- lun, 14/10/2024 - 09:13
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1621|LUNDI 14 OCTOBRE 2024.
Ils vivaient en ces lieux, dans une incroyable exiguïté, dans une proximité extrême, depuis la naissance, le 15 septembre 1987, sous Mobutu, de ce Grand Service de l'État.
Des espaces trop étroits, encombrés, éparpillés entre deux immeubles rectangulaires qui donnent la vue d'un établissement hospitalier.
Jamais l'idée n'avait effleuré quiconque, que l'IGF, l'Inspection Générale des Finances, pouvait se doter d'un espace de travail correct.
RÉSULTATS À LA BASE DE TOUT.
À la base certainement des questions d'argent liées à l'absence de résultats et, du coup, à l'absence de légitimité, de reconnaissance publique. Outre la direction de l'Inspection Générale des Finances, qui compte un Inspecteur Général des Finances-Chef de Service, un Inspecteur Général des Finances-Chef de Service Adjoint, un Inspecteur Général des Finances-Coordonnateur, un Inspecteur Général des Finances-Coordonnateur Adjoint et des services administratifs, 200 Inspecteurs des Finances dont des chefs de brigade galéraient dans un cadre de travail qui n'en était pas un. Entre ces deux bâtiments jumeaux, il était déjà impossible de garer un véhicule...
Il aura fallu attendre l'arrivée au pouvoir, le 25 janvier 2019, de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, pour donner une ambition, une existence, une légitimité à l'IGF et cela après des résultats en quantité engrangés que ce service d'audit supérieur du Gouvernement mène sans répit dans sa lutte contre le détournement des deniers publics et sa reconnaissance dans le pays et à l'étranger.
On pouvait imaginer que ce service de contrôle des finances et des biens publics loge dans l'une des tours du Centre Financier de Kinshasa situé en plein cœur de la Gombe, inauguré avec faste le 19 décembre 2023 par le président de la République en présence de l'alors Premier Ministre Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, du ministre d’État en charge du Budget Aimé Boji Sangara Bamanyirue, du ministre des Finances Nicolas Serge Kazadi Kadima-Nzuji, du P-dg de l’entreprise turque de construction Milvest, Turhan Mildon.
Cela aurait mis à mal l'indépendance posée comme du marbre dans ce grand service de l'État depuis le 1er juillet 2020, date à laquelle Jules Alengete Key est à la tête de l'IGF.
Si, aux termes de l'art.2, al. 2, Ordonnance du 15 septembre 1987, n° 87-323, portant création de l’Inspection Générale des Finances, en abrégé IGF, ce service «vérifie et contrôle toutes les opérations financières de l’État, des entités administratives décentralisées, des établissements publics et organismes paraétatiques ainsi que des organismes ou entreprises de toute nature bénéficiant du concours financier de l’État, des entités administratives décentralisées et des établissements publics ou organismes paraétatiques sous une forme de participation en capital, de subvention, de prêt, d’avance ou de garantie », tout au long de son existence, sa tutelle a fait des aller-retour entre le ministère des Finances et la présidence de la République et, désormais l'IGF est «placée sous l’autorité directe du Président de la République» (art. 4, op. cit.).
Il est vrai que pour garantir l'indépendance et la sécurité de ce gendarme financier, il était inimaginable qu'il se retrouve recroquevillé dans le même bâtiment que les administrations qu'il contrôle et, qui sait ?, piège.
Il n'empêche ! Au vu de ses réalisations, le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo pouvait-il rejeter l'idée de doter l'IGF sur fonds propres d'un immeuble qui surplombe l'avenue des Armées (ex-Haut Commandement), à la lisière de la commune de la Gombe?
« Vous avez été des acteurs très actifs de ce qui est arrivé. Si nous n’avions pas produit des résultats sur terrain, le Gouvernement n’aurait pas trouvé des moyens à consentir à la construction de cet édifice. C’est le travail de tous les Inspecteurs et particulièrement les Inspecteurs généraux.
J’en profite pour vous dire grand merci. Poursuivez sur cette voie parce que notre pays a besoin de la transformation. Il doit aller de transformation en transformation. Et c’est en mettant l’homme qu’il faut à la place qu’il faut que la République Démocratique du Congo peut espérer arriver à cette transformation», déclare, fin juin 2024, Jules Alingete Key, à ses Inspecteurs Généraux, lors d'une visite de prise de reconnaissance des lieux. Donné pour mort, JAK a encore des jours devant lui, aux côtés de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.
ELLE A TOUT RESPECTÉ.
Haut de 27 m, superficie de 7.587,90 m2, l'immeuble qui porte le nom de Étienne Tshisekedi wa Mulumba, le nom de l'opposant anti-Mobutu, anti-Kabila père et fils, le père du président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, en raison de sa lutte intraitable contre les antivaleurs, compte huit étages et un rez-de-chaussée. Il a coûté 8.647.580,32 $US (huit millions six-cent quarante sept mille, cinq quatre-vingt $US, trente-deux centimes) soit 1.080 $US au m2.
Exécuté par une entreprise chinoise, il est doté de trois ascenseurs, d'un système de télésurveillance à la pointe de la technologie avec 180 caméras, d'un système anti-incendie automatique, d'une issue de secours, des parkings aériens, de six salles de réunion qui portent chacune le nom d'un des six Inspecteurs Généraux des Finances-Chef de Service connus à ce jour.
Léon Kazumba-Luaula, la référence de Jules Alingete Key, à qui, il a été dédié un amphithéâtre de 242 places, Joachim Mbuangi Mbuku Lelo, Pierre Ngoma Pingi, Ernest Masioko Sukuruku, Vickor Batubenga Mbayi et Jules Alingete Key, ces cinq dernières salles comptent chacune 40 places. Service de contrôle et de vérification de toute procédure financière de tout ce qui relève de l'État, l'IGF, en l'espèce, dit avoir prêché par l'exemple. Dans une vidéo d'annonce de cet immeuble, elle se vante «d'avoir respecté scrupuleusement la procédure de passation de marchés publics».
Un marché de travaux passé par un processus compétitif lancé par un appel d'offres (rien d'un marché de gré à gré) avec validation de la DGCMP, la Direction Générale du Contrôle des Marchés Publics, placée sous la tutelle du ministère du Budget et l'autorisation de l'autorité de tutelle, la Présidence de la République.
La prévention des risques a été mise sous surveillance étroite du BTC, le Bureau Technique de Contrôle, l'organe technique attitré du Gouvernement, qui a pour objet le contrôle technique et financier de travaux publics, placé sous la tutelle du ministère des Infrastructures et des Travaux Publics.
Si, à la nomination de JAK à la tête de l'IGF, le 1er juillet 2020, ce service ne comptait que 55 Inspecteurs des Finances (nombre d'autres l'ayant abandonné pour absence de résultat), les Inspecteurs des Finances ont, depuis, vu leur effectif quintupler et rajeuni suite au recrutement effectué entre 2020 et 2021.
Aujourd'hui, l’IGF compte 225 inspecteurs dont 55 Inspecteurs Généraux, 170 Inspecteurs et 1 Inspecteur principal.
Organisé en brigades, ce corps des inspecteurs est désormais, plus que jamais, le premier service d’appui à la mobilisation des recettes publiques.
Comme organe supérieur de contrôle des finances publiques, l'IGF effectue des missions de surveillance a priori et a posteriori. Elle est présente à la Banque Centrale du Congo, BCC, à la Direction Générale de Douanes et Accises, DGDA, à la Direction Générale des Impôts, DGI, dans des provinces et dans des entités territoriales décentralisées, ETD.
Parmi les grandes missions d’enquête qui marque l'histoire, il faut citer le démantèlement des cartes des crédits liées aux comptes de la BCC dont bénéficiaient illégalement des dignitaires du régime Kabila ; le contrôle des fonds Covid-19; le contrat chinois dit «contrat du siècle», qui a permis au pays de récupérer 7 milliards de $US ; la gestion des fonds de l’EPST ; le scandale du Parc Agro-Industriel de Bukanga Lonzo ; etc. Certes, les fonds détournés n'ont toujours pas pris le chemin des caisses du Trésor public mais là est une autre histoire, l'histoire de la justice congolaise...
Il faut dire que dès son avènement à la Présidence de la République en 2019, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a donné à l'IGF les moyens d’action et a renforcé les prérogatives de ce service relevant de son autorité directe.
L’interdiction des mouvements des comptes publics, la suspension des comptables publics et les suspensions des gestionnaires en cas de gravité des faits figurent parmi les nouvelles prérogatives reconnues à l'IGF.
T. MATOTU.