Les cités de Muanda et de Banana sur la côte menacées par la remontée des eaux
  • lun, 24/05/2021 - 15:50

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1527|LUNDI 24 MAI 2021.

Le contrat avec le constructeur saoudien BP World a été amendé au gré des intérêts du Congo tel que voulu par Félix Tshisekedi.

Mais le projet de construction du port en eau profonde de Banana et ouvrages connexes devrait inéluctablement être modifié au risque d’être un grand éléphant blanc. Conséquence de l’érosion côtière qui engloutit, au rythme d’au moins deux mètres l’an, la cité de Muanda qui ouvre le pays à la haute mer sur 37 km.

«Un cauchemar pour les populations qui voient leur habitat de plus en plus menacé par l’avancée de la mer sur les terres… les populations affectées se retrouvent, en général, dans une situation précaire et, à terme, risquent de devenir des réfugiés climatiques dans leur propre pays», déplore Jean-Pierre Kiwakana Kimayala, président du CES, le Conseil économique et social, et implore le gouvernement Sama Lukonde, de construire en toute urgence «une barrière naturelle des bambous et des roseaux mais surtout de sauver les mangroves qui sont l’une des zones riches en biodiversité et en stocks carbone qui, malheureusement, ont déjà perdu plus de 45% de leurs superficies».

Le projet de construction de la voie ferrée Banana-Muanda devient très hypothétique d’autant plus que les experts estiment que les traces physiques de la route en terre battue entre les deux agglomérations devraient être totalement effacées par la montée des eaux, à moyen terme, d’ici 2035 pour les projections les plus optimistes.

CITE DU FLEUVE, UN AUTRE MUANDA.
Il y a cinq ans, des experts estimaient que la marée haute avait augmenté au fil du temps de 75 cm de hauteur par rapport aux valeurs normales. Que la proportion des terres perdues touchant la mer va doubler de 200 m autour de Nsiamfumu et de 100 m entre la cité de Muanda et celle de Banana. Que la projection d’élévation du niveau de la mer confirmait, au pire, le recul d’au moins 50 à 100 m l’an d’ici à l’an 2040.

Auteur de «Transition énergétique et technologiques vertes dans le cadre de la Cop 23: quels avantages pour la RDC?», pour le prof. Albert Kabasele, l’océan avance avec une vitesse moyenne de 5,65 mm par jour et son rythme de progression devrait même s’accélérer au cours des prochaines années.
Spécialiste des sciences spatiales et physique des satellites du climat, le prof. avait déconseillé en vain le gouvernement à propos de la construction de la Cité du Fleuve et des autres constructions similaires dès lors que Kinshasa en deviendrait très vulnérable et exposée aux inondations.

Depuis 2019, cette cité est en proie à des inondations alors que son promoteur, le Libanais Robert Choudry s’est volatilisé dans la nature. Albert Kabasele a proposé de faire payer les dommages et les pertes humaines. Le projet Pana-zone, initié pour la période 2015-2020, devrait permettre de renforcer la résilience des communautés et des écosystèmes aux changements climatiques le long de la côte. «Il y a lieu de réfléchir sur la pertinence des interventions existantes. Quelle est leur soutenabilité, leur viabilité. Quel rôle pour les communautés locales?

Comment les placer réellement dans la mise en œuvre des solutions durables en amont des causes et en aval des solutions aux conséquences climatiques comme la montée des eaux à Muanda?», s’est offusqué, il y a peu, le n°1 du Conseil économique et social.
«Les activités comme la pêche, le tourisme, essentiellement balnéaire… les hôtels situés sur la côte ont perdu l’essentiel de leurs plages sont très affectés», déclarent Jean-Pierre Kiwakana. L’extraction du pétrole on-shore n’est pas non plus hors du danger.

Sur les champs terrestres, la firme PERENCO exploite l’or noir à travers deux autres entreprises: SOCOREP/PERENCO REP ex-FINAREP- qui dispose de 55% des parts - et LIREX qui détient 45% des actions, dont 15% reviennent à la Société nationale des hydrocarbures (SONAHYDROC) anciennement Congolaise des hydrocarbures (COHYDRO). Les producteurs on shore paient notamment un impôt spécial forfaitaire de l’ordre de 50% sur les bénéfices. L’on compterait une cinquantaine des puits on-shore pour une production escomptée en 2020 de 13.000 barils/jour. Une catastrophe environnementale supplémentaire.

Certes, le PNUD s’emploie à renforcer la résilience des populations afin de les rendre capables de faire face aux changements climatiques avec des constructions d’ouvrages de protection en dur. Mais Kiwakana estime que «la responsabilité politique et économique revient d’abord à l’Etat congolais dont la mission est la protection de la côte de Muanda qui joue un rôle stratégique. C’est la seule sortie du pays vers l’océan grâce à laquelle le Congo avec ses 40 km de côte empêche le pays d’être enclavé. C’est tout dire...».
POLD LEVI MAWEJA.


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