Un EuroDéputé installe la Belgique au cœur de l’instabilité politique au Congo
  • lun, 26/06/2017 - 04:57

Quand un Belge se déchaîne au parlement européen sur l’ex-puissance coloniale.

On le savait (ou presque) - notre Congo, ce pays continent, scandale du sol et du sous-sol - d’où son statut spécial d’Etat Indépendant du Congo décidé à la Conférence coloniale de Berlin le 26 février 1885, confirmé à la celle de Bruxelles du 2 juillet 1890 - est au centre de convoitises internationales sinon de guerre économique planétaire et Mobutu n’eût de cesse de le répéter à ses compatriotes: «Il n’est pas facile d’être le Zaïre».

«UNE PUISSANCE EXTERIEURE».
Le disant à chacune des crises majeures qu’il connut avec l’ex-Métropole dont celle surgie au lendemain du supposé «massacre du campus de Lubumbashi» qui marqua sa fin avec la Belgique et le conduisit à sa perte, on pouvait soupçonner ce qu’il entendait par cette phrase...
Mais voilà que du haut de la tribune du Parlement européen, à Strasbourg, un Eurodéputé - un Belge, de par son fort accent bruxellois - donne l’estocade à son pays et, par ricochet, à ce qui est appelé la Communauté des Puissances occidentales. Dans une vidéo mise en ligne par un Congolais (@amzatia), on voit ce député manifestement hors de lui - et pour cause - dire sa vérité aux Européens et au monde.
Déclarant connaître et «aimer beaucoup ce pays» pour y avoir travaillé aux côtés du Vice-Président de la République Arthur Z’Ahidi Ngoma lors du 1+4 et avoir suivi «cette transition en étant un des acteurs», l’eurodéputé qui intervenait au débat sur le Congo, reprend mot à mot, d’entrée de jeu, le célèbre entendu de Mobutu: «la difficulté du Congo-RDC c’est sa richesse»!
De le démontrer avec pugnacité et une précision quasi mathématique.
«Puis-je rappeler que quand le Rwanda et l’Ouganda avaient décidé» - lors de «la première guerre mondiale africaine en 1977» - «d’envahir le pays, sur ordre d’une puissance extérieure, je peux donner les précisions, on est allé chercher Laurent-Désiré Kabila».
En vue, en sous-entendu, de faire prévaloir la thèse d’un soulèvement interne...
Laurent-Désiré Kabila, l’anti-Mobutu le plus acharné - on ne pouvait guère trouver mieux - combattait le régime, armes à la main. Mais ce que ces voisins et leurs mentors ignoraient, c’est que, en effet, Laurent-Désiré Kabila fut un vrai nationaliste, un vrai patriote, soucieux de la défense des intérêts de son pays.
«Puis-je aussi rappeler que lorsque Laurent-Désiré Kabila se retourna en étant patriote pour son pays, on décida ici à Bruxelles - j’ai eu l’information je peux dire de qui est décédé depuis - son élimination et qu’on est allé également à Washington chercher l’ordre, et il fut éliminé quinze jours après», poursuit l’EuroDéputé.

COMPTES A RENDRE UN JOUR.
Pour succéder au Président, ces Puissances choisissent son fils, Joseph Kabila Kabange, convaincues que par sa jeunesse, il serait «manipulable» (expression de l’EuroDéputé)!
Revenant en arrière, il enchaîne: «Puis-je aussi rappeler que pendant que la rébellion envahissait le pays, un certain nombre de sociétés américaines signaient des contrats».
Conclusion de l’EuroDéputé: «Tout ceci est de la manipulation. Ce qu’il faut pour la RDC, c’est une souveraineté retrouvée, une armée qui se bat effectivement, une MONUSCO qui est au service de la paix et qu’on arrête les prédateurs liés au crime organisé avec des Etats hypocrites liés à des multinationales».
On sait que lors de la deuxième guerre du Congo, les puissances occidentales optèrent pour la rébellion du MLC du fils Bemba qu’ils firent médiatiser contre celle du RCD-Goma détestée de par son allié rwandais.
Cela ne les empêcha pas de lui ouvrir les portes de la Cour Pénale Internationale après que Bemba se fût montré trop indépendant à l’attribution des contrats...
Déjà citée dans plusieurs livres d’Histoire et des rapports dans l’assassinat du premier Premier du Congo d’après-indépendance, Patrice-Emery Lumumba, ce qui fragilisa tôt le nouveau pays et le plongea dans une crise dont il paie encore aujourd’hui le tribut, l’Etat congolais a ménagé à ce jour son ancienne puissance coloniale et, à chaque fois qu’un Gouvernement a tenté d’évoquer la question notamment «le contentieux belgo-zaïrois», il fut balayé. Ce fut le cas de Lumumba qui fit état des horreurs de la colonisation «avec les mains coupées» dans son discours devant le roi Baudouin 1er.
Ce fut le cas de Mobutu lors de son «émission de clarification» à la télé belge, RTBF. Mais il faudra bien qu’un jour la Belgique rende compte de son action au Congo...
L’histoire récente décrite par cet EuroDéputé a cet avantage qu’elle permet de saisir les contours des crises politiques congolaises. En Afrique, l’Occident n’a que faire de partenaires égaux susceptibles de leur faire face qui défendraient les intérêts de leurs peuples. Il recherche des hommes liges. Hommes de service.
T. MATOTU.


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