- mar, 07/02/2017 - 03:27
Il choisit un lieu plus propice pour la quiétude.
Il va déménager pour la troisième fois. A bientôt 97 ans d’âge, le patriarche Antoine Gizenga Funji a décidé de s’éloigner de sa coquette cité du Mont-Fleury à la périphérie de la première et vieille cité africaine de Kinshasa - Kintambo - autour de laquelle s’est bâtie la ville de Nkinsasa devenue Léopoldville et modernisée Kinshasa. Trop bruyante sans doute, n’autorisant pas le repos...
Le patriarche de Gungu, territoire du Kwilu, qui avait déjà abandonné sa maison disputée de Limete pour un véritable château dans l’hinterlang de Kinshasa, dans la localité de Mbuma érigée, selon ce qui se raconte, par les soins de l’homme qui lui succéda à la Primature, l’ancien premier ministre Adolphe Muzitu Fumunji, avait fini par quitter cette maison de Mbuma (baptisée Masita Gizungu, rappelant un lieu historique de rassemblement des Pende) sur un lieu calme mais trop isolé, d’accès difficile aux confins de Kingasani ya Suka, sans eau, ni électricité. Ce fut au retour d’un contrôle médical en Belgique. Revenu sans que Mbuma ne soit au courant, il dépose ses bagages dans une villa du Mont-Fleury arrangée l’ancien Vice-premier ministre en charge du Travail, Willy Makiashi. C’est pour annoncer plus tard son divorce par la bouche de sa fille Dorothée (née d’une mère originaire de la Province Orientale et installée aux Etats-Unis) avec une femme Anne Gizenga Mbuba qui partageait 50 ans de vie avec lui et fut de tous ses combats politiques.
IL CHOISIT LA CITE DU FLEUVE.
Soupçonnée de tentative d’empoisonnement sur son mari par les enfants du «Vieux», interdite de visite en Europe comme au Mont Fleury, elle avait porté un moment l’affaire devant un juge. Mais les derniers développements au Parti Lumumbiste Unifié où un armistice a été conclu suivi d’une amnistie collective pourrait mettre fin à cette tragédie familiale.
Le patriarche Pende, une ethnie du territoire de Gungu, s’installe à la Cité du Fleuve. Il va loger dans une maison que Dorothée a choisie pour lui, aux dires des voisins.
Il y passerait ses vieux jours dans la quiétude face à ce majestueux fleuve qui conduit vers son Gungu natal, face à cette ville de Brazzaville d’où, sous le règne du Commandant Marien Ngouabi, l’un des siens, l’ancien ministre Lumumba de l’Education nationale, le Pende Pierre Mulele, son ambassadeur au Caire et à Pékin (des années de son gouvernement lumumbiste de Stanleyville) pensait y trouver refuge après la débâcle de sa rébellion en 1964 avant d’y être extrait quatre ans plus tard un 29 septembre 1968 par les services secrets de Mobutu qui le recherchaient activement agissant via le ministre des Affaires étrangères Justin Marie Bomboko Lokumba, l’attirant dans le piège d’une loi d’amnistie.
Mulele quittait Brazzaville un certain 2 octobre au retour de Mobutu d’une visite au Maroc pour trouver une mort atroce le lendemain avec sa femme Léonie Abo et sa mère Agnès Luam. Ce fleuve qui accueille les tranches de l’un des premiers rebelles congolais enfouies dans un sac avec des pierres.
Le 3 octobre, Mobutu «le fait torturer publiquement, lui fait arracher yeux et parties génitales et ses membres amputés un à un alors qu’il était toujours vivant. Son corps fut jeté dans le fleuve Congo», écrit Benoît Verhaegen, dans Les rébellions populaires au Congo en 1964.
Ceux qui ont vu le vieux patriarche Pende ces derniers jours disent qu’il parle, réagit mais le corps ne suit pas. Ce qu’il déclara le 25 septembre 2008 en quittant son tablier de Premier ministre: «Si l’esprit est alerte, le corps a ses limites». Depuis près de deux ans, il était revenu aux affaires, par la voie des élections libres et démocratiques, 45 ans après qu’il les eût quittées.
T. MATOTU.