Faustin Dunia Bakarani, député national, élu du Masisi, Nord Kivu. PHOTO LE SOFT NUMÉRIQUE
Dunia, le rescapé Tutsi au «Soft»: «Nkunda a reçu l’ordre d’engager la campagne de Bukavu»
  • mer, 10/01/2007 - 10:45

Il est Tutsi, il vient du Masisi, Nord-Kivu. Il a été élu Député national sur les listes de l’ancienne rébellion du MLC de Jean-Pierre Bemba Gombo. La veille des scrutins, il était encore membre de la rébellion du RCD-Goma - et l’un des fameux «Fondateurs» - mais avait fini par ne plus rien partager avec ce mouvement, nous dit-il.
Et il ne s’en cache pas: s’il voulait devenir un jour un élu du peuple, il n’avait aucune raison de rester au RCD. il a donc pris ses clics et ses clacs et s’en est allé. Bien lui en a fait. Faustin Bakarani Dunia est donc Député national. Le seul élu Tutsi de la R-dCongo. Mais surtout, les dernières élections provinciales n’ont permis d’élire aucun autre Tutsi. L’explication, selon lui, vient de la gestion du RCD. Des années durant de gestion de «l’État de l’Est», l’ex-rébellion n’a rien fait qui vaille. Trois ans dans la gestion du pays lors de la Transition, rien non plus.

MISE EN LIGNE LE 10 JANVIER 2007 | LE SOFT INTERNATIONAL2 N°889 DATÉ 5 JANVIER.

Pour la première fois, ce Tutsi a accepté de se confier à un média. C’est «le Soft International».

Vous êtes le seul Tutsi à être élu député, confirmez-vous?
Oui, tout à fait. Je suis le seul Tutsi élu député de la République. Au niveau national. Au niveau provincial, il y a pas eu un seul Tutsi élu. C’est malheureux.

Aucun élu Tutsi, en province aussi. Vous êtes donc - comme on dit - un rescapé?

En province, aucun. Il y a un député Tutsi, un seul, au niveau national. C’est moi. En effet, un rescapé, vous m’y voilà. Et vous dites, c’est malheureux!

Bien sûr que c’est malheureux. Parce que je ne suffis pas pour représenter la communauté. Je peux la représenter au niveau national, pas au niveau provincial.
Si au moins, il y avait un Tutsi, même un seul, au niveau provincial, cela aurait pu nous aider.
Les élections n’étaient-elles pas démocratiques?

Elles étaient démocratiques, ah oui! Mais elles étaient tribales. Outre cela, la loi électorale a oublié les minorités.
Il n’y a aucun passage dans cette loi qui défend les minorités. Il est vrai, s’agissant des Tutsis, la grande part de la population se trouve refugiée dans les pays voisins.
Vous auriez voulu voir la loi réserver un quota aux Tutsis?

Non seulement aux Tutsis - il n’y a pas que la communauté Tutsie qui est absente.
Au moins, moi, je suis à l’Assemblée nationale, mais d’autres communautés, comme les Tembo, ne sont ni à l’Assemblée nationale ni à l’Assemblée provinciale. Je pense que la loi aurait pu prévoir quelque chose en vue de défendre les minorités.
Il y a plus de 450 tribus dans le pays, et bien de minorités...

Bien sûr! Mais ce que je vous dis est aussi valable pour les autres minorités. Je parle de la communauté Tutsie parce que j’en suis issu.
D’ailleurs, je n’ai pas été voté par les seuls Tutsis. J’ai été aussi voté par d’autres communautés. Si tous les Tutsis se trouvaient au pays et si tous avaient voté pour des candidats tutsis, on aurait eu au moins 4 députés nationaux et 4 députés provinciaux.
Combien de voix avez-vous obtenues?

J’ai obtenu 24.500.
C’est beaucoup?

Oui. Combien de Tutsis y a-t-il à Masisi?

Environ 30.000. Mais je n’étais pas le seul Tutsi candidat. Il y a eu des Tutsis candidats malheureux sur qui quelques voix de la communauté se sont portées.
Moi, je passe pour celui qui défend toutes les communautés. Quand la question des terres dans le Masisi s’est posée, j’ai défendu tout le monde, tous les opprimés de Masisi.

Quelles sont les autres ethnies qui peuplent le Masisi?

Il y a les Hunde, les Tembo, les Kano et les Tutsis.
Mais vous êtes le président de la seule communauté Tutsie et Hutue, n’est-ce-pas?
Je suis le président de la communauté Tutsie et Hutue de Masisi. J’ai été élu par la communauté.
À quoi doit-on attribuer votre victoire?

Non seulement je suis le fils de mon père qui a bien vécu avec toutes les communautés lors de la colonisation et après, mais, moi-même, j’ai fait quelque chose pour la population meurtrie de Masisi.
Dans le problème des terres à Masisi et Rutshuru, je me suis battu contre vents et marrées pour remettre la population locale dans ses droits.
Qui a été votre père?

Mon père c’est Bakarani. Il fut directeur des sociétés et a beaucoup travaillé avec des colons, dont le Belge Jean Buchet qui fut expert comptable.
Mon père vivait à Goma et travaillait dans le café. Dans les années 70, il fut l’un des grands exportateurs de café.
Votre élection n’est-elle pas due au fait que vous vous êtes longtemps opposé au gouverneur RCD à Goma?

Opposé au gouverneur? C’est trop dire.
Simplement, je n’étais pas d’accord que les intérêts de la population locale soient lésés par les autorités provinciales et les grands hommes d’affaires qui voulaient s’accaparer des terres pour en faire des fermes.
Votre victoire ne vient-elle pas du fait de votra adhésion au parti MLC de Jean-Pierre Bemba, qui, à un moment, a représenté une alternative face au RCD diabolisé?

Quelque part, oui. D’autant plus que le RCD avait failli à sa mission.
Comme Tutsi issu du RCD, il était impossible d’être élu au Nord et au Sud Kivu dès lors que ce parti n’avait pas répondu aux besoins de la population, pendant plus de cinq ans qu’il a géré l’Est du pays. J’ai donc rallié le MLC de Jean-Pierre Bemba et j’ai été élu.
Vous avez donc choisi le MLC par opportunisme?

Ce n’est pas par opportunisme. Tôt, j’ai compris qu’avec le RCD, il y avait très peu de chance d’être élu. La preuve? Après l’examen, aucun Tutsi aligné par le RCD n’est passé.

Il y a l’ancien ministre Vunabandi...

Il est Hutu. Y a-t-il d’autres Hutus au Parlement, élus du RCD?

Au Parlement national, il y a une bonne dizaine. Ils viennent de tous les partis. Au RCD, quatre sont passés: deux à Masisi, Yebangira et Baganigabo, et deux à Rutshuru, Célestin Vunabadi et Georges Muhiri.
On vous croit susceptible de faire partie de l’équipe Gizenga...

Officiellement, comme le président Bemba l’a dit, nous sommes dans une opposition démocratique et forte. Jusqu’à nouvel ordre, je suis dans cette position-là. Je ne sais pas vous dire le contraire. Le fait que des députés UN de Jean-Pierre Bemba aient uni leurs voix à celles des députés AMP vous inspire quoi?

Les dissidents ne peuvent manquer. Mais deux choses m’inquiètent: d’une part, la boulimie de l’AMP à tout prendre et à ne laisser aucune place à l’UN.
D’autre part, la représentation de la femme qui est quasi nulle. Il fallait au bureau de l’Assemblée nationale laisser au moins deux places à la femme étant donné le débat sur la parité.


N’y a-t-il pas contradiction, vouloir jouer l’opposition et demander à gouverner?

Au sein du gouvernement, nous allons jouer la carte de l’opposition, mais au sein du Parlement, nous voulons être présents, effectivement, en vue de contrôler l’action gouvernementale.


Comment vivez-vous votre présence comme député Tutsi unique à l’Assemblée?

Ce n’est pas facile. J’assume. Je n’ai pas de choix.
Êtes-vous un peu intimidé, effrayé?

Pas du tout. Mais je me dis que dans l’avenir, ça pourrait…

Vous pensez que dans l’avenir vous pourriez vous sentir trop seul?

Quand les débats seront houleux ou quand il faudra faire des alliances, par exemple. Mais je fais confiance à mon parti et à ma plate-forme. Je suis optimiste.
Etes-vous en train de dire que l’équation Tutsie est trop lourde pour être assumée par vous tout seul dans cet hémicycle?

Je n’ai pas le choix, je vais assumer. Mais je me dis que si nous étions à trois ou quatre, on se partagerait le travail.

En attendant?

En attendant, je vais assumer. Je représente valablement la communauté Tutsie.

Que le RCD donné pour être le digne représentant des Tutsis ne soit pas là, cela ne vous gêne-t-il pas?

Pas du tout. Si j’ai quitté le RCD, c’est parce que j’ai compris que le leadership du parti avait échoué. La preuve est que nous avons eu beaucoup de problèmes au Nord et au Sud Kivu. Ce sont là les conséquences de la faillite du leadership du RCD. Aujourd’hui, nous sommes passés au test, les élections, et je suis le seul qui représente la communauté Tutsie sur le plan national. Je pense sincèrement qu’il est grand temps que le président de la République, le Premier ministre, le président de l’Assemblée, voire la communauté internationale, prennent acte de cela. À cet effet, j’ai pris des contacts avec les ambassadeurs des États-Unis, de la Belgique et de Grande-Bretagne.
Que vous ont-ils dit?

Ils ont pris acte. Acte du fait que je suis le seul Tutsi élu de la République. Dès lors, pour tout problème qui concerne ma communauté, toutes les communautés de l’Est, je suis désormais incontournable.
Vous vous prenez donc pour le seul responsable légitime de la cause Tutsie?

Comme officiel, oui, je suis le seul responsable. Mais cela n’empêche pas d’autres membres de la communauté qui sont dans tel ou tel autre domaine, d’apporter leur contribution.
Pensez-vous être le seul représentant légitime de la cause Tutsie de Rd-C?

Tout à fait. Il me faut dénoncer ces Tutsis opportunistes qui se présentent comme les leaders de la communauté. On les a vus avant et pendant la transition. Les problèmes de l’Est consistent d’abord à retrouver nos réfugiés. Le moment idéal fut les cinq ans de la rébellion du RCD. La transition était un autre moment propice pour que les réfugiés regagnent la maison. Mais nous n’avons fait qu’encaisser des échecs.

Avez-vous été approché par le RCD? Vous a-t-on reconnu votre nouvelle qualité?

J’avais été sollicité par le RCD pour être candidat député. Mais, j’ai dit non au RCD parce que j’avais compris que quelque chose ne marchait pas avec le leadership du RCD.

Ces sollicitations ont-elles été relancées depuis votre élection?

Non.
Qu’est-ce qui se passe dans le Masisi avec Laurent Nkunda?

Laurent Nkunda c’est l’autre conséquence de l’échec du RCD. Le leadership du RCD n’a pas su assumer ses responsabilités. Après les accords de Lusaka et Sun City, arrivé au pouvoir, tout le monde a pris chacun son chemin, faisant le plein des poches. Les militaires sont restés à l’Est et à chacun de prendre son destin en main. Si ceci ne s’était pas déroulé comme cela, il n’y aurait pas eu tous ces problèmes.
Que voulez-vous dire?

Tout le leadership du RCD aurait pu encadrer d’une façon ou d’une autre tous les militaires restés à l’Est. C’est grâce à ces militaires que les politiciens du RCD sont arrivés au pouvoir. Mais une fois arrivés au pouvoir, ils ont abandonné ceux qui les ont portés au pouvoir. Frustrés, ces militaires se sont repliés dans la forêt et ont repris les armes parce qu’ils n’ont pas compris ce qui s’est passé dans le pays.
Concrètement, qu’est-ce que le RCD aurait dû faire?

En cinq ans, il aurait dû faire revenir les réfugiés au pays, faire reconnaître les grades des militaires et officiers ayant servi sous son drapeau et, enfin, encadrer sur le terrain les militaires et les officiers en vue d’éviter la guerre.
Nkunda n’a-t-il pas été reconnu général?

Bien sûr, mais il y avait cette affaire de justice internationale. Il appartenait au leadership du parti d’annuler ces poursuites et de rassurer Nkunda.

Nkunda fait-il la guerre pour éviter d’être rattrapé par la justice internationale?

Encore que quand il est parti à Bukavu pour arrêter les crimes contre les Tutsis Banyamulenge, tout le leadership du RCD était au courant. Mais à son retour, il a été abandonné à son triste sort.

Nkunda a-t-il reçu l’ordre d’engager ses troupes dans la campagne de Bukavu ou n’en a-t-il que simplement informé le leadership du RCD?

À ma connaissance, c’est un ordre qu’il a reçu d’engager ses troupes sur Bukavu. Il a eu dans ce dessein des équipements, du carburant, etc.
Nkunda n’avait rien, au départ, mais il est parti avec des véhicules, du carburant, des vivres… Certainement une grande logistique pour faire la guerre, pour prendre la ville. Où a-t-il trouvé tout cela?

Et vous dites qu’il a reçu tout cela du RCD?

Je ne confirme rien, mais je vous dis que les premiers coupables sont ses chefs du leadership du parti. Eh oui, ça je vous le confirme...


Êtes-vous en contact avec Nkunda?

Personnellement, je ne suis pas en contact avec lui. D’autant plus que pendant ma campagne électorale, je me suis fait menacer. On ne voulait pas qu’un Tutsi soit dans la logique du gouvernement, c’est-à-dire, entre dans le processus électoral.

Menacé par Nkunda, lui-même?

Menacé par ses militaires.

Dans le passé, n’avez-vous pas défendu Nkunda?

Je n’ai jamais défendu Nkunda. J’avais signé une déclaration dans laquelle nous disions que nous n’étions pas d’accord qu’on déploie 10.000 hommes à Goma parce que la présence de 5.000 Interhamwe dans le Nord-Kivu à l’époque allait obliger le Rwanda à traverser à nouveau la frontière. Ce qui n’allait pas arranger le Congo et les Congolais.


Selon vous, quel peut être le dénouement de l’affaire Nkunda?

Je pense que Nkunda se trompe un peu, quand bien même il brandisse des arguments valables. Le temps des armes est révolu. Tout ce que je peux recommander au président de la République et au Gouvernement, c’est de trouver une solution qui ne passe pas par la guerre.
Le Président a été élu au Nord-Kivu avec plus de 90%. Je ne pense pas que la récompense aujourd’hui soit celle d’apporter la guerre à cette population. Je pense qu’il faut trouver une solution politique. Pas nécessairement une négociation…


Pensez-vous au retrait du mandat d’arrêt international?

Pourquoi pas, ça aussi.

Ça aussi?

Oui, même l’amnistie. Bien sûr que Laurent Nkunda pose des conditions qui demandent du temps, mais il y a des solutions immédiates qui peuvent être prises en vue de faciliter la tâche à la population. En disant cela, je ne me fais pas l’avocat de Nkunda, je regarde l’intérêt de la population du Nord-Kivu que nous représentons.


Le Kivu majoritairement n’est-il pas opposé à Nkunda?

Je sais, oui…

Comment le président ferait-il retirer le mandat d’arrêt international?

Qui veut la paix donne la paix. On ne peut pas faire la guerre à Laurent Nkunda parce que la population sera la première à en payer le prix.

Que dites-vous de l’exécution de Saddam ce jour même où a lieu cette interview?

Je me pose plusieurs questions à la fois: est-ce qu’il fallait vraiment l’éliminer? Est-ce que c’était le moment? Qu’est-ce que cette exécution va-t-elle changer?
Je me dis qu’en le laissant en vie, ç’aurait peut-être changé la donne. Comme Chrétien, je n’ai jamais été pour la peine capitale, quelle que soit la faute commise.

Etes-vous d’accord avec l’emprisonnement?

Tout à fait.

Pourquoi la justice ne doit-elle pas suivre son cours, dans l’affaire Nkunda?

Je suis tout à fait d’accord que la justice suive son cours. Mais je m’interroge aussi sur cette justice sélective: pourquoi ne s’occupe-t-on que des petits poissons? Il y a des condamnés ici à Kinshasa. Qu’elle commence d’abord par des gros poissons avant de s’occuper de Laurent Nkunda et de Thomas Lubanga, par exemple. Sinon c’est la raison du plus fort. La justice doit être neutre et impartiale.
C’est qui pour vous le gros poisson?

Je ne sais pas, mais vous êtes payé pour le savoir. Il y a des mandats d’arrêt international émis contre certaines grandes personnalités du pays...

Ces grandes personnalités n’ont pas, en réaction à ces mandats, ouvert un front de guerre?

Front ou pas, la justice est neutre. Savez-vous ce qui se dit maintenant à l’Est du pays? Lubanga s’est fait arrêter parce qu’il est Nilotique. Donc apparenté aux Tutsis. Et pourquoi n’a-t-on pas arrêté Gédéon ou les autres rebelles dans le pays? Cela pose problème. Et le procès Lubanga n’est pas non plus aussi facile qu’on pourrait le croire. Vous dites que le président Kabila a fait du 90% dans le Nord-Kivu, mais vous savez très bien qu’il n’a pas été voté par les Tutsis?

S’il y a des Tutsis, des Hutus, voire des Hundes qui ne l’ont pas voté, il y en a d’autres qui l’ont voté.
Mais vous êtes d’accord que la majorité des Tutsis n’a pas voté pour lui?

Il faut savoir que les Tutsis sont minoritaires. Même s’il l’avait été voté à 100% par les Tutsis, cela n’aurait rien donné.
Quel rôle du Rwanda dans la nouvelle crise du Nord-Kivu?

Le Rwanda est aujourd’hui neutre. Il ne veut plus se mêler des affaires intérieures du Congo. Le Rwanda est désormais un chantier et la priorité des Rwandais c’est le développement de leur pays. Tout simplement, ils demandent aux Congolais de se prendre en charge et de trouver des solutions à leurs problèmes. Les Rwandais mettent aussi en garde les forces négatives, les Interhamwe. Vous avez suivi la déclaration du président rwandais faite depuis le Japon: si les Interhamwe menacent la sécurité du Rwanda, les Rwandais n’hésiteront pas un seul instant pour traverser la frontière. La balle est dans notre camp, Congolais, pour traquer définitivement toutes les forces négatives, toutes les forces étrangères, de sorte qu’après les élections, nous puissions passer à la construction et au développement de notre pays.
Les Interhamwe ne sont-ils pas désormais en sommeil?

Au contraire! Ils sont très actifs dans le Masisi, à Rutshuru. D’ailleurs, au Sud-Kivu, c’est eux qui règnent, violent, pillent et tuent… Je ne sais pas ce qui vous fait dire qu’ils sont en sommeil.
Le président Kagame n’a-t-il pas aussi déclaré que la sécurité était plus forte désormais à la frontière des deux pays?

Je pense que le président Kagame voulait parler des relations entre les deux États. En tout cas, les Interhamwe sont là.
Les opérations armées sont-elles aussi vives qu’avant?

Pas contre le Rwanda. Mais au Congo, si. Des familles crient toujours à l’insécurité causée par les Interhamwe. Dans le Walungu, à Masisi, à Katoyi, à Walikale, c’est plein d’Interhamwe. Dans le parc des Virunga entre Masisi et Rutshuru, c’est bourré d’Interhamwe… En tout cas, ils sont très actifs ces derniers temps.
Kinshasa n’en parle pas!
C’est là le problème. Je pense qu’avec le gouvernement élu, les choses vont changer. C’est l’un des reproches qu’on a faits au gouvernement de transition, celui de ne pas dénoncer les Interhamwe.
Au Président, que lui diriez-vous s’il était devant vous?

Je l’ai rencontré dans le passé. Je lui demanderais de renforcer les relations avec les pays voisins. Les Congolais sont fatigués de la guerre. Nous voulons reconstruire notre pays. Le problème qui prévaut à l’Est du pays, à Masisi et Rutshuru, exige une solution politique plutôt que militaire. En ce qui concerne la représentation de la communauté Tutsie, je recommande qu’il tienne compte des Tutsis qui représentent la base et non de ceux qui ont fait ceci ou ont fait cela ou dont le parcours en politique est fait de bilan négatif. Nous avons besoin de ceux qui peuvent nous aider à régler les problèmes, à recouvrer une paix durable.

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