KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1489|VENDREDI 19 JUIN 2020.

Et la lumière...! Le député élu de la Funa à Kinshasa, Laurent Batumona Nkhandi Kham, nouveau DG de la Direction générale de la dette publique, DGDP, a mission de résoudre l’énigme de la dette intérieure avec des fournisseurs locaux payés, chaque année, au-delà des prévisions mais le stock de la dette intérieure ne diminue guère et titille toujours le milliard de $US ? En 2016, la dette intérieure a été payée à hauteur de 268 %. En 2017, le taux d’exécution était de 100,5% et la dette commerciale à 507,7 %. En 2009, sous la primature de Adolphe Muzito Fumunji, la paie de la dette intérieure à plus de 502 % des prévisions avait refroidi la coalition AMP-PALU. L’alors député AMP Pius Muabilu, aujourd’hui ministre de l’Urbanisme et Habitat, voulait disposer de la liste des bénéficiaires.

La DGDP est dans la ligne de mire de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo en croisade contre la corruption et les détournements des deniers publics. Ancien D-G de la DGI, Batumona est un proche du Président de la République.
Il a pour adjoint Anicet Kuzunda Mutangiji, un ancien ministre de l’Industrie sous Muzito. Il y a peu, des médias locaux ont nommément accusé un fonctionnaire au ministère du Budget de conditionner tout paiement des fournisseurs locaux à une opération retour des 40% du montant dû. Autre énigme, le Club de Kinshasa. En 1986, dix-neuf créanciers de l’Etat crée le Club de Kinshasa qui, lors de l’atteinte du Point d’achèvement de l’Initiative des pays pauvres très endettés (IPPTE en sigle) en 2010, quelque trente créanciers. Il s’agit notamment des privés et des entreprises bancaires non assurés au Congo, naguère victimes de la politique de la zaïrianisation entre 1973 et 1974. L’Etat leur devait un acompte de 83.310.554.000 CDF en 2019.

NERFS SOLIDES.
Alors que la FEC, Fédération des entreprises du Congo, estime que le gouvernement ne fait pas assez pour des dettes criardes des fournisseurs locaux. Le gouvernement, sous Augustin Matata Mapon, avait remis en doute le montant avancé par le patronat. Le Premier ministre va même geler le paiement d’une facture due à son président, Albert Yuma Mulimbi, pour une livraison des drapeaux, alors que les dettes dues au Club de Kinshasa (reprises dans la rubrique de la dette extérieure comme celles du Club de Londres et de Paris) ont été payées à 1. 084,2 %, soit plus de 21 millions de $US.

Mais des analystes estiment que ces fonds ne sont pas reversés dans le secteur des biens et services. D’aucuns se demandent ce qui se cache aujourd’hui sous la casquette de Club de Kinshasa. Nombre de victimes de la zaïrianisation étaient des Belges, des Grecs, des Portugais et dans une moindre proportion, des Italiens et des Français. À la suite de la création de l’Office des biens mal acquis (OBMA), l’Etat a démêlé le faux du vrai, vrais faux biens zaïrianisés et faux vrais immeubles, usines, plantations. Des fausses victimes de la nationalisation de Mobutu auraient également été décelées.

Hélas, l’OBMA s’est lui-même trempé dans des affaires de vente des biens immobiliers sous le label des biens sans maître à tel point que les congolais ont salué sa dissolution. Ce Diplômé en 1984 de l’Ecole nationale des Finances, Vice-ministre des Travaux publics en novembre 2005 mais aussi Vice-gouverneur en charge des questions politiques et administratives de la ville de Kinshasa, reparti longtemps dans l’opposition quand le pouvoir lui vidait ses partenaires, doit faire appel à ses nerfs solides pour faire face aux défis qui l’attendent.
POLD LEVI MAWEJA.