- ven, 28/12/2012 - 14:49
Sur nos guerres répétition, rien ne sera plus jamais comme avant.
Comme avant lui le RCD d’émile Ilunga Kalambo, Adolphe Onusumba Yemba, Azarias Ruberwa Manywa, Jules Mutebutsi, Laurent Nkunda (Batware) Mihigo, Ernest Wamba dia Wamba, tous les analystes l’avaient annoncé. Le M-23 et ses leaders, qu’ils s’appellent Sultani Makenga ou Jean-Marie Runiga, pourraient être à leur tour liquidés sur l’autel de la realpolitik.
l LE SOFT INTERNATIONAL | ÉDITION NATIONALE | N° 1208 | LE 28 DECEMBRE 2012
Les développements des derniers jours ont apporté l’éclatante démonstration d’une règle qui n’a jamais failli.
Le jour même de la Nativité, à l’occasion de sa traditionnelle bénédiction à la ville et au monde, le Saint Père en personne montait au créneau pour lancer un appel ému en faveur du retour à la paix dans l’Est de la République démocratique du Congo.
Il a souhaité «que le Rédempteur apporte aide et réconfort aux réfugiés de l’Est de la République Démocratique du Congo et donne la paix au Kenya, où de sanglants attentats ont touché la population civile et les lieux de culte»
LA BRONCA.
Dans le même ton, et au même moment, l’une des voix les plus respectées d’Europe, le Roi Albert II des Belges, se disait «consterné» par le non-respect de l’intégrité du territoire de la RDC et par les violences qui s’y déroulent. «Je suis consterné de voir que les drames des populations dans l’Est du Congo se poursuivent, avec tant de violences et de réfugiés, et que l’intégrité du territoire congolais n’est pas respectée», s’est-il indigné.
L’indignation du souverain belge est allée encore plus loin en stigmatisant les exactions contre les populations civiles et, particulièrement, l’agression dont le Dr Denis Mukwenge, celui-là même qu’on surnomme le réparateur des femmes violées, a été l’objet.
«La récente tentative d’assassinat du Docteur Mukwenge, qui soulage les souffrances de tant de femmes dans cette région et qui a reçu il y a deux ans le Prix Roi Baudouin, illustre de façon dramatique cette tragédie», a poursuivi le Roi Albert II, ajoutant que «tous ces développements ne peuvent nous laisser indifférents».
Plusieurs autres voix se sont associées à cette émotion.
Le cas de la tribune publiée le 25 décembre dans le prestigieux quotidien français «Le Monde» par l’ancien président français Jacques Chirac, dont on connaît l’attachement à l’Afrique et, particulièrement à la RDC, et qui compte de nombreux réseaux encore actifs tant en France que sur le Continent. Une tribune cosignée avec plusieurs autres personnalités dont l’ancien président sénégalais et actuel secrétaire général de l’Organisation Internationale de la Francophonie, Abdou Diouf, l’ancien champion du monde des poids lourds Muhammad Ali (connu aussi sous son ancien nom de Cassuis Clay) ainsi que la compagne du président français François Hollande, Valérie Trierweiler. Rien que du beau monde. Mais aussi et surtout des voix qui comptent et qui portent. D’autant que leur appel a récolté de nombreuses autres signatures emblématiques des personnalités tant politiques, diplomatiques que du monde des arts.
«Eau, soleil, terres fertiles, le Kivu aurait tout pour vivre heureux», écrivent-ils. Mais, déplorent-ils, «des escadrons, dont le groupe baptisé M23, font des incursions à Goma et sèment la terreur dans sa périphérie. Ils portent de beaux uniformes et brandissent des armes neuves.
D’où viennent-ils? Ils ravagent et ils tuent. Et ils violent. Ils violent par centaines de milliers les femmes et les enfants pour terroriser la population. Ils violent pour détruire. Ils violent pour arracher à jamais les identités. Et les enfants qu’ils n’ont pas massacrés, ils les enrôlent de force». (lire en page 3).
LA PEUR A CHANGÉ DE CAMP.
C’est donc une véritable clameur internationale qui poursuit le M-23 et qui n’est pas près de retomber. A l’exemple de la décision historique de Londres, il y a peu, de couper son aide budgétaire au Rwanda, à la suite des rapports concordants des experts des Nations Unies confirmant l’implication de ce pays, mais aussi de l’Ouganda dans le soutien apporté à la rébellion.
Des experts qui indiquaient, notamment, que Le gouvernement du Rwanda continuait de violer l’embargo sur les armes en apportant un soutien militaire direct aux rebelles du M-23, en facilitant leur recrutement, en encourageant et facilitant les désertions au sein des FARDC, ainsi qu’en fournissant des armes, des munitions, des renseignements et des conseils politiques». Ils ajoutaient: «Les forces armées rwandaises ont armé les rebelles, facilité l’évacuation des blessés vers le Rwanda et partagé des équipements de communication avec le M23».
A la suite de tous ces rapports, le président américain Barack Obama montait personnellement au créneau la semaine dernière pour lancer un appel ferme au chef de l’Etat rwandais l’invitant à cesser de soutenir le M23 et à favoriser le retour à la stabilité dans l’Est de la République Démocratique du Congo.
Une chose est désormais sûre. Une mobilisation sans précédent est en train de se déployer sur la scène internationale contre le M-23. Elle fait écho à une autre, celle de tout un pays qui s’était mis debout, dès le 1er août, à travers ses confessions religieuses, pour dire non à l’agression. C’était avant de dépêcher, d’abord à New York, puis à travers l’Amérique et le continent européen, ses leaders spirituels porteurs du message du Congo profond contre la balkanisation et en faveur de la paix.
Poussé dans les cordes, Kigali n’a plus désormais, pour tenter de sauver une image en train de s’effondrer littéralement, d’autre choix que de lâcher prise et de rendre les armes en sacrifiant cette rébellion par laquelle le scandale de son opprobre est arrivé. Ce n’est sans doute pas pour rien que le M-23 s’accroche désormais à sa demande de cessez-le-feu aux pourparlers de Kampala, dans l’espoir de d’y tirer à la fois reconnaissance et avantages territoriaux. Pas sûr que le Gouvernement lui fasse ce cadeau.