La Sonas reprend de facto le monopole de l’assurance automobile
  • ven, 30/04/2021 - 15:51

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1525|VENDREDI 30 AVRIL 2021.

La libéralisation des assurances tourne court au Congo. L’assureur public (SONAS SA) a repris l’exclusivité de l’assurance auto…de facto. Aucune disposition officielle n’a, en effet, sanctionné le monopole accordé derechef à la SONAS SA, ni un arrêté du ministre des Finances, ni une décision dérogatoire de l’Autorité de régulation de l’ARCA, Autorité de régulation congolaise des assurances, ni ni, si ce n’est qu’à la DGI, la Direction générale des impôts, l’obtention des plaques d’immatriculation (minéralogiques) est conditionnée par la présentation d’une attestation d’assurance auprès, uniquement, de la Société nationale d’assurances.

A défaut, la DGI exige à tout demandeur des plaques minéralogiques de s’assurer, sur place, auprès de ses services, pour le compte de la SONAS. Selon des explications fournies au Soft International par l’ARCA, un logiciel, Syntel, a été mis en place pour plus d’efficience dans les opérations d’assurance-auto. Après la SONAS SA, les autres opérateurs agréés par l’ARCA auraient dû également avoir accès au programme Syntel. Mais le ministère des Finances, tutelle de l’ARCA, a fait girouette, imposant ainsi un monopole de facto à la SONAS. Par ailleurs, entreprises, établissements et services publics ont également reçu du gouvernement la recommandation de ne s’assurer qu’auprès de la SONAS.

Quand bien même que l’assureur public jouit de l’exclusivité de la plus juteuse de police d’assurances, son apport escompté au Trésor, pour l’exercice 2021, au titre des dividendes des sociétés commerciales du groupe Portefeuille, n’est que de 220.380 dollars. De l’argent de poche!

MEFIANCE DES MAJORS DU SECTEUR.
Le marché des assurances en R-dC représente au bas mot 1 milliard de dollars contre 100 millions du temps où l’assureur public, la SONAS SA, jouissait du monopole dans le secteur. Hélas, en dépit de la réforme qui a doté le secteur d’un nouveau code plus de 40 ans après, des opérateurs que le DG de l’ARCA a qualifiés d’illégaux dominent encore le secteur et se taillent toujours la part du lion dont des primes d’assurances qui sont payées à l’étranger.

Ceci expliquerait probablement l’inaction des opérateurs privés face à la violation des règles de jeu en faveur de la SONAS SA. Activa Assurance RDC, Société financière d’assurance Congo, Rawsur SA et Rawsur Life SA sont, jusque-là, les seules compagnies autorisées à œuvrer en RDC, tandis que Allied Insurance Brokers SARL et Gras Savoye RDC sont les deux sociétés de courtage agréées. L’ARCA s’accorde jusqu’à mi-2022 pour ramener les primes d’assurances en R-dC et faire en sorte que les risques r-dcongolais soient assurés auprès des opérateurs agréés par elle.

Alors que les experts de l’Etat espéraient un véritable boom, à l’instar des mines, dans le secteur des assurances, les majors ne se bousculent guère en R-dC. L’Allemande Allianz, leader mondial dans le secteur des assurances a préféré s’installer au Congo d’en face.

La française Axa ou encore la marocaine Saham, la sud-africaine Sanlam et Old Mutual Life Insurance qui avaient pourtant des ambitions affichées pour le marché r-dcongolais s’en sont à la queue leu leu désintéressées quand bien même que le potentiel du marché des assurances en R-dC est de quelque 5 milliards de dollars, et pèserait également entre 71 et 80 millions de dollars de chiffre d’affaires annuel en termes de volume de primes. Mais, en dépit de la libéralisation, en R-dC, le taux de pénétration est encore en dessous de 1 %, alors que la moyenne en Afrique est au-delà de 13%.

Et les conditions légales d’agrément sont on ne peut plus simples: verser une caution de 10 millions de dollars, avoir son siège en R-dC et des fonds propres, obtenir l’agrément sur la vente des produits… Quant à l’ARCA, elle n’est encore d’aucune utilité pour les finances publiques, contrairement à l’ARPTC, Autorité de régulation des postes et des télécommunications congolaise qui contribue au budget de l’État.
POLD LEVI MAWEJA.


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