- mer, 13/12/2017 - 06:40
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Qu’est-ce qui oppose donc les deux hommes qui ne se ratent plus désormais en public et se décochent des flèches empoisonnées?
Ils ont tous les deux été au Conclave de Genval en banlieue bruxelloise. Ils sont tous les deux des proches de feu Etienne Tshisekedi wa Mulumba, chacun révendiquant son héritage.
Si l’un est Tetela du Sankuru (Olenghankoy), l’autre est originaire du Kasaï Central (Tshibala), et tous les deux viennent du Kasaï.
Si, chacun d’eux, est à la tête d’un organe majeur de cette transition, le premier à la tête d’un CNSA (Conseil National de Suivi de l’Accord de la Saint-Sylvestre), le second trônant au Gouvernement qu’il «dirige» au titre de Chef du Gouvernement et qui, de ce fait, dispose de pouvoirs immenses… à condition d’en faire bon et parfait usage!
C’est le premier qui a fait parvenir au Président de la République une liste de trois noms sur base de laquelle le Chef de l’Etat a nommé un Premier ministre, Bruno Tshibala Nzenzhe. C’est celui-ci qui a joué de son entregent au sein des Institutions pour faire accréditer la thèse selon laquelle le poste de Président du CNSA revenait à Joseph Olenghankoy, non à l’ancien conseiller spécial du Président de la République en charge de questions de sécurité, Pierre Lumbi Okongo…
Qu’est-ce qui oppose les deux hommes qui ne se ratent plus désormais en public et se décochent des flèches?
C ‘est auprès du Président du CNSA que les ministres issus de l’opposition sont allés se plaindre de leur Premier ministre qui aurait transmis un «faux» au Parlement. S’agissant du projet de loi de révision de la loi électorale en vigueur… «Plébiscité» dimanche 10 décembre 2017 président de l’UDPS à l’issue d’un Congrès qu’il a convoqué à Kinshasa, le Premier ministre a essuyé des critiques en règle de Joseph Olenghankoy et, à l’international.
«C’est un dédoublement [de l’UDPS]!», déclare à Jeune Afrique, Joseph Olenghankoy qui exclut de considérer Tshibala comme le nouveau chef de l’Union pour la démocratie et le progrès social. Pour qui «on ne se déclare pas leader d’un parti par des cris, il faut un acte juridique. Il faudrait normalement qu’un congrès rassemblant l’UDPS dans son ensemble soit organisé pour que la mémoire de ce grand homme que fut Étienne Tshisekedi ne soit pas offensée», commente Olenghankoy qui - en «[sa] qualité de président du CNSA», ne reconnaît aujourd’hui «pas d’autre chef à la tête de l’UDPS qu’Étienne Tshisekedi». «Tant que je n’ai pas vu de document dans ce sens sur mon bureau, je ne peux considérer M. Tshibala comme le nouveau président de l’UDPS», poursuit-il, cinglant. «Nous le soutenons comme Premier ministre, mais nous ne le suivons pas dans une dynamique de l’explosion du parti», surenchérit Corneille Mulumba, porte-parole des Pionniers de l’UDPS, structure qui rassemble «les personnes qui ont milité au sein de l’UDPS avant sa reconnaissance officielle en avril 1990» et, depuis, début octobre, conseiller technique à la Primature en charge des stratégies politiques et prospectives mais qui dit n’avoir «toujours pas de bureau».
Des observateurs notent que Tshibala - ayant entamé une spirale qui ressemble à la diagonale du fou [sur un échiquier] et qui se dirige littéralement à sa perte», celui qui avait été, début avril, écarté par le Président de la République dans la course au poste de Premier ministre, sent son heure venue. Olenghankoy multiplie des coups de crosse contre le Premier ministre. En vue du match de second tour…
ALUNGA MBUWA.