- dim, 12/07/2015 - 23:58
Un signe du retour du Congo de Kabila sur la scène diplomatique mondiale.
Le président de l’Assemblée nationale congolaise Aubin Minaku Ndjalandjoku a été élu vendredi 10 juillet à Berne, en Suisse, par acclamation président de l’Assemblée parlementaire francophone, APF en sigle. Nul doute il s’agit d’un grand retour de notre pays sur la scène diplomatique mondiale dès lors que l’APF regroupe près d’un tiers des Etats membres des Nations Unies. Un vrai réseau d’influence. Toute l’Afrique avait fait bloc derrière le candidat congolais. Fin mai à Yamoussoukro en Côte d’Ivoire, tous ses pairs africains l’avaient à l’unanimité désigné candidat unique à ce poste. Signe d’un leadership exemplaire. Minaku a aussi compté sur l’appui de la Belgique et de la France. C’est la reconnaissance du poids d’un pays dans l’espace francophone et certainement dans le monde. Le temps est venu pour le Congolais de développer un discours décomplexé comme ce fut naguère... L’APF a été créée en 1967 à l’initiative de l’ancien président sénégalais Léopold Sédar Senghor dans la mouvance de la francophonie. Elu pour deux ans, Aubin Minaku Ndjalandjoku succède à une présidence canadienne qu’avait parachevé le sénateur Paul E. McIntyre.
Un mandat entamé par sa collègue Andrée Champagne en juillet 2013 mais celle-ci avait tiré sa révérence du Sénat en juillet 2014 pour avoir atteint la limite d’âge de 75 ans pour siéger à la Chambre haute du Canada. Les travaux de la 41e session annuelle de l’APF (6-10 juillet 2015) s’étaient ouverts en présence de la nouvelle secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie, OIF, la Canadienne Michaëlle Jean, élue à Dakar en novembre 2014 lors XVe Sommet de la francophonie qui vit le président congolais Joseph Kabila Kabange passer la main au président sénégalais Macky Sall. Aubin Minaku Ndjalandjoku avait pris part à ce sommet.
Entre 300 et 400 parlementaires de 81 Etats de la francophonie étaient réunis à Berne pour la 41e session de l’Assemblée parlementaire de la francophonie. Thème choisi pour le débat général: «encourager l’accès à une formation de qualité pour tous: un défis prioritaire pour la Francophonie». La délégation suisse avait placé la formation professionnelle au cœur des délibérations, dans le droit fil de la résolution portée par la Suisse et adoptée l’an dernier, selon le communiqué des services du Parlement.
INCIDENT ENTRE SUISSES.
En marge du XVe Sommet de la francophonie à Dakar en novembre 2014, le président du Sénégal, Macky Sall, et Didier Burkhalter, ministre suisse des Affaires étrangères avaient signé une convention en faveur du système de formation duale au Sénégal. Les membres de la délégation suisse entendaient rappeler le pouvoir et les responsabilités des parlements dans le cadre de la lutte contre le sida. La session a été officiellement ouverte jeudi 9 juillet par le président de l’APF, Paul Mc Intyre, et par la nouvelle secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie, Michaëlle Jean. Le président du Conseil national Stéphane Rossini et le président du Conseil des Etats Claude Hêche étaient présents mais Fathi Derder, président de la délégation suisse, a boudé les délibérations de l’APF. Le conseiller national vaudois avait préféré accompagner le ministre de l’Economie Johann Schneider-Ammann aux Etats-Unis, ce qui a scandalisé certains de ses collègues à Berne. C’est «une faute politique», a lancé la socialiste genevois Maria Bernasconi, d’autant plus que Fathi Derder s’était battu pour que l’APF se déroule en Suisse. Lors d’une émission Forum de la RTS (Radio-télévision Suisse), le député a répondu aux critiques et affirmé que «quand on est un parlementaire qui a des responsabilités, qui s’engage sur des dossiers (...), on a forcement des engagements et des collusions d’intérêts sur des dates». Il a aussi avancé n’être pas uniquement président de la section suisse de l’APF, mais aussi «conseiller national représentant les intérêts de la Suisse». «Je ne suis pas irremplaçable à Berne», a-t-il assuré.
Les travaux de l’APF ont connu un temps fort: celui de la passation de pouvoir entre l’ancien et le nouveau président. C’est le président de l’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo Aubin Minaku Ndjalandjoko qui a pris la relève. Il a été élu par acclamation à la présidence de l’APF pour deux ans.Pour rappel, l’APF a été créé en mai 1967 au Grand-duché de Luxembourg, d’abord comme une Association internationale des parlementaires de langue française, puis comme une Assemblée parlementaire de la Francophonie. Elle réunit actuellement des parlementaires de 81 Assemblées issues des cinq continents.
Il est important de mentionner également que l’APF avait joué un rôle important à la création, en 1970, de l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT), devenue par la suite l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Son statut d’Assemblée consultative de l’OIF «Parlement de la Francophonie» a été confirmé par la Charte de la Francophonie, en son article 2. Elle sert donc de relais entre les instances de l’OIF et les populations francophones et participe activement à la vie institutionnelle de la Francophone, en donnant des avis et recommandations destinés aux chefs d’État et de gouvernement des pays ayant le français en partage. Le nouveau président de l’APF est à la fois président de l’Assemblée nationale de la RDC et en même temps secrétaire exécutif de la Majorité présidentielle (MP), une plate-forme de partis politiques et personnalités qui appuient les politiques du Chef de l’État congolais Joseph Kabila et qui veulent, à tout prix, le voir se représenter pour un troisième mandat.
En janvier 2015, le gouvernement congolais a présenté au parlement un projet de loi portant modification de la loi électorale en vigueur. Celui-ci subordonnait l’organisation des élections au recensement général de la population.
Mais nombreux observateurs de la situation politique dans ce pays considéraient certaines dispositions de ce projet de loi comme voulant intentionnellement prolonger de facto, le mandat du président Kabila qui, constitutionnellement, ne devrait plus briguer un troisième mandat. Le président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, avait joué un rôle déterminant pour faire passer le vote de cette loi, malgré la vive tension qui prévalait pour exiger la suppression de l’alinéa 3 de l’article 8 de la loi controversé. Il a convoqué une session extraordinaire pour faire voter la loi électorale par les députés de sa Majorité présidentielle, les autres ayant boycotté la plénière.
Le vote de cette loi avait entraîné des manifestations de protestation violente dans les grandes villes du pays pendant trois jours, du 19 au 21 janvier 2015. Il y a eu plusieurs dizaines des morts, selon les ONG des droits de la personne. Finalement, l’Assemblée nationale a fait marche arrière et procédé au retrait pur et simple de la dite disposition de la loi controversée.
«Étant les élus directs du peuple, nous étions donc dans l’obligation d’écouter le souverain primaire qui nous a élus», avait expliqué le président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku. En effet, si cette disposition de la loi controversée avait été maintenue et adoptée comme telle, dans un pays grand comme un continent, sans infrastructures routières et ferroviaires, le recensement général prendrait plusieurs années avant d’organiser les élections en RDC.
Actuellement, le président Kabila est en consultations avec les acteurs politiques de l’opposition, de la majorité, de la société civile et les chefs des confessions religieuses en vue d’un dialogue politique qu’il envisage d’organiser dans les jours ou mois à venir.
Certains partis de l’opposition ne veulent rien entendre d’un dialogue à 15 mois des élections présidentielle et législatives. Ils estiment que ce dialogue, initié par le président Kabila, est un prétexte de la Majorité présidentielle en vue de prolonger tacitement le mandat du Président de la République au-delà du délai constitutionnel, et ainsi retarder inutilement les élections prévues en 2016. D’autres par contre, veulent bien aller au dialogue, mais sous une médiation internationale. S’il doit avoir lieu, le dialogue en question se focaliserait essentiellement sur des questions électorales, notamment la révision du calendrier électoral qui prévoit plusieurs scrutins - présidentielle, sénatoriales, législatives, provinciales, municipales et locales en RDC - en moins de deux ans et qui devrait coûter pas moins d’un milliards de dollars américains, selon les prévisions de la CENI, pouvoir-organisateur des élections en RDC.
En effet, maintenant que le président Minaku assure la présidence d’une organisation internationale qui se trouve être un lieu par excellence de débats, de propositions et d’échanges d’informations sur les sujets d’intérêt commun de l’espace francophone, notamment la promotion de la démocratie, de l’État de droit et des droits de la personne, conformément à la Charte de la Francophonie, aux Déclarations de Bamako et de Saint Boniface, nous avons bon espoir que le nouveau président de l’APF sera très attentif aux pratiques de la démocratie, des droits et des libertés individuels dans l’espace francophone, tout prêchant par l’exemple dans ses actions quotidiennes.
LE SOFT ET ISIDORE
KWANDJA NGEMBO.
Financialafrik.com