Covid-19 le plan de guerre de Fatshi
  • ven, 20/03/2020 - 03:45

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1484|VENDREDI 20 MARS 2020.

Un pâle rayon de soleil caresse la toiture ardoise de l’Elysée. Flotte, en ce mercredi 18 mars, comme un faux air de printemps. Légèreté trompeuse, pernicieuse, sous une chape de plomb. La cour d’honneur du Palais est déserte. Dès mardi, premier jour de confinement, le pouvoir s’est adapté, lui aussi, aux consignes données par Emmanuel Macron lundi soir, lors de sa deuxième allocution télévisée.
Le Chef de l’Etat a prié la plupart de ses conseillers de regagner leurs habitations et de télétravailler, comme l’ensemble des Français. «Nous sommes en guerre. Nous sommes dans un régime d’exemplarité», a-t-il expliqué à ses proches pour justifier une telle extrémité. Même sa «plume» - l’homme qui rédige des discours pour lui -, Jonathan Guémas, renvoyé chez lui avec trois autres conseillers dès la semaine dernière pour avoir dîné avec un parlementaire testé positif, a travaillé sur les deux discours télévisés du président depuis son domicile parisien, échangeant avec le palais par liaison sécurisée.
Les longs couloirs du palais ont donc été désertés; les bureaux, vidés. Moins d’une dizaine de conseillers, la garde rapprochée du président, sont restés à l’Elysée, dont le secrétaire général Alexis Kohler et son adjointe Anne de Bayser, le chef de cabinet François-Xavier Lauch, une poignée de diplomates, deux conseillers en communication, et la conseillère Santé. «On est à l’os, le palais est vide», assure l’un de ceux restés auprès du chef de l’Etat. Le président Macron a demandé à ses conseillers de télétravailler, comme l’ont fait les membres du gouvernement. «Même s’il nous manque des collaborateurs, la machine tournera», rassure la porte-parole, la Française d’origine sénégalaise Sibeth Ndiaye. Nombreux dossiers mis en pause.
Ceux, non liés directement à la crise, ou à la sortie de crise. Et une multitude de réunions régulières, annulées. «On fait tous très attention quand on croise quelqu’un, on reste à deux mètres au moins du président», raconte un membre du cabinet.
Mardi, le premier conseil des ministres confiné a eu lieu en format réduit dans le salon des ambassadeurs, plus petit que l’immense salon Murat où il se tient habituellement. Autour d’Emmanuel Macron et d’Edouard Philippe, sept ministres seulement, sur les 19 que compte le gouvernement : Christophe Castaner (Intérieur), Bruno Le Maire (Economie), Florence Parly (armées), Olivier Véran (Santé), Jean-Yves Le Drian (Affaires étrangères), Jean-Michel Blanquer (Education) et Sibeth Ndiaye (porte-parolat).
Les autres étaient présents par visio-conférence, pratique inédite sous la Ve République. A Bercy, Gérald Darmanin, Cédric O, Olivier Dussopt et Agnès Pannier-Runacher se sont retrouvés dans la même pièce face à un écran de télévision et une webcam, tout en gardant entre eux une saine distance. «C’était la première fois que je recroisais physiquement les collègues depuis la semaine dernière», sourit l’un d’eux. Même configuration au ministère de la cohésion des territoires, où Jacqueline Gourault et Julien Denormandie sont «confinés» dans le même salon, le temps du conseil des ministres.
***
C’est en France. C’est à Paris. Le Monde. Cédric Pietralunga, Olivier Faye et Solenn de Royer. Publié mercredi 19 mars 2020. A 05h25’, mis à jour à 06h27’.
A la suite de ces pays - Chine bien sûr, Corée du Sud avec certes une formule plus originale (sans confinement mais avec un nombre phénoménal de tests, de monumentaux efforts de traçage et le civisme de sa population), Japon, Italie, Espagne, Etats-Unis, France, Belgique, Royaume-Uni, Afrique du Sud, Rwanda, etc., le Congo est entré en guerre. Mercredi 18 mars, le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo s’est adressé à ses compatriotes. Avec à la clé plus ou moins le même format des mesures prises partout dans le monde. Sauf qu’il s’agit d’un pays spécial qui a tout sur son sol et dans son sous-sol, dispose d’une main-d’œuvre impressionnante, ne transforme rien sur place, importe tout, papier toilette, papier mouchoir, papier tout court, gel désinfectant, savon, etc.
Avec un Trésor public percé. «La priorité planétaire est désormais sanitaire #coronavirus. Toute la nation rassemblée autour de @Fatshi13. En état de guerre, mettons de côté nos divisions, renflouons les caisses de l’Etat par tous les moyens pour sauver la vie et le Congo» (@kkmtry). «Renflouer les caisses toujours à moitié remplies? En période de crise? A moins que cela ne sous-entende: la BCC devra recourir à un processus de création monétaire connu sous le nom tabou de planche à billets. Entre l’inflation et la déflagration, moi je choisirai la première» (@KitengeYesu). «Notre économie étant extravertie, le Gouvernement devra réfléchir sur les modes d’approvisionnement en denrées alimentaires spécialement pour prévenir la rupture de stock aux conséquences désastreuses», répond le Chef de l’Etat.
T. MATOTU.

Les mesures annoncées par le Président
Ayant pris la mesure de la situation sanitaire planétaire, le Chef de l’État Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a adressé mercredi 18 mars un message radio-télévisé à la nation en lien avec la pandémie du Coronavirus. Il a annoncé une série de décisions pour lutter contre la propagation de cette maladie dans notre pays.
Ci-dessous, les mesures annoncées par le Président de la République telles que présentées par son service de communication et distribuées aux médias et sur les réseaux sociaux :
1. Suspendre, jusqu’à nouvel ordre, dès ce vendredi 20 mars 2020, tous les vols en provenance des pays à risque et des pays de transit. Seuls les avions et les navires cargos et autres moyens de transport frets seront autorisés à accéder au territoire national et leurs personnels soumis aux contrôles;
2. Reporter les voyages à destination de la République Démocratique du Congo de tous les passagers résidant dans les pays à risque jusqu’à nouvel ordre;
3. Imposer à tous les passagers, à leur arrivée aux frontières nationales, de remplir une fiche de renseignements et de se soumettre, sans exception, à l’obligation de lavage des mains et du prélèvement de la température ;
4. Imposer une mise en quarantaine de 14 jours maximum à toute personne suspectée à l’issue du test de température, pour un examen approfondi et au besoin d’interner, dans les hôpitaux prévus à cet effet, les personnes qui seront testées positives ;
5. Doter tous les postes d’entrée maritime, fluviale, lacustre et terrestre du territoire national du même dispositif de surveillance pour renforcer le contrôle des passagers en provenance de l’étranger;
6. Soumettre systématiquement les personnes en partance de Kinshasa vers les différentes provinces du pays aux mesures de contrôle dans le but d’éviter la propagation de cette pandémie sur le reste de notre pays.
S’agissant des rassemblements :
1. Interdire tout rassemblement, réunion, célébration, de plus de 20 personnes sur les lieux publics en dehors du domicile familial ;
2. La fermeture des écoles, des universités, des instituts supérieurs officiels et privés sur l’ensemble du territoire national à dater de jeudi 19 mars 2020 pour une durée de quatre semaines ;
3. Suspendre tous les cultes pour une période de quatre semaines à compter de jeudi 19 mars 2020;
4. Suspendre les activités sportives dans les stades et autres lieux de regroupement sportif jusqu’à nouvel ordre;
5. Interdire, toujours jusqu’à nouvel ordre, l’ouverture des discothèques, bars, cafés, terrasses et restaurants ;
6. Interdire l’organisation des deuils dans les salles et les domiciles. Les dépouilles mortelles seront conduites directement de la morgue jusqu’au lieu d’inhumation et en nombre restreint d’accompagnateurs;
7. Prendre en charge aux frais du Gouvernement tous les cas testés positifs sur l’ensemble du territoire national.


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