- jeu, 13/06/2013 - 01:23
Ils ont mis les petits plats dans les grands. Alors que l’Afrique - halte l’afro-pessimisme - est désormais présentée par toutes les études les plus sérieuses comme le Continent de demain et que sur le Continent se multiplient moult initiatives économiques susceptibles de mettre chacun des pays en première ligne pour l’émergence et que le monde entier - à commencer par les pays asiatiques se tournent vers le Continent -, il n’était pas acceptable que la RDC, pays doté de toutes les potentialités, demeure en retrait.
LE SOFT INTERNATIONAL N°1231 ED. LUNDI 10 JUIN 2013.
Voilà sans doute comment est né ce Forum international de Kinshasa - une sorte de Davos - portant sur la croissance économique et la gouvernance avec sous-thème: «Exploiter les ressources naturelles pour un développement accéléré» (GHK, 6-7 juin 2013).
Diverses sommités intellectuelles ont fait le déplacement de Kinshasa, souvent des professeurs d’Université. Ils avaient pour charge de répondre à une question posée par le Premier ministre Augustin Matata Ponyo Mapon dès l’entame du Forum et qui a présenté des chiffres reluisants réalisés par le pays («Jamais, a-t-il expliqué, la situation économique du pays n’a été aussi reluisante»). La question: «Après les efforts fournis par le Gouvernement pour stabiliser le cadre macroéconomique, sur quel bouton faudrait-il appuyer pour que la croissance à deux chiffres soit au rendez-vous en 2014 et non en 2015 comme le prédit le Fonds Monétaire International».
Le Premier Ministre a bien expliqué qu’il «ne partage pas l’hypothèse de la malédiction des ressources naturelles dont la RDC serait victime. Comment expliquer cela si, en 10 ans, la production du cuivre est passée de moins de 20.000 tonnes à plus de 600.000 tonnes? Celle du cobalt de 4.000 tonnes à 120.000 tonnes?» Il s’est dit «convaincu que c’est une question de gouvernance et de leadership», poussant le Forum à pousser les analyses sur cet aspect. En intégralité ci-après le discours d’ouverture du Premier Ministre:
Lorsque le 26 janvier 2001, le Président de la République, Chef de l’état, Joseph Kabila Kabange, accédait à la Magistrature suprême, le pays se retrouvait dans la situation suivante:
y Situation sécuritaire caractérisée par la prolifération des groupes armés nationaux et étrangers;
y Situation politique difficile marquée par d’interminables rounds de négociations, dans un pays divisé par les tensions sociales et politiques sans précédent;
y Situation sociale caractérisée par une paupérisation alarmante et un effondrement du tissu socio-économique;
y Situation économique catastrophique qui pouvait se lire à travers les indicateurs ci-après :
y Taux de croissance du Produit Intérieur Brut négatif, soit moins de 2,1 % et un PIB par tête d’habitant de 82,6 dollars américains;
y Taux d’inflation à trois chiffres, soit 135,1% l’an;
y Réserves de change asséchées représentant moins d’une semaine d’importations avec une monnaie nationale instable dont le taux de dépréciation avoisinait 68% en moyenne annuelle;
y Un stock de la dette de 13,6 milliards de dollars américains;
y Un budget annuel de 322,5 millions de dollars américains et un déficit budgétaire chronique;
y Des investissements directs étrangers de l’ordre de 80,3 millions de dollars américains;
y Production minière de moins de 20.000 tonnes par an au plus bas niveau, etc.
Treize ans après, beaucoup de choses ont changé. Des réformes importantes ont été menées, la situation politique s’est sensiblement améliorée avec l’organisation de deux élections présidentielles et législatives couplée d’une structuration de l’espace démocratique. La situation économique et sociale s’est nettement améliorée.
En effet, en 2012:
y Les poches de tension sont résiduelles et seul l’Est du pays reste en proie à des menaces sécuritaires permanentes;
y La situation économique n’a jamais été aussi reluisante:
y Le taux de croissance du Produit Intérieur Brut est redevenu positif depuis 2002 et le PIB par tête d’habitant a été multiplié par trois en dix ans; même si le niveau de pauvreté reste élevé;
y Le taux d’inflation s’est situé à 2,7% l’an, le meilleur depuis l’indépendance, après 1966 et 1970;
y Les réserves de change représentent 1,730 milliards de dollars américains, soit neuf semaines d’importations contre à peine 3 jours autrefois, avec une monnaie nationale stabilisée. D’aucuns se demandaient si la RDC était en régime de change fixe du fait que la valeur de la monnaie n’a point bougé depuis 3 ans;
y Le stock de la dette n’est plus que de 4,68 milliards de dollars américains après l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE en juin 2010. La RDC a retrouvé sa viabilité économique et financière et sa crédibilité vis-à-vis des partenaires;
y Le budget annuel a été multiplié par 20, représentant actuellement l’équivalent de 6 milliards de dollars américains et des excédents budgétaires sont observés;
y Des investissements directs étrangers ont été multipliés par 167 et se situent à 15 milliards de dollars américains;
y Production minière a atteint des sommets jamais égalés, soit plus de 600 mille tonnes de cuivre en 2012 contre 19 mille tonnes en 2002, etc.
Tout ce travail est le fruit d’énormes efforts consentis sous le leadership du Président de la République, souvent au prix des vies humaines. La stabilisation de la situation sécuritaire à l’Est du pays a été une préoccupation majeure dans la conduite de la chose publique et je profite de cette occasion, pour remercier la Communauté internationale à travers le Secrétaire Général des Nations Unies et le Président de la Banque mondiale, qui viennent de séjourner en RDC, pour leur appui remarquable et leur accompagnement dans le processus de relance de l’économie et de la restauration de la paix. La paix et la sécurité sont indispensables au progrès économique tout comme le développement économique peut faciliter l’instauration d’une paix durable.
Les assises de ce forum sont une opportunité pour moi de rappeler que le Gouvernement de la République s’est fixé des échéances ambitieuses pour le développement de la RDC, à savoir:
y 2015 pour que la RDC atteigne une croissance à deux chiffres et intègre rapidement le club des pays à revenu intermédiaire;
y 2030 pour que la RDC soit un pays émergent;
y 2050 pour que la RDC figure parmi les puissances mondiales avec un niveau élevé de développement.
La journée d’aujourd’hui doit être inscrite en lettres d’or dans l’histoire de la République Démocratique du Congo. D’abord parce que c’est la première fois depuis une vingtaine d’années que le Gouvernement réunit des spécialistes de haut niveau et de renommée internationale et nationale pour parler des questions de développement et de gouvernance.
Deuxièmement, parce que cette conférence marque le début d’une série de rencontres qui se tiendront désormais annuellement pour discuter des questions de développement.
Mesdames et Messieurs,
Distingués invités,
Je voudrais vous parler directement et librement pour contribuer à votre débat de manière sincère.
Au-delà des réflexions théoriques, je voudrais que vous puissiez nous dire concrètement, après les efforts fournis par le Gouvernement pour stabiliser le cadre macroéconomique, sur quel bouton faudrait-il appuyer pour que la croissance à deux chiffres soit au rendez-vous en 2014 et non en 2015 comme le prédit le Fonds Monétaire International.
Je voudrais aussi vous dire que je ne partage pas l’hypothèse de la malédiction des ressources naturelles dont la RDC serait aussi victime. Comment expliquer cela si en 10 ans, la production du cuivre est passée de moins de 20.000 tonnes à plus de 600.000 tonnes? Celle du cobalt de 4.000 tonnes à 120.000 tonnes? Je suis par contre convaincu que c’est une question de gouvernance et de leadership. Il est donc important que vos analyses en tiennent compte.
Honorables Sénateurs et Députés,
Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement,
Messieurs les Ambassadeurs et chefs des missions diplomatiques,
Distingués invités,
Mesdames et messieurs,
Les présentes assises doivent permettre au Gouvernement d’avancer, d’avancer plus et mieux sur le chemin de la croissance et du progrès social. Je veux vous rassurer que ce pays est entrain de changer. Sous le leadership du Président Joseph Kabila Kabange, des progrès importants ont été réalisés et les chiffres sont clairs là-dessus.
à titre de rappel,
y 1. Le taux de croissance de la richesse nationale sera le plus élevé, soit 8,3%, derrière ceux réalisés en 1966, 1969, 1970 et 1973. Si tout va bien, l’année prochaine, tous les records pourront être battus si l’économie réalise un taux de croissance à deux chiffres;
y 2. Alors que le taux d’inflation se situait à 511,2% en 2000, il est, au moment où je vous parle, à 0,3% au terme de cinq premiers mois de 2013, et si la tendance se maintient, la RDC enregistrera le plus bas niveau d’inflation jamais atteint inférieur à 1%, détrônant ainsi l’année 1970 avec 1,7% d’inflation annuelle;
y 3. Depuis 3 ans, la monnaie se déprécie à moins de 1% l’an;
y 4. La mobilisation des recettes publiques a été spectaculaire, nous permettant de financer actuellement des projets de développement sur ressources propres. Les recettes courantes qui ne représentaient que 7,9% du PIB en 2002 se chiffraient à 22% en 2012;
y 5. Des projets ambitieux de réhabilitation et construction d’un millier d’écoles, d’équipements de plusieurs centaines d’hôpitaux et centres de santé, de réhabilitation de plusieurs milliers de kilomètres de routes et de modernisation de l’agriculture ont été initiés sur fonds propres du Gouvernement.
Mesdames et Messieurs,
Distingués invités,
La prospérité ne relève pas de la génération spontanée; elle se construit; elle se prépare; elle se planifie; elle se gagne. Elle n’est donc pas le reflet d’un coup de baguette magique, mais elle se mérite.
N’oublions pas non plus que le vent de la prospérité change bien souvent de côté.
C’est pour cette raison que le Gouvernement, sous le leadership du Président de la République, Chef de l’état, a décidé, afin d’éclairer pertinemment l’orientation de ses choix et de ses stratégies politiques, d’organiser chaque année une rencontre de haut niveau pour faire le point sur l’évolution de la situation économique et sociale du pays jusqu’à son émergence.
Devoir de redevabilité, de traçabilité mais aussi et surtout, obligation de bâtir une nation où le tâtonnement doit être légué aux calendes grecques afin de réduire les incertitudes et contrôler au maximum le destin de la Nation. Ainsi, la première édition de ce forum est placée sous le thème de l’exploitation harmonieuse des ressources naturelles pour un développement accéléré. On ne pouvait pas trouver mieux, l’actualité est focalisée sur la bonne gouvernance des ressources, toutes formes confondues, en particulier les ressources naturelles.
Mesdames et messieurs,
Distingués invités,
A ce jour, la dynamique de l’économie mondiale montre qu’elle évolue à plusieurs vitesses et que des risques importants subsistent en dépit de la lente et inégale reprise dans les pays avancés. Parallèlement, les statistiques révèlent que l’Afrique subsaharienne affiche des solides résultats avec une croissance moyenne de 5,2% depuis 2011 et dont les principaux moteurs de la croissance ont été le bâtiment, l’agriculture et les exploitations minières. Le niveau d’inflation fluctue entre 7 et 10% avec une tendance baissière.
En dépit de ce tableau reluisant des pays de l’Afrique subsaharienne, les analyses prédisent que cette trajectoire de croissance sera influencée par des aléas négatifs dont les sources sont à la fois externes (prolongement de la stagnation économique dans la zone euro et une baisse prolongée de l’investissement dans les pays émergents) et internes (conflits internes et conditions météorologiques défavorables).
Notre pays, pays à revenu faible, état fragile, a des amortisseurs budgétaires restreints et connaît une croissance supérieure à la moyenne africaine.
Trois priorités se présentent à lui:
y 1. Mener une politique de reconstitution des amortisseurs pour affronter d’éventuels chocs extérieurs ;
y 2. Poursuivre sa politique de croissance soutenue à long terme et
y 3. Répondre aux besoins cruciaux de développement par la lutte contre la pauvreté.
Pour le Gouvernement, l’objectif donc de cette rencontre s’inscrit dans la nécessité d’unir ses forces avec vous dans la conception et la recherche de solutions innovantes aux défis du développement exceptionnel de la RDC en vue de propulser le pays vers une croissance accélérée et dans la trajectoire du développement humain.
Ces assises n’ont de sens que si elles s’inscrivent également dans la logique de la contribution à l’élaboration d’un Plan National de Développement de la RDC cohérent et que le Congolais puisse s’en approprier.
Certaines études en cours, notamment, l’étude Nationale Prospective (ENP), l’Aménagement du territoire national et le recensement national scientifique 2014-2015, vont servir de matières premières pour les prochaines éditions de ce Forum.
Notre espoir, oui notre espoir, est de voir la République Démocratique du Congo devenir l’épicentre de la croissance, l’eldorado des investisseurs, le modèle de prospérité que rêvent les Congolaises et les Congolais depuis longtemps. Agissons maintenant de sorte que cela devienne une réalité vivante!
Sur ce, je déclare ouverts les travaux du Forum économique International de Kinshasa sur la Croissance économique et la Gouvernance, la première édition 2013.
Je vous remercie de votre attention.