- mar, 24/12/2024 - 11:33
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1624|MARDI 24 DECEMBRE 2024.
À Masi - cordiale abréviation de Masimanimba comme l'est Kin pour Kinshasa - il n’existe aucun doute. La population est convaincue comme jamais.
« Le territoire a été au centre d’un complot d’effacement politique avec au cœur ceux qui détestent ce territoire jadis surnommé Quartier Latin pour ses écoles catholiques de grande qualité dirigées par des frères joséphites et des pères jésuites, qui ont formé tant de générations », déclare @kkmtry, le seul à avoir été élu député national en 2006 alors qu’il était candidat indépendant quand le pays entendait dire dans des médias qu’aucun candidat député ne relevant d’une liste de parti politique qui pouvait accepter plusieurs candidats, n’avait la moindre chance d’être élu.
Le Professeur Tryphon Kin-kiey Mulumba qui a fini par créer, l'année suivante, un parti politique, le PA, le Parti pour l’Action, annoncé depuis la cité de Masimanimba, qui n’a jamais quitté son fief, quand certains l’ont fait, n’a jamais changé de circonscription électorale quand d'autres l'ont fait, a, depuis, été élu, réélu, ... réélu. Jusqu’à ses derniers soucis lorsqu’il décide de se porter candidat à l’élection présidentielle et dépose son dossier le 7 août 2018, convaincu de l’échec politique du camp Kabila.
MASI ET SES PROBLEMES.
Ce qui arriva puisque le dauphin de l’ancien président, Emmanuel Ramazani Shadary, annoncé le 8 août 2018, le jour de clôture du dépôt des dossiers de candidature, était à la troisième place, avec 23,87% des voix exprimées (4.357.359) contre 38,57 % (7.051.013) pour Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo suivi de Martin Fayulu Madidi avec 34,83 % (6.366 732), selon les résultats officiels de la Commission Électorale Nationale Indépendante, CÉNI.
Mais les ennuis de Masimanimba ont commencé dès l'Indépendance du Congo, les années 60.
Originaire de ce territoire où il est né au chef-lieu, Cléophas Kamitatu Masamba dit Kwadros, fit à ce point pleurer ses adversaires notamment lorsqu’il parvint à confisquer le poste tant convoité de Gouverneur de la ville de Léopoldville (comprenant la ville-province de l'actuelle Kinshasa autrefois Léopoldville, la province actuelle du Kongo Central, celle du Kwango, du Maï-Ndombe, du Kwilu) qu’il se fit haïr cordialement par tous. Quand en 1963, le pays passe à 26 provinces en plus de la capitale, Masimanimba se trouvait naturellement côté Kwango mais les leaders de cette partie du pays firent obstruction face au leadership de Cléophas Kamitatu.
« Voilà comment nous sommes arrivés au Kwilu. Ne sommes-nous pas contents dans notre province du Kwilu », s’interroge sans cesse dans ses meetings le professeur Tryphon Kin-kiey Mulumba. La réponse est oui. « Nous sommes contents ». Il n’empêche ! Rien ne s'est vraiment totalement accordé dans le Kwilu. À l’origine, toujours «le Vieux Kwadros». Si, au PSA, Parti Solidaire Africain, Cléophas Kamitatu Masamba est président provincial - Antoine Gizenga Fundji est président national.
Mais ce Pende, originaire de Gungu, enseignant à l’Athénée de Kalina, dans la capitale Léopoldville, n’avait jamais été en réalité dans l’espace Grand Bandundu où Kamitatu dit avoir fait élire des députés PSA. Du coup, pour se faire valoir politiquement, Kamitatu réclame, du fait de ses députés, le poste de gouverneur de Léopoldville attribué au PSA, poste que Gizenga revendique au titre de Président national du PSA. Voyant l'un de ses proches rester sans fonctions, Patrice-Émery Lumumba élu premier ministre bouscule le protocole, offre à Gizenga le poste de Vice-premier ministre mais sans portefeuille que celui-ci occupe de 1960 et 1961. Un poste pour inaugurer les chrysanthèmes...
Et Gizenga se rapproche davantage du parti lumumbiste MNC-Lumumba, scindé plus tard en MNL, dont une aile, le MNL/Bocheley avec Gizenga, Pauline Lumumba, Pierre Mulele, André Lubaya.
Arrêté et mis en prison à Bula-Mbemba, pour avoir créé son gouvernement à Stanleyville (l'actuelle Kisangani) reconnu par 21 pays d'Afrique, d'Asie et d'Europe de l'Est, Gizenga fonde le PALU, Parti Lumumbiste Unifié très critiqué par d'autres lumumbistes...
Les ennuis avec Mobutu après l’assassinat de Lumumba constituent une menace pour les lumumbistes que Mobutu fait exécuter vivants tel Pierre Mulele qui avait pris la tête d’une rébellion dans le Kwilu, à Gungu et Idiofa, avec l’exécution en masse des intellectuels et du chef d’état-major général de l’armée de Mobutu piégé.
À la suite de l’opposition de Kamitatu, cette rébellion muleliste qui finit par occuper des espaces entiers du pays notamment dans la province de Grande Orientale, voulut avancer vers le territoire de Masimanimba mais n'y parvient pas. A-t-il été bloqué par une campagne anti-rébellion à Masimanimba ? Mulele réussit à entrer dans le territoire de Bulungu, voisin de Masimanimba.
Sentant un échec cuisant, Mobutu soutenu par la Belgique et les États-Unis qui voulaient contrer l'avancée en Afrique de l'idéologie communiste, Mulele n'a qu'un choix : prendre une pirogue sur la rivière Kwilu, rejoindre les communistes de Brazzaville, capitale brazza-congolaise mais se laisse séduire par Mobutu qui lui promet l’amnistie avant de le faire torturer publiquement le jour même de son retour au pays. «Jusqu’à la mort, lui faisant arracher les yeux, les oreilles, le nez et les parties génitales, ses membres amputés un à un alors qu’il était toujours vivant. Son corps jeté dans le fleuve Congo.
Dix ans plus tard, Joseph-Désiré Mobutu ordonne que la mère de Mulele soit tuée à son tour, la fait tuer avec l'un des fils de Pierre Mulele», écrit Wikipédia.
Resté proche de Mobutu même s'il use de sa liberté de parole, Kamitatu inspire-t-il les traitements infligés par Mobutu à Gizenga et aux lumumbistes ?
Les problèmes de Kamitatu et de Masimanimba dans l’espace Grand Bandundu, n’ont jamais cessé même s’il n’y a jamais eu d’affrontements directs.
VÎNT LE CACH.
Mais l’accord électoral CACH, Cap pour le Changement, signé le 2 décembre 2018 entre trois candidats Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo (Centre du pays), Vital Kamerhe Lwa-Kanyinginyi Nkingi (Est) et Tryphon Kin-kiey Mulumba (Ouest) à l'issue duquel ces deux derniers candidats se désistent en faveur du premier, faisant de Tryphon Kin-kiey Mulumba un partenaire clé dans le Grand Bandundu où il fut directeur de campagne du Candidat Tshisekedi, fut la goutte qui fit déborder le vase certains dans l’espace Grand Bandundu rêvaient de succéder à Kabila en se faisant désigner dauphin.
D’où le sort scellé de Kin-kiey aux Législatives de 2018. Le spectacle le jour de la proclamation des résultats en dit long. La liste de Masi est oubliée quand le bureau de la CÉNI lève la séance. Rappelé avec force par la salle qui crie «Masimanimba, Professeur Kin-kiey, Masimanimba, Professeur Kin-kiey», Corneille Nangaa Yobeluo regagne sa place, son bureau fait de même.
Nangaa surpris, jette un regard en direction de son deuxième vice-président, Léonard Kantintima Basengezi qui, en direct à la télévision, arrache un bout de papier, écrit à la main la liste des députés de Masimanimba, la remet à Nangaa qui y jette un coup d'œil, fait un sourire, remet le morceau de papier au membre de la plénière de la CÉNI, Élodie Nzamuzinda W'Igulu, qui donne lecture. Tout ça en public. Il n'existe point de crime parfait...
Le malheur de Masimanimba va encore s’aggraver quand, lors de la campagne électorale de 2024, au cours d’un de ses rares meetings dans le Grand Bandundu, le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, d’entrée de jeu, face à la Nation, face au monde, a ces mots : « Kwilu, Masimanimba, longonya. Bokotisi ngayi nyongo monene. Masimanimba, Nakeyi na Congo mobimba, namoni mobilisation ya boye te…» (félicitations au Kwilu, à Masimanimba.
Vous venez de me faire contracter une grosse dette. Je n’ai vu aucune mobilisation pareille partout où je suis passé dans le pays…).
Tous ont vu dans ces propos un sentiment de reconnaissance, une promesse faite, une remontée en puissance du territoire.
«Masi, avec le partenaire du Président, va décrocher quelque chose de très grand. Kin-kiey est le prochain Premier ministre ou le président de l’Assemblée nationale… », confie-t-on dans tous les cercles politiques du pays. Voilà pourquoi des ennemis de Masi, portés par des fils égarés de Masi, ont fait circuler des billets verts pour noircir Masi, ont fait rédiger des «dossiers» distribués dans des salles en vue d'empêcher la circonscription d'exister politiquement.
Depuis un an, Masi n'existe nulle part, n'est représenté nulle part. Ni à l'Assemblée nationale, ni au Sénat. La force de frappe de Masi, a réussi à neutraliser à Bandundu Ville, contre vents et marées, et l'Assemblée provinciale et le Gouvernement provincial.
Questions de Kin-kiey posées à répétition dans ses meetings : « Oui, la circonscription de Masimanimba a vu des fraudes massives. C’est la population elle-même qui les a vues en ce moment d’histoire du monde où il n’existe point de secret, et les a mises en lumière, images et vidéos à l'appui. Mais ces fraudes massives que j’ai dénoncées avec force et que j’ai été le seul à dénoncer publiquement, ont-elles été plus massives qu’ailleurs dans le pays ?
Le jour de l’annonce de ces fraudes, la CÉNI, en publiant la liste de Masimanimba dont elle a annulé les scrutins, et a publié la liste de ces fraudeurs, avait annoncé la publication d’autres listes dès le lendemain. Pourquoi n’ont-elles jamais été publiées ? Pourquoi s’en est-on arrêté à Masimanimba ? Pourquoi mon nom a été glissé et par qui sur cette liste de honte, moi qui avais voté au centre de Saka, en pleine journée, avec deux de mes enfants arrivés la veille d’Europe avant de repartir à la maison, à Masimanimba ? »
Dans une église catholique, dans la cité de Masi, à la fin de la messe célébrée par un abbé curé, le doigt en l’air, le regard tourné vers l’abbé, Tryphon Kin-kiey Mulumba jure : « Seigneur Dieu, Roi du Ciel et de la Terre, toi Maître des Temps et des Circonstances, si moi, Tryphon Kin-kiey Mulumba, j’ai touché à une machine à voter, si moi, Tryphon Kin-kiey Mulumba, ai eu tenu des propos quelconques à un agent de police, à un agent de la CÉNI, si l’un de mes proches a touché une machine à voter, s’est mal adressé à un agent de police ou de la CÉNI, Seigneur Dieu, Roi du Ciel et de la Terre, ôtes-moi la vie à cet instant…».
Reste que jamais depuis le début des cycles électoraux en 2006, Tryphon Kin-kiey Mulumba affublé de tous les surnoms, Yha Khala (Grand Crabe), Bakala ya Ngolo (Homme Fort), Ngulungu Shidu Muneni (la Grande bête qui nourrit la contrée) et désormais Boyka (l'invincible boxeur Yuri Bohica), n’a recommandé une personne à un centre de vote, à un bureau de vote ou à la centrale de la CÉNI.
Reste que jamais Tryphon Kin-kiey Mulumba n'avait battu à ce jour une telle campagne de proximité alors qu'il avait toujours été systématiquement élu.
Mercredi 18 décembre, deux jours après la clôture des scrutins, les résultats provisoires des élections législatives nationales et provinciales reprises dimanche 15 décembre 2024, sont tombés.
Yha Khala, Bakala ya Ngolo, Ngulungu Shidu Muneni, Boyka, Tryphon Kin-kiey Mulumba, arrache deux mandats, aux Nationales, 10.600 voix. Il est, en réalité, le seul, hormis un autre, Donald Sindani Kandambu, 8.800 voix, à avoir réalisé un tel tour de force dans un contexte, écrit-il sur son compte X (ex-Twitter), où il a fait face à des puissances financières, politiques et diaboliques» (@kkmtry).
Certes, ce ne sont que des résultats provisoires. Il y a l'art. 73 de la loi électorale qui prévoit des «recours en contestation» qui continueraient de pleuvoir à la Cour Constitutionnelle, pour les Nationales, devant les Cours d'appel faisant office de Cours administratives d'Appel, pour les provinciales.
Sauf que @kkmtry n'a en l'espèce le moindre souci à avoir.
D. DADEI.