«La femme ne croit pas en la femme», constate Marie-Josée Ifoku
  • ven, 19/11/2021 - 14:10

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1539|VENDREDI 19 NOVEMBRFE 2021.

Candidate Président de la République à la Présidentielle de 2018, Mme Marie-Josée Ifoku Mputa Mpunga, présidente du parti Alliance des Elites pour un Nouveau Congo, AeNC en sigle, était dimanche 14 novembre, sur les hauteurs de la ville Capitale, à la 4ème Université d'été du Parti pour l'Action avec le thème «le leadership féminin» décidée, par le leadership féminin, à « apporter, comme modèle de gestion, une solution, une opportunité de déboulonnement d’un système archaïque qui nous a maintenus dans un esprit d'esclavagisme et de prédation», a-t-elle déclaré sans mâcher les mots.

Elle a noté la femme qui est généralement, «peu instruite, peu informée, peu formée, peu épanouie, (comment) pourrait-elle se transformer en moteur de réalisation pour les autres ?».

Et « cette femme même quand elle a étudié, est encore marginalisée dans la sphère publique et cela nécessite d’avantage d’actions en faveur de la promotion de l’égalité de sexe afin qu’il y ait une forte représentation de la femme au sein des partis politiques ainsi que dans les organes de pouvoir et de prise de décision».

Et de signaler « le manque de solidarité entre les femmes (qui) est l’un des grands obstacles au leadership de la femme en politique. La femme ne croit pas en la femme».

Puis cette phrase qui sonne comme une interpellation pour celle qui, un jour, lors d'une séance de travail, se fait demander par un collègue si elle peut servir du café à ses collègues, et qui, nette, refuse, en l'interrogeant : «Pourquoi moi? Pourquoi pas vous? Ne suis-je pas votre égale?». La phrase : «Le leadership n’est pas inné.

Un certain nombre de qualités le sont peut-être mais de nombreuses compétences s’acquièrent et se renforcent aussi. C’est pourquoi, je veux encourager ce matin une femme qui ne croit pas en elle ».

«LEADERSHIP INCONSCIENT»?
«À vous les Femmes du Parti pour l’Action, je voudrais que vous puissiez comprendre que vous êtes cette femme africaine, cette femme congolaise dont je parle, celle qui par la force des choses est devenue un véritable modèle de leadership mais inconsciente de sa valeur, celle qui manque de confiance en soi, et donc peu reconnue.

Cependant, vous êtes cette femme dont l’Afrique a besoin pour se développer, vous êtes la clé de réussite pour une véritable rupture du système de prédation, d’abus, de viol, de corruption, de mégestion, etc., qui enfreint notre développement. La seule chose qui vous manque, c’est la prise de conscience, la confiance en soi, le courage, l’audace, l’instruction et le manque de vision mais comme dit plus haut, on ne naît pas leader, on le devient».
Ci-après en intégralité.

C’est un grand plaisir pour moi d’assister et d’intervenir à cette Quatrième Université d’été du Parti pour l’Action. Et avant de commencer mon exposé, je voudrais remercier les organisateurs de ce séminaire, et plus particulièrement le président Tryphon Kin-kiey Mulumba qui nous a convié à ces assises.

J’ai constaté qu’à ce programme, plusieurs thèmes ont été retenus par le Conseil Politique National dont celui qui m’a été donné : « Le leadership féminin », et je tiens à féliciter le COPONA qui a bien saisi l’importance du rôle de la femme non seulement dans la société mais définitivement en politique.

Je suis la présidente du parti politique AeNC, Alliance des élites pour un Nouveau Congo. Un parti fondé sur les valeurs chrétiennes. La vision de l’AeNC : la rupture du système de prédation par La Kombolisation. Kombolisation qui vient de Kombo, notre balai.

Conçu lors de la tenue de la conférence de Berlin du 15 novembre 1884 au 26 février 1885 et née prématurément «Etat Indépendant du Congo» un certain 1er juillet 1885. Un nom superficiel, EIE mais en réalité propriété privée du Roi Léopold II, début de la colonisation. Cédé quelques années plus tard au royaume de Belgique, qui prend la responsabilité au nom et dans l’intérêt des autres membres de ladite Conférence de nous gérer pour leur bien-être.

L’indépendance en 1960. Prise du pouvoir par les Congolais qui, malheureusement n’ayant pas une vision claire de l’Etat et n’ayant pas un réel modèle de la conduite d’une nation, sont devenus prédateurs eux-mêmes et ont perpétué l’état d’esprit avec lequel nous sommes nés, le Congo est une propriété privée de nos dirigeants et des autres.
Symbole : KOMBO qui représente :

I. Le nettoyage personnel, la nouvelle naissance Jn3,16 et 1Jn 3 :16
- Nouvelle naissance de l’intérieur pour un nouveau Congolais ;
- Transformation personnelle par le renouvellement de l’intelligence pour vivre et agir par l’esprit imprégnée de la Parole de Dieu; Rom12 ;2 Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l'intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait.

II. Le nettoyage autour de soi.
Sensibilisation et conscientisation. Changement de mentalité pour tous, gouvernants et gouvernés, par la transition des valeurs chrétiennes. Evangélisation.

III. L’unité dans la diversité, Eph4;7. Cependant, chacun de nous a reçu la grâce de Dieu selon la part que le Christ lui donne dans son oeuvre.

- Chaque tige du balai représente un Congolais, avec sa volonté et sa détermination d’être membre de la nation congolaise; Uni comme le balai, nous devenons une force.
- Renoncement de soi, Amour de la patrie et besoin de s’appuyer sur les autres Congolais, de toute tribu, de toute ethnie, de toute religion et de tout sexe.

IV. Le prolongement de soi, Lc15;8. Ou quelle femme, si elle a dix drachmes, et qu'elle en perde une, n'allume une lampe, ne balaie la maison, ne cherche avec soin, jusqu'à ce qu'elle la retrouve ?
- Guérison des blessures de l’histoire coloniale et de l’exercice du pouvoir après l’indépendance par un état des lieux, par le pardon et la réconciliation nationale et par l’instauration d’un autre système mondial des relations internationales.

V. Nettoyage des relations politiques et sociales.
- « L’intérêt du peuple congolais au centre de toutes les grandes décisions ».
VI. Restructuration ou nettoyage des institutions en fonction de l'intérêt du peuple.
- Exemple : le Sénat.
VII. Mise en place des Institutions publiques devant conduire à la renaissance de la RDC.

Le Leadership des femmes.
1. Le leadership.
Qu’est-ce le leadership?
Quelques définition que j’ai retenues.
D’après quelques dictionnaires consultés :

- Leadership est un anglicisme qui signifie «fonction, position du leader»; l'influence d'un individu sur un groupe.
- « Le leadership est la capacité d’un individu à influencer, à motiver, et à rendre les autres capables de contribuer à l’efficacité et au succès des organisations dont ils sont membres ».
- Le leadership se définit comme étant un charisme naturel permettant d'influencer et de fédérer autour de soi afin d'atteindre un objectif commun.
- Le leadership est l'influence politique, psychologique, sociale, etc., d'un individu sur un groupe d'individus ou d'un groupe d'individus sur un autre groupe. Le leader a des compétences personnelles qui lui confèrent une différence et qui lui permettent d'être écouté et suivi par un groupe de personnes.
- D’après les travaux des chercheurs Boltanski et Thévenot sur la « théorie des mondes », le leadership peut et est défini comme « la capacité à créer un monde auquel les autres veulent appartenir ». Le leader est alors celui qui crée les passerelles pour que les autres acteurs rejoignent ce monde voulu.
- Ce modèle de leadership ressemble à celui de Christ, le véritable pont qui oublie ses propres intérêts pour construire un monde nouveau qui tient compte de l’autre. C’est celui qui est au service de tous. Mc 9 :33-35, les apotres savoir qui était le plus grand. Si quelqu'un veut être le premier, il sera le dernier de tous et le serviteur de tous.
Jn13 :4-5 Jésus lave les pieds des apôtres.

Alors, si le leadership est une capacité Humaine, pourquoi parler du leadership au féminin?

2. Le leadership féminin.
Quelles sont les spécificités de ce leadership ?
Le leadership féminin se distingue de leadership masculin par le style. En effet :

• Les femmes leaders sont concrètes et orientées sur les résultats.
• Elles exécutent leurs taches avec un besoin d’avancées significatives.
• Elles se positionnent dans l’empathie et l’intelligence émotionnelle.
• Et elles visent l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle donc du fonctionnement de la société en général.

« Une étude récente portant sur la performance de 194 pays en regard de leur lutte contre la Covid-19 révèle que les pays dirigés par des femmes ont généralement mieux réussi à contrôler la pandémie que ceux dirigés par des hommes. D’après le magazine The Conversation, ce sont les capacités féminines de ces dames qui ont mené vers ce résultat car elles étaient plus axées à la collaboration, à la compassion, à l’écoute et à la bienveillance.
Les limites et les leviers dus au leadership féminin.

Une étude mondiale réalisée par le cabinet Hudson (cabinet américain) auprès de 65.000 personnes, a révélé que « la coalition masculine » est la première raison qui empêche les femmes d’accéder à des postes de leadership.
Ce qui signifie que la femme doit dépasser ses propres stéréotypes, ensuite ceux des hommes pour accéder et confirmer sa position de leader.

Elle doit assumer toutes les positions. Elle doit refuser de se transformer en homme pour s’imposer. Elle doit avoir le courage d’exprimer sa personnalité, ses désirs et les réaliser.

3. Le leadership féminin au Congo.
Le leadership au féminin en Afrique et au Congo plus particulièrement se heurte à des problématiques très paralysantes pour les femmes.
Plus nombreuses sur le plan démographique, elles restent les moins considérées dans les sphères principales de la société.

L’histoire nous démontre à suffisance que la femme africaine, la femme congolaise en particulier, a joué un rôle prépondérant dans l’histoire de notre Continent. Elle était à la fois épouse, mère et citoyenne. Sur le plan politique, économique, social et religieux, sa présence fut remarquable tant elle excella dans les postes à haute responsabilité.

Le plus lourd tribut de la colonisation n’est pas le pillage des ressources de l’Afrique mais les changements intervenus dans l’organisation et la structure sociales notamment l’effritement des valeurs qui caractérisaient les rapports hommes/femmes et le rôle de la femme dans la société africaine traditionnelle.

Les politiques nées plus tard des indépendances ont fait exploser les inégalités entre les femmes et les hommes
• Accès limité à l’éducation (les femmes elles-mêmes y ont contribué en sacrifiant la jeune fille au profit du fils).
• Cantonner au rôle de la ménagère.
• Accès limité aux finances.
• Accès limité aux postes de décisions.

Les femmes africaines sont en fait les premières victimes de la tragédie lointaine, de l’esclavage, de plusieurs formes de violence et d’abus jusqu’à nos jours. Elles continuent à subir les conséquences de cette tragédie à travers la mauvaise gestion de la chose publique, de la corruption, des pillages et des multiples guerres que connaissent nos pays, dirigés principalement par les hommes.

Sa substance masculine, déportée, fragilisée, humiliée et sans d’emploi, la société congolaise a vu ses femmes jetées au premier plan pour y jouer un rôle prépondérant pour lequel elles n’étaient pas nécessairement préparées.

4. La nécessité d'un leadership féminin pour l'Afrique, véritable opportunité pour une rupture du système de prédation.
Dans l’imaginaire collectif, la figure du leader est associée à une image masculine et cette image reste totalement vraie pour la majorité des Africains et des Africaines, elles-mêmes. Dans Gen 2, L'Eternel Dieu dit : « Il n'est pas bon que l'homme soit seul; je lui ferai une aide semblable à lui».
Gen 3 :1-6, l’influence de la femme.

La femme doit cesser de se sous-estimer. Premières leaders au monde, les femmes sont aujourd’hui sous représentées dans les instances dirigeantes. Pourtant, leur modèle de gestion, leur leadership est en marche dans le monde et s’avère un atout pour les sociétés de demain.

Nous voulons ici apporter une solution à travers le leadership féminin comme modèle de gestion, comme une solution ou une opportunité de déboulonnement d’un système archaïque qui nous a maintenus dans un esprit d'esclavagisme et de prédation.

Le modèle de la femme africaine ou congolaise nous inspire dans ce contexte puisqu’elle n’a pas été influencée ni impactée par ce modèle de gestion coloniale et masculine mais plutôt celle qui en a subi les conséquences, et qui a fait d’elle non seulement une victime mais aussi une personne engagée, responsable, battante et un véritable leader qui s’ignore.

Or, les responsabilités dont elle fait preuve aujourd’hui doivent devenir la nouvelle vision de la gestion de la cité qui apporterait un vent nouveau profitable à tous.
La responsabilité de la femme congolaise, son oubli de soi pour l’intérêt de tous l’amène à assumer au quotidien sa condition de mère, d’épouse, d’assistante sociale, d’éducatrice, etc., qui fait d’elle un bon manager malgré elle.
Le rôle social ou l’incidence de la femme sur la communauté n’est plus à démontrer et joue un rôle fondamental pour le développement et l’équilibre de la société.

Nous avons eu des héroïnes du passé mais nous en avons encore plusieurs qui sont malheureusement méconnues du grand public.

Je peux citer ici ces grandes héroïnes de tous les jours, celles qui nourrissent des familles nombreuses par un dur labeur et qui envoient à l’école des enfants, avec des commerces dérisoires. Celles dont la résilience n’est plus à prouver. Nos mamans de quartier, les femmes maraîchères, les femmes de militaire, les maîtresses d’école, les vendeuses des pains, les vendeuses au marché, et j’en passe.

Cependant, est-il possible de donner ce qu’on ne possède pas ? Un adage ne dit-il pas : « Eduquer une femme, c’est éduquer toute une nation»? La femme peu instruite, peu informée, peu formée et peu épanouie elle-même, pourrait-elle se transformer en moteur de réalisation pour les autres ? Sans instruction, Sans prise de conscience, sans confiance en elle-même ? Peut-elle être considérée ou appelée Leader ?

Peut-on la regarder avec fierté, chercher à la ressembler et dire voilà un modèle de réussite ? Pourtant, elle est ce véritable leader comme défini plus haut qui s’oublie pour construire un monde nouveau pour les siens.
Elle est ce leader dans l’oubli total de soi qui s’est sacrifié et encadré des fils devenus ministres, p-dg, procureur, directeur, présidents du Sénat, de l’Assemblée nationale, président de la République et, j’en passe.

Et pourtant, cette femme même quand elle a étudié, est encore marginalisée dans la sphère publique et cela nécessite d’avantage d’actions en faveur de la promotion de l’égalité de sexe afin qu’il y ait une forte représentation de la femme au sein des partis politiques ainsi que dans les organes de pouvoir et de prise de décision. Car il n’existe aucune influence possible sans représentation.

- Certains hommes n’acceptent pas l’autorité de la femme en milieu professionnel et tiennent à la garder à l’écart, la considérant bonne pour la cuisine.
- Le manque de solidarité entre les femmes est l’un des grands obstacles au leadership de la femme en politique. La femme ne croit pas en la femme.
Alors que plusieurs instruments juridiques nationaux, régionaux et internationaux devraient l’aider. Mais par manque de solidarité féminine et d’unité, elles s’exposent et sont instrumentalisées par les hommes. Ainsi, le manque de confiance entre elles ne leur permet pas d’être une force pour faire avancer leur cause à travers ces textes légaux.
- Le leadership de la femme en politique est plus bénéfique puisque sa participation dans la sphère de décision profiterait à tous dans les zones de conflits et bien plus dans le processus de paix et électoral là où elle a un très grand rôle à jouer.
- La femme se soucie de tous, du bien-être de l’homme, de la femme, de l’enfant et de la petite fille. Elle est plus consciente du besoin de la complémentarité genre et du partenariat homme/femme. Bref, les hommes comme les femmes elles-mêmes doivent comprendre que c’est dans l’intérêt de tous que nos sociétés soient fondées sur une complémentarité entre les deux sexes et non une dualité, afin de bénéficier ou de jouir pleinement du potentiel de nos richesses, de nos droits en tant qu’être humain, de la paix et d’un développement durable et inclusif profitable à tous.

Conclusion.
Le leadership n’est pas inné. Un certain nombre de qualités le sont peut-être mais de nombreuses compétences s’acquièrent et se renforcent aussi. C’est pourquoi, je veux encourager ce matin une femme qui ne croit pas en elle.

A vous les Femmes du Parti pour l’Action, je voudrais que vous puissiez comprendre que vous êtes cette femme africaine, cette femme congolaise dont je parle, celle qui par la force des choses est devenue un véritable modèle de leadership mais inconsciente de sa valeur, celle qui manque de confiance en soi, et donc peu reconnue.

Cependant, vous êtes cette femme dont l’Afrique a besoin pour se développer, vous êtes la clé de réussite pour une véritable rupture du système de prédation, d’abus, de viol, de corruption, de mégestion, etc., qui enfreint notre développement.

La seule chose qui vous manque, c’est la prise de conscience, la confiance en soi, le courage, l’audace, l’instruction et le manque de vision mais comme dit plus haut, on ne naît pas leader, on le devient. Il faut travailler dessus pour aller de l’avant. Femme africaine, femme congolaise, Ligue des femmes du Parti pour l’Action, j’ai aujourd’hui l’intime conviction que l’Afrique, le Congo n’attend que vous, et a besoin de votre expérience, de vos nouvelles capacités, de votre sens de responsabilité, de votre oubli de soi, de votre sacrifice et intuition, de votre courage, de votre amour et de votre leadership pour prendre enfin un véritable envol.
Je vous remercie.

Kinshasa, 14 novembre 2021.
MARIE-JOSEE IFOKU.


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