Les annonces attendues ce 30 juin
  • ven, 26/06/2015 - 04:07

C’est le jour J. Dans moins de quatre jours, c’est le 30 juin. Cette date ne passera pas sans annonce politique majeure. A voir les va-et-vient des services de logistique de la Présidence de la République et du protocole d’Etat, tout porte à croire que c’est au Kongo Central - à Matadi ou à Boma - que le Chef de l’Etat présidera le grand défilé de l’Indépendance. La veille 29 juin, comme de coutume, il aura délivré à ses compatriotes son message. Un message à la Nation particulièrement attendu cette année.
Chaque jour qui passe rapproche en effet un peu plus le pays des échéances constitutionnelles fatidiques. Entraîné et piégé voici trois ans dans le débat de fin de mandat, le Chef de l’Etat a tenu bon, face à la presse à la recherche de scoops, face à l’opposition à l’écoute de l’étranger. Quand on sait que le Chef de l’Etat avait pris ses fonctions le 20 décembre 2011, à la date du 29 juin 2015, le décompte de mois voire de semaines qui conduira au 19 décembre 2016 aura été lancé. Face à l’exigence constitutionnelle de cette date, il n’est plus permit d’attendre. Le Chef de l’Etat se doit de fixer ses compatriotes, à tout le moins d’indiquer des orientations.

NE NOUS MENTONS PAS.
Les Congolais ont droit à la vérité. Au Président de la République de la leur délivrer, pleine et entière. Ne nous mentons pas à nous-mêmes.
En l’espèce, que dit la Constitution? Ce texte fondamental est explicite: «Le Président de la République (...) élu au suffrage universel direct (...) reste en fonction jusqu’à l’installation effective du nouveau Président élu» (art. 70).
De même, l’art. 69 de ce texte confie au Président de la République la mission de «veiller au respect de la Constitution». Dont celle de ne céder les rênes du pouvoir qu’à un président élu...
C’est donc à la Commission électorale nationale indépendante dont c’est la mission de conduire le pays aux élections (art. 211) dans les délais constitutionnels. Mais cette centrale électorale nationale n’est pas une banque.
Pour qu’elle fonctionne, il lui faut des moyens financiers. Ceux-ci n’ont qu’une origine: le Gouvernement congolais. Or, voici quatre mois - depuis le 12 février 2015 - que pressée par les chancelleries occidentales ralliées par l’opposition politique, la centrale électorale nationale s’est laissé contraindre de déposer sur la table du Gouvernement comme sur celle des parties prenantes - les chancelleries occidentales déclarées pouvoir accompagner financièrement le Congo dans ce processus, son calendrier «global» chiffré: un milliard 200 millions de dollars américains. Et, pour bien faire, la centrale faisait accompagner ce programme d’une liste de contraintes externes - vingt-trois au total - liées à la mise en œuvre du programme électoral. La CENI a ainsi fait sa part. Du coup, elle faisait ainsi le Ponce Pilate... Aux autres de faire la leur. Mais où trouver le milliard 200 millions de dollars? En dépit de toute sa bonne foi, cette somme dépasse les moyens de l’Etat congolais. Même si, à la suite de quelques coupes, cette somme peut être revue à la baisse, la question reste pleine et entière: devant cette somme, le Congo n’a que ses yeux pour pleurer.
Où trouver le milliard pour tenir ces scrutins et honorer les bonnes consciences? Au fond - et c’est la question qui revient sempiternellement - est-il raisonnable qu’un pays dont le budget dépasse à peine 7 milliards de dollars, consacre 1 milliard aux seules élections quand des besoins vitaux du peuple restent cruellement insatisfaits? La question paraît avoir été posée par le Chef de l’Etat lui-même lors des Concertations aux élus de la Chambre haute. Au peuple de répondre.

UN VRAI PARI IMPOSSIBLE..
Nul doute, c’est la démarche qui guide le Président de la République dans ces Concertations engagées voici un mois au Palais du Peuple, qui l’ont conduit à la Cité de l’Union Africaine avec les élus nationaux comme à la cité de Kingakati avec des jeunes et que venaient de prolonger dans l’arrière-pays les gouverneurs des provinces, dont il doit sans aucun doute tirer les conclusions dans son message à la Nation à l’occasion de la fête de l’Indépendance. Le moment n’est-il pas venu de revisiter notre texte fondamental en lui extirpant d’une masse de scories qui souillent les meilleures intentions et en font un texte bon à plaire à certaines bonnes consciences mais qui paraît totalement inadapté aux réalités congolaises? Qui ne connaît les réalités congolaises? Un pays Continent. Des voies de communication à l’état primaire. Où vivent plus de 70 millions d’habitants à identifier et recenser... Un vrai pari impossible. De là toutes les ingérences et toutes les contestations qui ont lieu au lendemain de nos scrutins et qui ont toujours conduit notre pays à des situations d’insurrection. Le moment n’est-il pas venu de faire comme les Etats-Unis d’Amérique, comme deux des géants du Continent - Afrique du Sud et Angola - comme le Botswana, etc., des pays qui ont eu la sagesse d’instituer un mode de scrutin autre que le nôtre, à savoir, le scrutin universel direct?

NOUVEAU MODE DE SCRUTIN.
Le moment n’est-il pas arrivé de dire que le mode de scrutin direct - le Président de la République élu directement par chacun des 40 ou 50 millions de Congolais, un Président incarnation du peuple inventé par la France en 1848 contre le peuple des barricades et des clubs populaires et réinventée par de Gaulle pour donner un «guide» à un peuple trop turbulent, comme le dit le philosophe Jacques Rancière - est totalement inadapté dans notre pays - pour son coût financier comme pour les contestations d’après-scrutins?
Il est grand temps que le peuple qui est le véritable détenteur du pouvoir s’exprime comme il s’est exprimé unanimement lors de ces Concertations qu’il veut et que le pays aille à ce Dialogue que le Congo plein et entier réclame, avec lui ses élus, qu’ils soient de la majorité comme de l’opposition, que celle-ci soit dure ou... «molle». Le but est de refonder le Congo. Ce dialogue que le Congo veut sera fondateur ou ne sera pas, cela est évident. En dépit des postures extérieures faites pour la consommation étrangère bien pensantes, aucun opposant - UNC-Kamerhe, MLC-Bemba et encore moins UDPS-Tshisekedi - n’est prêt à affronter aujourd’hui les électeurs. Tous sont demandeurs - c’est un secret de Polichinelle - d’une rencontre en tête-à-tête avec le Président de la République, de préférence, hors micro et hors caméra. Ils l’ont dit et répété à haute et intelligible voix... En même temps, en dépit des postures extérieures bien pensantes, chacun d’eux est demandeur d’un maroquin et s’y accroche. C’est le génie d’un Museveni en Ouganda qui a fait l’économie de mille guerres en ouvrant le plus possible son exécutif. L’éclatement des provinces de onze à vingt-six permet de faire de nouvelles offres à une part opposée de la classe politique qui s’estime aussi compétente que celle au pouvoir pour gérer les affaires de la cité.
D. DADEI.


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