- mar, 23/03/2021 - 21:33
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1522|MARDI 23 MARS 2021.
La guerre des YouTubers reprend de plus belle. Toujours aussi féroce. Longtemps, elle opposa jeunes de l’UDPS qui en détiennent la marque et ceux marqués au fer rouge - les Bérets Rouges - des sportifs kabilistes agissant pour compte des FCC.
Mais depuis que les FCC se sont désintégrés en vol, le front est calme, les sportifs préférant tourner leurs armes contre leurs dirigeants, d’une part Néhémie Mwilanya Wilonja, l’ancien DirCab de Kabila, coordonnateur de la méga plateforme désormais inexistante, d’autre part le secrétaire permanent du PPRD, Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie, Emmanuel Ramazani Shadari, dauphin de Kabila échoué à la Présidentielle de décembre 2018.
C’est pour n’avoir pas su anticiper les événements - la descente aux Enfers des Kabilistes - comme l’échec enregistré à la présidentielle que l’ex-dauphin est visé par les saillies de ses propres chiens dressés. Il est reproché à l’ex-dauphin un radicalisme inexpliqué depuis sa déconfiture électorale écartant toute possibilité de rencontre avec le Président de la République.
Il serait à la base de l’entêtement du Vice-Premier ministre en charge de la Justice Célestin Tunda Ya Kasende qui conduisit à sa désactivation et à sa démission en juillet 2020 surtout sa phrase guerrière prononcée le 27 juin 2020, devant les cadres du PPRD, devant Tunda lui-même, dans une salle conquise, debout sur une chaise, le doigt de fureur en l’air : «on ne peut pas nous intimider».
ESCALADE VERBALE NOMMÉE SHADARI.
Là où on attendait une désescalade, Shadari aurait exercé au contraire une même influence sur les présidents des Chambres Jeanine Mabunda Lioko et Alexis Thambwe Mwamba comme sur le Premier ministre Sylvestre Ilunga Inlunkamba. La suite est connue...
Il lui est aussi reproché d’avoir détourné à son profit des millions de US$ de campagne mis à sa disposition par l’ex-président de la République en acquérant ou en érigeant des immeubles dans la ville de Kinshasa et dans d’autres provinces.
L’escalade verbale que Shadari a soutenue - un véritable bras de fer avec le Président de la République - serait, pour les jeunes kabilistes, à la base de l’effondrement politique actuel du PPRD-FCC. D’où la nouvelle posture des YouTubers PPRD-FCC dont nombre ont déserté leur quartier envoyant des messages explicites à la nouvelle tendance quand des caciques désespérés ont créé chacun son propre parti...
Ces Bérets rouges créés en septembre 2017 par l’ex-Vice-premier ministre en charge de l’Intérieur et Sécurité alors secrétaire général du PPRD, qui fut aussi ambassadeur en Belgique et à l’Union Européenne, Henri Mova Sakany, celui-ci avait imposé à ses sportifs la danse du ventre transformée en pompes afin de les identifier, expliquait-il, «à une tradition révolutionnaire» qui ne les rapprochait pas «nécessairement du Black Panther Party ou BPP (à l’origine Black Panther Party for Self-Defense), mouvement révolutionnaire de libération afro-américaine d’inspiration marxiste-léniniste et maoïste créé le 15 octobre 1966 en Californie par Bobby Seale et Huey P. Newton.
Pourtant, quatre mois après leur mutation, ces jeunes rencontraient au Burundi les Imbonerakure («ceux qui voient loin» en langue kirundi) appelés aussi CNDD-FDD Youth ou CNDD-FDD Jeunesse, des jeunes du mouvement politique burundais affilié au Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD) créé par l’alors président Pierre Nkurunziza, soupçonnés de servir de milice à l’armée burundaise en vue de défendre le pouvoir, accusés de violences et de tueries dans le pays.
L’ESCALADE VERBALE CHANGE DE FRONT.
La guerre avec les PPRD-FCC semble, du moins pour l’instant, avoir pris fin, faute de combattants. Elle s’ouvre désormais sur un autre front que d’aucuns voyaient venir : celui avec les jeunes d’Ensemble pour le Changement, le parti de l’ancien gouverneur multi-millionnaire de l’ex-Katanga, Moïse Katumbi Chapwe.
Dans une vidéo réalisée dans une salle, les katumbistes s’en prennent sans gant au parti présidentiel UDPS et au président a.i Jean Marc Kabund-A-Kabund, 1er Vice-président de l’Assemblée nationale qui s’en serait pris à l’ancien gouverneur. Les jeunes katumbistes annoncent des dossiers sales, veulent éventrer le boa - en clair une guerre meurtrière - si leur leader continue à être jeté en pâture pour des détournements de fonds publics «non prouvés».
Chez les combattants, la réaction est immédiate. Une vidéo menace les Katumbistes des pires représailles (les «lumbe-lumbe-Mwete Mwete», opération résidence connue), citant nommément l’ancien gouverneur accusé de vouloir profiter de l’Union sacrée de la Nation pour faire revivre au pays les tripatouillages de Genève, la réunion de novembre 2018 qui porta à la surprise générale Martin Fayulu Madidi, à la candidature pour la présidentielle de décembre 2018.
Les Katumbistes poseraient des conditions inacceptables dans la distribution des postes ministériels dans le Gouvernement Sama Lukonde réclamant des ministères clé en tête celui des Mines. Le problème est que cette guerre des youtubers traduit l’état d’esprit au sommet des partis politiques qui composent les contenus à développer.
D. DADEI.