Suminwa II : ni grand départ, ni grande entrée dans l'équipe
  • sam, 16/08/2025 - 09:41

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES. Le Soft International | N°1643 | MARDI 12 AOÛT 2025 |

Ni grand départ, ni grande entrée dans l'équipe Suminwa II rendue publique dans la nuit de jeudi 7 août à vendredi 8 août 2025.

On attendait l'opposant Martin Fayulu Madidi qui s’était longtemps considéré comme l'élu de la présidentielle de 2018 annoncé cependant deuxième par la CÉNI, la Commission Électorale Nationale Indépendante ainsi qu’aux résultats officiels entérinés par la Cour constitutionnelle.

Candidat à la présidentielle de 2023, Fayulu finit troisième avec 4,92 % des voix. Ces derniers mois, l'opposant avait entrepris un rapprochement avec le président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo et l'a, le 5 juin 2025, officiellement rencontré au Palais de la Nation en dévoilant un projet de «camp de la Patrie» critiqué par des opposants proches de l'ancien président Joseph Kabila Kabange qui ont dénoncé «un deal surnois» mais ni lui, ni l'un de ses proches, n'a été cité dans la nouvelle équipe gouvernementale.

«Aujourd'hui, Fayulu s'attaque à Nangaa, à Kabila, etc. Pourtant hier, c'est lui qui était l’opposant radical au régime et qui dénonçait tout ce qui a comme dérive dictatoriale et le chaos que traverse le pays. On le soupçonnait déjà depuis les dernières élections qu'il avait un deal avec Félix Tshisekedi, surtout son rétropédalage sur sa participation ou non aux élections», avait déclaré Ferdinand Kambere, l'un des proches de l'ancien président de la République.

«Voyez-vous quelqu'un qui a signé avec le FCC pour dénoncer le plan de contournement de Félix Tshisekedi, de ce qui lui est demandé d'organiser un dialogue national et inclusif, lui-même Fayulu était l'initiateur. Aujourd'hui, il s'est complètement tourné même contre sa propre position et le régime Tshisekedi devient bon et c'est Kabila qui devient le diable», avait par ailleurs commenté Kambere accusant Fayulu de vouloir intégrer le gouvernement d'union nationale. « Fayulu nous parle aujourd'hui de la création d'un «camp de la patrie» juste après sa rencontre avec Félix Tshisekedi. Donc ceux qui ne réfléchissent pas comme Tshisekedi deviennent des traîtres ? Pourtant, après le refus de sa proposition de dialogue, c'est lui qui soutenait «le pacte social» de la CÉNCO et de l'ÉCC. Alors, ce revirement, on a compris que c'était juste un positionnement. Les gens de l' ECIDé ont peut-être besoin de ce gouvernement d'union nationale qu'on a tous refusé dans le dernier communiqué de l'opposition, car ce n'est pas ça qui va résoudre la crise», avait poursuivi le pro-Kabila.

JUSTE UN LÉGER REMANIEMENT.

Au lendemain de la publication de Suminwa II, Prince Epenge, le porte-parole de la coalition Lamuka (de Fayulu), a dénoncé une stratégie «suicidaire» de retard dans les initiatives de paix. «Nous avons dit non par patriotisme et conviction», a-t-il déclaré sur des médias. Rodrigue Ramazani, du parti d'un autre opposant, Delly Sessanga Hipungu Dja Kaseng Kapitu, estime que sans dialogue sincère et réformes consensuelles, «le remaniement ne sera qu'un coup de peinture sur un mur qui s'écroule».

Si le président de la République avait promis une équipe resserrée et ouverte, à l’arrivée, rien de tel. L’équipe Suminwa II compte cinquante-trois membres et si on y ajoute la Cheffe du Gouvernement elle-même, le chiffre est porté à cinquante-quatre, ce qui rencontre la précédente équipe mise en place au lendemain de la réélection du président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo à la magistrature suprême quand le Chef de l'État avait annoncé une équipe de moins de 50 membres.

Dans les détails, quinze noms ont fait leur entrée, vingt-et-un ont été reconduits, dix-sept reconduits mais changent de poste. Les femmes composent le tiers de cette équipe.

Si Suminwa II compte six Vice-premiers ministres, cinq ont été reconduits et gardent leurs postes, un nom fait son entrée, l'ancien Premier ministre Adolphe Muzito Fumutshi qui était à ce jour député national. Parmi les ministres d'État, une seule nouvelle figure sur les douze fait son entrée dans l'équipe. Il s’agit d’un ancien responsable des droits de l’homme des Nations Unies au Mali, expulsé de ce pays en 2023. Sous Mobutu, Guillaume Ngefa Atondoko avait dirigé une association africaine des droits de l'homme, Asadho en sigle. Ngefa est ministre d'État en charge de la Justice et Garde des Sceaux.

Quant aux ministres au total vingt-quatre, ceux qui font leur entrée sont au nombre de huit : Marie Nyange Ndambo (Environnement, Développement durable, Nouvelle Économie du Climat), John Banza Lunda (Infrastructures et Travaux publics), Ferdinand Massamba wa Massamba (Emploi et Travail), José Mpanda Kabangu (Postes et Télécommunications, revient dans un Gouvernement sous Tshisekedi), Justin Kalumba Mwana Ngongo (Entrepreneuriat, Petites et Moyennes Entreprises jadis ministre des Transports et Communications de Matata sous Kabila), Floribert Anzulini Isiloketshi, l'ancien chef du mouvement Filimbi et ancien candidat à la présidentielle (Intégration régionale), Julie Mbuyi Shiku (Portefeuille), Micheline Ombaye Kalama (Famille, Genre et Enfants), Grâce Émie Kutino (Jeunesse et Éveil patriotique).

Sur cinq ministres délégués, Suminwa II compte trois nouveaux. La fille du IIème Vice-président du Sénat, Modeste Bahati Lukwebo, à savoir, Arlette Bahati Tito (ministre déléguée à l'Environnement, chargée de l'Économie du Climat), Angèle Basanga Yogo, (ministre déléguée près le ministre de l’Urbanisme et Habitat), Eliezer Ntambwe, (ministre délégué près le ministre de la Défense nationale). Suminwa II est un léger remaniement..

D. DADEI.

Categories: 

Related Posts

About author

Portrait de D. DADEI