surtout militairement, à la décolonisation de ces sept pays africains. Et, en considérant le passé colonial, postcolonial et le présent néocolonial d’Afrique, il y a, dans ce brouhaha, beaucoup de vérités quant à la responsabilité, directe ou indirecte, de l’Occident dans l’imbroglio actuel de l’écrasante majorité des pays du continent.

DES VÉRITÉS OCCULTÉES.
Cependant, en proclamant exclusivement et inconsidérément la Russie et la Chine comme étant ces puissances mondiales qui ont pour vocation fondamentale de libérer les peuples longtemps meurtris d’Afrique de l’impérialisme occidental, on fait délibérément croire que l’Occident multiple n’a jamais aidé les pays colonisés à se défaire du joug colonial et à se relever, une fois indépendants, sur les plans politique, économique, social et culturel.

On fausse l’histoire sur plusieurs plans. D’où, sans connaître ni les tenants, ni les aboutissants de ce à quoi on les convie, le commun des mortels africains, travaillés par cette propagande plus émotionnelle que rationnelle, reprennent en chœur à travers le continent : « Les Occidentaux, et surtout les Américains, sont très mauvais ! »

Et pourtant, les États-Unis, le leader incontesté de ce diable d’Occident, avaient vivement encouragé, selon l’histoire, les différentes sept puissances coloniales européennes susmentionnées à décoloniser toute l’Afrique le plus rapidement possible. Ils ont aussi participé, aux côtés des partis politiques nationaux de leur obédience idéologique, aux différentes luttes de libération des sept pays africains précités du joug colonial.

Malheureusement, ils ont commis, avec d’autres pays occidentaux, la grave erreur stratégique de soutenir au même moment, en Angola, deux partis politiques du même bord idéologique, le FNLA de Holden Roberto et l’UNITA de Jonas Savimbi, mais deux partis divisés sur le plan organisationnel et militaire.

Ces deux partis étaient, en plus, insuffisamment implantés à travers le pays par rapport à leur seul et unique adversaire, le MPLA d’Agostino Neto. Malgré leur faible emprise sur la société angolaise, ils ont misé sur les élections démocratiques pour accéder, à l’indépendance, au pouvoir. Mais, le MPLA, marxiste-léniniste, fortement soutenu par les régimes autoritaires d’URSS, de Chine et de Cuba, était de très loin mieux organisé que le FNLA et l’UNITA. Suite à sa longue expérience de lutte pour l’indépendance et à son occupation totale et stratégique du terrain, le MPLA était de très loin plus uni et plus ancré que ses adversaires dans la société angolaise.

Malgré ces avantages sur le plan démocratique, il a stratégiquement et brusquement avantagé, en dernière minute, l’option militaire pour battre ses adversaires. D’où, l’échec du FNLA, de l’UNITA et de l’Occident pluriel, leur sponsor. En dehors des sept puissances coloniales européennes, tous les pays occidentaux restant n’avaient jamais manifesté de velléités expansionnistes envers l’Afrique ou d'autres continents. Mais des pays comme la Suède, la Norvège, le Danemark, la Finlande, la Suisse, l’Islande, le Luxembourg, le Canada, l’Irlande, l’Autriche, l’Italie, la Grèce, etc., pilotés par des dirigeants politiques du centre gauche ou du centre droit, ont beaucoup soutenu l’Angola, le Mozambique, la Guinée-Bissau, l’Île du Cap Vert, le Zimbabwe, la RSA et la Namibie dans leurs luttes respectives de libération du joug colonial portugais, néerlandais et britannique. Enfin, les États-Unis demeurent la seule et l’unique puissance mondiale à avoir massivement aidé, sur tous les plans, tous les pays d’Amérique, d’Océanie et certains pays d’Asie à se libérer du joug colonial espagnol, portugais, britannique, néerlandais et français.

En plus, l’Occident multiple est, en tant qu’ancienne puissance coloniale, la seule puissance mondiale à avoir posé, malgré ses crimes historiques inoubliables, les bases du développement de l’Afrique. Il y avait, en effet, massivement investi dans tous les secteurs d’activités, certes, pour ses propres intérêts d’abord, mais aussi et par ricochet, pour ceux de ses différentes colonies. Même après les indépendances, l’Occident est resté la principale puissance mondiale qui a réellement accompagné, tant bien que mal, l’Afrique dans son combat pour le développement.

Ce qui a malheureusement contribué au renforcement de sa toute-puissance sur ce continent. Donc, la situation que vit actuellement le continent incombe, non seulement à l’Occident, mais également à certains dirigeants politiques africains. Ceux-ci, souvent corrompus et rarement compétents, sont généralement complaisants envers les puissances étrangères. Ils pillent, de connivence avec ces dernières, leurs propres pays. Un exemple concret pour convaincre, l’actuel Congo avait, à son accession à l’indépendance en 1960, le même niveau de développement socio-économique que la province franco-canadienne du Québec.

Il était, par ailleurs, de très loin plus avancé que la Corée du Sud, Singapour, Hong-Kong, Taïwan et la RSA. Mais, la province franco-canadienne du Québec est devenue, quelques années après, l’une des principales provinces les plus politiquement, économiquement, socialement et culturellement développées du Canada.

Ce qui a placé ce pays d’Amérique du Nord parmi les principales puissances mondiales. Alors que la Corée du Sud, Singapour, Hong-Kong et Taïwan, qui ne comptent généralement que sur l’intelligence, l’esprit créatif et le travail de leurs citoyens, font actuellement partie intégrante des principaux pays émergents du monde, la RDC, le fameux scandale géologique, conduite par ses propres fils, est plutôt redescendue au bas de l’échelle sociale mondiale.
Or, la Russie, présente en Afrique depuis 1960 par l’URSS interposée, n’y a jamais réellement investi comme tel, en matière de développement socio-économique.

Certes, elle vient de conclure, fin 2024, des accords de coopération avec quinze pays africains dans le secteur de l’énergie nucléaire. Mais, il n’existe, au bénéfice de la RDC, aucune entreprise, aucune banque, aucune école, aucun hôpital, aucun barrage, aucun pont, aucune chaussée, aucun rail, aucun immeuble, etc., comme fruit de la coopération soviétique ou russe! Au contraire, cette puissance mondiale a contribué à la déstabilisation du pays.

En y créant, en y finançant et en y soutenant des rébellions, dès son accession à l’indépendance. Aujourd’hui, l’implantation de ses mercenaires du groupe Wagner, qui assurent la sécurité de ses nouveaux amis au pouvoir, constitue l’essentiel des investissements de la Russie en Afrique. Elle en tire indubitablement d’immenses prébendes et dividendes. Quant à la Chine, après avoir appuyé des rébellions au Congo et dans certains autres pays africains au cours des années 1960, elle y a, par la suite, changé de stratégies. Et ce, à partir de la décennie 1970.

Depuis lors, elle fait mieux que la Russie en Afrique. Elle y mène, sans trop de bruits, des investissements qui contribuent à la création d’emplois et de la croissance dans certains pays. Il demeure, cependant, que le comportement réel de cette puissance économiquement ultra-capitaliste n’est, dans le fond, pas tellement différent de celui de l’Occident pluriel et de la Russie seule.

Elle gagne souvent de 20 à 50 fois plus que ses soi-disant partenaires africains dans tout ce qu’ils font ensemble. Le cas de la joint-venture Sicomines, un important programme d’exploitations minières contre les infrastructures de base dont le Congo a cruellement besoin pour son développement durable, constitue l’un des exemples les plus éloquents dans ce contexte. Enfin, l’Occident pluriel est la seule et l’unique puissance mondiale qui a énormément et réellement contribué à l’affranchissement des peuples d’Europe centrale, d’Europe orientale et d’Asie centrale du joug russe, tsariste et soviétique, subi durant plus de deux siècles! Ce qui fait terriblement fâcher et exaspérer Vladimir Poutine qui vocifère quotidiennement contre l’Occident.

En effet, depuis l’an 2000 qu’il est au pouvoir, il tente de récupérer cette partie du monde, dont sa Russie était la seule et l’unique puissance impériale, par des guerres imposées à certaines de ses anciennes républiques fédérées devenues indépendantes (Géorgie, Ukraine, etc.) et par des menaces outrageantes proférées contre certaines autres (Moldavie, Lituanie, Estonie, etc) et quelques-uns des pays qu’elle avait enfermés, pendant sept décennies, dans un camp retranché du monde (Pologne, Roumanie, etc.). Mais, en vain, jusque-là !

Ressusciter ces faits pourtant réels, mais volontairement occultés par les nouveaux «révolutionnaires» africains pour les besoins de la cause, n’est pas défendre l’Occident, le diable, contre la Russie et la Chine, les saintes, comme l’insinueraient certainement les adeptes implacables de cette idéologie non encore bien cernée et définie qui émerge du Kremlin depuis 25 ans. Non! Il s’agit plutôt de rétablir la vérité historique indispensable à l’avancement éclairé, correct et juste du monde, de faire preuve d’honnêteté intellectuelle et d’objectivité scientifique que certains enterrent dans ce genre de débat.

D’où cette pertinente question découlant des courageuses observations ci-dessus évoquées: Peut-on sincèrement, sérieusement et consciemment prétendre que, pour avoir joué, à un moment donné ou à un autre de leur histoire particulière, ce bon et beau rôle de libérateurs des opprimés, l’Occident multiple, la Russie seule et la Chine seule jouent toujours franc jeu à l’égard de ces derniers et de l’opinion publique internationale ? Si la Russie, tsariste, soviétique et poutinienne, avait pour vocation fondamentale d’affranchir les peuples longtemps opprimés, méprisés et meurtris d’Afrique de l’impérialisme pluriel occidental, comment alors expliquer son propre rejet ou abandon actuel par l’écrasante majorité des pays d’Europe centrale, d’Europe orientale et d’Asie centrale dont elle était, pendant plus deux siècles, la seule et l’unique puissance impériale? Pourquoi ces pays se sont-ils rapprochés de l’Occident ?

Comment la Guinée Conakry de Sékou Touré qui avait bruyamment tourné le dos, en 1958, à la France du général Charles De Gaulle pour aller immédiatement se mettre sous la protection de l’URSS de Nikita Khrouchtchev, n’a-t-elle fait que régresser jusqu’en 1984? Pourquoi Cuba de Fidel Castro, qui s’était militairement débarrassé en 1959 du régime dictatorial du général Batista soutenu par les États-Unis, pour rejoindre le camp soviétique, demeure-t-il toujours au bas de l’échelle sociale mondiale? Comment expliquer que l’Angola, «libérée» militairement en 1975 du joug colonial portugais par l’URSS, la Chine et Cuba, est devenue la plus importante alliée des États-Unis en Afrique des Grands Lacs ?

De même, si l’Occident pluriel avait pour vocation fondamentale de libérer les États longtemps opprimés d’Europe centrale, d’Europe orientale et d’Asie centrale de l’impérialisme russe, comment alors expliquer qu’il ait par ailleurs colonisé, à lui seul, environ 70% des pays constituant le monde? Pourquoi des pays latino-américains comme Cuba de Fidel Castro, le Chili de Salvador Allende, le Venezuela d’Hugo Chavez, le Nicaragua des sandinistes, le Panama du général Manuel Noriega, etc., se sont-ils retournés, à certains moments de l’histoire, contre les États-Unis, leurs «libérateurs» du joug colonial espagnol, pour devenir les bons amis de l’URSS et de la Chine?

Comment expliquer que le Mali du colonel Assimi Goïta, le Burkina Faso du capitaine Ibrahim Traoré et le Niger du général Abdourahamane Tiani se distancient de la France d’Emmanuel Macron qui, pourtant, les couvait comme une mère poule, pour se rapprocher et s’allier spectaculairement et orgueilleusement à la Russie de Vladimir Poutine ?
Les raisons fondamentales de ces multiples et divers retournements de situations que subissent toutes les grandes puissances mondiales se trouvent dans la nature et la vocation même de l’impérialisme qu’elles incarnent.

En effet, tous les impérialismes, quels que soient leurs origines géographiques, leurs couleurs idéologiques, leur mode opératoire, leur style et le visage qu’ils affichent à un moment donné ou à un autre de l’histoire, poursuivent indistinctement, à toutes les époques et en tous lieux, le même but ultime : réduire les autres États, surtout les plus faibles, sous leur dépendance idéologique, politique, économique, sociale et culturelle. En vue de les exploiter à leur guise. Telle est la nature et la vocation première et particulière de l’Occident pluriel, dont le chef de file, les États-Unis, trône seul au sommet de l’Univers, depuis bientôt un siècle, en tant que superpuissance mondiale.

Conservateur, libéral, démocratique et capitaliste, l’Occident de Trump n’entend pas céder, vu son omnipuissance, ce titre de superpuissance mondiale à l’un de ses concurrents. Telle est également la vocation première et particulière de la Russie, tsariste et soviétique, qui avait malmené, durant plus de deux siècles, la majorité des pays d’Europe centrale, tous les pays d’Europe orientale et d’Asie centrale avant de les enfermer, durant 70 ans, dans un camp retranché du monde.

Ultranationaliste, conservatrice, tyrannique, totalitaire et vaguement capitaliste, la Russie de Vladimir Poutine vise de déloger, au moyen de sa puissance nucléaire militaire, les États-Unis du sommet du monde afin de l’y remplacer seule. Il en est de même de la Chine qui avait intégré, par la violence armée, les régions non chinoises de Mongolie intérieure, du Tibet et d’autres pays d’Asie en son sein. Tyrannique, totalitaire, politiquement communiste et économiquement ultra-capitaliste, elle tient à accéder au titre géopolitique le plus convoité de tous, celui de superpuissance mondiale, par le biais de sa puissance économico-commerciale fulgurante qui donne de l’insomnie à tous ses concurrents.

Ces trois impérialismes suprêmes se distinguent plus ou moins par les systèmes idéologiques déterminant leur comportement, leurs attitudes et leurs pratiques. Mais, toutes les idéologies étant hégémoniques, tous ces impérialismes se ressemblent par leur hégémonisme intransigeant et cruel face à tous les autres États du reste du monde. Seules d’infimes nuances d’approche et de style, dans leur mode particulier de propagande et d’opération, les rapprochent ou les éloignent de leurs victimes expiatoires que sont les États faibles qu’ils tiennent à éblouir et à s’attacher. Ce sont ces anodines nuances d’approche et de style, et rien d’autre, qui illusionnent leurs victimes expiatoires à travers le monde. En effet, chacun de ces trois impérialismes suprêmes fait croire à chacune des proies visées qu’il est particulièrement plus vertueux que les autres.

Or, ils pratiquent tous, en réalité, la même politique d’expansion que l’on peut résumer en ces quelques mots: « Ôte-toi de là pour que je m’y mette. » C’est-à-dire, pour se faire de la place au milieu des États faibles qu’ils convoitent au détriment de leurs concurrents, chaque impérialisme se présente astucieusement en agneau devant les proies qu’il vise avant d’afficher malignement, au fil du temps, son véritable visage. Mais, entre eux, ils se donnent réciproquement, à des moments qu’ils jugent opportuns, des coups tantôt mortels (cas de la dislocation, en 1991, de la géante URSS), tantôt asphyxiants (cas des événements du 11 septembre 2001 aux USA).

L’Occident pluriel, la Russie seule et la Chine seule sont donc perpétuellement en guerre pour l’hégémonie géopolitique mondiale. C’est dans ce contexte que l’Occident collectif a débauché l’écrasante majorité des pays de l’ex camp soviétique centre européen, est-européen et centrasiatique, la seule et l’unique véritable chasse gardée historique de la Russie, pour asphyxier celle-ci. C’est dans ce cadre aussi que la Russie, de son côté, tente de débaucher l’Afrique, l’une des multiples chasses gardées de l’Occident pluriel à travers le monde.

En armant et en mettant ses mercenaires du groupe Wagner à la disposition des pays tels que le Mali, le Burkina Faso et le Niger, ravagés par le terrorisme, pour les éblouir et se les attacher dans l’objectif de réduire sensiblement l’influence occidentale ici. Entre-temps, à partir de la République Centrafricaine où elle compte déjà quelques contingents de ses mercenaires du même groupe Wagner, la Russie voudrait étendre son influence sur la République Islamique du Soudan, le Soudan du Sud, le Tchad et surtout sur le Congo, eux aussi touchés par le terrorisme, afin de disposer d’une véritable plateforme régionale. La Chine, plus que la Russie, s’introduit de plus en plus quasiment partout en Afrique, une fée actuellement courtisée par les puissances mondiales de toutes les catégories.

Cette lutte pour l’hégémonie géopolitique mondiale est âpre, particulièrement entre les trois impérialismes suprêmes. Elle est incontestablement le seul et l’unique motif fondamental pour lequel ils s’affrontent, par l’intermédiaire de leurs laquais locaux, dans la quasi-totalité des guerres qui ont lieu à travers le monde.
Mais, il nous semble que les nouveaux « révolutionnaires » africains, qui s’alignent sans conditions derrière la Russie de Vladimir Poutine contre l’Occident pluriel de Trump, paraissent ne pas percevoir clairement ce jeu. Ils donnent l’impression de ne pas réaliser que cette guerre pour l’hégémonie géopolitique mondiale n’est pas du tout leur guerre, qu’elle ne sert et ne servira véritablement que les intérêts stratégiques globaux soit des seules puissances mondiales orientales, soit des seules puissances mondiales occidentales, mais jamais directement ceux de leurs peuples respectifs qu’ils croient incarner.

S’ils sont vraiment conscients de leur mission, celle de reconquérir la dignité, l’indépendance et la souveraineté de leurs peuples longtemps meurtris, ils ne devraient plus compter, prioritairement et essentiellement, ni sur les seuls impérialistes russes, ni sur les seuls impérialistes chinois, ni même plus sur les seuls impérialistes occidentaux, mais bien plutôt, avant tout et après tout, sur les patriotes politiquement éveillés de leurs pays respectifs, les seuls et uniques véritables responsables attitrés de la conception, de l’élaboration et de la construction du destin de leur continent.

Car, il est établi que tous les impérialismes demeurent essentiellement égocentriques. C’est-à-dire, tout en s’efforçant d’être aux côtés des faibles, avec les faibles et pour les faibles, ils restent foncièrement, en réalité, à 99% accrochés à la promotion, à la défense et à l’accroissement ininterrompu de leurs seuls intérêts globaux.

D’où, aucun d’eux n’a jamais eu et n’aura jamais pour objectif final d’aider ne fût-ce qu’un seul pays africain à sortir du sous-développement. Autrement dit, malgré leurs minces et légères différences d’approche et de style, il n’existe, entre l’impérialisme pluriel occidental, l’impérialisme unique russe et l’impérialisme unique chinois, d’impérialisme qui soit ni vertueux, ni plus vertueux que les autres. Ils sont plutôt, tous indistinctement, des prédateurs très peu soucieux de la solidité et de la qualité d’existence de leurs sous-fifres, mieux, les monstres les plus froids des monstres.

D’où, quiconque se laisse sentimentalement succomber à la propagande mielleuse de l’un ou l’autre de ces vautours insatiables, en feignant d’ignorer l’éternel but ultime qu’ils poursuivent inlassablement tous, à toutes les époques et en tous lieux, est un esprit faible, un égocentrique, un corrompu, un aliéné, un traître ou un incompétent politique qui s’ignore.

LA RÉVOLUTION ESCOMPTÉE.
D’où, dénoncer, diaboliser et insulter, à longueur de journées, l’impérialisme pluriel occidental pour immédiatement, bruyamment et simplement changer de tutelle impérialiste, russe surtout ou chinoise au moins, sans conditions, sans transition, sans assurances claires de véritable relèvement sur tous les plans et sans stratégies adéquates de résistance patriotique en cas de contradiction fondamentale devant l’inconnu, ce n’est pas du tout faire le genre de révolution à laquelle aspirent foncièrement les peuples longtemps opprimés, méprisés et meurtris d’Afrique. Agir ainsi à l’égard de ces peuples équivaudrait plutôt à les livrer, mains et pieds liés, à un nouvel impérialisme, dont ils ne connaissent, ni ne maîtrisent la véritable quintessence, à les faire enchaîner, aliéner et embrouiller davantage.

C’est exactement ce que certains leaders africains, tels que Sékou Touré et d’autres, que l’on qualifiait abusivement de révolutionnaires, ont fait. Et pourtant, ils ont tous lamentablement échoué sur tous les plans. Au contraire, la révolution à laquelle ces peuples longtemps assujettis d’Afrique tiennent tant, ce n’est pas ce simple et bruyant changement de tutelle impérialiste qui a déjà conduit l’Afrique à l’échec. Non !

Ils visent plutôt, au plus haut point, une véritable révolution conçue et élaborée par eux-mêmes, en fonction de leurs propres idéaux sociaux et de leurs propres et réels intérêts supérieurs, planifiée, testée, mise en œuvre, menée, évaluée, réajustée, maîtrisée et contrôlée, dans chacun de leurs pays respectifs, par ceux des patriotes nationaux qui sont hautement qualifiés (formés, expérimentés et compétents), vraiment dotés de la vertu politique et réellement non inféodés à l’une ou l’autre des puissances impériales mondiales.

C’est-à-dire, visiblement libérés de tous les impérialismes, mais en même temps capables de traiter avec tous les impérialismes, selon les besoins de leur pays. La révolution que ces peuples veulent coûte que coûte atteindre et vivre concrètement, c’est celle qui leur permet de changer profondément et positivement leurs structures idéologico-culturelles, mentales, politiques, économiques et sociales, qui leur inculque et leur fait intégrer la mentalité de battant et de gagnant en face de tous afin d’envisager de meilleures perspectives devant les mener vers le haut de l’échelle sociale mondiale.

C’est celle qui est susceptible de les amener à se débarrasser irrémédiablement de la gestion prédatrice, de la mauvaise gouvernance publique, des détournements massifs et impunis des fonds et des biens publics, donc de la corruption institutionnalisée qui gangrène leurs pays. C’est celle qui leur permet de s’affranchir de la pauvreté endémique, de la misère abjecte et insoutenable, de l’insécurité multidimensionnelle, multisectorielle et multiforme, de la dépendance chosifiant, bref, du sous-développement organisé qui les accable depuis 140 ans. C’est celle qui change profondément leurs conditions de travail et par conséquent leurs conditions de vie…

C’est celle qui, fondée sur l’État-éthique, c’est-à-dire, l’État de droit et de démocratie, les rend capables de se réhabiliter dans leur dignité humaine en tant que peuples réellement libres, indépendants, souverains et de se prendre, eux-mêmes, en charge. En bref, la révolution à laquelle ils tiennent tant, c’est celle qui fait d’eux des partenaires réellement et visiblement considérés et respectés des peuples de toutes les puissances impériales mondiales de toutes les origines géographiques et de toutes les couleurs idéologiques. Car, rendus leurs égaux, en droits et en devoirs.

Tout en continuant à entretenir de bonnes relations diplomatiques et de coopération au développement avec des partenaires de leur propre choix, dont les incontournables puissances idéologiques et hégémoniques mondiales.
Cependant, pour que ces peuples longtemps opprimés, méprisés, meurtris et ravalés au bas de l’échelle sociale mondiale parviennent, un jour, à assouvir leur soif profonde, celle de remettre eux-mêmes l’Afrique sur ses pieds fermes, il faudrait que l’écrasante majorité de leurs intellectuels, surtout organiques, de leurs leaders et chefs, surtout politiques, et de leurs citoyens ordinaires, surtout de la couche supérieure, se réapproprient préalablement et totalement leur personnalité et aient foi en eux-mêmes après s’être irrémédiablement dépouillés de l’aliénation qui les habite, les conduit et les fait échouer depuis la traite négrière.

Tags: 

Related Posts