LE SOFT NUMERIQUE.
Le Congo face au dilemme de prisonnier
  • sam, 07/04/2012 - 21:01

LE SOFT INTERNATIONAL N° 1159 DATÉ 2 MARS 2012
Dans l’histoire du monde, jamais un peuple souverain n’a été soumis à une conjurée pression injuste de la part de la communauté internationale comme les Congolais.
Dans l’histoire du monde, jamais un peuple souverain n’a été soumis à une conjurée pression injuste de la part de la communauté internationale comme les Congolais. En toute évidence, le Congo est victime d’un complot permanent qui le met face au statut de prisonnier.

En «théorie des jeux» enseignée dans le cours de «géopolitique», la meilleure illustration pour la difficulté dans la prise de décision d’un homme accablé par de multiples impasses est celle du dilemme de prisonnier.
Un homme en détention carcérale prolongée pour de faits douteux se trouve dans un dilemme difficile entre soumission réfléchie devant les mauvais traitements de ses geôliers et révolte pour forger sa fuite. En restant en prison, il est soumis à des traitements inhumains. En prenant la fuite, il prend le risque d’être abattu sans sommation. A ce point de dilemme et au point de choix à somme zéro, le prisonnier se décidera de manière ultime de fuir quitte à se faire abattre. Le Congo est ce malheureux prisonnier de la Communauté Internationale.

DE L’HISTOIRE PRECOLONIALE A L’HISTOIRE COLONIALE.
Avant même la colonisation, la Communauté internationale conspire à Berlin pour la partition de l’Afrique Centrale dans laquelle fera partie le futur Etat Indépendant du Congo. Toutes les exactions commises par l’Administration léopoldienne contre les Congolais sont impassiblement ignorées par les milieux officiels occidentaux jusqu’à la veille de la première guerre mondiale. Les voix s’élèveront dans certains milieux d’intellectuels humanistes pour décrier la sauvagerie avec laquelle la conquête léopoldienne s’opère et surtout dans l’exploitation de l’ivoire, du caoutchouc et du copal.
C’est au grand scandale de ces révélations que la Belgique entreprend le désengagement en 1906 de son Monarque dans l’entreprise congolaise avec le lourd passif de discrédit international et diplomatique. Mais la colonisation du Congo n’aura rien changé dans ce pillage des ressources congolaises et n’aura découragé tous les prédateurs de milieux de la finance internationale en plein essor. Le Congo Belge est de nouveau soumis à la loi des chartes coloniales avec les sociétés multinationales, dont principalement l’Union Minière du Haut Katanga, la Forminière et bien d’autres, qui de nouveau, se partagent les espaces d’exploitation des ressources minières et forestières du Congo-belge. Mais paradoxalement à cette même époque coloniale et surtout aux années 30 et 40 pendant que la Métropole est dans le tourbillon de récessions successives, le Congo-Belge vit une bonne santé économique. Sur le plan monétaire et financier, le franc congolais et la bourse des matières premières congolaises, ainsi que la patrimoine domanial et le portefeuille congolais sont en pleine hausse de cotation financière et boursière internationale. Ainsi par exemple, la valeur d’échange du franc congolais représentait plus au moins quarante fois la valeur de la monnaie métropolitaine. C’est sur ce fonds de compensation postcoloniale que naîtra le contentieux belgo-congolais, dont le Congo a été la grande victime par manque d’expertise nationale et la non-assistance de l’expertise internationale.
En effet, à la veille même de l’indépendance du Congo et plus précisément le 17 avril 1960, la Métropole belge avec la complicité des milieux de la haute finance décide unilatéralement la transformation de toutes les Sociétés congolaises à Charte en Sociétés de droit étranger selon le choix des Administrateurs, ainsi que du changement de siège social de ces nouvelles Sociétés. Du coup, le Congo se retrouve amputé des ¾ de son capital financier et de son patrimoine immobilier à l’extérieur. Ce litige international baptisé «contentieux belgo-congolais» est en fait, un contentieux général entre la nouvelle République Congolaise et tous les Pays ayant bénéficié d’énormes transferts de revenus, de portefeuille et titres de propriété issus de Sociétés congolaises en transformation.

DE L’INDEPENDANCE AUX GUERRES DE DESTABILISATION.
En juin 1960, dès l’accession de la RDC à l’indépendance, sous la conduite des Nations Unies, il est fait pression au gouvernement d’accepter la double nationalité des étrangers vivant en RDC. Devant le refus catégorique du gouvernement congolais, il lui est imposé une campagne de dénigrement et la privation de toute assistance technique. Concomitamment, la Belgique négocie à Genève et à l’insu du gouvernement congolais, la création d’une nouvelle Banque Centrale Congolaise soumise à la tutelle des Nations Unies. Selon l’article 6 de ce Statut, le Gérant Provisoire est nommé par le Chef de l’Etat sur proposition du Secrétaire Général des Nations Unies. Il comprend en outre un trésorier et quatre membres nommés par le Chef de l’Etat sur proposition du ministre des Finances en consultation avec les Nations Unies. Le Premier ministre Patrice Emery Lumumba s’insurgea contre cette nouvelle Banque par la décision gouvernementale du 3 septembre 1960 et le Président Kasavubu le révoquera le 5 septembre 1960. Le gouvernement belge prend prétexte de mutineries déclenchées à travers le pays pour intervenir militairement au motif de protéger ses compatriotes. Les Nations Unies forgent l’adhésion du Congo le 20 septembre 1960 à la Charte des Nations Unies et décident de l’envoi de troupes onusiennes au courant de ce même mois de septembre pour sécuriser le Congo contre les sécessions du Sud Katanga et du Sud Kasaï soutenues et financées par les milieux de la haute finance. La communauté internationale profite de la présence onusienne d’abord pour mettre en place un Collège des Commissaires Généraux composés de jeunes universitaires pro-occidentaux sans grande maturité politique et ensuite pour planifier la liquidation physique de Lumumba mise à charge sur ce Collège transitoire.
Ce n’est qu’après l’élimination de Lumumba que les Nations Unies organisent en août 1961 le Conclave de Lovanium, à l’issue duquel la Majorité parlementaire des Partis nationalistes s’est vue imposer le Premier ministre, Cyrille Adoula, un pro-occidental issu de l’opposition parlementaire. C’est alors enfin qu’un accord est signé en novembre 1961 entre le gouvernement Adoula et l’ONU, autorisant les troupes de l’ONU à garantir l’intégrité territoriale du Congo. Pour le bonheur du Congo, grâce à la présence du Secrétaire Général des Nations Unies, U. Thant, il est envoyé dans le contingent onusien les troupes marocaines, guinéennes, indiennes et éthiopiennes issus du Groupe des Pays Non Alignés. Ils s’attèleront à mettre fin à ces sécessions du Sud Katanga et du Sud Kasaï.
Les rebellions des nationalistes qui se sont organisées dans l’entretemps en contrôlant les deux tiers du territoire national jusqu’en 1964 n’ont été écrasées qu’à la suite de l’intervention militaire des puissances occidentales. Après de longues négociations à Kitona au Bas-Congo, à Mbandaka à l’Equateur et à Tananarive au Madagascar, entre le groupe des nationalistes et les fédéralistes, la communauté internationale impose un nouveau Premier Ministre, Moïse Tshombe, l’ancien sécessionniste du Sud-Katanga, proche des Pays Occidentaux. L’appui diplomatique et financier de la communauté internationale se mit en place avec la fameuse mallette diplomatique de 5 milliards de dollars pour le règlement fallacieux du contentieux belgo-congolais. Et sur le plan sécuritaire, une horde de mercenaires s’est redéployé à travers le pays pour écraser les mouvements insurrectionnels des Nationalistes. Mais, lors des élections législatives de 1965, l’imbroglio électoral entretenu par certains pays occidentaux pour faire gagner une majorité parlementaire pro-Tshombe et pro-fédéraliste avec le concours de groupes d’intérêts locaux ou de la CONACO réveilla une conscience nationaliste pour le rejet total de Tshombe comme Premier ministre ou comme futur Président de la République. Le Président Kasa-vubu, pourtant fervent défenseur du fédéralisme, prit la mesure du danger et s’entêta à reporter les élections présidentielles et à nommer Evariste Kimba comme Premier ministre, bien qu’issu de l’opposition par rapport à la majorité de CONACO de Moïse Tshombe.
Devant cette impasse, certains pays occidentaux instiguèrent la prise de pouvoir par coup d’Etat du 24 novembre 1965 en instaurant une dictature pour traquer davantage les Nationalistes. Mais après la prise de pouvoir par ce groupe de renégats nationalistes, dit «groupe de Binza», la communauté internationale s’est retrouvée fort embarrassée, jusqu’au moment où elle lui assigne un nouveau rôle pour l’endiguement de la vague communiste en Afrique. Mais l’ivresse du lait et de pouvoir s’empare du régime et la dictature sous label du «nationalisme congolais authentique» s’installe jusqu’aux années 80. Le débordement fasciste du régime de Mobutu devient fort encombrant pour cet allié gênant et la communauté internationale lui oppose un discours de changement, auquel correspond de manière approximative l’idée de l’alternance politique pour le respect des droits de l’homme et la lutte contre la corruption.
Alors que les partis de l’opposition nationaliste se trouvaient déjà fort implantés à travers le pays avec le MNC, le Balubakat, Palu et le CDA (ancien Lulua Frères), la communauté internationale monte l’Udps sous l’idéologie fort controversée de la social-démocratie pendant près d’une décennie. Mais comme tout habit d’emprunt ne porte jamais bonheur surtout dans le monde politique, l’Udps n’a jamais franchi l’Hôtel du gouvernement pour atteindre le Palais de la Nation.
Le Palais de Pétunias reste sa résidence préférée pour digérer ses nombreux échecs. Jamais homme aussi populaire n’est fait bonne fortune en politique malgré ses atouts charismatique et énigmatique car il s’est fait toujours rouler dans la farine. D’abord avec ses vieux ennemis du MPR reconvertis dans l’Union sacrée de l’opposition lors de la Conférence Nationale. Ensuite, il s’est vu tour à tour trompé en juillet 1991 par Mulumba Lukoji qui se réclamait pourtant être son légitime héritier, en octobre 1991 par Bernadin Mungul Diaka de l’opposition modérée (AFICI) et cela malgré l’avis contraire à ton sermonné de la Troïka (Etats-Unis, France, Belgique), en novembre 1991 par Nguz Karl-i-Bond de l’UFERI, en avril 1993 par Faustin Birindwa, un de ses fervents militants dans l’Udps, en juillet 1994 par Kengo wa Dondo de l’Union sacrée de l’opposition radicale et alliées. Enfin, pendant toutes ces années 90 de la transition, l’Udps ne s’est jamais retrouvé et cela pourrait signifier que la communauté internationale avait son cœur ailleurs qu’à la rue Pétunias. La leçon en fit ainsi tirée par les nationalistes. Et comme dit-on, à malin, malin et demi, Laurent Désiré Kabila prit la communauté internationale par devers elle dans l’usage stratégique de cheval de Troie. Il s’empara du pouvoir et revint sans détours à charge sur les revendications nationalistes sous l’idéologie de l’auto-prise en charge, mais également mal définie par manque d’idéologues nationalistes expérimentés.
La communauté internationale se déchaîna par une diplomatie d’isolement bouclé, par un embargo économique sévère et avec un appui ouvert aux différents mouvements rebelles qui culminèrent en guerres d’agression et en liquidation physique de Laurent Désiré Kabila.
Voici donc le bref récit politique de la RDC dans ses tumultueuses relations avec la communauté internationale. Mais pour mieux comprendre ce récit politique, il faudrait recourir à l’histoire du complot permanent de la communauté internationale contre la République Démocratique du Congo.

DE LA STABILISATION INSTITUTIONNELLE AU CHANTAGE.
Les élections générales organisées en 2006 n’avaient qu’un seul point à l’ordre du jour: reconquête de nouveaux marchés miniers et la création d’une zone de marché financier à la solde de capitaux malpropres, c’est-à-dire, un grand espace de blanchiment d’argent et de consommation impropre de biens, ainsi que de ce que le président Baraka Obama a dénoncé à Accra, les entreprises d’expertise internationale. La RDC a eu le bonheur de revisiter les nombreux contrats miniers sous le régime 1+4 dès les premières années du mandat 2006-2011, l’assainissement de marchés financiers et l’appel d’offre régulier pour les sociétés en transformation pour le partenariat public-privé.
L’appui aux réformes institutionnelles dans le secteur de la sécurité, de la justice et de services générateurs de recettes est mis en veilleuse sous prétexte de manque de la volonté politique du gouvernement. Les mesures d’accompagnement dans les secteurs monétaire et financier se sont limitées à l’effacement du principal de la dette, alors que le plus grand poids se trouverait dans les services de la dette.
Pour prendre la mesure de cette situation, on notera qu’en 1974, la RDC a contracté pour tous ces engagements une dette de 2,7 milliards de dollars mais s’est retrouvée avec des coûts de rééchelonnement et d’intérêts, ainsi que d’autres frais financiers de services avec 14 milliards en 2010. A quelle comparaison ferait-on, par exemple avec la dette chinoise pour la même période. La transformation des sociétes publiques en sociétés mixtes pourtant largement conseillée par les institutions de Breton Wood conduit toutes ces sociétés à la panne par manque de partenaires jusqu’à leur banqueroute totale. L’exploitation illicite de matières premières, la vente d’armes sont animées par des réseaux internationaux que les experts internationaux ne peuvent avoir de la peine à identifier et à dénoncer. Le bradage et la destruction des forêts et environnement sont l’œuvre de réseaux largement connus de tous au niveau de la communauté internationale, ainsi que les bénéficiaires au niveau planétaire. Peut-on conclure que les droits humains sont en équation inversée avec le développement et avec peines qu’endurent les populations congolaises pendant les moments de crise en RDC?
Si telle est la vision de la communauté internationale et de mettre à la charge des seuls Congolais et l’Etat congolais tous les dérapages et toute inconvenance d’un Etat post-conflit, victime d’une agression longtemps soutenue par les réseaux maffieux connus de la communauté internationale, alors faisons-en une appréciation objective par rapport aux pertes et profils des uns et des autres sur les événements critiques en RDC et souvent manipulés de l’extérieur.Qui des Congolais ou des étrangers des pays occidentaux ont plus tiré profit du désastre congolais des années 60, sécessions, rébellions et horde de mercenaires? Qui des Congolais ou des étrangers des pays occidentaux ont tiré bénéfice de la dictature du régime Mobutu pendant la guerre froide et après la chute du mur de Berlin? Qui des Congolais ou des étrangers des pays occidentaux ont bénéficié de la déstabilisation du régime de Laurent Désiré Kabila avec le trafic d’armes, le pillage des ressources naturelles, le blanchiment d’argent et le trafic de drogues, la fraude fiscale massive, ainsi qu’avec le jeu masqué des maisons d’expertise et de sociétés écrans? Qui des Congolais ou des étrangers des pays occidentaux ont tiré le plus de profit de toutes les pratiques de corruption et de conclusion de marchés de gré à gré pendant le régime 1+4? Qui des Congolais et des étrangers des pays occidentaux ont le plus gagné dans l’essaimage des ONG internationales et nationales dans le grand jeu d’opérations retour de fonds, de machines à mensonge et de paresse intellectuelle dans l’établissement des preuves sur les faits, ainsi que dans le maquillage de chiffres sur les grands montants gaspillés dans les ateliers folkloriques des ONG avec des per diem infâmes et indignes aux Congolais? Qui enfin des Congolais et des étrangers des pays occidentaux ont payé le lourd tribut des troubles postélectorales en 2006 et en 2011? Qui des Congolais ou des étrangers des pays occidentaux tirent gains des contrats chinois par de grandes transactions bancaires et des marchés de sous-traitance?

LES LECONS SUR L’HISTOIRE POLITIQUE.
La communauté internationale a un penchant naturel envers les acteurs politiques proches des intérêts étrangers.
Les moments de crise sont souvent l’occasion pour la communauté internationale de pêcher en eau trouble et à tirer profit de situations de tiraillement entre les Congolais. Le processus démocratique tient à la dynamique de l’alternance entre le pouvoir et l’opposition. Ce n’est donc pas une dynamique d’interactivité entre les deux. Le processus démocratique est participatif pour le peuple, mais alternatif pour les acteurs du pouvoir et de l’opposition. Le processus démocratique n’est donc pas interactif avec des gouvernements d’union nationale imposés souvent de l’extérieur depuis 1960 jusqu’en 2011.Le grand désavantage de ces gouvernements d’union nationale est la neutralisation réciproque des dirigeants, l’improductivité par mauvaise qualité, l’impuissance de l’organe législatif pour un contrôle parlementaire efficace surtout face un exécutif tentaculaire à l’hydre pouvoir-opposition..
La notion du dialogue inclusif par des négociations politiques entre le pouvoir et l’opposition ne vaut que lorsqu’il n’y a pas eu élections et donc choix du peuple souverain.
Et donc prôner le dialogue participatif des seuls politiciens en lieu et place d’un dialogue social ou à la limite des consultations populaires est une insulte au peuple. La manie de drible par intrigue et de vagabondage politique dont l’UDPS a souvent été victime et dernièrement le PPRD en 2006 dans une majorité factice et coalition fragile n’est pas de bonne moralité politique. Tel que cela se profile déjà en 2012, il faut avoir le courage de dénoncer avec force. C’est du kuluna politique.

professeur Banyaku Luape Epotu

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