- lun, 20/05/2024 - 11:51
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1609|LUNDI 20 MAI 2024.
Le bureau du Président de la République doit avoir un mur de protection sécurisé infranchissable.
Sous les cris de «Ingeta», un cri de guerre en lingala qui signifie « qu'il en soit ainsi » que l'on entend régulièrement sur les réseaux sociaux des milieux de l'opposition armée de la diaspora, mais aussi de «Zaïre» brandissant le drapeau vert-jaune- rouge du régime de Mobutu, ils ont occupé brièvement, dans la nuit de samedi 18 à dimanche 19 mai, entre 04:00’ et 05:00’ du matin, le cœur du pouvoir, le Palais de la Nation, siège de la Présidence de la République situé le long du fleuve, en face de la ville de Brazzaville, dans le quartier sécurisé de la Gombe où nombre d'ambassadeurs occidentaux - États-Unis, Grande Bretagne, Allemagne, Belgique, etc. - ont leurs résidences voire pour certains, le siège de leurs ambassades.
Peu avant de s'introduire au cœur du pouvoir, dans le lieu mythique où eurent lieu le 30 juin 1960 les cérémonies de proclamation de l'indépendance en présence du Roi des Belges Baudouin 1er, de son premier ministre Gaston Eyskens, du président Joseph Kasavubu, du premier ministre Patrice Émery Lumumba, ces assaillants avaient assiégé la résidence du Vice-premier ministre en charge de l'Économie, Vital Kamerhe Lwa Kanyinginyi Nkingi, sur l'avenue Roi Baudouin, à une minute de là.
CIBLE RÉELLE ?
Quel lien entre cet assaut de la résidence du Vice-premier ministre en charge de l'Économie et «une tentative de coup d'état» dont font état diverses sources d'enquête dont le général Sylvain Ekenge, commandant du Service de communication et d'information des FARDC qui s'est brièvement exprimé dimanche à la mi-journée parlant d'une implication des «étrangers et des Congolais», tous mis «hors d’état de nuire» et promettant d'y revenir avec plus de détails ?
«Après avoir été repoussés par la garde du Vice-Premier ministre en y laissant deux morts, les assaillants se sont rendus au Palais de la Nation», indique une autre source.
«Une tentative de coup de coup d'état»? Et cela se passe par l'attaque de la résidence d'un privé, fût-il un homme politique de premier plan appelé à prendre le perchoir de la Chambre basse du Parlement très disputé avec deux anciens présidents de Chambre, Christophe Mboso N'Kodia Pwanga et Modeste Bahati Lukwebo au point d'être contraints par le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo de s'affronter dans une primaire qu'il a gagnée haut la main? La résidence de Vital Kamerhe Lwa Kanyinginy Nkanga était-elle une cible ?
Un coup d'état ne commence-t-il pas par viser un objectif principal, le principal aéroport du pays par exemple, la résidence du Président de la République, la radio-télévision nationale, des sites militaires? Vingt hommes armés peuvent-ils atteindre cet objectif tant vanté?
Selon toute vraisemblance, ces personnes dont des étrangers pur sang - des Américains, d'autres disposant de passeports canadiens - venaient de Brazzaville et séjournaient depuis peu à Kinshasa. Ces assaillants avaient déjà tué au moins une personne dans le quartier de Delveaux dont ils auraient confisqué un véhicule, un Range Rover, utilisé pour l'assaut.
UN AMATEUR?
N'étaient-ils pas connus et suivis par les services d’intelligence ? La frontière qu'est le fleuve serait-elle sous contrôle ou pas ?
Comment ces hommes ont-ils pu prendre si facilement le Palais de la Nation, allant jusqu'à y organiser dans le hall de la Rotonde pendant de longs moments une activité transmise en direct sur les réseaux sociaux ?
Le Palais de la Nation, siège de la Présidence de la République, ne devrait-il pas avoir un mur de protection sécurisé infranchissable par le premier quidam ?
Des questions qui conduisent à des interrogations mais demandent des réponses.
Le meneur de cette opération qui apparaît, à l'analyse, comme un amateur et qui a laissé sa peau, serait un certain Christian Malanga Musumari.
Né le 2 janvier 1983, il s'agit d'un ancien officier militaire des FAZ, l'armée de Mobutu, reconverti en homme d’affaires dans le secteur de l'or avec des partenaires américains avec des tentacules au Mozambique.
Réfugié aux États-Unis, dans l'État de l'Utah, Christian Malanga Musumari se lance dans la politique lors des élections de 2011 et crée un parti politique, UPC, le Parti Congolais Uni puis Nouveau Zaïre. Il vit entre les États-Unis et la Belgique.
Il était également connu pour son activisme sur les réseaux sociaux où il s'affirme comme un homme violent parlant de changement de régime au Congo.
Alors que le groupe d'hommes portant des tenues aux effigies du Zaïre et armés était dans le hall de la Rotonde au Palais de la Nation, un live sur sa page Facebook montre Christian Malanga se faisait appeler «Président Malanga du Zaïre» par son fils, Marcel Malanga, 22 ans, adjoint de son père dans cette lutte.
On entend sur une vidéo Christian Malanga Musumari s'adresser aux militaires, en lingala et en anglais, vanter le Zaïre, déclarer que «l'heure est arrivée», «qu'il faut que nous, soldats, prenions le pouvoir ; qu'on en a marre avec les policiers».
Dans un tweet, l'Ambassadeure des États-Unis à Kinshasa, Lucy Tamlyn se dit «choquée par les événements de ce matin et très préoccupée par les rapports faisant état de citoyens américains prétendument impliqués ».
Elle appelle les autorités congolaises « qu'elles enquêtent sur ces actes criminels et tiennent pour responsables tout citoyen américain impliqué dans des actes criminels ».
ALUNGA MBUWA.