Francophonie: ce sera la Canadienne Michaëlle Jean
  • dim, 30/11/2014 - 22:44

Choc pour le Continent. La France a fait mine de rester fidèle à ses convictions africaines.

Michaëlle Jean, l’ancienne gouverneure du Canada, Michaëlle Jean a été désignée à la tête de l’OIF par consensus. La Canadienne d’origine haïtienne prendra la tête de l’OIF, Organisation internationale de la Francophonie, le 1er janvier 2015.
Elle succèdera à l’ancien président sénégalais Abdou Diouf en poste depuis 12 ans. Le processus de désignation aura été laborieux. Michaëlle Jean, 57 ans, est la première femme à diriger l’OIF. Cette ancienne journaliste canadienne aux origines africaines très lointaines sera la première femme à diriger la Francophonie et la première fois que l’Afrique ne dirigera pas cette OIF. Lors du tout dernier huis clos, les visages étaient fermés. Le président ivoirien Alassane Ouattara a quitté la réunion.
L’OIF échappe à l’Afrique. C’est un séisme qui va laisser des traces dans la francophonie, mais aussi dans les relations entre Paris et plusieurs capitales africaines. Tout le monde avait compris après les propos de François Hollande que la préférence de Paris allait à Michaëlle Jean, qui aura du mal à s’imposer dans certaines capitales africaines. C’est ici en tout cas une certitude après ces dernières 48 heures de suspens, de tiraillements, de négociations même si la Canadienne a été désignée à Dakar par consensus.
Le Sénégalais Abdou Diouf se retire après trois mandats à la tête de l’instance internationale qui compte 77 pays membres, dont 20 qui ont le statut d’observateur. Le Canada a fini par peser de tout son poids face au Congo-Brazzaville et à son président Denis Sassou Nguesso qui pilotait son candidat, l’écrivain diplomate Henri Lopes et tenait qu’il l’emporte.
A Dakar où se déroulait dimanche la deuxième et dernière journée du sommet de la Francophonie en présence d’une trentaine de chefs d’Etat et de gouvernement, l’objectif majeur était de trouver un remplaçant à Abdou Diouf. Jusqu’à ce dimanche, les dirigeants étaient loin du consensus sur le choix du successeur.

KIGALI ET BRAZZAVILLE CHOQUEES.
Parmi les cinq candidats en lice, quatre Africains: l’ex-président burundais Pierre Buyoya, l’écrivain diplomate congolais Henri Lopes, l’ex-ministre mauricien Jean-Claude de l’Estrac, et l’Equato-Guinéen Agustin Nze Nfumu. Le cinquième candidat était une candidate: l’ex-gouverneure générale du Canada. Dimanche matin, une grande réunion à huis clos a eu lieu. Seuls les chefs d’Etat y étaient conviés autour d’une grande table installée spécialement pour l’occasion. Au menu: désigner le secrétaire général par consensus. A défaut de consensus, passer au vote, ce qu’ils voulaient éviter à tout prix. La veille, on expliquait que le président Sassou-Nguesso tenait absolument à ce que son candidat Henri Lopes l’emporte, mais les Canadiens ne lâchaient pas leur candidate. La France a fait mine de rester fidèle à ses convictions. Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères et du développement international: «Les Français, depuis le début, ont une position consistant à dire [que] nous souhaitons que la candidature vienne de l’Afrique. Donc, les Africains s’unissent parce que c’est la tradition».
Au plan diplomatique, la ministre rwandaise des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo s’est déclarée «choquée» dimanche sur France 24 «sur le fond et sur la forme» par le propos de François Hollande tenu la veille à Dakar invitant les dirigeants africains à ne pas chercher à s’accrocher au pouvoir. «Ce qui nous préoccupe au Rwanda, c’est de pouvoir préserver le gain que le pays a eu au cours des 20 dernières années. Le reste c’est procédural, c’est mécanique, ce n’est pas une préoccupation des Rwandais, d’autant que nous sommes à trois ans des prochaines échéances», a déclaré la ministre en marge du Sommet de la Francophonie de Dakar où elle représentait Paul Kagame. «Je trouve que ce n’est pas normal que ce soit le président français, François Hollande, qui décide ce qu’il va se passer dans les pays africains par rapport à leur avenir politique», a-t-elle dit. «C’est une sorte de démocratie «Made in France» et au Rwanda on trouve cela choquant», a-t-elle ajouté. «C’est du ressort des citoyens africains, ça ne peut pas venir de la France». La veille, un membre de la délégation brazza-congolaise avait protesté contre le point de vue français. «Le Burkina n’est pas un modèle pour les autres pays. Chaque pays a sa propre réalité et ses nuances», a déclaré Collin Kandolo à Reuters. «Le président français est le président de la France, pas du Congo, et cela doit être respecté».


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