- lun, 10/02/2025 - 10:39
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1629|LUNDI 10 FÉVRIER 2025.
La récente recrudescence de la violence à l'Est du Congo a entraîné d’importantes pertes en vies humaines, au moins 3.000 morts dans la prise de Goma par l'armée rwandaise RDF et leurs supplétifs du M23, des traumatismes, des déplacements et la destruction d’infrastructures de santé critiques, aggravant une situation déjà désastreuse pour des millions de personnes.
La situation demeure tendue et imprévisible, et les besoins en matière de santé sont considérables. L’OMS, l'Organisation Mondiale de la Santé, reste sur le terrain et continue à répondre aux besoins sanitaires en apportant des fournitures médicales vitales et un soutien aux personnels de santé et en coordonnant la riposte d’urgence. Les hôpitaux et les morgues sont débordés. Depuis le 26 janvier, 3082 blessés et 843 morts ont été signalés dans 31 établissements de santé à Goma et aux alentours. Avec l’augmentation alarmante de la violence plus au sud, 65 blessés ont été signalés dans trois hôpitaux du Sud-Kivu.
On s’attend à ce que ce nombre augmente encore à mesure que de plus en plus de blessés pourront atteindre les établissements de santé et que davantage de cadavres seront retirés des rues. Les infections des plaies présentent un risque pour ceux qui n’ont pas pu parvenir rapidement aux établissements de soins de santé, et ces derniers commencent à manquer de fournitures nécessaires pour le nettoyage et la désinfection. Il est pénible de voir des corps gisant à même le sol.
Bien que le corps d’une personne décédée des suites de traumatismes ne soit généralement pas porteur de maladies et n’en propage pas, les défunts ont le droit d’être identifiés et de recevoir une sépulture appropriée, et il est important pour les vivants de savoir que leurs proches ont reçu ces soins.
DISPENSAIRE OCCUPÉ.
Plus de 70 (6 %) établissements de santé du Nord-Kivu ont été touchés, certains complètement détruits et d’autres peinent à reprendre leurs activités. Des ambulances ont été endommagées. Un dispensaire soutenu par l’OMS a été temporairement occupé par des groupes armés.
Dans certains endroits, les agents de santé ont dû fuir, ailleurs, certains travaillent 24 heures sur 24 pendant des jours, avec des ressources limitées et une demande considérable, et parfois au péril de leur vie. Le cancer, le diabète, l’hypertension, la santé mentale et d’autres services courants sont également touchés, car le stock de médicaments est épuisé et les agents de santé sont absents ou surchargés.
Le risque de décès pendant la grossesse ou l’accouchement a augmenté par rapport à des niveaux qui étaient déjà élevés. Compte tenu de l’insécurité, les femmes enceintes ne peuvent pas se rendre dans les établissements de santé pour accoucher en toute sécurité. L’expérience tirée des conflits dans la région a montré leurs conséquences brutales. Le taux d’accouchements en présence de personnels de santé qualifiés chute à près de zéro pendant les périodes de violence intense. La menace des maladies infectieuses s’est multipliée.
Le choléra, le paludisme, la rougeole, la méningite, la mpox et la tuberculose figurent parmi les menaces infectieuses qui pèsent sur la zone. À Goma, l’approvisionnement en eau n’a que partiellement repris, ce qui a conduit la population à utiliser l’eau du lac et a accru le risque de propagation du choléra. Près de 600 cas suspects de choléra et 14 décès ont été signalés entre le 1er et le 27 janvier.
L’Est du Congo, en particulier le Sud-Kivu, est l’épicentre de la flambée de mpox qui a conduit le Directeur général de l’OMS, l'Éthiopien, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, à déclarer une urgence de santé publique de portée internationale en août dernier. Les efforts de riposte déployés pour lutter contre la mpox sont fortement touchés.
En effet, 90 % des patients atteints de cette maladie (128 sur 143) et placés dans les unités d’isolement de Goma, avaient fui pour se mettre à l’abri, et de ce fait, il était presque impossible de leur fournir des soins, augmentant ainsi le risque de propagation. Dans la région, une personne sur quatre était déjà confrontée à des niveaux d’urgence d'insécurité alimentaire, et les récentes violences devraient aggraver la situation. La malnutrition et la maladie vont de pair : les personnes souffrant de malnutrition sont moins en mesure de lutter contre la maladie, tandis que celle-ci aggrave la malnutrition.
Ce cercle vicieux est particulièrement préoccupant lorsqu’il s’agit d’enfants, de femmes enceintes et allaitantes. Les habitants de Goma représentaient plus de 2 millions de personnes, dont 700.000 personnes déplacées par cette crise. Ces personnes ont dû fuir une fois de plus, en quête de sécurité. Elles vivent dans des structures temporaires, leur santé et leur sécurité étant menacées.
Une évaluation de 10 établissements de santé à Goma et aux alentours a montré une augmentation préoccupante du nombre de viols et d’autres actes de violence fondée sur le genre : 45 cas ont été signalés parmi les personnes déplacées et 21 survivantes de viols collectifs ont été admises dans deux hôpitaux. Ces chiffres ne sont que la partie émergée de l’iceberg.
L’aéroport de Goma, une bouée de sauvetage essentielle, doit être rouvert de toute urgence. L’OMS étudie les possibilités de livrer des fournitures essentielles par d’autres voies. Le mercredi 5 février, l'OMS et ses partenaires repris la vaccination contre la mpox à Goma après une pause de 10 jours.