La guerre du Sénat aura lieu
  • ven, 05/02/2021 - 12:47

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1516|VENDREDI 5 FEVRIER 2021.

Souvent repoussée par toutes formes d’artifices, la guerre au Sénat était chaque jour inévitable. Elle était attendue. La faute c’est l’absence de bonne perception politique dans le chef de certains acteurs de l’ex-parti présidentiel et de sa mosaïque.

Comme les Mobutistes qui rêvaient au lendemain de la chute du Léopard, le 16 mai 2017, de sa résurrection et de leur retour au pouvoir, les Kabilistes n’avaient que ça en tête. Ils chantaient à tue-tête, le béret rouge vissé sur le crâne... Rampant à même le sol, s’adonnant à la danse du boa...

DES DOSSIERS, QUE DE DOSSIERS
D’ARGENT.

Pourtant que de dossiers contre le bureau présidé par Alexis Thambwe Mwamba !
Le questeur du Sénat Eric Rubuye a disparu dans la nature. C’est l’homme clé de l’ex-parti présidentiel PPRD et de sa multitude de partis politiques.

A ce poste où auraient transité notamment pas moins de 600 millions de US$ (CDF 107.393.869.128,82 pour la période allant de janvier 2019 à fin 2020) irretracables, «pas justifiés» et que recherche l’IGF, l’Inspection Générale des Finances, il avait dû affronter en juillet 2019 le Sénateur Guy Loando Mboyo de la Tshuapa, ex-Equateur, menacé de mort physique pour avoir eu le toupet de concurrencer Eric Rubuye.

Il y a eu l’affaire Bijoux Goya Kitenge, la sénatrice élue du Katanga traitée de «bonne pour le sofa, rien qu’une immorale» quand elle engage une procédure réglementaire en lien avec le contrôle parlementaire. Des millions de US$ ont été engloutis de connivence avec un entrepreneur asiatique dans la réfection de l’hémicycle de la Chambre haute sans que le budget n’ait été inscrit, voté et autorisé par l’assemblée plénière...
Bijoux Goya saisit la justice et veut s’entendre dire le droit. Elle s’estime outragée...

Il faut rappeler que la Sénatrice est membre du parti politique AFDC & Alliés du Sénateur Modeste Bahati Lukwebo, candidat président au bureau du Sénat retoqué avec violence par les partis PPRD et ceux dits de la mosaïque de la Kabilie et politiquement indexé... Mais dont l’espoir renaît avec le projet dit de l’Union sacrée de la Nation porté par le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.

Dans son discours de nouvel an, le Président de la République désigne en effet Modeste Bahati Lukwebo informateur en chargé d’identifier une nouvelle majorité parlementaire. Une décision qui fait suite « à la fin de l’accord politique entre les Forces politiques membres du Cap pour le Changement des mentalités (CACH, du président de la République Tshisekedi) et celles du Front commun pour le Congo (FCC, de l’ex-président Joseph Kabila) ».

UN INGREDIENT CENTRAL MANQUE
POUR FAIRE LA SAUCE.

Désormais en première ligne dans le pays, l’ancien ministre (passé successivement au Travail, au Plan, à l’Economie nationale après avoir été président de la Société nationale d’assurance), celui qui fut le premier à se rapprocher du nouveau président dès janvier 2019, sans néanmoins s’afficher publiquement, peut activer toutes sortes de ressorts en vue de punir celui qui lui a ravi son poste de deuxième personnage de l’Etat susceptible de remplacer le Président de la République en cas de vacance à ce poste. La vengeance est nul doute ce plat qui se déguste surgelé. Et, une nouvelle fois, on vit cette vérité toute crue...
Alexis Thambwe Mwamba est donc rattrapé...

Certes, Jeanine Mabunda Lioko Mudiayi a passé son marteau à la Chambre basse du Parlement après Benoît Lwamba Bindu de la Cour constitutionnelle et avant Sylvestre Ilunga Ilunkamba qui a fini par jeter son éponge en emportant son gouvernement.
Mais tant qu’Alexis Thambwe Mwamba restait à son poste, nul doute, jamais les convives ne sauraient passer à table et savourer la sauce. Il manquerait à celle-ci un ingrédient mais un ingrédient central qui en détient le goût.

Nul doute que même s’il a eu recours à un génie d’artifices - traînant à convoquer une session extraordinaire réclamée par le Président de la République, trouvant son moment pour enfin tenir celle-ci, rejetant toute demande de parole de ses collègues, y voyant un piège, il existe tout dans l’arsenal juridique pour déjouer ce jeu.

POUR THAMBWE, LES CAROTTES SONT BIEN CUITES.
Ainsi le Secrétaire général du Sénat, Gilbert Kikudi Kongolo Ndjibu a dû convoquer une plénière jeudi 4 février 2021 en vue d’identifier et d’installer le bureau d’âge afin de délibérer sur le cas du président du bureau du Sénat. Dans la foulée, il a saisi l’administrateur directeur général de la chaîne nationale Rtnc en vue de la retransmission en direct de l’événement.

En réaction, le professeur Kaumba Lufunda, rapporteur du Sénat et membre de l’ex-parti présidentiel PPRD, dit non et alerte les sénateurs sur la nécessité de veiller au strict respect de la légalité, disant que la plénière convoquée l’était en violation des lois et règlements qui régissent la chambre haute, qu’elle est nulle et de nul effet quand une réunion d’urgence est convoquée dans la soirée par Alexis Thambwe Mwamba en vue de statuer sur la question.

Impossible pourtant d’arrêter le temps. Un bureau d’âge est installé, présidé par le Sénateur Léon Mamboleo Mughuba. Il sera assisté par deux moins âgés, Victorine Lwese Bakwamoyo et Reagan Ilanga Bakonga. Mission : examiner les pétitions visant les membres du bureau Thambwe Mwamba, élection et installation d’un nouveau bureau de la Chambre haute. Voyant venir le danger, la rapporteure adjointe du bureau Thambwe Mwamba, Marie-Josée Kamitatu Sona, anticipe en remettant sa démission au doyen d’âge. Pour ATM, les carottes sont cuites. Ou il s’en va, ou il sera humilié, jure-t-on.
ALUNGA MBUWA.


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