- sam, 24/05/2014 - 16:41
Franklin Delano Roosevelt, trente-deuxième président des Etats-Unis s’est présenté quatre fois à la Présidentielle américaine. Il était très malade et le monde en pleine crise…
Jeudi 14 mai, Linda Thomas-Greenfield, la Mama Afrique de l’administration américaine, a, depuis Washington, répondu à des questions des journalistes africains par vidéoconférence. Sur la question électorale qui fait débat dans certains milieux politiques congolais et sur la visite à Kinshasa du secrétaire d’Etat John Kerry, elle a été claire: «Je le redis, tout dépend du peuple congolais. Le Secrétaire d’Etat encourage la Commission (Electorale Nationale Indépendante) à communiquer, communiquer, et communiquer encore avec le peuple, avec les parties, afin qu’ils comprennent le travail abattu; qu’ils aient la possibilité de poser des questions; qu’ils trouvent des réponses à leurs préoccupations».
Sur les limitations des mandats présidentiels, elle a précisé: «Nous (les Etats-Unis) n’avions pas de limitations de durée de mandat pendant de longues années. Vous savez dans doute que le Président Roosevelt (ndlr: Franklin Delano Roosevelt, trente-deuxième président des Etats-Unis) s’est présenté quatre fois aux élections. C’est à ce moment que nous avons décidé d’inclure une limitation précise dans notre Constitution». On rappelle qu’à la quatrième élection, l’homme du New Deal s’est même présenté sur un fauteuil roulant, à l’exemple du président algérien Abdelaziz Bouteflika et s’est fait élire.
Il ne fit qu’entamer ce quatrième mandat qu’il fut emporter par la maladie quelques mois plus tard. Sans doute est-ce pour éviter ce spectacle «désolant» tout comme cette tragédie que les représentants du peuple américain décidèrent d’inclure la limitation dans la Constitution américaine du mandat présidentiel à deux ans afin que le pays soit conduit par un homme physiquement fort et pleinement serein et que le pays ne soit pas appelé à être dirigé par un... Vice-président conduisant à terme le mandat de son prédécesseur et certainement peu expérimenté.
Nos pays sont-ils présentement dans ces cas extrêmes alors que s’agissant de Joseph Kabila Kabange, celui-ci est certainement le plus jeune Chef de l’Etat sinon au monde, du moins en Afrique?
«Nous avons aussi visité la RDC et l’Angola, et je sais que des journalistes congolais nous regardent, donc je m’attends également à recevoir des questions venant de la RDC», déclare d’entrée de jeu Linda Thomas-Greenfield. Puis de poursuivre: «Nous avons échangé avec les gouvernements de ces deux pays, au sujet de la situation dans les Grands Lacs. En DRC, nous avons aussi échangé sur les élections qui se tiendront dans ce pays».
Le journal La Prospérité à Kinshasa: «La tournée africaine de Kerry doit-elle être considérée comme un engagement accru des Etats-Unis pour le retour d’une paix durable dans la région des Grands Lacs?»
Absolument, Absolument. C’est une façon d’interpréter cette visite. Nous nous souhaitons rien de plus qu’une paix durable pour les peuples de la région des Grands Lacs. Nous assistons actuellement à des progrès à cet égard. Comme vous le savez, nous avons nommé un envoyé spécial, l’ancien sénateur Feingold, et il travaille sans relâche avec l’Envoyée Spéciale Mary Robinson et les autres envoyés spéciaux afin d’aider à trouver une solution. Le but de notre visite en Angola était d’échanger avec le Président Dos Santos en sa qualité de président du Groupe de Contact pour les Grands Lacs. Il a joué un rôle proactif. Nous souhaitions l’en féliciter et l’encourager à continuer de travailler avec les gouvernements de la région pour assurer le retour à une paix durable. C’est ce que les peuples de la région des Grands Lacs méritent, et nous n’épargneront aucun effort, non seulement nous, mais aussi, j’en suis persuadée, tous les leaders de la région, pour rétablir la paix en RDC.
Le journal Le Phare: «La feuille de route électorale qui a été présentée par la Commission Electorale Nationale Indépendante divise l’opinion congolaise. Comment les Etats-Unis comptent-ils aider les Congolais à mettre un terme à leur désaccord à cet égard? Les Congolais doivent eux-mêmes trouver une solution à ce problème. A l’instar du Secrétaire d’Etat, nous encourageons toutes les parties à dialoguer pour trouver le meilleur moyen d’aller de l’avant en faisant en sorte que les élections soient paisibles, équitables et transparentes et qu’elles reflètent la volonté du peuple congolais».
Nous avons rencontré le président de la Commission Electorale. Nous avons rencontré la société civile. Nous avons rencontré le Gouvernement. Nous les avons tous encouragés à aller de l’avant, dans le respect de la constitution, pour faire en sorte que ces élections se tiennent comme prévu. Pour ce qui est de savoir comment ces élections seront organisées, cela supposera des négociations entre toutes les parties concernées. Je sais que la Commission Electorale a formulé des recommandations qui doivent être entérinées par la législature. Mais, alors qu’elle va de l’avant, le Secrétaire d’Etat encourage la commission à communiquer, communiquer, et communiquer encore avec le peuple, avec les parties, afin qu’ils comprennent le travail abattu; qu’ils aient la possibilité de poser des questions; qu’ils trouvent des réponses à leurs préoccupations. Je le redis, tout dépend du peuple congolais. Nous sommes prêts à les soutenir. Nous avons annoncé le décaissement de $30 millions pour financer les efforts visant à faire des progrès en vue du renforcement du processus démocratique Notre ambassade en RDC, notre envoyé spécial, et nous ici à Washington, continuerons de travailler pour soutenir le peuple congolais.
Emma Farge, correspondante de Reuters pour l’Afrique de l’ouest et l’Afrique centrale: «Un certain nombre de présidents africains arrivent à la fin de leurs mandats, mais il semble qu’ils comptent se maintenir au pouvoir. Le Burkina Faso et la RDC sont régulièrement cités. Que font les Etats-Unis pour faire en sorte que les leaders africains respectent les limitations de la durée de leurs mandats imposées par les constitutions de leurs pays respectifs?»
Nous avons exhorté les gouvernements africains à respecter leurs Constitutions, à respecter les limitations de la durée des mandats, et s’il n’y a pas de limitations, à faire inscrire des limitations dans leurs Constitutions. Notre gouvernement en a fait l’expérience. Nous n’avions pas de limitations de durée de mandat pendant de longues années. Vous savez dans doute que le Président Roosevelt s’est présenté quatre fois aux élections. C’est à ce moment que nous avons décidé d’inclure une limitation précise dans notre Constitution. Et le 22ème Amendement de notre Constitution subsiste encore aujourd’hui. Nous croyons qu’il est important que les gens soient les témoins d’une alternance afin qu’ils sentent qu’ils ont un rôle à jouer et des possibilités à envisager. Nous avons encouragé les leaders à créer des conditions pour le changement démocratique. Dans les pays qui ont organisé des élections libres et équitables où l’opposition à l’occasion de participer au processus électoral, et où elle gagne parfois les élections comme nous l’avons vu au Sénégal il y a quelques années de cela - nous l’avons constaté en ce qui concerne le Ghana - ces pays ont des démocraties très stables.
Notre message est: Il y a une vie après la présidence. Nous encourageons ces présidents à chercher des occasions de contribuer au bien-être de leur pays autrement. Nous voyons le rôle actif que le Président Obasanjo joue non seulement au Nigéria, mais aussi partout ailleurs en Afrique, en utilisant ses compétences de leader pour soutenir la jeunesse. Il préside la Commission d’Enquête chargée d’examiner la situation au Sud Soudan. Il est donc possible que ces leaders prouvent leur engagement à l’égard du continent et à l’égard de leurs pays. Nous continuerons de parler de ces choses avec les leaders concernés. Vous n’ignorez pas que le Secrétaire Kerry a fait une déclaration à ce sujet quand nous étions en RDC. Nous avons aussi échangé avec d’autres gouvernements à cet égard, et nous continuerons de le faire.
Denis Lubindi: «Les Etats-Unis sont un grand défenseur des droits de l’homme. Pourquoi l’administration Obama garde-t-elle silence au sujet des expulsions des originaires de la RDC de Brazzaville, en République du Congo? Que pense le gouvernement des Etats-Unis de cette crise?»
Cette question figure à l’agenda de notre ambassadeur en République du Congo et notre ambassadeur en RDC. Nous n’avons pas gardé silence. Nous avons fait part de nos préoccupations à ces gouvernements concernant ces expulsions.