- jeu, 20/03/2025 - 12:12
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1632|JEUDI 20 MARS 2025.
Si vous ne connaissez pas le problème, vous ne serez pas apte à en apporter la solution. C’est aussi simple que ça.
Le jour est proche et même très proche où la Capitale Kinshasa se trouvera à l’arrêt, bloquée une journée entière sans qu’aucun véhicule ne bouge de là où il se serait trouvé.
Kinshasa est-elle loin de l'embouteillage du siècle connu de l'histoire, celui de Chine, le pays de tous les superlatifs qui vécut 100 kilomètres de bouchons pendant neuf jours sur la bien nommée Voie Rapide Nationale 100 qui reliant Pékin à Zhangjiakou ? Mais cet embouteillage hors normes avait une explication : des travaux d'aménagement de l'axe routier en question...
À Kinshasa, toute proportion gardée, sait-on que sur le boulevard du 30 Juin, en venant de la première gare au saut-de-mouton de la firme Socimat, sur une distance de 1 km environ, des véhicules ont passé six heures en pleine journée et qu’il y a peu, pour se rendre du centre-ville à l’Aéroport International de N’djili, à Kinshasa, des voyageurs dont des personnalités de tout premier plan descendaient de leurs quatre roues pour monter avec bagages sur des motos pour espérer arriver à temps à l’embarquement ? C’est plus grave encore sur d’autres voies, comme celles de Mimosa ou des Poids Lourds, à l'approche de l'ISTA ou sur avenue Nguma.
QUEL(S) PROBLÈME(S) ?
Le problème ? Rien n’est fait par la ville, par les ministères en charge de la mobilité, pour anticiper. Rien n’est fait pour savoir ce que les rues de Kinshasa seront demain, ce que les villes du pays seront dans dix ans, vingt ans ! Aucune projection ! Comment la vie pourrait-elle aller ainsi ?
On peut penser qu’il existe des projets entassés dans des vieux placards, que personne n'a jamais portés sur une table de décision. Il est vrai qu’aucune action n’a été prise à ce jour. Un pays peut-il tourner ainsi ?
Le Chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo est descendu nombre de fois dans les rues et avenues de la capitale pour voir de ses propres yeux l’incroyable chaos. Bravo pour ce projet de voie de contournement appelé la rocade en voie d'érection qui conduira à l’aéroport de N’djili en partant des communes du Sud-Ouest de la capitale à celles du Sud-Est évitant ainsi l’enfer du centre-ville.
Et comment ne pas vanter cet autre projet gigantesque d’infrastructures du premier mandat du Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, géré par son Directeur de cabinet d’alors, l’actuel président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe Lwa-Kanyiginyi Nkingi, qui fit tant rêver ? Il s’agit du programme saut-de mouton qui fort dommage ! se termina dans un indescriptible fiasco tragi-comique avec des accusations de détournement de millions de $US suivies des procès à scandale.
Reste qu’au moins sur le chemin de l’aéroport à l'aller comme au retour, le cauchemar n’est plus comme celui d’avant. Mieux pensé et mieux exécuté, ce projet aurait dû se poursuivre dans bon nombre de communes de la ville, comme entre le quartier de l’UPN à celui de Delvaux, dans la commune de Ngaliema ou sur l'avenue Nguma dans les environs de la résidence de l'ambassade du Congo-Brazzaville. Il aurait pu apporter assurément un brin de soulagement aux automobilistes.
Mais le fond du problème n’a jamais sans doute été pensé ou maîtrisé.
Chaque jour, cent véhicules dont des modèles les plus récents mais aussi des vieilles épaves déclassées à l’étranger déboulent du port de Matadi ou de Boma. Direction: Kinshasa.
Mais en revanche, jamais en même temps, un mètre de route principale ou secondaire n’est construit voire réhabilité !
C'est ce même spectacle qui se produit dans le secteur foncier ou de l'Aménagement du territoire. Au Congo, dans nombre de zones urbaines, des habitations sortent de terre en désordre sans que les terrains n'aient été lotis.
Dans des pays où les principes sont de stricte application, les espaces à construire des immeubles ou des maisons d'habitation sont préalablement consolidés, les tuyaux de distribution d'eau installés, les câbles d'éclairage installés tout comme le câble de fibre optique mis en terre pour le raccordement des constructions à usage professionnel ou d'habitation.
LA RÉSILIENCE.
Il est vrai que le plus grand défi est l'assainissement, le trop faible taux d'aménagement. Il faut commencer par assainir la ville. Des rues, avenues et routes sans chaussées et réseau d'évacuation des eaux. Une transformation de la voirie, de réseaux routiers et piétons est à mettre en première ligne.
Si ceci est vrai, à quoi la capitale congolaise peut-elle s’attendre dans un futur proche voire très proche ?
D'autres problèmes sont à relever. Par exemple, pourquoi la Capitale a-t-elle accepté de déverser dans le total désordre des millions de taxis-motos sur la voie publique dont chacune transporte trois ou quatre personnes à la fois sans le respect de la moindre réglementation aggravant encore plus l’engorgement des rues et avenues de la capitale ?
Pourquoi Kinshasa accepte-t-elle l’arrivée d’épaves qui tombent en panne à chaque cent mètres ? Pourquoi la circulation est-elle permise à toute heure de la journée à des «longs vehicles», des «longs trucks», des «semi-trailer trucks», ces remorques routières qui transportent des marchandises ou des matériels de construction ou des carburants et qui empestent encore la circulation alors qu'en les instruisant de circuler à partir de 23:00', cela réduirait les embouteillages dans la ville ?
Pourquoi les voies à sens unique n’existent pas dans la ville ? Pourquoi par exemple la capitale n’a-t-elle jamais pensé construire des voies ultra rapides qui permettraient aux automobilistes de se rendre par exemple à l’aéroport en partant du boulevard du 30-juin par le fleuve, comme la voie sur berge à Paris ?
Quelle firme n’accepterait pas de financer un tel projet sans que l’État ne dépense un seul dollar puisque l’investissement serait remboursé par un système de péage ? Débourser deux dollars pour rejoindre l’aéroport en trente minutes en partant de la ville, quel conducteur ne se laisserait-il pas tenté et quelles infrastructures le Congo ne parviendrait-il pas à ériger par ce business plan?
Il reste qu’il faut connaître et maîtriser le problème pour être apte à en esquisser la solution mais face à la nécessité de résilience - le besoin de survie à tout prix du Congolais face au choc social - comment ne pas être tenté de comprendre certaines situations en faisant le laisser-aller ?
C'est le cas de l'arrivée de petits kiosques qui se déversent sur la voie publique pour vendre plus facilement de la nourriture et des boissons aux conducteurs ou des «pasteurs» improvisés qui font des prêches sur la voie publique et en tirent profit. Des spectacles que l'on ne trouve pas forcément dans des pays aux régimes politiques très stricts mais que tolèrent souvent la démocratie, et donc la liberté tous azimuts de parole.
D. DADEI.